LES MILLIARDS DE AÏDA NDIONGUE, VERSION CORRIGÉE
L'EX-SÉNATRICE DÉMENT LE PROCUREUR DE LA RÉPUBLIQUE
Tout ce que le Procureur Serigne Bassirou Guèye a dit lors de sa conférence de presse n’est pas conforme à la vérité des faits. C’est ce que Aïda Ndiongue a assuré à ses proches qui sont allés lui rendre visite hier dimanche au Camp Pénal. Explications.
En attendant la réplique de ses avocats cet après-midi à 17h dans un hôtel situé sur la corniche, Aïda Ndiongue a décoché des flèches assassines envers le Procureur de la République près le tribunal hors classe de Dakar.
Devant des amis, parents, frères de parti et sympathisants (il y avait Venus Niane mère de Me Dior Diagne, Omar Sarr, Oumou Salimata Tall…) qui lui ont rendu visite hier au Camp pénal, Aïda Ndiongue a démonté tout ce que Serigne Bassirou Guèye a dit lors de sa conférence de presse. Selon les confidences faites par ses proches, elle a commencé par expliquer que tous ses comptes ne sont logés que dans une seule banque au Sénégal : la Cbao.
«Depuis la Biao, je suis là-bas. Quand l’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye a quitté la banque pour créer la Banque sénégalo-tunisienne (Bst), il m’a démarchée et j’ai ouvert un compte dans son institution, mais c’est redevenu la même banque après l’achat de la banque par Attijariwafa bank», a-t-elle d’emblée déroulé.
Le premier compte qu’elle a eu dans cette institution bancaire remonte, a-t-elle juré à ses visiteurs, à 1973 alors qu’elle était jeune institutrice d’une vingtaine d’années. Et c’est en 1983 qu’elle a ouvert le compte de sa société «Keur Marame Bercy». Depuis lors, elle a travaillé avec presque tous les ministères du pays aussi bien dans les produits phytosanitaires que dans le nettoiement. L’un de ses premiers juteux marchés, elle l’a gagné à l’époque avec la mairie de Dakar.
«J’ai eu mon premier milliard en 1993, avant la dévaluation»
Sa société commençant à avoir une certaine crédibilité, elle a commencé à travailler avec la Senelec du temps de l’ancien Directeur général Samba Diallo d’abord, du Directeur général Ibrahima Ndao ensuite. A ses dizaines de visiteurs, Aïda Ndiongue a révélé, comme elle l’avait fait au niveau de la Division des investigations criminelles (Dic), qu’elle a gagné son premier (1er) milliard en 1993. Donc 7 ans avant l’arrivée du Président Abdoulaye Wade au pouvoir et un an avant la dévaluation du franc Cfa.
Ses affaires commençant à prospérer, elle a rejoint le cercle restreint des constructeurs de route. C’est ainsi qu’elle a gagné entres autres marchés, au milieu des années 90, celui de la route allant de l’avenue Cheikh Anta Diop à Ouakam. A ce propos, elle a pris à témoin des entrepreneurs comme Bara Tall et Alioune Sow.
Sous le magistère de Abdoulaye Wade, les premiers et plus importants marchés qu’elle a gagnés datent, dit-elle, de 2004. Et c’est… Macky Sall, alors Premier ministre qui l’avait mise en rapport avec Salif Bâ qui était le tout puissant ministre de l’Habitat tout en gérant le Programme de construction et de réhabilitation du patrimoine bâti de l’Etat (Pcrpe). Depuis lors, elle travaille avec le ministère de l’Urbanisme et de l’Habitat. «Quoi de plus normal alors que de gagner de l’argent ?», se demande-t-elle.
«Même la femme du sultan de Brunei n’a pas autant de bijoux»
A propos des bijoux d’un total de 15 milliards que Serigne Bassirou Guèye dit avoir trouvés dans une institution bancaire, Aïda Ndiongue manque de s’étrangler. Selon l’ancienne sénatrice, il n’y a rien de plus inexact. A ses visiteurs, elle rapporte qu’elle a dansé dans sa cellule quand elle a entendu le Procureur de la République dire cela. Elle dit avoir même promis à ses co-détenues un (1) kg d’or à chacune si cela se révélait vrai.
Plus sérieusement, elle a juré la main sur le cœur qu’elle n’a pas gardé des bijoux de cette valeur. «Même la femme du sultan de Brunei n’a pas des bijoux de cette valeur», s’est-elle exclamée. Avant de poursuivre : «Ces gens-là ont-ils une idée de ce que cela signifie ? Des bijoux d’une valeur de 15 milliards ne peuvent pas contenir dans des coffres à la banque. C’est impossible. J’ai cru rêver en entendant cela.» Toutefois, elle reconnaît qu’elle a gardé des bijoux dans la banque mais, a-t-elle précisé, c’est loin, très loin du compte. «Cela ne fait même pas un milliard», consent-elle à dire.
«Je n’ai pas un seul euro ou dollar dans un coffre»
Sur les 250.000 euros et les 20.000 dollars trouvés dans des enveloppes dans un coffre, elle s’étonne. «Je jure sur tout ce que j’ai de plus cher que je n’ai gardé aucun franc dans aucun coffre. Ce n’est pas conforme à la vérité», assure-t-elle. Avant de poursuivre : «Que je fasse 100 ans en prison si cela est vrai.» L’ancienne sénatrice se demande même si les enquêteurs n’ont pas ouvert par mégarde les coffres d’autres personnes. «Les gens qui détiennent des coffres à la Cbao doivent aller vérifier si les coffres dont le Procureur parle ne leur appartiennent pas», conseille-t-elle. Parce que, a-t-elle juré à ses proches, elle ne détient aucun euro et aucun dollar dans aucun de ses coffres.
47 milliards 675 millions
Sur la fortune globale trouvée, estimée «pour le moment» à 47 milliards 675 millions, elle rit sous cape. «Le montant cumulé de mes avoirs depuis l’ouverture de mes comptes est très loin de faire 47 milliards. Je reconnais que j’ai de l’argent, mais pas autant», a-t-elle encore juré. Pour dire qu’elle peut prouver cela, elle dit détenir tous les bons de caisse qu’elle a reçus depuis la BIAO jusqu’à aujourd’hui.