PASTEF ET SON PROJET DE GUERRE DE CIVILE
Ousmane Sonko est un homme dangereux dans sa capacité à s’affranchir de toutes les limites de la décence et de la morale et dans son entreprise méticuleuse de désacralisation des institutions républicaines afin de promouvoir le chaos
Les courants populistes autoritaires auxquels le parti Pastef appartient ont un rapport fort à la violence verbale et physique. Le champ lexical de ce parti ne s’extirpe jamais de la mort, de la démagogie, de l’insurrection et de la haine. Des hordes de gens, à travers internet, déversent au quotidien des insanités sur leurs concitoyens qui ont commis le seul crime de ne pas penser comme eux. Politiques, intellectuels, journalistes, chefs coutumiers, guides religieux ; plus aucune conscience n’échappe à la furie verbale de ces barbares que notre pays a enfantés et qui dans l’écrasante majorité des cas élisent domicile dans les appartements politiques à l’odeur fétide du parti de Ousmane Sonko. Cheikh Mahi Niass, le sage de Médina Baye, a récemment eu une parole bouleversante. Il a conclu un discours en s’adressant à ces meutes d’insulteurs promus par M. Sonko, pour leur dire qu’il sait qu’ils vont lui jeter toutes sortes d’anathèmes.
La rhétorique de la haine est dans l’Adn de Pastef, parti qui a ramassé, domestiqué et promu parfois des pans de ce que notre Nation compte d’individus peu recommandables, peu respectables et dont la finalité est la violence systémique. Le populisme que ce parti représente, par le refus de son leader de s’ériger toute limite, a séduit des masses entières qui, engluées dans les difficultés quotidiennes, envisagent une autre possibilité du devenir à travers le renversement de la République et la fin de la démocratie. Le contexte international est également favorable à des mouvements au projet démagogique dont certains sont arrivés au pouvoir avant de laisser un bilan désastreux.
Ousmane Sonko est un homme dangereux dans sa capacité à s’affranchir de toutes les limites de la décence et de la morale et dans son entreprise méticuleuse de désacralisation des institutions républicaines afin de promouvoir le chaos. C’est un individu animé d’une ambition folle d’arriver au pouvoir, fut-ce en marchant sur des cadavres. Il ne recule devant aucune abjection : mensonges, calomnies, sabotage de l’unité nationale, menace des magistrats et officiers supérieurs, insulte aux armées en les traitant de mercenaires, appel à l’insurrection, appel au meurtre du chef de l’Etat, entre autres sinistres forfaits. Dans sa volonté de saper les fondements de la République, il utilise la violence afin d’intimider, de réduire au silence les intellectuels et de soumettre la presse. Aucune nuance dans son propos ; on est dans la dialectique ami-ennemi à l’intérieur d’une société issue notamment des travaux de Carl Schmitt. Sa posture est ainsi classique des mouvements d’extrême-droite qui, dans leur action politique, utilisent l’autoritarisme, le culte du chef, le mythe messianique, le soubassement religieux et le refus de la contradiction et du débat civilisé. En somme, ils récusent les attributs féconds de la démocratie et de l’exercice de la liberté. A Keur Massar, M. Sonko a utilisé un champ lexical de la guerre civile et du meurtre ainsi qu’un imaginaire sacrificiel. Il n’hésite même jamais à verser dans la sémantique du totalitarisme religieux en évoquant la possibilité pour les jeunes qui affrontent l’Etat de mourir en martyr.
Un des députés de son parti à Mbacké, a appelé récemment à la «guerre» contre l’Etat du Sénégal. M. Sonko ne s’embarrassant d’aucune limite, verse aussi dans l’ethnicisme comme fertilisant de son discours. Il a accusé le juge Oumar Maham Diallo d’accointances familiales avec la ministre des Affaires étrangères. Il revient à la charge en expliquant le choix porté sur le Doyen des juges par des critères ethniques. M. Sonko ment et sait qu’il ment. Ce qu’il espère en revanche, c’est provoquer la guerre civile à la suite d’un embrasement sur des bases ethniques. Sauf qu’il oublie que la République est encore debout et que le Sénégal est une société détribalisée, un Etat unitaire mais pluriel. L’imaginaire de la guerre civile, c’est aussi le fantasme d’un peuple pur -Pastef et ses affluents- qui supplante un peuple impur, Benno et dans une plus large acception, tous les patriotes et républicains qui pensent que le projet de M. Sonko est dangereux pour l’unité nationale et préjudiciable aux intérêts économiques et diplomatiques pour notre pays. L’un des ferments des méthodes d’extrême-droite, c’est de faire peur par l’imposition de la tyrannie. De nombreux intellectuels et hommes publics sont couchés par lâcheté, si ce n’est pour miser sur d’éventuelles ristournes à venir.
S’agissant de la peur, M. Sonko a une technique rodée. Il insulte ses concitoyens et menace l’Etat et ses attributs, ensuite ses sbires et soutiens prennent le relais pour propager cette menace afin de la rendre virale. L’un de ses laquais, Alioune Tine, a récemment menacé la République. Sa rhétorique n’est pas fortuite car il a utilisé le terme «guerre civile» en cas de tenue d’un procès sur l’une des affaires concernant le cheval sur lequel il mise désormais. Le dispositif est ainsi huilé. L’attelage Sonko-Tine : une rare image des cavaliers de l’Apocalypse. L’un sous les habits du chef, l’autre en fidèle troubadour. Ils vont à l’assaut de l’édifice républicain, suivis d’une meute informe. La République doit constituer un solide rempart face à leur entreprise séditieuse, afin de garantir tout ce qu’ils abhorrent : la paix civile, la démocratie et la liberté.