MACKY PAR TOUS LES MOYENS
EXCLUSIF SENEPLUS - Que le régime Macky-APR-BBY veuille retourner l’opinion relèverait encore de la « politique » ordinaire si dans le même temps le président ne s’attaquait aux fondements de la démocratie
Plus que jamais, le président Macky Sall semble se voir en candidat pour 2024 ! Et l’APR/Benno Bokk Yakkar mettra tout en œuvre pour lui obtenir ce troisième mandat. Le président de la République pour sa part usera et abusera de tous les moyens et pouvoirs de sa fonction. L’ensemble des pouvoirs et moyens politiques, juridiques, constitutionnels et infra constitutionnels, ainsi que financiers sont de fait déjà mobilisés.
Tout sauf Sonko ! Il s’agit d’abord ainsi que tout le monde l’a compris d’empêcher par tous les moyens la candidature d’Ousmane Sonko à l’élection présidentielle de 2024. Grâce à une condamnation pénale qui le prive de ses droits civiques, soit à l’issue du procès du complot Adji Sarr soit de celui intenté par Mame Mbaye Niang ou d’une quelconque autre affaire. Ou par tout autre moyen.
On a même entendu un notable du camp présidentiel appeler à …l’assassinat du leader de Pastef. Les procédures seraient déjà en cours pour amnistier Karim Wade et Khalifa Sall et les faire participer à la présidentielle de 2024 dans l’espoir de diviser l’opposition et de diluer ainsi l’offre Sonko. Des milliards sont mobilisés pour acheter les « porteurs de voix » et autres « influenceurs » afin de drainer le bétail politique vers les verts pâturages de l’APR.
« Je demande aux responsables de se mobiliser comme un seul homme pour faire de cette opération de vente des cartes, le début du combat pour la victoire », déclarait ainsi le président de la République, président de l’APR en novembre dernier.
Les meetings de « démonstrations de force » « d’adhésion des masses à la politique du président Macky Sall et de manifestation de satisfaction de ses nombreuses réalisations » étaient dès lors lancés. Après Pikine, puis Guédiawaye et Thiès, on les tiendra au cours de ce mois-ci dans toute la région de Dakar, de Colobane à la Patte d’Oie, et à travers tout le pays de Fatick à Kaolack, de Tambacounda à Ziguinchor et à Bignona.
Dans le même temps, Macky Sall sillonnera toutes les régions du pays sous le couvert de « conseils présidentiels pour le développement » et autres « conseils de ministres décentralisés ». Il s’agit en réalité de revigorer la campagne électorale permanente à peine déguisée pour renforcer l’alliance entre l’APR et ses partis satellites dont les élections législatives de juillet dernier ont révélé toutes les limites. Il s’agit aussi et surtout de faire oublier que l’APR/Benno Bokk Yakkar est désormais minoritaire dans ce pays et ne bénéficie que d’une majorité de façade à l’Assemblée nationale.
Que le régime Macky-APR-BBY veuille retourner l’opinion et qu’il utilise toutes sortes de manœuvres pour cela relèverait encore de la « politique » ordinaire si dans le même temps le président de la République ne s’attaquait aux fondements de la démocratie que sont la liberté d’opinion, la liberté d’expression et l’indépendance de la justice.
Dans le même temps que les journalistes Pape Alé Niang et Adama Gaye sont jetés en prison, l’un contraint à une longue grève de la faim pour recouvrer sa liberté et l’autre à l’exil, que des citoyens sont régulièrement arrêtés et condamnés pour activités politiques et délits d’opinion, que des prisonniers politiques croupissent en prison depuis plus d’un an, on continue de « mettre le coude » sur les nombreuses enquêtes de détournements d’argent publics dûment étayes pourtant, comme celui portant sur les Fonds Covid ou encore celui dit du Prodac.
Alors que Macky Sall sillonne le pays en mobilisant à son service toute l’administration, gouverneurs, préfets, maires et forces de défense et de sécurité, les manifestations publiques d’Ousmane Sonko sont le plus souvent interdites quand elles ne sont pas réprimées.
C’est ainsi l’État de droit qui assure et garantit la participation des individus et des groupes au processus démocratique et à la vie publique de manière équitable, impartiale et sans discrimination ni intimidation qui est remis en cause.
C’est cela le plus grave : le président de la République, l’APR et Benno Bokk Yakkar sapent de fait la base du fragile système démocratique qui a permis à ce pays de fonctionner tant bien que mal dans la stabilité et la paix depuis 60 ans.