AU-DELÀ DU CAS ASTOU SOKHNA
Chaque jour et au quotidien nous sommes témoins de laisser-aller et d’injustices sans que cela nous mobilise. On attend qu’il y ait des morts pour s’indigner le temps qu’un autre drame nous happe et éveille nos émotions
Le cas Astou Sokhna est révélateur d’un problème beaucoup plus complexe. Notre pays souffre de maux profonds : laxisme, fatalisme, irresponsabilité organisée, compromis injuste, mensonges et laisser-aller. Indignation sélective.
On méprise l’essentiel au profit de l’anecdotique.
Chaque jour et au quotidien nous sommes témoins de laisser-aller et d’injustices sans que cela nous mobilise. On attend qu’il y ait des morts pour s’indigner le temps qu’un autre drame nous happe et éveille nos émotions. Et on finit par s’accommoder du pire.
L’état dans lequel se trouve nos infrastructures sanitaires est un scandale quotidien ! L’insalubrité, l’état des toilettes…. C’est juste innommable.
Les services d’accueil dans les hôpitaux sont un autre scandale.
Les personnels de santé y sont livrés à eux-mêmes et sans moyen.
Maltraités par leurs administrations, ils ne peuvent renvoyer à leur tour que du mépris, de la condescendance, aucune compassion.
Certain.e.s soignant.e.s tiennent héroïquement bon, ils tentent individuellement de faire face, envers et contre tout.
La dernière pandémie a mis le monde à l’arrêt, afin d’éviter d’avoir à trier les malades à sauver. Ce tri est déjà la réalité quotidienne de nos hôpitaux, hors de tout contexte pandémique. Notre système de soins en est là. Je le sais, je l’ai constaté et vécu, comme la plupart des familles sénégalaises de Kaolack, Touba, de Kolda…
Parfois le patient, en plus d’être malade a l’impression d’être coupable de quelque chose tellement il est méprisé. Les accompagnateurs eux sont harcelés parfois terrorisés et chassés au moment où ils ont juste besoin d’être rassurés et orientés. Surtout quand vous arrivez sans argent ! Vous ne récolterez que du mépris.
Tout cela nous le vivons tous les jours et nous avons fini par l’accepter comme si nous méritions un tel traitement. C’est devenu une normalité, il faut ravaler son orgueil et se soumettre à un système de santé implacable et inefficient. Et quand ce même système produit mort d’homme, tout le pays se lève comme si on découvrait l’ignominie. Quelle hypocrisie !
Je soutiens toute initiative citoyenne visant à apporter du soin à nos populations vulnérables.
Tous au sit-in ce samedi 23 avril à 10 heures à la Place de la Nation pour alerter sur les patients en danger.
Allons pour une marche. Allons encore pour une énième dénonciation. Mais ça doit aussi commencer par une remise en cause individuelle.
Fadel Barro est coordonnateur Jammi Gox YI