SOUDAN DU SUD : MISSIONS DIPLOMATIQUES POUR TENTER D'EVITER UNE ESCALADE DE LA GUERRE
JUBA, 22 déc 2013 (AFP) - La communauté internationale poursuivait ses efforts dimanche pour tenter d'éviter une extension de la guerre civile qui menace le Soudan du Sud, où de durs combats se poursuivaient entre l'armée et les rebelles, notamment dans l'Etat pétrolier d'Unity.
La rébellion menée par l'ancien vice-président Riek Machar contrôle en partie l'Etat-clé d'Unity, qui concentre les ressources pétrolières du pays, et s'est rendue maîtresse de sa capitale, Bentiu, située à 1.000 km au nord de Juba.
Selon un responsable local à Bentiu, les rues sont encore jonchées de cadavres depuis la chute de la ville, provoquée par la défection d'un commandant de l'armée régulière sud-soudanaise, la SPLA.
"Il y a une centaine de cadavres qui ne sont pas encore enterrés", a dit à l'AFP ce responsable sous couvert de l'anonymat. Le porte-parole de l'armée, Philip Aguer, a confirmé que "l'Etat d'Unity est actuellement divisé" entre les forces de la SPLA et celles de Riek Machar.
"Nous ne contrôlons pas Bentiu, nous ignorons combien de personnes ont été tuées ou blessées", a-t-il dit. Les installations et les exportations pétrolières, vitales pour l'économie du pays dont elles assurent 95% des revenus, ne seraient cependant pas affectées par les combats, a assuré l'ambassadeur sud-soudanais à Khartoum, Mayen Dut Wol.
Le Soudan voisin est lui aussi dépendant du pétrole sud-soudanais: il tire d'importants revenus en taxant fortement l'acheminement du pétrole à travers son territoire par des oléoducs. Si ses intérêts sont menacés, Khartoum pourrait intervenir militairement, selon des experts.
Depuis le 15 décembre, un conflit armé a éclaté entre les forces de l'ex-vice-président sud-soudanais Riek Machar et celles du président Salva Kiir, déchirant le plus jeune Etat de la planète, indépendant depuis 2011 après une longue guerre civile contre le Soudan.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki Moon et le président américain Barack Obama sont intervenus pour demander la fin des combats. "Je demande à ce que tous les dirigeants politiques, militaires et des milices cessent les hostilités et mettent fin à la violence contre les civils", a déclaré Ban Ki Moon dimanche.
"Toute tentative de s'emparer du pouvoir par des moyens militaires aura pour conséquence la fin du soutien de longue date des Etats-Unis et de la communauté internationale" au Soudan du Sud, a déclaré samedi M. Obama.
Washington a été le principal soutien de la jeune nation depuis son indépendance. Donald Booth, l'émissaire américain pour le Soudan et le Soudan du Sud, était attendu dimanche soir à Juba, a indiqué un responsable du ministère sud-soudanais des Affaires étrangères, ajoutant que le Nigeria envoyait également un émissaire, sans préciser sa fonction.
Avant eux, une délégation de ministres des Affaires étrangères d'Afrique de l'Est a achevé une médiation de trois jours en rencontrant samedi le président sud-soudanais Salva Kiir.
Dans la foulée, le président Kiir a promis de "mener un dialogue sans conditions" avec son rival Riek Machar. Dans la seule capitale Juba, les combats ont fait au moins 500 morts et on compte plusieurs dizaines de milliers de personnes déplacées à travers le pays, selon un bilan très partiel.
Les deux rivaux, habitués à la longue guerre d'indépendance (1983-2005), utilisent les combattants de leur communauté respective - Dinka pour Salva Kiir et Nuer pour Riek Machar.
Le Comité international de la Croix-Rouge s'est "alarmé" dimanche des violences contre les civils, son représentant à Juba, Melker Mabeck, dénonçant des "meurtres" et des "mauvais traitements" des deux côtés.
Outre la ville de Bentiu, les rebelles tiennent toujours depuis jeudi Bor, capitale de l'Etat de Jonglei, située à 200 km au nord de la capitale. "Bor est toujours contrôlée par les forces de Peter Gadet (allié de Riek Machar).
La SPLA avance toujours sur la ville mais ne l'a pas encore reprise", a déclaré le porte-parole de l'armée Philip Aguer. La mission des Nations unies au Soudan du Sud (Minuss) a commencé à évacuer son "personnel non essentiel" de Juba et va envoyer des renforts militaires à Bor et Bentiu, "pour continuer à remplir son mandat de protection des civils sud-soudanais", a-t-elle annoncé.
Plusieurs pays étrangers - les Etats-Unis, le Royaume-Uni, le Kenya, l'Ouganda et le Liban - ont ordonné l'évacuation de leurs ressortissants.
Washington a annoncé dimanche avoir évacué avec l'ONU des Américains et d'autres étrangers de Bor, où une opération similaire avait été annulée la veille quand des appareils américains avaient essuyé des tirs et que quatre soldats américains avaient été blessés.
Les sociétés pétrolières ont aussi commencé à faire sortir leur personnel du pays, comme la compagnie d'Etat chinoise China National Petroleum Corp, après la mort de cinq employés sud-soudanais du secteur.
Dans tout le pays, des dizaines de milliers de personnes ont fui leurs maisons, beaucoup cherchant refuge dans les bases des Nations unies, qui abritent près de 20.000 personnes rien qu'à Juba.
"J'ai peur, je ne peux pas m'imaginer redevenir une réfugiée", confiait Susan Nakiden, une Sud-Soudanaise parmi des milliers d'autres déplacés sur une base de l'ONU de Juba. Cette mère de trois enfants a expliqué qu'elle avait déjà dû fuir pendant la guerre civile qui déchira le Soudan entre Nord e