KERBRAT (GUINGAMP) A FINI PAR PRENDRE SON ENVOL
Le défenseur central de Guingamp Christophe Kerbrat disputera samedi, à 26 ans, la finale de la Coupe de France contre Rennes, moins de trois ans après ses débuts dans un monde professionnel auquel il ne pensait pas vraiment un jour appartenir.
Kerbrat n'a pas d'adresse mail, et c'est déjà presque une incongruité, renforcée par un parcours qui ne le prédestinait pas au football professionnel.
Classé 2/6 à 16 ans, adversaire de Yoann Gourcuff jusqu'à 12-13 ans, il lui a d'abord fallu mettre de côté le tennis, même s'il n'a jamais pensé ni voulu en faire son métier.
Le football non plus: "Je ne me suis jamais dit que le foot était une priorité. Après, quand on arrive en CFA ou en National, on sait que le monde professionnel n'est pas loin", explique-t-il à l'AFP.
Poumon de Plabennec (Finistère) qui, en National en 2009-2010, élimine deux équipes de l'élite (Nice et Nancy) en Coupe de France, il travaille dans une entreprise avicole lorsque Guingamp, promu en L2, lui propose à l'été 2011 un premier contrat professionnel.
S'il avait refusé quelques années auparavant une première avance du club costarmoricain, qui voulait l'intégrer à ses moins de 18 ans nationaux, préférant jouer en CFA2 avec Plabennec, Kerbrat franchit cette fois le pas.
"J'avais insisté pour qu'il croie en ses chances. Des clubs lui faisaient des appels du pied, mais à chaque fois, au dernier moment, il se laissait convaincre de rester par les dirigeants de Plabennec. Il y est resté 3-4 ans de trop", explique Bernard Maligorne, qui l'a lancé à Plabennec.
Reste ensuite à se faire son trou à Guingamp où, arrivé comme quatrième milieu, il s'impose finalement en défense centrale après avoir y dépanné avec succès lors d'un 7e tour de Coupe de France, en novembre 2012.
- 'Le plus dur a été de le convaincre' -
"J'ai discuté avec lui en début de semaine suivante, et il m'a appris n'avoir jamais joué derrière ! J'étais très étonné", se souvient Gourvennec, qui ne l'enlèvera plus de l'équipe.
Si Maligorne ne pensait "quand même pas qu'il s'imposerait si vite en L1", Gourvennec est moins surpris, même s'il a fallu de nouveau convaincre Kerbrat qu'il avait toutes les qualités pour réussir au plus haut niveau.
"J'étais sûr qu'il se mettrait au niveau en L1. Le plus dur a été de le convaincre, car au début, il me regardait avec de drôles d'yeux. Je lui ai dit: +Ne te tracasse pas, tu vas te mettre au niveau tranquillement+. Comme il est à l'écoute, dans la réflexion et qu'il agit, il a vite progressé en Ligue 1."
"Enchaîner les bonnes prestations cette saison m'a permis de prendre plus confiance en moi. Les gens qui me connaissent étaient plus conscients de mes capacités que moi. J'ai plus de mal à me juger", reconnaît Kerbrat.
Défenseur, qui commet peu de fautes (21 en 33 titularisations cette saison en L1), il a hérité de sa pratique du tennis "de bons appuis, un sens de l'anticipation et une bonne lecture des trajectoires", souligne Gourvennec.
"C'est aussi un atout d'avoir joué au milieu, où le jeu va plus vite. Il faut se situer dans l'espace plus rapidement que derrière", souligne son partenaire en défense centrale Jérémy Sorbon.
D'un gabarit plutôt modeste (1,85 m pour 74 kg), Kerbrat possède également une "physiologie hors normes", d'après Gourvennec: "C'est sa constitution, il vient du pays du Léon (dans le Finistère nord) comme moi. Les Léonards, c'est les Léonards! Quand on n'est pas breton, on ne peut pas comprendre..." (sourires).
Bretons, les Rennais le sont, et savent donc à qui ils se frotteront.