VIDEO"CE QUE JE VIS, C’EST UNE TRAGÉDIE"
MOHAMED DIALLO ALIAS KOUASSI, ACTEUR DANS KOUTHIA SHOW
Acteur, comédien, humoriste, caméraman. Voila les différents métiers de Mohamed Diallo alias Kouassi. Plus connu sous le nom de Lakhloukh, du fait de son rôle dans l’émission "Kouthia show", Kouassi de son nom d’artiste est revenu de long en large dans cet entretien qu’il nous a accordé sur sa jeune carrière. Audacieux, il se considère comme le "Lionel Messi des comédiens". Lakhloukh parle aussi de son brillant parcours, de sa collaboration avec Kouthia, mais surtout de sa situation à la Tfm qu’il est une pour lui tragédie. Flash-back sur l'itinéraire de cet artiste malien qui se dit Sénégalais.
Voulez-vous vous présentez à nos lecteurs
Je m’appelle Mohamed Diallo alias Kouassi. Je suis un artiste-comédien malien et célibataire sans enfants, j’ai quitté le Mali après le Coup d’Etat de mars 1991. Je suis allé en Côte d’Ivoire pour apprendre la comédie. Car, pour être un bon humoriste, il ne faut pas rester chez soi, il faut aller voir ailleurs.
Pourquoi le choix de la Côte d’Ivoire ?
Sur le plan de l'humour, les Ivoiriens sont les premiers en Afrique de l’Ouest. Je suis parti au pays des Baoulés dès mon jeune âge et j’ai travaillé avec de grands humoristes ivoiriens. Au bout de dix ans, je me suis forgé et j’ai une grande maison et une plantation de cacao et de café. J’ai participé à une émission "One man show" où j’ai partagé la scène avec Adama Dahico (un célèbre humoriste ivoirien). Par la suite, je suis parti au Burkina Faso. Après 8 mois, je suis revenu au Mali pour aller ensuite en Guinée Conakry afin d’apprendre la langue guinéenne. Parce qu’un humoriste doit maîtriser plusieurs langues. Par exemple, quand je joue Ébola dans "Kouthia show", les gens pensent que je suis un Guinéen, alors que je ne le suis pas. Quand je joue un rôle de "Ñakk" (terme wolof pour désigner les étrangers), ils pensent que j’en suis un. Peu de temps après, je suis allé au Cameroun où j’ai rejoint Jean Michel Kakan (l’un des plus célèbres humoristes camerounais et africains). J’ai eu de bons rapports avec Tapson (l’imitateur de Jean Michel Kakan). On a travaillé ensemble. J’ai fait aussi des scènes de théâtre au Congo et au Gabon. Durant mes prestations, j’ai été découvert par une Hollandaise qui était d’ailleurs ma copine. Elle m’a amené à Amsterdam pour travailler avec elle dans sa maison de production. Elle m’a conseillé d’apprendre à filmer, à faire des montages. J’en profite pour dire aux comédiens sénégalais de sortir d’aller en Afrique pour voir ce qui s’y fait.
Donc, vous avez beaucoup bourlinguer...
Oui, car de la Hollande, je suis parti au Canada pour renforcer mes capacités dans la prise d’images. Après un long moment, je suis retourné définitivement au pays dans les années 2000 où j’ai intégré la télévision nationale, l’Ortm. J’animais une émission "Eclat de rires", tous les dimanche et lundi. Après le premier numéro, le directeur de la télévision m’a appelé pour me proposer un contrat. J’imitais toutes sortes de personnalités en me déguisant. C’est en ce moment que j’ai décidé de rester au Mali pour travailler pour mon pays. Je suis parti en Gambie pour apprendre la langue mandingue. C’est pourquoi dans "Kouthia show", je parle le mandingue, le bamiléké et d’autres dialectes.
En 2005, des Arabes m’ont découvert sur la chaîne malienne. Je les imitais durant mes émissions, car je parle la langue arabe très bien. Un de mes amis arabes m’a amené au Qatar, après je suis parti au Bahreïn, au Koweït et à Dubaï. Chacun me réclamait, car je les faisais rire. Dans leur tradition, quand ils baptisent leur enfant, il n’y a pas de musique, c’est un comédien qui vient jouer et on le paye après. Je profite de cette occasion pour dire que les directeurs des chaînes africaines ne respectent pas les artistes. Au Qatar j’ai travaillé dans les plus grandes chaînes, je n’étais pas un simple figurant, j’étais leur collaborateur. J’ai fait un an au Qatar, les gars de Dubaï, Bahreïn, Koweït m’appelaient pour des contrats de six mois ou de trois mois. Grâce au salaire qu’ils me payaient, je faisais vivre mes parents. J’aime voyager, mais pas en Europe, car je ne serai plus une star. J’avais la possibilité de m’installer en Hollande, mais je ne voulais pas rester là-bas, parce qu’un humoriste africain se perd vite en Europe.
Comment s’est déroulée votre arrivée au Sénégal ?
Un jour, j’ai réfléchi et j’ai fait le choix de venir au Sénégal. Je ne connaissais personne, mais j’ai trouvé qu’il avait de bons cameramen et d’excellents monteurs. J’ai une grande plantation en Côte d’Ivoire, alors j’ai décidé de travailler pour avoir une maison de production. J’ai vu aux EtatsUnis des films qui sont tournés dans une maison. A mon tour, je vais voir comment produire un film dans ma plantation. Arrivé au Sénégal, j’ai appris la caméra. J’ai travaillé à Africa 7, à la Rdv et à la Rts comme free-lance. Dans l’émission "Galaxie Sports", j’ai été le premier à leur donner des images. Je suis fier de dire cela, car j’ai des témoins. Chaque semaine, je leur donnait 80 à 90% des images. Certains m’ont proposé des contrats, mais j'ai préféré approfondir mes connaissances derrière l’objectif. J’ai fait la connaissance d’un agent de la Fifa qui m’a amené partout dans le monde pour filmer des matches de football.
Et Kouthia, comment l’avez-vous rencontré ?
Au Sénégal, les gens pensent que je suis un cameraman, alors que je suis un comédien. Kouthia est le seul humoriste au Sénégal qui m'a convaincu et me fait rire. Je le suivais depuis longtemps. Je l’ai appelé pour lui soumettre un projet qui est de travailler pour l’Afrique. Mais comme il n’aime pas voyager, il m’a suggéré de travailler avec lui. Entre temps, j’ai connu Leuz (réalisateur de "Dinama Nex") qui m’a proposé un rôle de "Ñakk" dans la série. Comme j’ai ma façon de jouer, lors d’une scène, j’ai mis la banane dans ma chaussure et ça a marché. Le gars qui a produit la série "The Choice" a fait aussi appel à moi. J’adore ce que je fais. Un jour, j’appelle Kouthia au téléphone qui m’a demandé d’intégrer son émission. C’était le 31 décembre 2013.
Comment faites-vous pour travailler certaines scènes, notamment durant le Ramadan ?
On n’a jamais répété, car entre lui en moi, le courant passe bien. Il m’inspire énormément, c’est mon idole ici. Nous sommes complémentaires. Durant le mois de Ramadan, Kouthia me demande de réfléchir sur des scènes pour mieux satisfaire nos téléspectateurs. Je ne suis pas un "boudiouman" de comédien, je suis un grand et partout où je passe, je confirme. Kouthia m’a demandé d’être un "Guéweul naar" (griot maure), Lakhloukh, un nom que nous avons créé, qui va chanter les louanges d’Aboubilal. Lakhloukh est le griot du père d’Ashaloulakh.
Pourquoi acceptez-vous à chaque fois de jouer le rôle du clown dans "Kouthia show" ?
Je suis un artiste polyvalent. Je peux jouer n’importe quel rôle. Quand j’ai joué le rôle du Guinéen qui avait attrapé le virus hémorragique Ébola, des artistes européens m’ont critiqué. Ils m’ont dit ce que je joue va me coûter cher. Il n'y a aucun pays en Afrique où des artistes vont accepter de jouer le rôle d’Ébola. Par exemple, Lionel Messi (football argentin évoluant au Fc Barcelone), partout où tu l’amènes il va jouer. Moi, je suis le Lionel Messi des comédiens, partout où on m’amène et sur n’importe quelle scène, je vais jouer.
Quelle est votre situation à la Télé futurs médias ?
A la Tfm, il n’y a que Kouthia avec qui j’ai de relations. C’est lui seul. Depuis décembre 2013, je n’ai reçu aucun franc de la Tfm, pas un rond. Pire, personne ne me dit bonjour. Je n’ai pas de contrat là-bas. Je travaille comme ça parce que j’aime mon métier. Je suis désolé de le dire, mais je regrette mon passage à la Tfm. Avec toutes les grandes chaînes avec lesquelles j’ai eu à collaborer, la Tfm est celle où j’ai eu le moins de considération. Pire, lors de l’anniversaire du Groupe futurs médias au King Fahd Palace et au Cices, je n’ai pas été payé, car la soirée était payante. Pourtant, les autres ont été payés. Même si c’est Kouthia qui m’a amené, ils doivent au moins me féliciter pour mon travail. Ce sont les Sénégalais qui m’ont accueilli, ce n’est pas la Tfm. Il y a des gens qui m’ont trouvé à la Tfm, ils sont salariés et ils ne sont pas mieux que moi. C’est parce qu’ils savent que je suis un étranger, que je n’ai pas de parents ici. J’en souffre, car je dois à mon bailleur six mois d’arriérés de location. Malgré toutes ces difficultés, je continue à jouer. Même pour manger à la Tfm je n’ai pas de tickets. La maman qui fait le manger, c’est elle qui me donne à manger.
Si c’est Kouthia qui vous a amené là-bas, c’est à lui de plaider votre cause, non ?
Mamadou Diarra, c’est Zidane qui l’a amené à Madrid, pourtant il a eu un contrat. Kouthia m’a amené, mais je fais du bon boulot. Je me sacrifie à la Tfm. J’ai failli mourir quand je suis tombé malade. Le jour de la Tabaski, j’ai passé la journée sans manger de même que la journée de Korité. J’ai honte d’aller chez des gens pour leur demander de me donner à manger. Je préfère rester chez moi. Malgré tout cela, le jour de la Korité je suis allé jouer là-bas à la Tfm parce que je devrais tourner. J’ai pris un "Car rapide" pour l’école Normale, et puis un "Ndiaga Ndiaye" pour les Almadies. C’est grâce à Kouthia que je reste, sinon je serai parti depuis. Le directeur de la Tfm ne m’a jamais approché pour me dire : "Bonjour Kouassi". Quand Kouthia leur demande de me faire un contrat, il s’énerve contre lui. C’est pourquoi l’émission s’est arrêtée depuis une semaine, à cause de ma situation. Ce que je vis, c’est une tragédie. J’ai une famille à nourrir et je compte arrêter à la Tfm. Au moins, s’ils ne me paient pas, qu’ils me considèrent un peu. Surtout que l’émission marche et a des sponsors.
Vous souffrez de votre célébrité alors ?
Les Sénégalais m’ont adopté, ils m’adorent. Mes amis sont les femmes. Elles m’amènent à la plage et elles sont belles et gentilles. Les filles sénégalaises sont mes sœurs, elles sont "jonguées". Je veux avoir une femme sénégalaise, mais il faudra d’abord que j’aie un salaire. Les Sénégalais ne sont pas des hypocrites. Je suis malien, mais les Sénégalais m’aiment plus que mes compatriotes maliens. Les gens appellent Kouthia pour demander de mes nouvelles. Kouthia veut m’aider, mais la Tfm ne lui appartient pas. Avant d’intégrer la télé, j’étais le représentant de la chaîne malienne au Sénégal auprès de l’Ambassade. Ils ont mis un terme à mon contrat, parce que ce n’est pas possible d’allier les deux emplois. Mais je me disais que la Tfm allait me compenser en me payant un salaire. Même si je reçois une offre d’une télé de la place, je prends l’avis de Kouthia avant de m’engager. Il ne faut pas être égoïste, il me conseille tous les jours et je discute avec lui avant de prendre une décision. Notre métier est très noble.
Quels sont vos projets ?
J’ai un projet de "Comédie show" avec Canal plus. Ils m’ont proposé l’émission et j’ai proposé de la faire avec Kouthia. Africable est partant avec nous. J’ai dit à Kouthia que je vais l’amener. C’est mon père, il me rend fort et je l’aime beaucoup.