EBOLA : LES TROIS PAYS LES PLUS TOUCHÉS VEULENT UNE RELANCE ÉCONOMIQUE RAPIDE
Nations unies (Etats-Unis), 5 déc 2014 (AFP) - Les ministres de l'Economie des trois pays les plus touchés par l'épidémie d'Ebola ont plaidé vendredi à l'ONU pour le lancement immédiat d'un vaste plan de relance économique au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée.
Une préoccupation relayée par le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon qui a jugé "impératif que, tout en travaillant à mettre fin à l'épidémie, nous commencions à nous concentrer sur le rétablissement" de ces trois pays.
S'exprimant par vidéo-conférence devant un comité de l'Assemblée générale de l'ONU, le ministre guinéen de l'Economie Mohamed Diare a rappelé "l'impact négatif très fort" d'Ebola sur le commerce, l'agriculture, le secteur minier, les transports ou le tourisme.
"Il faut renforcer le système de santé", a-t-il expliqué, "mais aussi relancer l'économie après Ebola et c'est maintenant qu'il faut lancer un plan de redressement", en particulier en subventionnant l'agriculture en prévision des prochaines récoltes.
"Il faut un soutien massif dès maintenant (...) un appui supplémentaire pour que les trois pays puissent se tenir debout après l'épidémie", a-t-il martelé. Son homologue de Sierra Leone, Kaifala Marah, a préconisé de "tirer les leçons" de l'épidémie et de "développer une stratégie économique post-Ebola".
Son pays, a-t-il dit, a besoin de former rapidement 350 médecins et 3.000 infirmières, de mettre en place un "système national d'assurance-santé" et de créer un centre d'enseignement sur les maladies infectieuses.
Il a déploré que la Sierra Leone "subisse un embargo économique" depuis que de nombreuses compagnies aériennes et maritimes refusent de desservir le pays.
Pour le vice-ministre de l'Economie du Liberia, Mounir Siaplay, "c'est tout le calendrier de développement du Liberia qui est menacé si on ne prend pas des mesures rapides".
"Financer un plan économique global post-Ebola est un impératif stratégique". Selon la Banque mondiale, Ebola va faire plonger en récession la Sierra Leone et la Guinée en 2015 alors que ces deux pays étaient promis à une solide croissance économique.
Ainsi, le PIB de la Sierra Leone devrait reculer de 2,0% et celui de la Guinée de 0,2%. En octobre, la Banque mondiale prévoyait encore pour 2015 une croissance de 2% en Guinée et de 7,7% en Sierra Leone.
Le Liberia, qui déplore le plus grand nombre de morts par Ebola (plus de 3.100), s'en sort mieux: ses prévisions de croissance ont été revues à la hausse depuis octobre, de 1,0% à 3,0%, même si elles restent nettement inférieures aux attentes avant Ebola (+6,8%).
Faisant le point de la lutte contre l'épidémie par vidéo-conférence depuis Genève, la directrice générale de l'OMS Margaret Chan a parlé de "lueurs d'espoir". Mais "il ne faut pas céder à l'autosatisfaction car le virus s'est déplacé des grandes villes vers des zones lointaines".
Elle a déploré que "la crainte d'Ebola se propage plus vite que le virus" et qu'elle dissuade souvent les communautés locales de prendre des mesures de prévention et de coopérer avec les autorités sanitaires.
Tant que ce sera le cas, l'évolution de l'épidémie continuera d'être marquée par "un contrôle apparent suivi de périodes de transmission intense". Le coordinateur de l'ONU pour la lutte contre Ebola, le Dr David Nabarro, a noté la baisse "spectaculaire" des nouveaux cas au Liberia, passés de 60 par jour en septembre à dix.
Il s'est félicité de la "détermination" des dirigeants des trois pays les plus touchés et du Mali à faire que ces pays "non seulement se rétablissent mais se renforcent".
Selon le dernier bilan de l'OMS, le nombre de morts dans les trois pays les plus touchés d'Afrique de l'Ouest s'élève à 6.070, sur un total de 17.145 personnes infectées par le virus.