TOUTE HONTE BUE !
Qu’est-ce qu’elle peut donc bien chercher pour rester au Sénégal pendant trois jours, Marine Le Pen ? Elle confesse dans une tribune parue dans le journal français « L’Opinion » qu’elle ne « doute pas de rencontrer [la sagesse] au pays de la Téranga ».
Qu’est-ce qu’elle peut donc bien chercher pour rester au Sénégal pendant trois jours, Marine Le Pen ? Elle confesse dans une tribune parue dans le journal français « L’Opinion » qu’elle ne « doute pas de rencontrer [la sagesse] au pays de la Téranga ». Décidément, la mode du faux-cul va bien à l’égérie de l’extrême-droite française ! Tout au long de son exposé, la fille du sinistre Jean-Marie Le Pen défend l’emprise de la France sur ses ex-colonies d’Afrique matérialisée par le syndicat de la Françafrique… Elle aurait toutefois pu oser un discours plus fidèle à sa ligne de conduite, à son projet politique de racisme téléguidé vers ce continent « splendidement seul au milieu de fleurs blanches et fanées » (David Diop).
Mais que diantre espère-t-elle vraiment récolter lors de ce séjour ? Une audience avec le président Macky Sall, par ailleurs président de l’Union africaine ? Le président de la République serait bien peu inspiré de recevoir la challengeuse d’Emmanuel Macron lors de la dernière Présidentielle de 2022 en France. Pourtant, les ressortissants français établis dans notre pays avaient plébiscité Jean-Luc Mélenchon qui avait recueilli plus de 38% des suffrages devant le président sortant (33,68 %), reléguant Marine Le Pen à la troisième place avec un petit 6%. Mais ce chiffre est énorme en terre sénégalaise, il aurait dû équivaloir à zéro. Le Pen vient ainsi fertiliser ce terreau caché… C’est juste que Marine Le Pen, jusqu’ici pestiférée, essaie de se refaire une santé hors de sa tour en décrépitude. Sa démarche est contre-nature, et nous espérons que les retombées en seront contre-productives. Son choix de se rendre, toute honte bue, dans notre pays interroge, alors que la France est devenue la risée de la jeunesse africaine résolue à briser toutes chaînes entravant sa liberté.
La rappeuse Diam’s l’interpellait ainsi en 2004 dans une chanson culte anti-Le Pen : « Marine, tu crois vraiment que t’es dans le vrai ? Que t’as su saisir ta chance et que ton avenir est tracé ». En reine de la controverse, Le Pen aura du mal à séduire de ce côté de l’Atlantique dans son costume de présidentiable. « L’avenir appartient peut-être aux femmes, mais il ne sera fantastique que si les femmes disent la vérité », ai-je entendu dans un feuilleton quelconque à la télé. Mais dire la vérité, ce n’est pas le fort de l’héritière du Front national, rebaptisé Rassemblement national. Rappelez-vous, elle avait affirmé que le traité d’Aix-la-Chapelle prévoyait de partager, entre la France et l’Allemagne, le siège permanent de la France au Conseil de sécurité de l’ONU. Alors qu’en réalité, il était juste question de proposer un siège pour l’Allemagne…
Ce voyage au Sénégal est une insulte pour tous les fils d’Afrique, descendants des tirailleurs sénégalais, ces vaillants combattants qui ont permis au pays de Marine Le Pen de goûter « l’amère saveur de la liberté ». Et puisqu’en « Afrique traditionnelle, l’individu est inséparable de sa lignée qui continue de vivre à travers lui et dont il n’est que le prolongement » (Amadou Hampaté Bâ), c’est le clan Le Pen et tout ce qu’il charrie comme idées et rebuts que représente cette singulière invitée, dont nous rejetons avec force la présence dans notre pays.