UNE PRIERE POUR NOËL
Samedi dernier le Pape François a réitéré par ses mots son émotion envers le drame inhumain qui se déroule à Gaza : «Hier des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur.»
Samedi dernier le Pape François a réitéré par ses mots son émotion envers le drame inhumain qui se déroule à Gaza : «Hier des enfants ont été bombardés. C’est de la cruauté, ce n’est pas la guerre. Je tiens à le dire parce que cela me touche au cœur.» Dimanche, durant la prière de l’Angélus, il réaffirme son soutien aux populations gazaouies : «C’est avec douleur que je pense à Gaza, à tant de cruauté, aux enfants mitraillés, aux bombardements d’écoles et d’hôpitaux. Combien de cruauté.»
Demain nous célébrons Noël, fête des lumières, des joies et des retrouvailles familiales pour des milliards de gens, chrétiens, juifs, musulmans et non croyants. Pendant ce temps de l’expression de l’amour, hommes, femmes et enfants qui vivent en Terre Sainte pour les religions révélées continuent de vivre sous une occupation aussi affreuse que brutale. A Bethléem où naquit le Christ, des hommes et femmes oppressés tentent de survivre sous une brutale occupation en violation du Droit international et des simples règles d’humanité. Les admonestations, les critiques sans fondement et les accusations graveleuses contre le Saint-Père, issues de membres du gouvernement d’extrême droite israélien et de leurs alliés n’y feront rien : il y a une puissance occupante qui sème la mort à Gaza et dans les Territoires occupés palestiniens devant l’inertie voire la complicité des grands donneurs de leçons du monde.
L’attaque terroriste du 7 octobre ne justifie pas le nettoyage qui se déroule sous nos yeux à Gaza depuis quatorze mois. Le bilan est terrifiant. Selon des chiffres de l’Onu, 45 059 personnes ont été tuées dont plus de 14 100 enfants depuis le début de l’offensive israélienne. 107 041 personnes ont été blessées dont plus de 23 420 enfants. Et tous les spécialistes affirment que le bilan va s’alourdir, car de nombreux morts sont encore sous les décombres. Selon des sources onusiennes toujours, plus de 10 000 personnes sont portées disparues et seraient probablement sous les décombres d’une enclave que Benjamin Netanyahu a décidé de rendre désormais inhabitable à travers sa destruction pure et simple. Le projet du gouvernement israélien et ses soutiens, à plusieurs reprises revendiqué, est d’obliger les Palestiniens à quitter Gaza. Ceci est le projet sans cesse réitéré de ministres de l’actuel cabinet dirigeant israélien comme Itamar Ben Gvir et Bezalel Smotrich, tous deux suprémacistes et fascistes décomplexés et revendiqués. Selon l’Unrwa, agence des Nations Unies chargée des réfugiés palestiniens, 1, 9 million de personnes à Gaza -soit 90% de la population totale- ont été déplacées, parfois jusqu’à dix fois pour certaines, dans une enclave de 41 km de long, de 6 à 12 km de large, d’une superficie totale de 360 km2 dans laquelle vivent 2, 2 millions de personnes. Il faut préciser que toutes les issues de Gaza sont bloquées, ce qui en fait une prison à ciel ouvert pilonnée par les bombes et les chars d’une armée d’occupation. Malgré les images d’horreur d’enfants tués, mutilés et calcinés, la machine à tuer poursuit son œuvre sans que rien ne semble pouvoir ou vouloir l’arrêter. Ni les alertes des historiens et juristes dont certains disent que ce qui se passe à Gaza relève du génocide, ni les immenses manifestations dans quasiment toutes les capitales du monde ne semblent freiner l’ardeur du gouvernement israélien à détruire Gaza.
La Cour internationale de justice, dans son ordonnance du 26 janvier 2024, a affirmé qu’il existait un risque sérieux de génocide à Gaza. Le 21 novembre 2024, la Cpi a lancé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et son ancien ministre de la Défense, Yoav Galant, pour avoir commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité contre les Palestiniens à Gaza. Mandats qui évidemment resteront sans effet. Le massacre se poursuit et demain durant la nuit de la Nativité, des enfants palestiniens seront encore bombardés par l’une des plus puissantes armées au monde, au mépris des règles d’engagement, du Droit international et de la simple expression d’une humanité. Les vœux vont affluer de ceux-là qui se parent de discours civilisationnels et de morale ; les mêmes qui réitèrent sans cesse leur soutien financier et militaire sans faille aux Ukrainiens agressés, fermeront les yeux sur Gaza, cimetière du Droit international et peut-être de notre civilisation. Les pays membres de l’Oci eux aussi s’illustrent par leur atonie et face au drame de la région, entre les Territoires palestiniens occupés dévastés et le Liban, agressés avec une violence inouïe. Face à l’injustice et à la brutalité, pour que surgisse à nouveau la paix, je veux relayer cette prière du Pape François, durant l’Angélus. «Dans ces jours qui précèdent Noël, je vous invite à renouveler notre supplication au Seigneur, en Lui demandant d’accorder au monde le don de la paix.»
Sur Gaza, quid du Sénégal, pays phare de la Oumma et allié historique du Peuple palestinien ? L’incompétence, l’impréparation et la médiocrité qui ont élu domicile au cœur de l’Etat ne permettent aucune attente légitime d’une quelconque action symbolique, aussi infime soit-elle. Arracher des mandats d’élus, harceler des patrons de presse et célébrer une statuette en province semblent être leur horizon indépassable. La diplomatie du pixel, du pain et du kérosène ne saurait rapporter rien d’autre que des moqueries et des regards médusés de nos partenaires qui pourtant tenaient jadis en estime le Sénégal.
Je souhaite joyeux Noël aux citoyens de Gaza et de Cisjordanie et prie pour la paix. Aux chrétiens et aux musulmans du Sénégal, je prie pour que de l’abaissement actuel s’arrache un nouveau printemps de lumière, de grâces et de justice.
POST-SCRIPTUM : J’ai une pensée incandescente pour mon ami Moustapha Diakhaté, injustement embastillé, car il a choisi toute sa vie de rester debout, loin des compromissions et de la soumission. Son courage et sa dignité me touchent et même me bouleversent. Ils nous obligent toutes et tous à ne rien céder, à faire face.