NON, LES SENEGALAIS NE SERONT PAS DANS LES TRANCHEES !
Peut-il être permis et… pardonnable d’avoir de l’affection et de l’espoir pour son Président élu au suffrage universel, d’aimer son pays, son peuple, de respecter et de rendre un invincible hommage à la haute lutte et au courage des forces de l’opposition
Peut-il être permis et… pardonnable d’avoir de l’affection et de l’espoir pour son Président élu au suffrage universel, d’aimer son pays, son peuple, de respecter et de rendre un invincible hommage à la haute lutte et au courage des forces de l’opposition ? Peut-il être possible de décider de ne pas se laisser vaincre par la dictature de l’intimidation quand les réponses tournent les questions à l’envers, des injures aveugles fusant des réseaux sociaux certes contestés mais qui résolument célèbrent la liberté ? Méfions-nous de mettre la « clef dans la serrure et que la porte reste muette » ! Peut il être permis de dire que ce qui compte le plus, c’est d’abord l’unité de notre pays, un Sénégal dans la paix et la fraternité ? Si oui, lisez-nous. Si non, quittez cette page, jetez l’ancre ailleurs et que Dieu vous couve !
Ce pays n’aurait-il plus de portes mais rien que des fenêtres ? Et si elles se fermaient elles aussi ?
Il semblerait, dit-on, ne plus exister un seul enfant dans ce pays. Tous ont vite et mal grandi : Un seul meurtrier en serait la cause : la politique ! Ce pays, conte-t-on, est devenu tel, que nous sommes désormais condamnés à être élégants même avec les rats ! Refusons qu’il fasse froid dans nos cœurs. Dans nos corps faisons flamber les bûches de la foi et du respect de notre pays. Lapidons toutes nos peurs. Ceux qui veulent installer le mal et la mort ne voient pas qu’ils portent des dates de péremption et qu’ils sont déjà morts. Ils ne savent pas qu’ils ont choisi d’être le « génie de leur propre ruine » et non de leur « propre grandeur ». Chaque aveugle tient un miroir ! Chaque homme politique est même candidat à Miss Sénégal. L’essentiel est de paraitre ! Je sais que notre pays restera contre vents épineux et marées salées, plus qu’un pays : « un continent de l’esprit », une grande voix du cœur! Ce pays est une promesse ! Il est temps de reposer Dieu, de reposer notre tensiomètre et de travailler davantage ! Il est temps d’arrêter les divisions et de bannir la haine et le rejet de l’autre. Si chacun se bat avec ce qu’il considère comme sa vérité, c’est vérité contre vérité, c’est-à-dire l’impasse. C’est pourquoi Serigne Cheikh dit alors: préférez la paix à la vérité. La paix de part et d’autre aboutit à la paix et donne la paix.
Que personne ne cherche demain à humilier Macky Sall
Le peuple sénégalais l’a déjà élevé et pour le respect de ce même peuple, il sera protégé conformément à nos valeurs les plus élevées : le « soutoura », la mesure, la grandeur d’âme, la clémence, le respect, le pardon, le recours à la Générosité divine. Que personne, par ailleurs, ne cherche aujourd’hui à vouloir humilier coûte que coûte un quelconque leader de l’opposition. Chaque opposant est sacré ! Sinon, on aura humilié le Sénégal face au monde ! Il ne nous faut jamais imaginer ou programmer des vengeances d’État. Il ne nous faut pas des « Mozart assassiné ». Il ne nous faut pas une démocratie amputée de ses deux bras! Savoir toujours raison garder! Savoir que les hommes politiques meurent toujours deux fois : en rejoignant comme tout humain le fond d’une tombe. En disparaissant de la mémoire du peuple qu’ils ont mal servi.
Macky Sall n’est pas Toutankhamon et ne sera pas Toutankhamon ! Ni dieu ni roi ! Non plus, il n’emportera pas avec lui tous ses trésors : son pays, sa jeunesse, son gaz, son pétrole, ses poètes et écrivains, ses artistes, ses maitres, professeurs, enseignants émérites, ses infrastructures ! Monsieur le Président, demandez à Dieu de vous placer plus haut encore que ce que vous propose votre camp et plus haut encore que là où vos adversaires vous attendent. Écoutez les amis qu’aucun de vos décrets n’a donné un bol de riz. Fuyez les complices. Soyez celui qui sait s’asseoir sur un œuf sans le casser. Dieu en a élu quelques-uns ! Faites-en donc partie ! IL vous a déjà prouvé combien IL vous aimait en vous plaçant à la tête du Sénégal. Écoutez-LE, même à votre insu. Par ailleurs, le Seigneur accepte et tolère qu’on L’aime comme IL accepte et tolère qu’on LE haïsse. Sans sévir. Pourquoi alors Ses périssables et éphémères serviteurs seraient-ils le contraire de ce qu’IL est ? Ceux qui ont fait le pari de vous aimer sans jamais chercher ni vouloir vous rencontrer, selon leur éducation et principe de vie, ont droit de ne pas s’être trompé. Monsieur le Président, sachez que vous avez beaucoup, beaucoup travaillé ! Reste, dit-on, à desserrer l’étau autour de ceux qui cherchent la face du soleil. N’en faites pas des martyrs comme vous l’avez été vous-même ! Dieu vous a si choyé ,si élevé, si grandi! Soyez le meilleur pour l’histoire. Relevez les soldats blessés du camp ennemi !
Il est 1h du matin et je ferme les pages de « Oraisons funèbres et sermons » de Bossuet, chez les Classiques Larousse. Je cède un regard à la chaîne Africable où tourne un documentaire sur la vie de Nelson Mandela. J’apprends et cela me touche, que cet homme avait transformé sa prison en bibliothèque. En effet, on y entend Mandela dire à ses compagnons qu’il faut faire venir des livres, apprendre, se cultiver, se former, lire, pour connaître et connaître son ennemi pour mieux le combattre. Il a plus de 70 ans quand il sort de prison le 11 février 1990. C’est beaucoup ! Il nous confie trois leçons de vie que sa très longue incarcération lui a enseignées : savoir beaucoup écouter. Ne jamais prendre de décisions hâtives. Se battre pour l’équité pour tous, la dignité humaine, la liberté. Mandela dit qu’il faut arriver à la paix, renoncer à la violence sans rien céder à son engagement pour la liberté et la démocratie. Je pense alors à mon cher pays le Sénégal, à ses interrogations d’aujourd’hui, ses camps raidis et opposés, ses impasses démocratiques, ses rancœurs tenaces. Je pense plus encore au face à face de deux camps particulièrement radicalisés : celui de mon Président et celui de Ousmane Sonko. Ne risquons surtout pas de désigner l’offenseur. Nous serions hélas des médiateurs partiaux, des réconciliateurs déboutés et vite lynchés. La vérité, nous dira-ton, a menti. C’est ainsi. L’espace politique sénégalais est devenue une impasse sans fin !
Les deux camps doivent sortir de la crèche et grandir
Quelque chose de sombre pourrait menacer notre pays et dont nous avons déjà vécu quelques tristes et sanglants soubresauts. Une autre forme d’Apartheid, en effet, s’est dessinée : le camp présidentiel ostracisé, celui de l’opposition ostracisé. Bien sûr, aucune forme de menace de la part de l’opposition sur la stabilité de notre pays ne saurait être acceptée. Par ailleurs, aucune répression aveugle de l’opposition parle pouvoir en place, ne saurait être tolérée. Les deux camps doivent sortir de la crèche et grandir. Deux camps arc-boutés, droits dans leur botte, ivres d’eux-mêmes et des ambitions de leur parti se font face. Et cela ne sent pas bon. A chacun son odorat, certes, mais l’odeur et la densité des braises inquiètent. Qui pense le contraire est un Dieu beaucoup trop miséricordieux ! Cette ultime, probable ou improbable confrontation, nous devons nous y opposer de toutes nos forces. Je crois au pouvoir des femmes. J’en appelle à elles. Sortez pour clamer la paix des braves ! Vous portez une charge symbolique plus puissante que celle des hommes !
Autant le Président Sall est jugé comme raide et rude avec ses opposants, autant ces derniers sont raides et rudes avec lui et son pouvoir. Aucun gagnant de part et d’autre. Rien que des perdants et le Sénégal avec ! De part et d’autre, personne ne crèvera seul. D’ailleurs, des militants dopés parle Diable se le disent par camps opposés et invectives incendiaires. Comme des gosses! Mais l’inimaginable est dépassé quand, dans la rue et devant les micros, une certaine jeunesse tient ce langage terrifiant : « Nous acceptons de périr pour notre leader. Nos mamans feront d’autres enfants» !
Aussi loin que nous jetterons notre regard dans le futur, le Sénégal restera et les acteurs politiques d’aujourd’hui auront disparu avec armes et bagages. Rien ne restera de leur nom que ce qu’ils auront laissé de beau et de grand à leur pays, l’Afrique, le monde. Certains et parmi les plus nombreux aujourd’hui, ont une renommée qui ne dépasse même pas Bargny Sendou ! Avouons-le avec respect : nos hommes politiques ne font pas une belle vitrine pour le Sénégal! A l’étranger d’ailleurs, on a du mal à vous en citer deux noms! Sachons, en un mot, que « la place est petite que nous occupons en ce monde ! La figure de ce monde passe et notre substance n’est rien devant Dieu. ». Nous devons apaiser les esprits, nous réconcilier sur l’essentiel : la paix, la tolérance, le respect du suffrage du peuple. Qu’on le veuille ou non, c’est à la loi que le peuple a confié le respect de son suffrage. Voudrait-il le lui retirer, il passerait encore par la loi à défaut de la remplacer directement par lui-même. Le peuple est la seule vraie loi mais il l’exerce en la déléguant à la justice comme haute institution de la République, impartiale et respectable. A la vérité, ce n’est pas la République qui corrompt la justice, c’est plutôt la justice qui trahit sa mission, son idéal, le peuple, si elle cédait son pouvoir à la politique, comme une dépravée céderait son corps pour un billet de banque. Puisse cette justice n’être pas la nôtre, celle que nous aimons et à laquelle nous croyons, malgré les teigneuses et noires suspicions qui pèsent sur elle et la démembrent.
Quand on évoque un État de droit, ce sont plus les juges qui sont interpellés que le président de la République. Inflexibles, intouchables, inattaquables, ils doivent aider sinon forcer les chefs politiques à tenir la route droite. C’est eux qui rendent la justice et non le Président, même si c’est lui qui les nomme ! C’est la bonne compréhension d’une République normale. Les juges doivent être la citadelle imprenable. Le politique est plus fragile, ce qui ne saurait le dédouaner. Il apparait que le pouvoir judiciaire, partout dans le monde, garantit mieux la démocratie que le pouvoir exécutif. Ce dernier veille toujours jalousement sur son pouvoir possessif, même à son insu. Seul alors le pouvoir judiciaire peut se dresser comme arbitre central et comme arbitre de touche. C’est particulièrement par les fautes de touche non sifflées que les centres partent et que les buts sont marqués alors qu’ils n’auraient pas dû être validés. Il n’est jamais souhaitable que le peuple se substitue à la loi et l’exerce. Voilà pourquoi les hommes politiques de tous bords doivent raison garder ! C’est bien à la justice, quel qu’en soit le prix, de réguler et de donner le juste verdict applicable à tous. Si elle doute d’elle ou si elle laisse douter d’elle, elle périt.
Il n’y a aucune place dans ce pays où la foi est le sourire du cœur, pour la division, la haine. Il faut à tout prix aller à la paix. Abdoulaye Wade l’a fait face à Abdou Diouf. Macky Sall l’a fait face à Abdoulaye Wade. Mais ne rien lâcher. Être conquérant. Ne rien céder à l’injustice, mais toujours rester dans l’élégance, l’ouverture, la paix. Macky Sall ne pourrait déroger à cette belle règle de grandeur malgré l’adversité, le moment venu, face à son successeur, qui qu’il soit ! Dans la perspective des élections présidentielles de 2024, chaque opposant, en pré-candidat libre non encore reconnu par la Cour constitutionnelle, combat pour accéder au pouvoir si le peuple sénégalais le veut. Cela doit se passer ainsi, hors de tout hold-up, tricherie, supercherie, ruse. Senghor a quitté librement et volontairement le pouvoir, en démissionnant. Il a confessé, très tôt, être resté trop longtemps au pouvoir mais en donnant les raisons. Diouf a fini par céder le pouvoir dans la paix, seulement après que le peuple a arbitré. Wade a cédé le pouvoir après avoir d’abord résisté et passé les barricades, mais stoppé net aux portes des urnes par l’arbitrage de son peuple. Sall cédera-t-il le pouvoir avant les barricades ou après les barricades, devant les urnes de 2024 ou celles de 2029 ? Le Sénégal est en perte d’haleine ! L’Afrique et le monde attendent de voir la posture du Lamtoro !
Il n’y a pas deux Présidents du Sénégal, mais un seul : Macky Sall. Ce qui fait de lui le premier garant de la paix. Tout le reste fait partie de la macaroni politique. Mais celle-ci compte et il en faut, car elle est le miroir de toute démocratie ! En revanche, la loi doit rester à la loi et pour cela elle doit être infaillible, insoupçonnable. «Ne pas obéir à la loi cesse d’être un devoir, si celle-ci a failli » a-t-on écrit. Hélas, Macky Sall n’a plus à convaincre son opposition. C’esttrop tard, peine perdue, elle ne croit plus en lui. Convaincre l’adversaire déjà passé à l’eau bouillante, n’est pas aisé,rit-on dansles salons. Il lui reste à écouter et à convaincre le peuple qui l’a élu ! Et ce peuple ne se limite pas au nombre de partisans ou de majorité acquise. Il le dépasse. Et c’est justement ce qui dépasse, qui fait la différence.
A suivre
Amadou Lamine SALL
Poète, lauréat du Grand Prix Tchicaya U’Tamsi de la poésie africaine internationale; lauréat des Grands Prix de l’Académie française