SONKO RYTHME LE JEU
L’enseignant émérite Moussa Diaw et le journaliste Abdoulaye Mbow livrent leur analyse du discours polémique tenu par le Premier ministre lors de la rencontre de dimanche dernier avec les jeunes de son parti
L’enseignant émérite en Sciences politiques à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, Moussa Diaw et le journaliste Abdoulaye Mbow décortiquent les contours du discours controversé du leader de Pastef, Ousmane Sonko, par ailleurs Premier ministre lors de la conférence politique organisée par les jeunes de son parti, le PASTEF, le dimanche 9 juin dernier. Interpellé hier, lundi 10 juin, par Sud quotidien, le Pr Moussa Diaw a estimé que cette sortie du leader de Pastef était politiquement nécessaire dans le contexte actuel marqué par des critiques de certains leaders politiques qui n’ont pas encore digéré leur défaite. Pour sa part, tout en relavant certains points positifs comme d’autres moins positifs dans ce discours, Abdoulaye Mbow a indiqué que la polémique suscitée par cette sortie est liée aux sujets abordés mais aussi à l’intonation donnée au verbe.
Ousmane Sonko avait besoin de communiquer pour montrer qu’il y a un chef du gouvernement qui mène la coordination de l’action gouvernementale. L’avis est du professeur en Sciences politiques à l'université Gaston Berger de Saint-Louis. Interpellé hier, lundi 10 juin, par Sud quotidien sur le discours prononcé par Ousmane Sonko, président de Pastef, lors d'une conférence politique organisée par les jeunes de son parti, le dimanche 9 juin dernier, un discours qui a suscité de vives réactions, le Pr Moussa Diaw a estimé que cette sortie du leader de Pastef était politiquement nécessaire. En effet, argumente l’Enseignant chercheur émérite en Sciences politiques à l'université Gaston Berger de Saint-Louis, « ce discours permet au Premier ministre de se positionner en mettant à l’écart toute tentative de déstabilisation. En menaçant certains de soulever des dossiers qui pourraient les compromettre, il se donne des moyens politiques d’agir en considérant les enjeux », a-t-il souligné avant d’ajouter.
En effet, estimant que « depuis leur victoire, les nouvelles autorités font face du fait de « l’absence d’actions concrètes à des critiques de la part de certains leaders politiques qui n’ont pas encore digéré leur défaite », le Pr Moussa Diaw assure au sujet de cette sortie du leader de Pastef que c’est tout à fait normal qu’il intervient et recadre le jeu politique sinon ce serait l’anarchie à cause des critiques qui fusent de toutes parts fustigeant les audiences qu’il accorde à des ambassadeurs. Egalement aussi à cause de lettres adressées au Conseil constitutionnel même si tout cela ne semble pas le déranger nulle part ». Ainsi, selon lui, par cette sortie, « le Premier ministre apparait non seulement comme un leader politique dominant l’espace politique mais aussi comme un homme politique qui sait ce qu’il veut. « Cette forte mobilisation des jeunes le renforce davantage dans sa conviction de mener à bien la politique qu’il compte mettre en place et fixer les orientations et les espaces politiques qu’il compte conquérir et se positionner puisqu’il parle de 2050. Cela veut dire qu’il a un agenda qui s’inscrit dans la durée avec la possibilité de transformer la société sénégalaise et d’aller vers les réformes politiques nécessaires ».
Interpellé également sur cette sortie du leader de Pastef, le journaliste Abdoulaye Mbow a indiqué que la polémique suscitée par ce discours est liée aux sujets abordés mais aussi à l’intonation donnée au verbe en ce qui concerne certaines questions relatives notamment à la presse, de manière générale à la reddition des comptes. Toujours sur le fondement des critiques suscitées par le discours du leader de Pastef, l’ancien Directeur de publication du journal « La tribune » a également pointé du doigt le contenu et le contenant de sa communication. « Il y’a des choses qu’il a dit et qui, à mon avis, n’avaient pas leur place dans ce discours. Je pense qu’en tant que Premier ministre, il n’avait pas à exposer le contenu de son échange avec le ministre de la Justice ». Toutefois, au-delà de ces considérations, Abdoulaye Mbow dit noter dans ce discours plusieurs points positifs sur le plan de la communication. Ainsi citant entre autres, la vision Sénégal 2050 déclinée par Sonko ou encore le plan d’action gouvernementale et les points relatifs à certains filières porteurs comme l’agriculture, l’élevage et son appel aux jeunes à s’engager dans le travail pour l’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, Abdoulaye Mbow a indiqué que tous ces points de même que son annonce sur la réduction du coût de la vie méritent un débat des acteurs.