LE SENS D’UNE INITIATIVE
Dans nos années de jeunesse, un ami aimait à dire que « le Sénégal avait la singularité d’un pays où la parole avait le pouvoir d’être un moyen de production aussi important que le travail et le capital
Dans nos années de jeunesse, un ami aimait à dire que « le Sénégal avait la singularité d’un pays où la parole avait le pouvoir d’être un moyen de production aussi important que le travail et le capital «. Cette malicieuse réflexion faisait rire à l’époque mais semble faire sens de nos jours au regard des phénomènes politiques pour le moins curieux qui se déroulent sous nos yeux ....
Par un usage frénétique, inconsidéré et sans scrupule des réseaux sociaux et avec la complicité de certains médias, il se fait le tour du monde que le Sénégal serait en crise et au bord de l’implosion parce qu’un citoyen doit répondre devant la justice d’allégations diffamatoires sur une personnalité politique du pays.
Déclarant à qui veut l’entendre sa défiance à l’égard de toutes les institutions de la République, ce monsieur qui prétend vouloir nous gouverner lance à tous vents des appels à des soulèvements populaires à chacune de ses convocations devant les tribunaux du pays. Pourtant, à l’exception de certains quartiers de la capitale où des bandes de jeunes se sont livrés à des actes de vandalisme, le pays est resté calme dans son ensemble.
Un climat de tension artificiellement entretenu par médias interposés a toutefois occasionné de la gêne pour des parents soucieux de préserver leurs enfants de violences sur la route de l’école et causé de lourds préjudices aux travailleurs du secteur informel dont les activités sont fortement compromises durant les journées d’agitation de rues érigées en mode opératoire de stratégies émeutières et insurrectionnelles.
Sinon aucun des secteurs névralgiques du pays n’est touché.
Le Sénégal serait pourtant en crise et au bord de l’implosion selon nos nouveaux professionnels de « l’agit prop « alors que toutes les institutions fonctionnent normalement, les appareils administratifs et de production tournent en toute tranquillité et en plein régime, toutes les activités sociales se déroulent le plus naturellement du monde, et au moment même où notre jeunesse fête avec fierté et enthousiasme le plus bel exploit qu’aucune nation africaine n’a jamais réalisé dans le passionnant domaine du football.
Toutes ces belles performances de la majorité conduite par le Président Macky Sall dans un contexte politique de libertés absolues, ce qui est une exception dans les pays en développement, devraient être ignorées et enterrées parce qu’un acteur politique est en difficulté sur des sujets d’ordre strictement civil.
Je pense en toute honnêteté que ça ne fait pas sérieux ...
Nous aurions toutefois manqué de rigueur si on ne prenait pas en compte le malaise et le mal-vivre d’un monde soumis à une gouvernance ultra libérale de l’économie et d’un modèle de démocratie représentative â bout de souffle avec un cortège d’inégalités inacceptables de nature à provoquer des discriminations, des frustrations et des colères de plus en plus vives dans presque tous les pays.
Au plan politique, toutes les démocraties dignes de ce nom, dont notre pays, traversent leurs moments anarcho-populistes. Ce qui se passe actuellement en France en est une parfaite illustration.
Au Sénégal aucun observateur de bonne foi n’ose nier les efforts colossaux entrepris de façon volontariste par le Président Macky Sall et ses gouvernements successifs dans la construction des bases infrastructurelles de notre développement, et pour la promotion de politiques justes de démocratie sociale avec la conscience aiguë du chemin qui reste à faire.
Toutefois, ailleurs comme chez nous, des groupes d’agitateurs fédèrent des radicalités d’obédiences les plus nébuleuses dans des logiques anti système qui ne peuvent être porteuses que de violence, de désordre et de chaos.
Pendant que les forces démocratiques et de progrès de notre pays, sous la direction de Bennoo s’attachent à consolider et à approfondir nos politiques hardies de construction démocratique d’une nation unie, solidaire et en développement, toutes choses reconnues à l’intérieur et l’extérieur du pays, on veut nous faire croire que le Sénégal est â la veille d’une «révolution « parce que le pays vient de donner naissance à un messie «sauveur» et « libérateur « qui offrirait sa vie pour cette « noble mission «.
De qui se moque t’on ?
Je suis de ceux qui pensent que le Sénégal, avec la trajectoire politique exceptionnelle qu’il a connue mérite bien mieux que ça. Quelle que soit par ailleurs la part d’autocritique que notre majorité ne peut manquer d’assumer en toute humilité à travers une démarche d’évaluation sans complaisance de ses points de forces et de faiblesses.
Ce à quoi la coalition Benno Bok Yakaar s’attelle avec rigueur et ne manquera pas dans les semaines qui viennent de traduire en programme et plan d’action à travers le territoire national et dans la diaspora.
En tout état de cause, maintenant que le décret fixant la date de la prochaine Présidentielle est publié, aucune confusion ne peut être entretenue sur le cours du calendrier électoral qui est le référentiel exclusif en démocratie et dans un état de droit qui se respecte.
Le Sénégal ne manquera jamais à ses obligations dans ce domaine car on serait dans une démarche de naufrage collectif. Ce que rien ne peut justifier dans les circonstances actuelles du pays.
Le Président de la République et son gouvernement sont dans leurs missions régaliennes de défense des droits et libertés publiques et privés, de préservation en toutes circonstances de la paix civile, de protection des personnes et des biens et de sauvegarde intransigeante de l’autorité de l’état dont la faiblesse nous mettrait tous en péril. C’est la conscience partagée de nos responsabilités individuelles et collectives dans la défense de la démocratie et de la République qui donne sens à l’appel qu’au-delà des clivages partisans des hommes et femmes de bonne volonté et de toutes obédiences viennent de lancer pour la défense intransigeante de nos institutions dont la robustesse conditionne la paix et la stabilité sans lesquelles aucune nation ne peut prospérer.
Abdou FALL
Ancien ministre d’état
Bennoo Bokk Yaakar