15 MILLIARDS F CFA DE FRAIS POUR 2 700 LISTES ET 100 MILLIONS DE BULLETINS
ORGANISATION DES LOCALES DU 29 JUIN 2014
Une première dans notre pays : pas moins de 2 700 listes déjà validées seront en compétition pour les élections municipales et départementales du 29 juin 2014. Une inflation citoyenne et démocratique qui ressemble à du laisser-aller que l'Etat va devoir supporter à hauteur de 15 milliards de francs Cfa. Pour le ministre de l'Intérieur, une telle situation ne peut plus continuer. D'où la suggestion du cautionnement pour les partis et mouvements désireux, dans le futur, de prendre part à ces scrutins locaux...
Les élections locales du 29 juin 2014 vont coûter aux contribuables sénégalais 15 milliards de francs Cfa. Cette manne financière servira à imprimer les 100 millions de bulletins de vote des listes validées par la loi électorale. C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Intérieur. Abdoulaye Daouda Diallo (photo) était en tournée dans les commissions de distribution des cartes d'électeurs de Pikine-Est, des Parcelles Assainies, avec un passage à la salle de confection des maquettes des bulletins de vote. Des déplacements effectués dans le cadre des préparatifs des élections départementales et municipales du 29 juin prochain.
“400 000 cartes d'électeurs en souffrance”
En effet, de 2005 à aujourd'hui, beaucoup de cartes d'électeurs sont en souffrance dans les commissions de distribution et dans les commissariats de police. Selon le ministre de l'Intérieur, même si le taux de retrait de ces cartes s'est beaucoup amélioré entre 2013 et 2014, un constat de taille s'impose : il y a 400 000 cartes qui sont en souffrance prolongée dans les commissions de distribution sur toute l'étendue du territoire nationale. Par exemple, rien qu'aux Parcelles Assainies, sur 6 798 cartes disponibles, seules 3 301 ont été récupérées par leurs propriétaires. Les 3 497 autres attendent désespérément...
Face à une telle situation, l'autorité administrative envisage des initiatives pouvant pousser les citoyens électeurs à changer de comportement et d'attitude avant les échéances de juin. “Nous pensons prendre des mesures par des commissions itinérantes, particulièrement au niveau du monde rural, pour remettre les cartes à leurs propriétaires. En même temps, une campagne de communication sera faite à cet effet”, s'est engagé le ministre de l'Intérieur.
“Facteurs de troubles”
Après Pikine-Est et les Parcelles Assainies, Abdoulaye Daouda Diallo s'est rendu à la salle de confection des maquettes des bulletins de vote. Ce nouveau dispositif technique niché au niveau du ministère de l'Intérieur a été mis en place par la Direction générale des élections pour permettre aux mandataires des listes en compétition de préparer leur maquette en vue de l'impression de leur bulletin de vote. Sur les lieux, le personnel en charge de cette tâche jugée délicate s'active comme il peut pour rester dans les délais.
Ici, les maquettes des bulletins de vote de quelques listes ont déjà pris forme. Parmi celles-ci, les listes de Benno Bokk Yaakaar et de Luy Jot jotna de Cheikh Tidiane Gadio. Le seul hic, c'est que les couleurs des deux bulletins sont presque identiques. Une ressemblance qu'Abdoulaye Daouda Diallo n'a pas manqué de signaler avant de la déplorer. “Il y a quelques possibilités de similitude au niveau de certaines couleurs. Ce sont des facteurs de troubles sur lesquels il faut nécessairement veiller pour ne pas désorienter certains électeurs qui ne savent pas lire”, alerte-t-il.
“Impossible de continuer dans ces conditions”
Au total, 100 millions de bulletins de vote des 2 700 listes en lice seront imprimés. Cela pour un coût global de 4 milliards de F Cfa. Cette manne financière, ajoutée aux autres charges liées à l'organisation des élections, allonge les frais généraux d'organisation à 15 milliards de nos francs. Ce qui, aux yeux d'Abdoulaye Daouda Diallo, est préoccupant. “Nous sommes aujourd'hui à 2 700 listes exactement qui ont pour conséquence une production de plus de 100 millions de bulletins de vote. Ce n'est pas possible. On ne peut pas continuer dans ces conditions”, s'est lamenté le ministre de l'Intérieur. “Il faut réfléchir sur deux possibilités : le cautionnement qui sera de nature à décourager certains parce que dans certains cas, c'est du volontarisme inutile, et le parrainage pour imposer aux différents candidats un nombre d'électeurs qui devrait porter les listes”, a suggéré le ministre. “C'est une idée qu'il faudra mûrir et laisser le montant à l'appréciation des acteurs politiques. Il faut faire des efforts de part et d'autre car on ne peut pas continuer dans ces conditions. 15 milliards de francs Cfa, rien que pour une élection alors qu'on est sûr que l'essentiel des 100 millions de bulletins édités sera rejeté, c'est regrettable”, rouspète-t-il.