LE SÉNÉGAL PEUT MIEUX FAIRE
LA BANQUE MONDIALE SUR LES POLITIQUES ET CAPACITÉS INSTITUTIONNELLES
La banque mondiale a procédé hier à la présentation de l’évaluation des politiques et capacités institutionnelles (Cpia) en Afrique. Ce document qui évalue les performances de 41 pays africains à faibles revenus donne pour 2012 une moyenne de 3,8 au Sénégal, sur une note qui peut se situer de 1 à 6. Le Sénégal a fait des progrès en gestion économique et politique structurelle, toutefois ces efforts doivent être améliorés surtout en politique pour l’inclusion sociale et en gestion du secteur public et des institutions.
La banque mondiale a présenté les résultats de son évaluation des politiques et capacités institutionnelles (Cpia) de l’Afrique pour l’exercice 2012. Le document démontre que le Sénégal est assez bien classé avec une moyenne de 3,8 sur 6, au même niveau que des pays comme le Burkina Fasso, le Rwanda et le Ghana et devant la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Cameroun... Les pays ayant les meilleures notes sont le Cap Vert et le Kenya avec une note de 3,9.
D’après les détails de l’évaluation des experts de la banque mondiale, en 2012 le taux de croissance du Pib était estimé à 3,7%, après avoir chuté à 2, 1% en 2011 du fait de la sécheresse et après un bon score de 4, 2% en 2010. Selon le rapport, dans la politique fiscale, la position budgétaire du Sénégal s’est modérément améliorée après un premier trimestre assez difficile. Le déficit fiscal avait augmenté avant les élections. Toutefois, le nouveau régime a hérité «d’un déficit fiscal que l’on redoutait de voir au-delà de 8% du Pib, mais finalement il a été maintenu à 5,9% du Pib et la masse salariale est restée constante à 5,9% du Pib».
Concernant la politique de la dette, en fin 2012 la dette publique totale du Sénégal, non amortie, était estimée à 45% du Pib. Cependant, la récente analyse de soutenabilité de la dette a abouti à la conclusion selon laquelle le Sénégal reste à un faible risque d’endettement et les indicateurs restent en deçà des seuils définis. Au plan du commerce, l’économie sénégalaise est légèrement plus ouverte aux échanges commerciaux que les autres pays en Afrique au sud du Sahara.
Difficultés dans le climat des affaires
Dans la rubrique climat des affaires, le Sénégal est invité à faire plus d’efforts parce que le coût de constitution d’entreprise est toujours élevé (64, 4% du revenu par tête) et se situe loin des meilleures pratiques. C’est ce qui explique la chute de 4 points du Sénégal dans le classement Doing Business (102ème) et sa 148ème place sur 183 économies en matière de facilité d’exécution de programmes. Toujours d’après le Cpia, en matière d’éducation, même si en 2012 il y a eu plus de filles que de garçons dans le cycle primaire, avec prés de 35% seulement des effectifs dans le cycle universitaire, la part des filles dans le cycle supérieur est toujours faible. Toutefois, il est mentionné que les dépenses globales dans le secteur éducatif sont conséquentes pour faciliter un progrès soutenu avec 34% du budget.
En matière de protection sociale où seulement 7,8% de la population active a une couverture, on enregistre la note la lus faible avec 3.0. Ce qui fait dire aux économistes de la banque mondiale que les schémas de transfert social existants au Sénégal pâtissent d’un manque de vision stratégique et d’objectif, d’un ciblage inefficace, de la dispersion des initiatives entre autres.
Dans le sous-secteur de l’administration publique, il est conclu que le recrutement et la promotion sont formellement basés sur le mérite, mais les nominations discrétionnaires sont monnaie courante. En matière de bonne gouvernance, le Sénégal améliore sa position. De ce fait, il est passé dans l’indice de perception de la corruption de Transparency International de la 112ème place en 2011 à la 94ième en 2012.
Responsable de l’étude au plan national, Philip English fait savoir que l’exercice d’évaluation est assez objectif et ce n’est pas facile d’augmenter son score. Toutefois, l’économiste en chef de la banque mondiale au Sénégal est d’avis que ce sont les pays non fragiles qui sont les plus performants.
Présent à la visioconférence qui a permis un dialogue entre les différentes capitales africaines, Moubarack Lô, directeur de cabinet adjoint du Président a tenu à réagir au rapport du Cpia. Pour lui, «par rapport au précédent rapport, le Sénégal s’est amélioré et il faut aller de l’avant». Sur certaines insuffisances, il utilise le refrain préféré des nouvelles autorités pour se disculper. «Cette évaluation s’est faite sur une situation intermédiaire, parce que nous avons hérité de la gestion de Wade», dit-il. Toutefois, il promet que des réformes sont en train d’être faites et qu’«on ne peut pas avoir les résultats tout de suite».
«C’est année après année qu’il faudra regarder les évolutions. Nous avons des ambitions très fortes pour que d’ici 3 ans, le Sénégal puisse se révéler parmi les meilleurs pays africains dans tous les indicateurs mondiaux», ajoute Moubarack Lô. Il assure que le rapport sera étudié ligne par ligne pour «voir là où nous sommes faibles et faire les réformes qu’il faut». Parce que, poursuit-il, «en matière de Doing Business, notre ambition c’est d’être d’ici à 2016 le 2ème meilleur en Afrique de l’Ouest et d’être parmi les 10 meilleurs de l’Afrique et parmi les 100 meilleurs mondiaux».