LIBÉRALISME AFRICAIN ET DICTATURE
EXCLUSIF SENEPLUS - En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye Faye et nullement Karim Wade, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir
La famille libérale est au pouvoir depuis 24 ans sur les 50 ans promis par Abdoulaye Wade. Aujourd’hui, ces libéraux sont tétanisés par la perspective de l’arrivée au pouvoir d’un parti avançant un programme radical et un renouvellement générational. La dernière entourloupe qu’ils poussent n’a rien à voir avec l’invalidation de la candidature de Karim Wade mais plutôt avec la validation de la candidature de Diomaye Faye. Ils pensaient en avoir fini avec le Pastef en écartant Ousmane Sonko et n’ont pas vu venir le tacle de ce dernier.
Ils savent qu’ils vont perdre l’élection et perdre tous leurs privilèges et prébendes. En désespoir de cause, ils se retrouvent en famille pour tenter un dernier coup. Toute cette cabale vise Diomaye et nullement Karim, mais on lui fait porter l’initiative pour dédouaner le pouvoir. C’est à vomir.
Aujourd’hui, le président dans son discours nous dit en 3 minutes : (1) dysfonctionnement des institutions qui ne fonctionnent pas de manière régulière, (2) annulation de l’élection, (3) dialogue et (4) élection inclusive …un de ces jours. Autrement dit, nous sommes en “crise”. Mais en vérité cela relève de son fait.
Car nous savons que nos institutions ont été rendues dysfonctionnelles par les cafouillages d’Abdoulaye Wade qui a introduit des ajustements de salaires arbitraires, décidé de nominations fantaisistes, s’est complu dans un népotisme éhonté, à créer des agences à tour de bras, a installé une corruption généralisée. A telle enseigne que des Assises nationales ont été convoquées et que son successeur nous a promis une gestion sobre et vertueuse.
Si aujourd’hui le président Macky Sall a constaté des dysfonctionnements, il en est pleinement responsable. Ceci étant, en quoi des dysfonctionnements peuvent-ils être assimilés à une crise ? Quand des décisions de justice sont royalement ignorées par la Direction des élections, c’est un dysfonctionnement créé par l’Executif mais ce n’est pas une crise. Quand Macky Sall enjoint à ses hauts fonctionnaires d’aller contester des élections, cela crée des dysfonctionnements dans l’Administration. Quand Macky Sall choisit le président de l’Assemblee nationale en violation du principe de la séparation des pouvoirs, il crée des sources de dysfonctionnements répétitifs. Nous sommes donc habitués depuis le magistère de Macky Sall à un dysfonctionnement des institutions institué en norme de fonctionnement. Ou est la crise ?
Comment peut-il se dédouaner de ses propres turpitudes ? Qui a fermé l’Université ? Qui a décidé du blocus de la Casamance ? Qui a décidé de la fermeture de Wal’Fajiri ? Qui a décidé de l’interdiction systématique de toutes les manifestations pacifiques ? Un régime aux abois.
À défaut du “chaos” tant souhaité, le président nous informe tel un illusionniste de l’existence d’un “chaos institutionnel “ pour justifier sa décision d’annuler l’élection présidentielle.
“Chaos institutionnel “? Il est où ce chaos ? Le Conseil constitutionnel a achevé la première partie de son travail et quelques soient les frustrations ses décisions ne sont pas susceptibles de recours. Donc on avance. Que l’APR et le PDS imposent à l’Assemblée nationale de mettre sur pied une Commission d’enquête sur des accusations qu’ils ont eux mêmes porté sans preuves contre deux membres du Conseil constitutionnel, qu’a cela ne tienne. Allons-y. Où est la crise ? Où est le chaos ?
Il n’y a donc aucune, je répète aucune raison institutionnelle de reporter et à plus forte raison d’annuler l’élection présidentielle. C’est tout simplement une forfaiture, une de plus de la part d’un président qui nous a habitués à ses mensonges, ses trahisons et le mépris dans lequel il tient le peuple sénégalais. De toutes pièces, il manufacture une crise, annule l’élection et nous propose un énième dialogue. A-t-il perdu la raison au point de ne compter que sur la force, la violence et la peur ?
En tous cas, il a décidé de rejoindre le camp des dictateurs africains. Comment ont ils tous fini : la fuite, la prison ou le coup d’État ! Qu’est-ce qui lui fait croire que son sort sera différent ? Parce qu’il est plus intelligent ? S’il était intelligent, il n’aurait pas choisi de verser dans la dictature.