LE PRINTEMPS DES ZELATEURS
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il a pris une tournure accentuée par l’irruption dans l’espace public, d’individus que rien ne donne la légitimité de prendre la parole, sauf l’expression d’une position clivante entre ceux qui sont pour ou contre l
Le phénomène n’est pas nouveau, mais il a pris une tournure accentuée par l’irruption dans l’espace public, d’individus que rien ne donne la légitimité de prendre la parole, sauf l’expression d’une position clivante entre ceux qui sont pour ou contre le pouvoir en place.
C’est leur droit. De telles attitudes ont fini de vicier le débat politico économique et social sur les préoccupations actuelles et futures du pays, et d’ouvrir « le marché » de la surenchère qui, malheureusement n’épargne personne y compris ceux qui devaient par leur position et leur fonction être hors de la « mêlée » notamment les dépositaires de l’autorité administrative.
L’actualité récente qui a été choquante au plus haut point est la suspension du signal de Walfadjri Tv au motif que la chaine de Tv a relayé les manifestations de jeunes à Mbacké, suite à l’interdiction du meeting du leader du parti Pastef par le Préfet de cette ville. Passons sur les motifs extrêmement légers invoqués par le Préfet de Mbacké pour prendre une mesure d’interdiction, alors qu’il avait une autre possibilité pour préserver la paix sociale. L’analyse froide montre que ce zèle excessif n’est que le couronnement d’une série d’actes que les autorités de la police et de la sécurité n’arrêtent de poser à chaque sortie de Ousmane Sonko. Les exemples sont nombreux. La nouveauté aujourd’hui est qu’on soupçonne Walfadjri d’amplifier les actions violentes des militants et partisans de l’opposition en réaction à des actes manifestement inacceptables dans un Etat démocratique. C’est vraiment manquer de respects aux téléspectateurs de Walfadjri, même si cette mesure sonne comme un coup d’épée dans l’eau, car Walf continue de diffuser sur ses autres plateformes avec succès.
Le président du CNRA parle de « couverture irresponsable ». C’est quoi même ? Pourtant il reste muet sur les appels au meurtre de certains individus. Dans un pays normal aussi bien l’auteur des propos que la chaine auraient subis de lourdes sanctions.
La Côte d’ivoire en a administré la leçon récemment concernant un animateur de talk, pour une émission qualifiée en effet de mauvais goût.
Il y’a une règle établie en matière de journalisme, à laquelle tous ceux qui exercent cette profession et dont c’est vraiment le métier, tiennent. C’est qu’en matière d’honneur et de pratique professionnelle, le journaliste ne reconnait que la juridiction de ses pairs. Babacar Diagne parle de couverture irresponsable et toute la profession, en tout cas ceux qui sont prononcés, et qui sont par ailleurs des voix autorisées estiment qu’il y a un excès de zèle que rien ne justifie, car l’interruption du signal d’une Télévision est un acte extrêmement grave qui doit être motivé. Le président du CNRA n’est pas sur le terrain de la légalité, il est dans la perception et l’émotion. Il n’invoque aucun texte. Il n’en a pas. Qu’il le montre. Babacar Touré n’aurait jamais agi ainsi. Que Dieu ait pitié de son Ame. Que Dieu sauve le Sénégal de ses zélateurs
Mamadou NDAO,
Liberté 6 Dakar