DÉPUTÉS DÉPITÉS
Le comportement des députés, depuis leur installation, pose ces questions : ont-ils le profil de l’emploi ? Sont-ils dignes d’agir et de parler en notre nom ?
« Dis-moi qui te représente, je te dirai qui tu es ». Cet adage serait vrai que nous serions un peuple violent, fourbe, sans conviction, asservi et vile. Et pourtant ! De nombreux compatriotes n’hésitent pas à coller ces étiquettes sur la peau des Sénégalais car, l’enfer étant les autres, ils s’extirpent de la masse, ne prennent pas la mesure de leur présence dans la foule. Plus rien ne choque plus personne. Plus rien, depuis le naufrage du bateau « Le Joola », n’impose l’introspection, étape importante pour bien grandir. Faire le ménage au fond de soi, débarrasser son âme de toute toxicité, se délester des bagages lourds et avilissants de la cupidité, de l’asservissement et de la méchanceté.
Le comportement des députés, depuis leur installation, pose ces questions : ont-ils le profil de l’emploi ? Sont-ils dignes d’agir et de parler en notre nom ? Si être député, c’est avoir l’invective facile, passer maître dans l’art de se ridiculiser et défendre des intérêts crypto-personnels, alors mesdames et messieurs de la Place Soweto, bravo ! Mais quel Sénégalais oserait proclamer sa fierté devant la scène surréaliste du député qui a envoyé un coup de pied dans le ventre de sa collègue en direct à la télé ? Qui n’a pas pris le temps d’avoir un « talk » avec ses ados pour leur expliquer en quoi ce geste est répréhensible partout, en tout temps, quelle que soit l’offense ? Que dans nos traditions sénégalaises, « thiamigne », bien plus qu’un frère, désigne pour la femme un chevalier servant, protecteur des intérêts et de l’intégrité de la femme, fût-elle sa sœur, son épouse, sa voisine ou même une simple inconnue. A défaut d’ignorer ce qu’on doit faire, il faut savoir quoi éviter. Et lorsqu’on a le privilège de représenter quelqu’un, on se surpasse, parce que c’est un honneur d’être choisi parmi tant d’autres. Mesdames et messieurs les députés, veillez à éviter les débats de bas étage alors que la marche du pays est en jeu. Évitez les insultes alors que vos compatriotes vous regardent et vous écoutent ! Montrez-vous dignes, à défaut d’être compétents, de représenter les Sénégalais dans leur diversité !
L’impérieuse urgence de dire stop !
J’aimerais bien voir la fiche de poste d’un député. Il ne serait pas superflu d’y inscrire « capable de travailler sous pression, dans un environnement multiculturel ». Ce qui décrit bien, à bien des égards, notre société actuelle. D’où l’impérieuse urgence de dire stop à ces comportements dégradants, indignes et irresponsables. Une place à l’Assemblée nationale doit se mériter par la lutte pour l’équité, la justice et le développement, avec des idées et des convictions. Parfois cependant, l’intervention de certains élus semble juste inouïe d’absurdité… Trouver des compromis pour « l’intérêt supérieur de la nation », en toute responsabilité, est tout à fait normal, mais toute compromission déshonore.
Cette violence pour des peccadilles traduit l’exaspération et le manque de confiance en l’avenir d’une grande frange de la population. Nos élus, bien que très largement mieux lotis que ceux qui les paient, n’échappent pas à cette crispation générale. Vu leur position, ils pourraient facilement s’allonger sur le divan de… quelques pays pour évacuer leur stress. Un luxe que n’importe qui ne peut pas s’offrir. En tant que représentants de la collectivité, nos députés, même dépités, ne peuvent et ne doivent pas être en mission commandée d’individus élus ou non.