LA RÉPUBLIQUE CONTRE LA DÉMOCRATIE
EXCLUSIF SENEPLUS - Alors que les Assises demandaient vainement que président et chef de parti soient dissociés, Macky Sall amplifie au contraire la fusion en se positionnant comme directeur de campagne de son Premier ministre
D’après certains journaux (PressAfrik, Senenews et Les Échos du 18 janvier 2024), Macky Sall aurait signé « une note le 14 janvier dernier ès qualité de président de la coalition Benno Bokk Yakaar, pour demander aux uns et aux autres de mettre en place leurs comités électoraux avant le 28 janvier prochain ». « Après l’étape du choix de son candidat, la coalition Benno Bokk Yakaar poursuit sa marche vers l’échéance de l’élection présidentielle du dimanche 25 février 2024 », aurait écrit Macky Sall.
Macky Sall s’érige donc de facto en directeur de campagne du candidat Amadou Ba. « Un directeur de campagne est une personne chargée d'organiser et de conduire une campagne électorale. À la tête de l'équipe de campagne, il s'occupe de mobiliser tous les moyens nécessaires en faveur de son candidat. » (Wikipedia)
Le président de la République, lui, est censé être, constitutionnellement, le garant du fonctionnement impartial de nos institutions. En période d’élections, ces institutions sont supposées être équidistantes des candidats. Mais ce président nous a habitués à se situer au dessus de la loi .Ce qui m’amène d’ailleurs à penser qu’au fond, il ne comprend pas ce que « État de droit » veut dire ou alors il le viole en toute connaissance de cause en « fonction des circonstances » (dixit Macky Sall)
Pourtant, il nous a bien affirmé être l’auteur de notre Constitution de 2016. Mais la loi, c’est lui. La République c’est lui. Les complots et la triche, c’est aussi lui.
Macky Sall en tant qu’incarnation de la République nous a solennellement promis des élections “libres transparentes inclusives et démocratiques”. Ce qui implique que tous les concurrents vont pouvoir competir de manière équitable. Mais au contraire, il s’est acharné depuis trois ans à éliminer Ousmane Sonko en instrumentalisant les institutions de la République.
Comment peut-il garantir que la Constitution sera respectée s’il se retrouve directeur de campagne d’un des candidats ? Ne va-t-il pas privilégier le « parti avant la patrie » ? Va-t-il respecter les décisions de la Cour constitutionnelle ou ourdir un nouveau complot visant à discréditer la Cour et dans la foulée reporter l’élection en complicité avec le PDS ? Va-t-il nous épargner les fraudes avant pendant et après l’élection et nous assurer de la disponibilité d’un fichier électoral sincère et fiable, tout en tenant le scrutin à date échue ?
Nous connaissons déjà la réponse qui s’inscrit dans la trahison systématique de son serment et de tout un chapelet de mesquineries qu’il continuera à dérouler jusqu’à la fin.
Un président directeur de campagne et son candidat Premier ministre constituent un duo qui contrôle les administrations centrales et territoriales y compris la gestion des élections. Ce duo contrôle aussi toutes les forces censées sécuriser le scrutin. Il contrôle également les finances de l’État et les fonds politiques, en plus de la diplomatie, du narratif à l’international et des médias nationaux.
Une présidence et un gouvernement entièrement soudés pour faire gagner l’APR au travers du directeur de campagne de l’APR. C’est tout simplement obscène. C’est la République contre la démocratie (aussi Imparfaite que soit cette dernière).
Alors que les Assises demandaient vainement que président de la République et chef de parti soient dissociés, voilà que Macky Sall amplifie au contraire la fusion en se positionnant comme directeur de campagne de son Premier ministre.
Macky Sall vise bien évidemment à enferrer Amadou Bâ dans une double obligation de reconnaissance : (1) pour l’avoir imposé à son parti comme candidat, (2) pour lui avoir éventuellement fait gagner l’élection. Ce qui permettra de lui imposer un dispositif ou Macky Sall en tant que chef de parti maintient le président sous son autorité.
En effet, le 21 décembre dernier l’APR, lors de son congrès d'investiture a non seulement désigné Amadou Ba comme candidat mais a aussi consacré le
président Macky Sall à la tête du parti. Amadou Ba s’il venait, contre toute attente, à être être élu (et c’est là un grand SI) serait donc le premier président non pourvu du statut de chef de parti. L’exécutif serait de fait transféré de la présidence du pays à la présidence du parti.
Un troisième mandat qui nous revient par « la fenêtre » ? C’est tout simplement honteux. Ainsi, la République vide la démocratie de son contenu en privant arbitrairement l’électeur du libre choix de son candidat et de son président en manipulant l’élection de manière cynique.
La République persécute. La République triche. La République se déshonore.
Donc si nous voulons préserver et approfondir notre démocratie, il nous faudra impérativement changer de République. Faisons donc triompher la démocratie dès le 25 février en se débarrassant du duo Amadou Ba et Macky Sall.
Tous ces plans ? Un château de sable qui ne résistera pas à la bourrasque annoncée. Oui, dégageons les dès le premier tour.
Ni report ni chaos !
Personnellement, mon choix se portera sur Diomaye. Nous danserons avec lui de la prison au palais !