L'APR TOUJOURS DANS L'INFORMEL
6 ANS APRES SA CREATION
L'Alliance pour la République (Apr) a 6 ans depuis le 1er décembre dernier. Mais, le parti présidentiel est un géant aux pieds d'argile, du fait de son fonctionnement informel. Si les structures nationales sont pourvues, il reste la hantise de la structuration à la base qui mesure le poids réel de chaque responsable politique.
La formation présidentielle a soufflé le 1er décembre dernier ses 6 bougies. En effet, c'est le 1er décembre 2008 que Macky Sall - qui avait refusé de se renier pour exister - avait lancé le parti susmentionné, en compagnie de ses fidèles, pour organiser la résistance face à son ancien père spirituel, Me Abdoulaye Wade. Mais, 6 ans après, force est de constater que l’Apr continue de fonctionner dans l’informel. Le manque de structuration et de véritable organisation font de cette formation une véritable armée mexicaine, où tout le monde se réclame responsable, au même titre que le président de la République.
L'Apr, ayant vu le jour, dans un contexte particulier, Macky Sall avait décidé, par stratégie, de surseoir à sa structuration, dans le dessein d'éviter que ses principaux responsables ne soient enrôlés par le «pape du sopi».
Macky face à un dilemme cornélien
Après l'accession de Macky Sall à la magistrature suprême, l'on pouvait s'attendre à ce qu'il changeât son fusil d'épaule en procédant à la structuration du parti. Toujours est-il que face à la réalité du pouvoir, l'ancien numéro deux du Pds hésite toujours. Et il est même face à un dilemme cornélien. Soit il laisse le parti continuer de fonctionner dans l’informel, avec toutes les conséquences que cela pourrait engendrer, soit il lance le processus de structuration, avec le réel risque de voir son parti imploser, dans la mesure où les militants de la première heure, faute de base solide, risqueraient d'être relégués au second plan.
En tout cas, Macky Sall devra se décider. Va-t-il courir le risque de laisser son parti s'enliser dans l'informel, à moins de trois ans d'une élection présidentielle, où il sera le candidat à battre ? Ou bien va-t-il miser sur ce qui restera de «Benno bokk yakaar» pour tenter d'obtenir un second mandat ?
L'avenir nous édifiera.
Maël Thiam : «L’Apr est bel et bien structurée»
Interpellé sur la question, l’Administrateur de l’Apr soutient mordicus que leur formation politique est bien structurée. «L’Apr est bel et bien structurée. Nous avons volontairement choisi une structuration horizontale », indique Maël Thiam, au bout du fil. Avant d’expliquer : «Nous avons des structures à la base que nous avons limitées aux comités. Nous avons les comités, un directoire, un secrétariat exécutif et un président».
Selon lui, si le parti présidentiel a choisi, pour le moment, la structuration horizontale, c’est qu’il se trouve dans une phase de croissance, mais également de massification. «Nous n’avons pas encore fini de massifier. Nous sommes à la 6e année. Notre objectif est de devenir et de demeurer le plus grand parti du Sénégal et de gagner les élections en 2017. Or, étant en phase de croissance, il est recommandé de promouvoir notre leadership au sein de notre organisation», souligne M. Thiam qui affirme que «l’Apr prône une forme de management d’innovation».
«L’Apr est structurée avec un format horizontal. A la différence de la structuration verticale, c’est un choix stratégique et qui gagne dans tous les cas. Quand on engagera la phase de maturité, nous pourrons penser à la structuration du parti. Tous les partis sont passés par là», conclut l'Administrateur de la formation présidentielle.
Députée Sira Ndiaye : «On n’est pas dans l’informel»
Jointe, également, par téléphone, la députée «apériste» Sira Ndiaye estime que le parti doit être structuré, comme tous les autres partis, pour éviter les querelles de positionnement, même si elle reconnaît que cela ne sera pas de tout repos. «On n’est pas dans l’informel, on est en train de travailler dans le sens de la structuration du parti. Le secrétariat national est en train de travailler dans ce sens, parce que le parti ne peut pas continuer comme ça, sans être structuré», déclare-t-elle.
Et d’indiquer : «Le parti, comme les autres partis, est structuré, mais seulement au niveau national, où nous avons le directoire national, le Meer, la Cojer et le secrétariat exécutif national (Sen)». Sur ce plan, dit-elle : «On est structurés, mais par rapport à nos bases respectives, que ce soit les coordinations départementales et régionales, le parti doit se structurer, pour éviter les querelles internes».
Sira Ndiaye est d'avis que «la structuration permettra de régler beaucoup de problèmes, surtout à la base, et d’unifier les responsables. Parce que le Président a besoin de cette unité».
«Je ne dis pas qu’on doit structurer le parti, immédiatement, mais on doit étudier la faisabilité. Avec les dernières élections, la base a parlé, et on sait désormais qui est qui et qui représente quoi», indique la députée «apériste» de Mbour qui estime que le parti résistera à l'opération de structuration.
«Les nouveaux adhérents seront bien accueillis et auront des responsabilités dues à leur rang au sein du parti», soutient Sira Ndiaye.