L’INACTIVITÉ REMPLIT LES MEETINGS
C’est une bombe à retardement. L’inactivité et le désœuvrement rongent la société. Les concours du plus beau et du plus grand bain de foule au gré des tournées et rassemblements politiques sont le baromètre de l’oisiveté, du manque d’occupation.
C’est une bombe à retardement. L’inactivité et le désœuvrement rongent la société. Les concours du plus beau et du plus grand bain de foule au gré des tournées et rassemblements politiques sont le baromètre de l’oisiveté, du manque d’occupation et de travail décent. Sans grande difficulté, on saisit encore mieux pourquoi et comment nos territoires et bourgades en particulier sont percutés de plein fouet par le désert économique et l’exode rural. Épicentre des services étatiques le temps d’une tournée économique présidentielle, l’ancienne cité du rail est le visage et le paysage d’une certaine forme de désolation largement façonnée par les gouvernements successifs dont le socle repose sur l’incurie pour ne pas dire la nullité.
La ville de Thiès était un de nos bijoux de famille. Une sorte de petite Suisse sénégalaise. Tout y était en bon ordre sans que rien ne dépasse. Ses nombreux trains arrivaient à l’heure. C’était la locomotive qui tirait les wagons. Les gouvernements de passage ont réussi le tour de force d’éteindre le moteur. À l’heure du « mburu ak soow », les jeunes générations sur place sont pour la plupart au régime du pain sec. Les perspectives ne sont pas énormes si ce ne sont pas les emplois-jakarta précaires. Et leur lot quotidien que sont les traumatismes et séquelles des accidents innombrables soignés comme on peut dans les couloirs de l’hôpital régional. Un ministre de l’Intérieur a du reste complaisamment cautionné le pansement sur jambes de bois pour avoir donné instruction afin que ces types d’engins soient laissées en paix et qu’ils aient libre cours. À Thiès comme dans d’autres cités, l’horizon bouché a fermé les débouchés. Il faut bien que nos jeunes frères aient un gagne-pain. 285.000 deux-roues au moins circulent sur l’étendue nationale. Aveu d’échec et d’impuissance.
Il ne s’agit pas de dénigrer mais de s’insurger contre le manque de prévenance pour cette frange de la jeunesse laissée à elle-même et privée en même temps de l’opportunité et du plaisir de s’émerveiller et de se cultiver. La connaissance étant étroitement liée à la qualité de vie et au progrès social. Ce qu’on vient d’évoquer est une plaie qui est en train de les ravager. Le chef de l’Etat a une grande expérience des territoires. Sa visite-marathon aurait un goût d’inachevé si ce sujet épineux n’était pas mis sur la table.
Piètres orateurs
Les états-majors politiques tablent sur 2024 pour conquérir ou conserver le pouvoir. Les effluves d’une campagne électorale prématurée rendent l’atmosphère assez lourde. Il y a lieu d’ailleurs de se boucher le nez tant les discours sont irrévérencieux et médiocres. Les mots ont dû lui brûler la bouche quand le Premier Ministre, d’habitude placide, s’est essayé au jeu des extrémistes qui agitent à longueur de meeting la loi du Talion. Ce fut une sortie ratée. Les piètres orateurs cachent leur lacune dans les outrances. Dans le camp d’en face, on fait preuve du même manque de classe et de la même morgue. D’habitude, ceux qui anticipent les testaments aiment la vie par-dessus tout. Parce que la mort est aussi la destruction des plaisirs et des douleurs. Les tons macabres sont symptomatiques d’un pays qui va mal. Malgré tous les dérapages, le Sénégal a besoin de tous ses fils sains et saufs.