PAS D'AUTORISATION D'OUVERTURE POUR UNE CLINIQUE CHARGÉE DE RECONSTRUIRE LE CLITORIS DE FEMMES EXCISÉES AU BURKINA FASO
OUAGADOUGOU, 08 mars 2014 (AFP) - Une clinique destinée à reconstruire le clitoris de femmes excisées n'a pu entrer en fonction cette semaine au Burkina Faso faute d'autorisation du ministère de la Santé burkinabè, a indiqué samedi une responsable du projet, lancé par le mouvement raélien.
"L'ouverture, initialement prévue ce mercredi à Bobo Dioulasso (Ouest), a été empêchée du fait de l'absence d'autorisation (...) du ministère de la Santé", a regretté cette responsable, Abibata Sanon, interrogée par l'AFP.
Une inauguration a minima s'est tout de même tenue vendredi, a-t-elle poursuivi. La clinique, un projet du mouvement raélien, financé par Clitoraid, une association à but non lucratif "dans laquelle travaillent des raéliens et des non raéliens", selon Mme Sanon, ambitionne, à travers une opération chirurgicale gratuite, de "réparer les séquelles encourues par les victimes de mutilations génitales féminines", de "leur permettre de retrouver leur dignité" et d'"éprouver du plaisir sexuel", a expliqué Mme Sanon.
Le mouvement raélien a été fondé dans les années 1970 par le Français Claude Vorilhon, alias Raël, au retour d'une prétendue "rencontre" avec des extraterrestres. Il avait notamment défrayé la chronique en prétendant avoir cloné un être humain.
Raël est à l'origine du projet Clitoraid. Selon Mme Sanon, des "pressions de l'Église catholique" ont poussé le gouvernement burkinabè à ne pas autoriser l'ouverture de la clinique.
Dans un communiqué cette semaine, Brigitte Boisselier, présidente de Clitoraid, avait accusé "l'Église catholique" et "ses acolytes" de s'être opposés à l'hôpital des femmes en menant "une campagne de dénigrement à des fins purement égoïstes".
Une source proche du ministère de la Santé, interrogée par l'AFP, a expliqué que la demande de Clitoraid "suivait son cours" et "serait traitée comme toute autre".
L'Église catholique burkinabè, contactée à de multiples reprises, n'a pas donné suite. Selon Mme Sanon, 300 femmes venant de nombreux pays d'Afrique figurent sur les listes d'attente du centre.
Une première campagne d'opérations concernant 80 patientes était prévue jusqu'au 14 mars, mais "seulement 29" ont été traitées, dans une autre clinique, l'Ordre des médecins du Burkina Faso ayant retiré son autorisation d'opérer pourtant accordée quelques jours plus tôt aux médecins de Clitoraid, a affirmé Mme Sanon. Un recours est mené, a-t-elle ajouté.
Selon l'Unicef, entre 100 et 140 millions de filles et de femmes ont subi des mutilations génitales féminines dans le monde et trois millions d'entre elles sont exposées chaque année au risque d'en subir.