INDISCIPLINE, QUAND TU NOUS TUES !
Pour ceux qui croyaient que le comble avait été atteint avec le passage du chauffeur de taxi sur une passerelle piétons il y a quelques années à Dakar, l’accident macabre sur la route de l'aéroport a été un douloureux et triste moment de dessillement

La plus grande chose que la politesse puisse nous faire perdre, de temps en temps, est une place dans un autobus bondé, a dit Oscar Wild. L’indiscipline, elle, combinée avec le laxisme, l’incivisme et l’indifférence constituent un cocktail explosif susceptible de miner beaucoup de secteurs socio-économiques dans notre pays.
Sur ce plan, on croyait avoir déjà tout vu : de grandes personnes uriner dans les rues ; d’autres traverser l’autoroute à pied pendant des heures de pointe ; d’autres encore jeter leurs déchets sur la place publique sans états d’âme ; des chauffeurs sortir de leur voiture pour en venir aux mains en pleine circulation ; un conducteur soucieux de sa sécurité et de celle de ses concitoyens se faire klaxonner, voire insulter quand il essaie de respecter les règles de la circulation en s’arrêtant au feu rouge …. Tout ceci se passant parfois dans l’indifférence totale de nos concitoyens et/ou sans sanction de la part des autorités publiques.
Pour ceux qui croyaient que le comble avait été atteint avec le passage du chauffeur de taxi sur une passerelle réservée aux piétons il y a quelques années à Dakar, l’accident macabre sur la route de l'aéroport a été un douloureux et triste moment de dessillement. Pour certains, il serait le résultat d'une course-poursuite entre camions frigorifiques alors que pour d'autres un excès de vitesse et des freins défectueux en seraient à l'origine
En tout état de cause, aussi incompréhensible que cette indiscipline qui sévit sur nos routes et dans beaucoup de secteurs du pays puisse paraître, elle n'en reste pas moins symptomatique d’une société qui s’affaisse sous le poids du désordre, du non-respect des normes, de l'absence de sanctions, du fatalisme, du je-m'en-foutisme, de l’insouciance et surtout de la perte de repères et de valeurs… Dans un pays où la capacité d’indignation est à son niveau plancher, il n’est étonnant que nombre de gens soient mithridatisés...Personne ne semble se souvenir des appels à l’introspection lancés ça et là à la suite de quelques catastrophes précédentes…
En réalité, l’amnésie règne sans adversité dans ce pays. On en est arrivé à oublier qu’il y a plus d'une dizaine d’années, au lendemain du naufrage du bateau le Joola, le pays avait voulu faire une union sacrée pour ressusciter une véritable prise de conscience sur l’importance du civisme et de la discipline. Le naturel a, depuis, repris le dessus. Dès lors, plutôt que de seriner ad nauseam des projets d’émergence économique, nos dirigeants feraient bien d’insister sur l’émergence mentale. D’autant qu’elle est la base sur laquelle se construisent toutes les autres. Cela passera forcément par le respect des valeurs de base nécessaires au bon fonctionnement d’un pays.
L’indiscipline n’est l’apanage d’aucune société, mais une certaine attitude des autorités peut l’aider à s’enraciner et à se développer. Mais, une justice sociale, une application normale des lois, des institutions fortes, prêtes à sanctionner tous les contrevenants aux règlements peuvent être un début de solution pour juguler le mal de l’indiscipline.
De plus, au-delà de l’éducation, la peur d’une sanction pécuniaire et celle du gendarme semblent être les armes les plus efficaces pour pousser les gens à bien se comporter en société. Quand l'indiscipline devient mortelle, il devient urgent d'agir !