POUR UN AVENIR PROMETTEUR, INVESTISSEZ DANS LA JEUNESSE AFRICAINE
Le mois dernier, pour la première fois depuis cinq ans, je me suis rendu au Nigéria, et partout où je suis allé, peut-être même plus que lors de mes voyages précédents, j’ai ressenti l’immense énergie et le potentiel illimité de sa génération montante.
Le mois dernier, pour la première fois depuis cinq ans, je me suis rendu au Nigéria, et partout où je suis allé, peut-être même plus que lors de mes voyages précédents, j’ai ressenti l’immense énergie et le potentiel illimité de sa génération montante. J’ai rencontré de jeunes scientifiques et chercheurs qui travaillent sur des solutions novatrices à certains des défis les plus difficiles auxquels le pays fait face en matière de santé et de développement. J’ai également écouté de jeunes entrepreneurs parler de l’utilisation des nouvelles technologies numériques pour améliorer les soins de santé et la littératie financière.
Le Nigéria a l’une des plus larges populations de jeunes au monde, et 19 des 20 pays les plus jeunes, en termes d’âge moyen, sont en Afrique. Cela représente un nombre important de compétences potentielles et de passion pour aider à résoudre de vastes problèmes. En fait, la population jeune et talentueuse de l’Afrique, en pleine croissance, est l’atout le plus puissant du continent pour l’avenir, et lorsque j’ai rencontré les dirigeants du Nigéria, j’ai à nouveau souligné tout ce qu’ils pourraient accomplir s’ils investissaient dans la santé et les opportunités pour les jeunes.
Réaliser des investissements stratégiques dans le but de libérer le vaste potentiel des jeunes Africains est aujourd’hui particulièrement important. Un ensemble sans précédent d’événements mondiaux, dont notamment la pandémie de COVID-19, la guerre en Ukraine, les crises sécuritaires et les effets du changement climatique, a eu pour effet de bloquer la croissance dans le domaine de la santé, du développement agricole et d’autres secteurs clés. Les progrès ne sont pas matérialisés aussi rapidement que les Africains le souhaitent et le nécessitent. Du fait de ces crises qui se chevauchent, le coût du maintien de la dette au Nigéria et dans de nombreux autres pays augmente plus rapidement que les revenus, et les priorités urgentes dépassent les ressources disponibles, de sorte que chaque centime disponible doit compter.
Quelle est la meilleure façon de concrétiser cela ? Voici trois leçons clés que j’ai apprises de mes conversations tenues au fil des ans avec nos partenaires africains et d’autres experts ; leçons qui ont été renforcées lors de mon récent voyage.
Se concentrer sur les problèmes les plus importants.
Les problèmes à résoudre ne manquent pas, mais certains devraient être traités en priorité. À titre d’exemple, sans santé, il ne peut y avoir d’opportunité. Les femmes ne devraient pas avoir à s’inquiéter de savoir si elles survivront à la grossesse et si leurs bébés survivront à l’enfance. Les gens devraient pouvoir s’attendre à ce que, lorsqu’ils se rendent dans une clinique de santé, celle-ci disposera de suffisamment de personnel et de fournitures pour assurer les soins. Tout le monde devrait avoir accès à des aliments sains, y compris des aliments de base enrichis en nutriments essentiels. Et les agriculteurs devraient disposer de tous les outils dont ils ont besoin pour s’adapter aux effets du changement climatique et ainsi produire la nourriture dont les Africains ont besoin.
C’est pourquoi notre fondation soutient des partenaires à travers l’Afrique qui s’efforcent à rendre les naissances plus sûres, à fournir des vaccins vitaux aux enfants, à accroître la productivité agricole et à rendre les aliments plus nutritifs. Les jeunes dépendent de ces éléments de base pour atteindre leur plein potentiel, et les pays en ont besoin pour se développer et prospérer.
Prioriser les interventions les plus efficaces.
Tout au long de ma visite, j’ai rencontré des Nigérians impressionnants qui travaillent sur des innovations qui peuvent offrir des résultats spectaculaires à un coût relativement faible. Ils m’ont rappelé que le progrès ne dépend pas uniquement de combien d’argent est dépensé. Il s’agit également de s’assurer qu’il est bien dépensé.
Par exemple, l’un des problèmes persistant au Nigéria est le taux élevé d’anémie chez les femmes enceintes. Ce problème peut provoquer une hémorragie pendant l’accouchement ou nuire au développement du cerveau des bébés. La recherche démontre que donner aux femmes enceintes un apport en fer par perfusion intraveineuse ; une action qui ne prend que quelques minutes et qui dure toute une grossesse, pourrait sauver des milliers de vies et protéger l’avenir de millions d’enfants. À Lagos, j’ai rencontré le professeur Bosede Afolabi, partenaire de notre fondation, alors qu’elle administrait ce traitement efficace ; et nous avons discuté des efforts visant à former davantage d’agents de santé à cette pratique dans l’ensemble du Nigéria.
L’amélioration des conditions d’accouchement est l’une des 12 interventions à fort impact et à faible coût que Bjorn Lomborg, un chercheur danois, souligne dans son captivant nouveau livre, « Best Things First ». M. Lomborg note également le potentiel de transformation de la productivité agricole. Ila constaté que dépenser 5,5 milliards de dollars supplémentaires par an en R&D agricole, produirait des bénéfices annuels de 184 milliards de dollars en réduisant la malnutrition, en aidant les agriculteurs à s’adapter au changement climatique et en abaissant les coûts alimentaires. Cela représente un rendement incroyable de 33 $ pour chaque dollar investi.
À Lagos, j’ai rencontré plusieurs scientifiques qui tiennent cette promesse, par le biais de solutions qui comprennent une variété de manioc à haut rendement, des outils numériques pour aider les agriculteurs du Nigéria et de la Tanzanie à gérer les conditions changeantes du sol, un produit pour protéger contre les aflatoxines mortelles et un engrais qui peut augmenter jusqu’à 45 % la productivité des cultures de soja à une fraction du coût des engrais traditionnels.
Amener des produits vitaux à tous ceux qui en ont besoin.
De façon similaire au professeur Afolabi et son travail sur un apport en fer par perfusion intraveineuse, ces agronomes ne se contentaient pas de créer des produits innovants ; ils menaient également une réflexion créative sur comment distribuer leurs produits et informer les agriculteurs à leur sujet, partout en Afrique. Cette volonté de mettre l’accent sur vouloir atteindre tout le monde est essentielle pour réduire les dramatiques écarts de résultats en matière de santé entre les zones rurales et urbaines, les riches et les pauvres, les hommes et les femmes.
Ces innovations incroyables et bien d’autres en cours de développement ont le potentiel de sauver beaucoup de vies et d’en améliorer encore plus, mais seulement si les développeurs et les concepteurs y travaillent de manière intentionnelle.
Il y a tellement de candidats intéressant pour les ressources d’un pays. Mais les interventions à fort impact qui touchent tout le monde devraient figurer en tête de liste des priorités. Je suis convaincu que les jeunes Africains ne seront pas seulement les bénéficiaires de ces efforts, ils les dirigeront. Tout au long de cette visite, j’ai été continuellement frappé par l’enthousiasme des jeunes Nigérians à vouloir faire une différence, et par les façons créatives dont ils exploitent la science et les technologies innovantes pour accélérer les progrès et améliorer les conditions de vie en Afrique. Les problèmes sont persistants, mais il en est de même des gens qui les résolvent.
Bill Gates est coprésident de la Fondation Bill & Melinda Gates.