DANS LA MAJORITÉ, LES PREMIERS CRAQUEMENTS SE FONT JOUR
Défait pour la première fois après plus d'une décennie au pouvoir, le camp présidentiel sénégalais doit désormais faire son examen de conscience. Derrière l'union affichée, des dissensions éclatent déjà au grand jour et un début de règlement de comptes...
La victoire surprise de l'opposant Bassirou Diomaye Faye à la présidentielle marque le début d'une période d'introspection et de remise en question pour le camp au pouvoir, selon plusieurs analystes interrogés par l'AFP.
Déjà, au siège de l'Alliance pour la République (APR), le parti du président Macky Sall, "l'ambiance était à la fin de règne" lorsque le candidat malheureux Amadou Ba est venu féliciter le vainqueur lundi, rapporte l'agence. "Certains militants, à mots couverts, mettaient en cause l'intouchable président Macky Sall et son investissement moindre dans la campagne", note l'AFP.
Ces critiques se font plus virulentes dans la presse. "Macky Sall a sacrifié ceux qui étaient avec lui depuis 2008", déplore dans Le Quotidien Moustapha Diakhaté, ancien proche du chef de l'État. Pour lui, "Macky Sall a torpillé la carrière de milliers de militants".
Le porte-parole de la coalition présidentielle BBY, Pape Mahawa Diouf, invoque de son côté "le manque de sérénité" lié à la défaite et assure que le "moment de laver le linge" viendra "tranquillement". Mais les analystes évoquent déjà les prémices d'un règlement de comptes.
Selon El Hadji Mamadou Mbaye, chercheur interrogé par l'AFP, "les choses étaient pliées" depuis la mise en cause judiciaire de l'opposant Ousmane Sonko en 2021. Cette affaire a exposé les tensions au sein du camp présidentiel.
Autre erreur majeure pointée du doigt : le choix du candidat Amadou Ba qui a "peu charismatique, peu politique" et souffert des dissidences au sein de sa propre majorité.
Au-delà des tensions entourant la succession de Macky Sall, c'est bien le bilan global de 12 ans à la tête du pays qui est sanctionné, avec un rejet des inégalités et des violations des droits humains lors des dernières années troubles.
L'heure semble donc venue pour le camp présidentiel de tirer les leçons de cette cuisante défaite, ouvrant une période de questionnements internes qui risque d'exacerber les luttes intestines.