À QUOI RESSEMBLERAIENT LES CENT JOURS DE ZEMMOUR
Le candidat de Reconquête croit pouvoir se qualifier pour le second tour de l’élection française, bien que les sondages le donnent perdant. Si les prévisions se trompent, voici ce à quoi on pourrait assister après son arrivée à l’Élysée
Sous-préfecture d’Antony, Hauts-de-Seine, été 2022. Dans le bâtiment que coiffe « République Française », le long du royal parc de Sceaux, le nouveau président de la République Éric Zemmour fait sa première visite officielle pour son plan « 100 jours pour l’immigration zéro ». Presque pas d’étrangers, dans ce qui jadis fut leur fief. Pour une fois, le surnombre est du côté des forces de l’ordre. Quelques sifflets montent provenant de badauds et d’associations de défense des exilés, maintenus à distance.
Mèche chahutée par une légère brise, l’air réjoui et la mâchoire dure, costume sombre un peu grand, accompagné de sa conseillère « démographie », Michèle Tribalat, et de son ministre de l’Immigration et de la Reconquête des territoires perdus de la République, Bernard Lugan, le président français passe en revue ses troupes devant la presse. Crispation, sourires de circonstance, gêne palpable, les employés de l’administration, majoritairement antillais, font allégeance au chef, non sans défiance. Ce jour-là, peu d’étrangers dans la salle d’attente. Une vingtaine, africains pour l’essentiel.
Le référendum comme solution
Le chef de l’État s’enquiert de leur origine, pose des questions sur le motif de leur présence. Conversation heurtée, malaise, silence. Pour toute pédagogie, Éric Zemmour les invite à regagner leur continent, pour y relever les défis locaux. Quand les journalistes l’interroge sur les demandes déjà engagées, en instruction, le président répond, inflexible : ils devront rentrer chez eux. « La France ne peut accueillir la misère du monde, ce n’est pas de moi mais de Rocard », lance-t-il à la presse. La chaîne C News a fait un plateau spécial, Raphaël Enthoven face à Élisabeth Levy : les deux éditorialistes s’écharpent sur la différence entre étranger et immigré, mais leur désaccord n’est que poudre aux yeux.
Pour son fameux plan « 100 jours », Éric Zemmour a mobilisé la police, missionné l’armée, fait construire des centres de rétention pour garder en surveillance les étrangers sans travail, les clandestins et les demandeurs de permis de séjour. Sa majorité à l’Assemblée nationale, menée par Gilbert Collard, s’attèle à détricoter les conventions du droit international sur l’immigration. Et comme ce n’est pas gagné, c’est par voix référendaire que le président tente d’imposer sa loi. À la fin de l’été, moment de vérité : à la stupéfaction et à la sidération générales, Zemmour gagne son référendum, après avoir obtenu l’appui du Rassemblent national.
S’ensuit septembre 2022. Après les 100 jours, le succès est timide et les conséquences lourdes. Fermeture de l’essentiel de représentations diplomatiques françaises en Afrique et rapatriement des Français en Hexagone. Après un été d’expulsions, de traques, de séparation des familles, on a renvoyé des centaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants vers le désert africain, enjoignant leurs présidents de venir les récupérer. Faute de quoi, point de transfert d’argents, d’aide au développement et de sponsor français pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN).