Ligue 1: Lass Diarra a déjà gagné son pari
Métronome, leader et même buteur, Lassana Diarra a tué les doutes que suscitait sa venue risquée à l'Olympique de Marseille en un seul match contre Troyes (6-0) dimanche, son tout premier en Ligue 1.
"On ne peut pas jouer mieux au foot que ce qu'il a fait aujourd'hui". Le compliment est de Michel, le nouvel entraîneur de l'OM, ravi de le voir aussi fort malgré ses quinze mois sans jouer en raison d'un conflit avec son ancien club, le Lokomotiv Moscou.
Avant le match, l'Espagnol s'était réjoui de compter sur un homme qui connaissait "aussi bien le jeu".
"Il m'a donné raison, a enchaîné Michel, tout ce qu'il a fait était parfait. Il est un exemple pour nous tous. Quand on a un joueur de ce niveau, on peut être tranquille, il fait beaucoup plus de choses que l'entraîneur."
"Lass" a réussi 100% de ses passes contre Troyes, récupéré, taclé, dribblé, dirigé ses coéquipiers et marqué d'une frappe lumineuse de 25 m le but du 2-0.
"Il a fait un match énorme, au-delà de son but qui est magnifique, a jugé Steve Mandanda. Il a ratissé une nombre incalculable de ballons et ça nous a fait énormément de bien."
- 'Grand frère' -
Le gardien marseillais connaît bien Diarra depuis leurs années de formation au Havre.
Lass, parti très jeune rejoindre le Chelsea de José Mourinho, puis le Real Madrid, l'ex-maison de Michel, disputait là son premier match de L1! Il n'avait connu que la L2 au HAC.
"Pour ma première, je suis content, a-t-il raconté à la chaîne du club, OMtv, mais le plus important c'est les trois points, c'est de se mettre en confiance pour la suite."
Diarra (30 ans, 28 sélections) parle déjà comme un cadre de l'équipe, même s'il n'a plus joué en Bleu depuis cinq ans.
Après deux défaites initiales, "on n'a pas entamé le championnat comme on aurait dû", a-t-il commenté, mais "j'espère qu'on a pris conscience qu'on peut gagner, marquer des buts, il va falloir jouer comme ça tous les week-ends. On est à l'OM".
Benjamin Mendy l'appelle déjà "grand frère", comme d'autres jeunes coéquipiers, qui forment l'essentiel de l'effectif.
Aligné par Michel à la pointe basse du triangle du milieu de terrain, l'homme à la barbichette est déjà primordial. Surtout si l'OM cède aux sirènes de la Juventus Turin, qui cherche à attirer un autre récupérateur de l'OM, Mario Lemina.
- 'Ce fut long' -
Et pourtant il revient de loin. Lass n'avait plus goûté à la compétition depuis quinze mois, et avait entretenu sa condition physique avec un préparateur physique personnel américain, plus quelques entraînements dans les clubs qui avaient pensé le recruter, West Ham ou l'Inter Milan.
"Un an sans jouer ce fut très long, a confié Lass. J'ai une pensée pour toutes les personnes qui m'ont soutenu, je remercie les gens dans tout les endroits où j'ai travaillé, en Angleterre (West Ham), en Italie (Inter), même les États-Unis."
Grâce à ce "travail invisible (...) j'ai pu me maintenir pendant soixante minutes et aider les collègues", a-t-il expliqué. Il est sorti sous une ovation monstre du stade Vélodrome, scandant debout des "Diarra! Diarra!" à gorge déployée.
Le nouveau chouchou pourrait cristalliser l'amour d'un "peuple marseillais", comme il l'appelle, frustré par la démission spectaculaire de Marcelo Bielsa, saint déchu.
Diarra était venu à l'OM un peu pour "El Loco", mais s'accommode du nouveau coach. "Moi j'ai l'habitude", a-t-il plaisanté, évoquant sa connaissance du Championnat d'Espagne et de la langue de Cervantès.
Le président Vincent Labrune, sur le grill depuis le coup de théâtre de Bielsa, a gagné son premier pari avec Diarra. Il a tenté cet été un autre coup de poker, Abou Diaby, exilé deux ans loin des terrains, hors quelques bouts de matches, par les blessures. S'il réussi la même rentrée quand il sera prêt, l'OM va recommencer à vibrer.