VIDEOJ'AI ÉVOLUÉ PAR RAPPORT À MA NOTORIÉTÉ…
Dominique Preira alias Dip Doundou Guiss, rappeur
Dominique Preira à l'état civil, Dip Doundou Guiss est un jeune artiste du label Rep'Tyle Music de Grand-Yoff. Actuellement, il vient de sortir son premier album intitulé TLK ("Tey Leu Kagne"), un disque de 16 titres. Dip qui a mis sur le marché sa première mix tape en 2014 a aujourd'hui tissé sa toile dans le milieu du hip hop sénégalais. Peut-être là une explication des nombreuses dont il fait l'objet. Dans cette interview, il parle de son nouvel album, de ses relations avec les autres artistes et de ses futurs projets.
Vous avez fait deux ans pour sortir un nouvel album. Pourquoi autant de temps ?
Le travail, ce n'était pas seulement l'album. Il y avait beaucoup d'autres singles qui sont sortis pendant cet intervalle. Je ne dirais pas que c'est une inspiration. C'est ma vie, mon environnement, tout ceux avec qui j'ai des rapports dans ma vie, ma famille, mes amis, mes joie, mes soucis, mes peines. C'est tout ça que je rassemble pour le mettre dans ma musique et essayer de faire quelque chose qui peut être partagée par un maximum de personnes. Autrement dit, élargir mon aura à travers ma musique, impliquer les enfants, les filles, les grandes personnes. C'est ce qui a fait la force qui a réalisé mon album.
Parlez-nous un peu de ce nouvel album. Pourquoi cette interrogation TLK (Tey Leu Kagne ?) comme titre?
Je chante ma vie, mes joies et tout. TLK, ça veut dire "Qu'en est-il aujourd'hui ?". J'avais sorti ma première mix tape en l'intitulant "Beuss Niki Tey" qui veut dire "A partir d'aujourd'hui". Maintenant, qu'en est-il aujourd'hui pour voir s'il y a eu une évolution dans la musique, dans ma vie, dans ma carrière pour attirer beaucoup plus de personnes. Il y a 16 titres et un bonus track. Il y a aussi presque 5 featuring dans l'album, Titi, Maréma, Cepee, Mao Sidibé, Samba Prési et pleins d'autres musiciens.
Qu'est-ce qui a changé durant ces deux années?
J'ai évolué par rapport à ma notoriété. J'ai sorti une maxi intitulé Dip Quinzaine. Je l'avais fait avant de sortir mon premier projet et je l'ai encore sorti avant de faire mon deuxième projet. Il y a aussi eu des difficultés, beaucoup de polémique. Bref, beaucoup de choses se sont déroulées dans ma carrière. Dans ces deux ans, je me suis fait connaitre de plusieurs façons.
En deux ans seulement, vous faites le buzz. Vous considérez-vous comme une star du hip hop ?
Ce n'est pas moi qui ai fait ça. Moi, je suis juste un artiste. C'est Dieu qui a réalisé tout ça. J'essaie de faire tout mon possible. Il y a des gens qui travaillent plus dur que moi et qui n'ont pas ça. Donc, peut-être que c'est la volonté de Dieu, à mon avis. Moi, je fais une bonne musique, je me casse la tête pour écrire et faire tout, mais en fin de compte c'est la volonté de Dieu qui décide.
Quelles sont vos relations avec les autres artistes ?
J'ai de bonnes relations. Par contre, il y a des artistes avec qui je n'ai pas de relations. Peut-être qu'on ne partage pas les mêmes genres de musique ou bien les mêmes opinions, mais ils sont minimes. Il y a des rappeurs dans mon label, mais ce sont des frères à moi.
On a remarqué que souvent des artistes, en particulier des rappeurs, vous attaquent. Après avoir chanté Youssou Ndour aussi, on vous a traité de "guéweul ndiago" (griot des manjaks). Qu'est-ce qui explique ces attaques ?
On attaque tout le temps celui qui est au-dessus de soi. Ça, c'est la vie. Ce n'est pas à cause de Youssou Ndour, il y a d'autres problèmes. A chaque fois, on me colle des étiquettes, mais c'est à cause du niveau, de la place que j'occupe.
Donc vous êtes au-dessus de ces rappeurs ?
En ce moment, pour ne pas me voiler la face, c'est ce qui se voit. Je vends mon album. Je n'ai jamais vu au Sénégal, notamment dans le milieu du hip hop, quelqu'un vendre son album de la manière dont je vends le mien. Je ne l'ai jamais vu, c'est tout à fait simple. Si c'était une autre personne qui l'avait réalisé aussi, j'en serais reconnaissant. Toutefois, je ne me considère pas comme un leader, je me considère comme un artiste parce que je n'ai pas d'avis politique ni de causes à combattre. Je fais juste une musique qui parle aux jeunes. Il y a des artistes qui ont des choses à dire par rapport à la politique, à la société, à des associations. Mais moi, je ne fais qu'une musique, peut-être qui j'ai une musique qui domine dans le milieu où je suis.
Mais la musique sert aussi à éveiller les consciences ?
On peut éveiller les consciences, mais il y en a qui le font dans le domaine politique. Il y en a aussi qui font des louanges au président, mais ce n'est pas mon problème. Je ne défends pas l'Etat, j'essaie de faire rêver la jeunesse, pour que les jeunes puissent croire en eux.
Récemment le rappeur français Booba avait dit que le rap sénégalais n'est pas "exposé au niveau international", êtes du même avis ?
Je n'ai jamais vu là où il l'a dit ni écouté l'enregistrement dans lequel il le dit. Je ne peux pas me prononcer là-dessus.
Est-ce que vous avez prévu des spectacles pour exposer votre musique au niveau international et que comptez-vous faire pour la promotion du nouvel album ?
Bien sur, on m'appelle de partout depuis un certain temps, mais cette année-ci, je suis prêt à le faire incha-Allah. Des voyages, il y en aura. On prévoit des concerts un peu partout dans le Sénégal aussi. On a eu à faire beaucoup de régions dans le Sénégal et cette année aussi, on va en faire beaucoup plus mais les dates ne sont pas encore fixées.
Comment est la place du rap par rapport au mbalax ici au Sénégal ?
Le rap, c'est une musique de jeunes et la population sénégalaise est composée en majorité de jeunes. Donc, c'est tout à fait un peu logique qu'il soit au-dessus. Cela s'explique aussi par le fait que le rap a eu une ascension depuis un certain temps dans le pays surtout grâce à Y'en a marre, à certains artistes comme moi qui chantent la vie des jeunes. Pour moi, c'est le rap qui domine parce qu'il y'a plus de spectacles de rap que de mbalax en ce moment.
Mais, le fait de s'attaquer, de s'insulter ne ternit-il pas l'image des rappeurs ?
Peut-être, d'un côté. Mais, de l'autre côté, le rap est une musique qui n'est pas née dans une maison. Il est né dans la rue. Les gens s'insultent dans la rue, c'est une chose qui fait parti du rap, on y peut rien. Tant que cela reste dans le cadre de la musique, moi je ne trouve pas qu'il y a un problème.