J’AI ACCOMPLI MON DEVOIR CITOYEN APRÈS 5 HEURES D’ATTENTE
Ce 24 mars, j’ai voté contre douze ans d’arrogance, de mauvaise gestion des deniers publics, de médiocrité, de clientélisme, de népotisme, d’abaissement moral, de fermetures des libertés publiques, etc.
Dimanche 24 mars 2024, au nom de la démocratie, le peuple souverain sur qui s’exerce le pouvoir était appelé à élire son président de la République pour les cinq prochaines années, selon la Constitution. C’était un jour important et historique, à bien des points, pour le Sénégal. Ce grand pays humaniste et universaliste et ouvert aux vents féconds du monde, nonobstant la faiblesse de son économie.
Ce faisant, j’ai voté eu égard à mes valeurs, mes convictions, mes idées politiques et ma vision du monde. Mais il n’y a pas que cela.
J’ai voté en pensant aux millions de Sénégalais qui vivent dans des souffrances inimaginables. Aux pères et mères de familles qui touchent des retraites dérisoires. Aux enfants talibés qui paradent dans nos rues, symbole de la défaite de notre société. Aux aides ménagères qui sont terriblement exploitées dans les maisons. Aux paysans en détresse qui ne récoltent plus. A l’hôpital public qui abrège la vie des précaires. Mais aussi, à l’école publique complètement marginalisée et délaissée par les politiques publiques, depuis presque quarante ans. Cette école qui faisait vivre la promesse républicaine, en favorisant l’égalité des chances quel que soit ton lieu de naissance.
J’ai voté pour une politique de l’espoir qui va peut-être changer la vie des petites gens, des invisibles, des laissés-pour-compte, des sans rien, à l’aune des crises protéiformes, comme la crise climatique.
En mettant le bulletin de vote dans l’urne, j’ai eu une pensée affectueuse aux femmes reléguées au second plan, à tous ces jeunes qui ont tenté d’émigrer par la mer et, ont malheureusement laissé leur vie dans le « ventre de l’Atlantique » pour chercher vie et devenir, loin des regards inquisiteurs, de la violence sociale, du mépris éloquent des élites de la République, qui aiment prendre de haut leurs concitoyens. J’ai en mémoire les propos terribles de l’ancien Délégué général de l’entrepreneuriat (DER) sur l’émigration clandestine. Le monsieur adepte de la Start-up nation et du New Public Management disait sans sourciller, à l’égard des jeunes « Il faut qu’on soit responsable et dire les choses telles qu’elles sont. C’est de la responsabilité des jeunes de partir de façon frauduleuse ». Un ministre dont la mission principale est d’apporter de la douceur dans la vie des femmes et des jeunes ne devrait pas dire ça.
Ces braves gens considérés tristement comme de simples variables d’ajustement voulaient plus de liberté, de respect, de considération mais surtout de dignité dû à leur condition d’homme.
Mais leur pays n’a jamais trouvé nécessaire d’axer les politiques publiques sur des choses essentielles, comme le bonheur, le bien-être grâce à un travail décent.
Depuis soixante-quatre ans d’existence, la République offre à sa jeunesse deux possibilités logées dans des impasses : « Mourir ou mourir », comme disait le brillant écrivain Édouard Louis. Ce 24 mars, j’ai voté contre douze ans d’arrogance, de mauvaise gestion des deniers publics, de médiocrité, de clientélisme, de népotisme, d’abaissement moral, de fermetures des libertés publiques, etc.
J’ai voté pour une vie digne, meilleure pour toutes et tous. Enfin, j’ai voté pour la naissance de la démocratie substantielle ; la fin de l’hyperprésidentialisme ; la consolidation de la République laïque, démocratique et l’Etat de droit.
Vive le Sénégal, vive la République !