LA CHUTE DU FAUCON NOIR
EXCLUSIF SENEPLUS - Un président peut tenter de tourner en bourrique le peuple sur sa date de départ du pouvoir. Son départ n’en restera pas moins une certitude. La question du troisième mandat est derrière nous
La question du troisième mandat est derrière nous. Et, toute sortie honorable du président est désormais impossible. Peu importe le « quand », c’est juste une question de délai. Maintenant ? 2024 ? ou plus tard ? Un président peut tenter de tourner en bourrique le peuple sur sa date de départ du pouvoir. Son départ n’en restera pas moins une certitude !
La force d’attraction du peuple a enclenché la chute du faucon noir vers l’abîme. Le compte à rebours est irréversible. La défiance d’un président à la Constitution et au peuple se paie cash. Une seule question est maintenant sur la table. Le « comment » de la déchéance ?
Aujourd’hui, les conditions qui avaient prévalues lors de la chute de son prédécesseur sont réunies. Pire, elles pourrissent.
Les partisans du faucon noir ont tout oublié. Même la culture ! sinon ils auraient compris que la révolution s’installe, ils auraient aussi reconnu l’échec de leurs théories et analyses pour s’agripper à un pouvoir qui se dérobe de leur emprise mal bigornée. Le Sénégal fait face à une situation révolutionnaire.
Les théoriciens et analystes du faucon noir ont-ils oublié la fameuse formule de Lénine à la lumière des dynamiques sociales, économiques et politiques actuelles ?
« Une période révolutionnaire se caractérise par l’incapacité de ceux d’en haut de gouverner comme avant et le refus obstiné de ceux d’en bas d’être gouvernés comme avant[1] ».
L’intérêt du regard rétrospectif sur les théories et faits passés, est conforté par le projet que donne Pierre Biolley a l’histoire. En effet, selon lui, face aux questionnements engageant le devenir des peuples :
« L’histoire peut apporter, sinon des solutions toutes faites, du moins une grille d’analyse, une meilleure compréhension des faits et des évolutions qui ont conduit aux situations présentes ».
Les conspirateurs contre les opposants et les traficoteurs de la Constitution du Sénégal contre la volonté du peuple nagent comme d’habitude dans les eaux troubles de la psychiatrie. Ils sont en immersion dans le déni. La fascination des privilèges et la peur de les perdre sont aveuglantes. Elles débouchent le plus souvent sur des actes et attitudes démentiels.
La moindre déchéance pour le président, car il ne peut y échapper, c’est de virer sa cohorte de prédateurs antiques qui lui ont inculqué un mantra de despote sombre, avant de boire le calice jusqu’à la lie.
Comment le président a-t-il pu passer à côté du décryptage du message de mars 2021 et des résultats des élections locales et législatives ? Macky Sall n’est pas Charles de Gaulle. Le Sénégal de mars 2021 n’est pas l’Algérie de juin 1958. Alors que venait faire le plagiat « je vous ai compris[2] » dans son discours de capitulation ? Le rédacteur de ce discours a aussi droit une gorgée de calice.
Le faucon noir et son gouvernement ont-ils oublié qu’ils sont là pour gouverner et se mettre au service du peuple au lieu de tancer les Sénégalais le couteau entre les dents ?
Le faucon noir et ses partisans ont cessé de gouverner et ne le pourront plus du reste. Ils sont à la remorque des événements. Rassemblement de Keur Massar, meeting de Mbacké, meeting de Guédiawaye…le faucon répond par une furie de meetings, théâtres d’investitures, des arrestations à la pelle, des censures et des tentatives de domestication de l’Assemblée nationale…
Tant qu’à faire, puisque de fait comme de droit, le faucon noir a perdu ses ailes face au peuple, n’est-il pas plus sage qu’il abdique ?
« Tristes Tropiques[3] » !
[1] Lénine, La Maladie infantile du communisme : le gauchisme, Paris, Éditions sociales, 1968, p. 80.
[2] Discours du 4 juin 1958 à Alger de Charles de Gaulle.
[3] Paraphrase du titre du livre de Claude Lévi-Strauss (1955)