BAYE MAMOUNE NIASSE S'EN PREND À CISSE LÔ ET LA RTS
KAOLACK/GAMOU DE MEDINA BAYE
L’édition 2014 du « Maouloud » de Médina Baye a déplacé plusieurs milliers de fidèles venus des pays africains. Depuis plus d’une semaine, ces personnes ne cessent de converger vers la cité religieuse malgré le déficit en infrastructures réceptives.
Pour un rien, la fête allait être gâchée. D’abord lors de la visite de la première Dame, Mme Marième Faye Sall, le président du comité d’organisation Baye Mamoune Niasse qui n’a pas du tout apprécié la nature de la riposte de Moustapha Cissé Lô face aux attaques du président directeur général du groupe « Walfadjiri », avait déclaré cette personne non grata dans l’enceinte de Médina Baye. Une mesure qui a été vite gérée par les services protocolaires de la première Dame, de sorte que l'interdit a été rapporté.
Ensuite c’était au tour de la Rts de vivre la même exclusion. Mais là aussi, il a fallu des pourparlers et d’innombrables séances de négociations pour arrondir les angles et permettre à la chaîne publique de sillonner librement la cité religieuse.
Outre ce dernier, le secrétaire particulier du Khalif Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niasse a lui aussi tenu quelques heures avant la cérémonie officielle une rencontre avec la presse. C’était pour dénoncer la modicité du montant de la somme destinée à la couverture du volet assainissement.
Estimée à deux Millions de nos francs, ce dernier estime que cette enveloppe est encore loin de satisfaire la population des pélerins, surtout quand on sait que l’affluence à Médina Baye augmente d’année en année et que le nombre de toilettes mobiles prévues pour cette présente édition du « Maouloud » est minime par rapport à la demande des usagers dont la plupart vient de l’étranger.
Baye Niasse, une œuvre aussi fixée sur l’intégration
Né en 1900 à Taïba Niassène, un village que son illustre père El Hadji Abdoulaye Niasse (Mame Aladji) a fondé quelques années auparavant, El Hadji Ibrahima Niasse plus connu son le nom de Baye Niasse, a vite compris qu’il faillait faire adapter certains concepts ou principes religieux à l’évolution. Autrement dit, enseigner la religion musulmane, mais en tenant surtout compte de l’évolution du monde.
Ainsi, après des études coraniques poussées qu’il a d’ailleurs reçues de son père, El Hadji Ibrahima Niasse s’est très tôt lancé dans la conquête du monde. D’abord dans les pays de l’Afrique de l’ouest, (Mauritanie, Mali, Guinée, Ghana, Niger, Nigeria) où il devait poser les premiers jalons d’une intégration africaine qu’il prônait pour une Afrique solidaire, indépendante et pacifique. Même étant assez éloigné des milieux politiques, du monde des affaires, le guide de Médina, comme le rappellent certains de ses disciples, a toujours tenu à ce projet d’une Afrique unie.
Les rares personnes ayant la chance de partager certains principes avec lui, confirment cependant le courage, la détermination dont l’homme a fait montre pour sensibiliser et inviter ses pairs à emprunter une telle démarche. Mais poursuivent-ils, Baye Niasse ne s’était pas limité à cette simple déclaration, car, accroché jalousement à sa requête il a aussi ordonné le mariage entre fidèles étrangers et sénégalais, en débutant par ses propres filles et garçons.
Apparemment, c’est ce qui explique aujourd’hui la forte présence à Médina Baye de nationalités étrangères et de petits fils ou fils issus de mère haoussa et de pères sénégalais ou de pères mauritaniens et de mères sénégalaises, etc. Aussi ses nombreux voyages à travers l’Afrique et le reste du monde expliquent-ils la multitude de langues étrangères parlées dans ce quartier religieux de Kaolack. Et l’on nous dit même que El Hadji Ibrahima Niasse (Baye) de son vivant, a sillonné le monde entier, excepté les Etats-Unis et Israël.
Partout dans ces pays, l’homme s’est aussi aventuré à enseigner le Coran et à répandre autant le religion musulmane, la « Tariha Al Tidianya » dont il fut le premier défenseur et la « Faydatul Tidianya » qui le distingue des autres guides du pays..
Des territoires d’intégration conquis dans «l’analphabétisme»
La question que les nombreux talibés et disciples de Baye Niasse continuent encore de se poser est de savoir comment le père fondateur de Médina Baye a pu explorer des pays où il ne maîtrise pas la langue officiellement parlée ? Et pourtant, dans sa mission de répandre l’Islam, sa « tariha » et sa « faydu », il s’est rendu dans beaucoup de pays anglophones comme francophones qui ne parlent ni ouolof ni arabe.
C’est le cas au Ghana, au Nigéria, au Cameroun, en Angleterre, en Chine, où les premiers contacts et la communication avec le guide de la « Fayda » ont débuté avec difficulté avant d’être rendus possibles. Dans tous ces pays, cet infatigable missionnaire de Dieu a toujours poursuivi son combat sans relâche. Et partout où il est passé, le message qu’il rendait aux fidèles est le même. Soit il est traduit dans la langue parlée dans le pays d’accueil, soit il est vite compris par les nombreux talibés qui composaient son auditoire.
KAOLACK / «L’IMAMATUYA» A MEDINA BAYE - Les familles «Cissé» assurent l'"imamatuya"
Dans l’organisation interne de la famille et des pouvoirs naturellement distribués dans le quartier religieux de Médina Baye, deux entités cohabitent aujourd’hui. Un pouvoir exclusivement réservé à la famille du père fondateur et qui est intitulé « Khilafa »et un second pouvoir nommé cette fois-ci « Imamatuya », dont la famille de Serigne Alioune Cissé (Baye Cissé), le premier Khalif de Baye Niasse sur terre est le principal garant. Pour le premier, il est toujours attribué à la personne la plus âgée de la famille.
Cette personne une fois installée s’occupe de la gestion de tout ce qui concerne la famille, la religion, la « tariha » ou la « Fayda ». A ses côtés existe « l’Imamatuya », un pouvoir qui est donné aux personnes devant diriger les prières dans la grande mosquée. Ainsi après moult détours, ce pouvoir est aujourd’hui entre les mains des « Cissé ».
Ainsi derrière l’Imam Hassane Cissé, c’est au tour de son frère Cheikh Ahmet Tidiane Cissé de diriger les prières à la grande mosquée de Médina Baye. Outre cette prérogative, il est aussi chargé de collecter les fonds et desuivre l’ensemble des travaux destinés à la mosquée.