MULTIPLE PHOTOSLA DIC CONTESTÉE
Meurtre de Ndiaga Ndiaye : la famille de la victime demande que l'enquête soit confiée à la gendarmerie
Deux jours après l’inhumation de Ndiaga Ndiaye à Touba, le quartier Arafat de Grand-Yoff pleure toujours la disparition de son fils qui est tombé, dans la nuit du jeudi au vendredi, sous les balles de la police. Réunis hier dans la demeure familiale pour les besoins des funérailles, parents, proches et amis de la victime demandent des sanctions contre l’auteur présumé du meurtre, le policier Cheikh Diop. Ils exigent que l’enquête soit confiée à la gendarmerie.
BOUBACAR NDIAYE, PERE DE LA VICTIME
«Nous demandons que l’enquête soit confiée à la Gendarmerie» «Nous rendons grâce à Dieu qui nous donne la force de pouvoir traverser cette douloureuse épreuve dans la dignité. Nous sommes croyants et nous acceptons la volonté du Tout Puissant qui a décidé de rappeler Ndiaga vers à ses côtés. Toutefois, nous voulons que toute la lumière soit faite sur cette affaire. Déjà, j’ai contacté mon avocat qui a promis de prendre le dossier en charge. Nous attendons d’avoir tous les éléments en notre possession pour introduire une plainte contre Cheikh Diop. En tant que père et citoyen, j’ai le droit de savoir pourquoi le policier (Cheikh Diop) a tiré sur mon fils. C’est pourquoi, nous demandons au procureur de la République de confier l’enquête à la Gendarmerie parce que j’accorde plus de confiance aux hommes en bleu pour bien conduire l’enquête. C’est pour nous la meilleure garantie que le dossier ne sera pas rangé aux oubliettes. Car, la Division des investigations criminelles (Dic) qui est un démembrement de la Police nationale ne pourra pas diligenter objectivement une enquête impliquant un policier. En tant que père dont le fils a été cruellement arraché à son affection, je fais cette requête à la justice sénégalaise pour que la toute la lumière soit faite sur cette affaire et que le coupable soit puni. Au-delà de la disparition de Ndiaga Ndiaye, il urge de mettre fin à l’impunité qui risque de nuire à la bonne marche de notre société».
MARIAMA CISSE, TANTE DE LA VICTIME
«Il ne peut y avoir deux poids deux mesures, la justice doit s’appliquer à tout le monde» «C’est avec une grande consternation que nous avons appris la mort de notre neveu Ndiaga Ndiaye qui a été inhumé, hier (dimanche) à Touba. Ndiaga était, avant tout, un homme serviable, attentionné et très à l’écoute de ses proches. Il n’a jamais été mêlé de près ou de loin à une quelconque activité illégale. Les seules occupations qu’on lui connaissait se limitaient à étaient l’élevage de ses moutons et à son poulailler. Il était très assidu dans les «thiant» (Ndlr : cérémonies religieuses) qu’il organisait souvent dans le quartier pour le compte de son «daara». D’ailleurs, c’est lors de l’une de ces manifestations religieuses qu’il a été mortellement atteint par la balle tirée par le policier Cheikh Diop. Nous voulons seulement que justice soit faite dite. Dans un État de droit, il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Les jeunes de Colobane accusés du meurtre du policier Fodé Ndiaye ont écopé de 20 ans de prison. Donc, pour Cheikh Diop qui a reconnu avoir tiré, la justice doit s’appliquer à lui dans toute sa rigueur. D’autant plus qu’il a tenté d’étouffer l’affaire en essayant d’acheter le silence des amis de Ndiaga. Mais ses tentatives ont été vaines, puisque
plusieurs personnes l’ont vu tirer des coups de feu».
MAMADOU BAILO DIALLO, ONCLE DE LA VICTIME «NOUS DEMEURERONS VIGILANTS DANS LA CONDUITE DE CETTE AFFAIRE PAR LA DIC»
«C’était un garçon sans histoire et très attaché aux enseignements de son guide spirituel Cheikh Ahmadou Bamba. Nous demandons seulement à l’État de faire son travail pour que toutes les responsabilités soient situées dans cette affaire. D’autant plus que le présumé meurtrier a luimême reconnu avoir tiré le coup de feu qui a tué Ndiaga Ndiaye. De plus, on ne peut pas invoquer une erreur de la part du policier. C’est un acte délibéré qu’il a commis puisqu’il a visé la foule avant de faire usage de son arme à feu. Cela dit, nous sommes sceptiques quant à la conduite de l’enquête avec la thèse de la Police qui parle de course-poursuite avec des trafiquants de drogue. Nous sommes vraiment sceptiques. Nous savons que la Police cherchera par tous les moyens à se disculper en maquillant les faits. Mais, nous demeurerons vigilants par rapport à l’enquête qui sera menée par les éléments de la Dic. Nous comptons également sur l’appui des organisations de défense des droits de l’homme pour que toute la lumière soit faite sur ce drame».
SOULEYMANE MENDY, AMI DE LA VICTIME «LE POLICIER NOUS A DIT QU’IL NE SAIT PAS CE QUI L’A POUSSE A SORTIR SON ARME»
«Nous revenions d’une cérémonie religieuse dans la nuit du jeudi à vendredi quand Ndiaga Ndiaye a été atteint d’une balle à la cuisse. Au lendemain de cettetragique soirée, le policier nous a rendu visite à l’hôpital et a exprimé des regrets par rapport à son geste. Il nous a dit qu’il ne sait pas ce qui l’a poussé à sortir son arme. Compte tenu de toutcela, nous démentons avec la dernière énergie l’alibi de sa hiérarchie qui parle d’une opération de sécurisation contre des trafiquants de drogue. Nous espérons que l’enquête va aboutir dans les règles de l’art, même si elle estconfiée aux limiers de la Division des investigations criminelles (Dic). Le début de la procédurenous laisse croire que la vérité va éclater aux yeux de toute l’opinion. Nous espérons aussi que cette affaire servira de leçon dans le futur pour que ce genre de drame ne se répète plus. Nous ne sommes pas contre les actions dela police, mais elle se doit de respecter les citoyens qu’elle est censée protéger».
COUMBA TENEN SIDIBE, GRAND-MERE DE LA VICTIME «EN PLUS DE LA VIE QU’IL A OTEE, LE POLICIER NOUS A PRIVES D’UN SOUTIEN DE FAMILLE»
«Nous pleurons la perte de notre petit-fils Ndiaga Ndiaye qui a été victime d’une bavure policière. Nous acceptons avec dignité cette épreuve qui nous a été imposée par le Tout-puissant. Les autorités comme le maire de Grand Yoff Pape Madiop Diop nous ont promis leur soutien pour la résolution de cette affaire. Car, en plus d’une vie qu’il a ôtée, le policier vient de nous priver d’un soutien de famille. Toutes les fausses allégations qui tentent de discréditer notre fils en parlant d’une affaire de drogue ne peuvent pas prospérer puisque tout Arafat ne voit en lui qu’un homme attaché à sa famille et à sa communauté. Nous attendons le soutien des bonnes volontés pour que toute la lumière soit faite sur cette affaire».