QUI POUR LANCER LA PREMIÈRE PIERRE À WADE
Si l'ancien Président a posé à l’Uemoa, un acte qui engage de manière aussi décisive la signature du Sénégal, il ne peut être tolérable que son successeur à la tête de l’Etat n’ait pu en être informé que par son homologue étranger, et au moment décisif
On va sans doute encore longuement discuter de la responsabilité du Président Abdoulaye Wade qui, quatre ans après, va faire perdre une fois de plus au Sénégal, la présidence de la Commission de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa).
Des voix s’élèvent pour fustiger son attitude dans la défense des intérêts du pays. Il ne faudrait toutefois pas oublier le contexte de 2011, quand, à l’issue du mandat de Soumaïla Cissé, le Sénégal a réaffirmé son désir de reprendre un poste dont il s’était en son temps, dessaisi avec une certaine légèreté.
On n’était pas devant un boulevard bien éclairé. Mais ce n’est pas ici le propos de cet article, d’autant plus que dans sa chronique du jour, Madiambal Diagne y revient avec plus d’arguments.
Il serait toutefois plus juste, si l’on doit condamner le Président Wade, d’envoyer également à l’échafaud en sa compagnie, une bonne partie des fonctionnaires des ministères des Affaires étrangères et de l’Economie et des Finances.
Car, en effet, si le Président Wade a posé à l’Uemoa, un acte qui engage de manière aussi décisive la signature du Sénégal, il ne peut être tolérable que son successeur à la tête de l’Etat n’ait pu en être informé que par son homologue étranger, et au moment décisif.
La continuité de l’Etat et de l’Administration, n’est-elle pas basée sur les archives de la République ? Où était le Conseiller diplomatique, que faisaient les Secrétaires généraux, les Directions de la Coopération internationale, ainsi que les nombreux conseillers du chef de l’Etat, pour laisser ce dernier dans l’ignorance d’un fait aussi important ?
Déjà Le Quotidien, dans son édition n°3870 du 4 janvier dernier, avant le Sommet de Cotonou, attirait l’attention sur l’existence éventuelle d’un «pacte» signé par l’ancien Président. Cela aurait dû sonner comme une piqûre de rappel. D’autant plus qu’à notre connaissance, les protagonistes n’ont pas tellement changé en 5 ans, dans cette affaire.
Et on pourrait également y ajouter un autre, pas moins important : Cheikh Hadjibou Soumaré lui-même. Ancien Premier ministre du Sénégal, il a été le patron de l’Administration sénégalaise. De plus, cet accord additionnel que les chefs de l’Etat venaient de parapher pour faciliter son arrivée à la tête de l’Uemoa, à la place de El Hadj Abdou Sakho, dont le cv avait paru à Wade trop mince pour être défendu, ne lui était pas inconnu. Il aurait dû le rappeler au Président, et aider Macky à mieux le soutenir.
Pourquoi, dans la préparation de sa campagne, n’a-t-il pas attiré l’attention du chef de l’Etat sur l’existence de cet accord ? Ou est-ce parce qu’en 2010, il cherchait à démentir Le Quotidien en clamant sur les ondes de la Rfm qu’il n’était «pas candidat à l’Uemoa» et que «si on (lui) proposait le poste, (il) le refuserai(t)» ? Il est vrai qu’après, il avait allègrement ravalé ses paroles...
Il est bien commode, par les temps qui courent, de brosser en tons sombres le bilan de l’ancien Président Wade. Mais en l’occurrence, on ne devrait pas trouver aux Affaires étrangères et aux Finances, beaucoup de candidats pour lui jeter la première pierre !