ITINERAIRE D’UN CONDUCTEUR DE CALECHE PROPULSE SOUS LES PROJECTEURS
GAYE GUEYE ALIAS BAYE FALL, ARTISTE COMEDIEN DANS «WIRI WIRI»
Très tôt, Gaye Guèye alias Baye Fall, révélé au grand public à travers la série «Wiri Wiri», s’est plongé dans la débrouillardise pour tirer son épingle du jeu. C’est ainsi qu’il a embrassé plusieurs métiers dont celui de conducteur de calèche dans les rues de Mbacké où il a vu le jour. Aujourd’hui, il est parmi les plus brillants et les plus décapants acteurs de la série qui cartonne sur la chaîne Tfm, lundi et vendredi soirs. «L’AS» l’a rencontré dans son atelier situé juste en face de l’Inspection d’Académie de Thiès.
D’un abord très facile, avec des rastas en parfaite harmonie avec son teint noir, Gaye Guèye alias Baye Fall est natif du quartier Darou Salam de Mbacké Baol. Vrai talibé Baye Fall, il vit depuis vingt-quatre ans à Thiès. Spécialiste de la réparation de pneus, il tient atelier au quartier Escale, juste en face de l’Inspection d’Académie de Thiès. L’endroit est également le lieu de rencontre de certains artistes comédiens de Thiès : Jules Dramé et Ndiamé Sène de la troupe Diankhène ; mais aussi les amis de toujours, Saaneex, Cheikh Ndiaye et El Hadji Gora du Soleil Levant. La célébrité tirée de la série «Wiri Wiri» le poursuit d’ailleurs jusque dans son antre.
A notre passage, un groupe de femmes et d’hommes à bord d’un véhicule 4X4, n’a pas hésité à descendre dès qu’il l’a reconnu, pour demander à se photographier avec lui. Célébrité quand tu nous tiens ! C’est en 1992 qu’il débarque à Thiès en provenance de son Baol natal. Se rappelant son enfance qu’il a passée à Tawfekh pour apprendre le coran, il regrette presque d’avoir embrassé une carrière artistique. «Parce que la célébrité est telle que la rue entretient une certaine confusion entre l’artiste et Gaye Guèye. C’est pour cette raison que je fais l’objet parfois de beaucoup de polémiques, mais de toute façon, on est obligé d’évoluer dans cette situation», se désole.
CONDUCTEUR DE CALECHE DANS LES RUES DE MBACKE
Après le daara, Gaye Guèye alias Baye Fall commence à faire dans la débrouillardise, en devenant conducteur de calèche dans les rues de Mbacké. «Je sillonnais les coins et recoins de la ville sous le chaud soleil, à la recherche d’un hypothétique client», se rappellet- il. Il touche ensuite à la tôlerie, la soudure métallique, la menuiserie, l’électricité et la mécanique. C’est après seulement qu’il débarque à Thiès pour rejoindre son nouveau patron, Mademba Thiam, par ailleurs un parent très proche et qui était spécialisé dans la réparation de pneus. «C’est avec lui que j’ai véritablement pris goût à ce métier et c’est ainsi que j’ai décidé de l’apprendre sérieusement et d’ouvrir plus tard un atelier pour me permettre de fonder un foyer. Ce voeu a été agréé par Dieu, car aujourd’hui je vis de ce métier qui m’a tout donné. C’est dans cet atelier que j’ai commencé à avoir cette inspiration qui m’a mené vers le monde du théâtre. C’est dans ce cadre que j’ai créé en son temps un vélo, d’une valeur artistique qui a ébloui plus d’un.
D’ailleurs des gens ont débarqué de tous les milieux, pour l’acheter. Je l’ai finalement vendu à un antiquaire à 2 millions de F Cfa. J’ai ensuite créé un autre vélo en 2002, pendant l’épopée glorieuse des Lions de la Téranga en Corée et au Japon lors de la Coupe du monde et je l’ai dénommé «Lamp Fall». Nombreux sont ceux qui veulent l’acheter mais je refuse catégoriquement de le céder. Il s’agit d’un vélo spectaculaire que je garde jalousement. Cette création artistique renseigne à suffisance que j’ai toujours été un artiste accompli. Contrairement à ce que pensent certains, je n’ai pas fait mon baptême du feu dans le théâtre avec la série Wiri Wiri. C’est en 1999 que j’ai joué pour la première fois. C’était dans la pièce «Augmentation des salaires», sur invitation de Ndiamé Sène de la troupe Diankhène production et la séquence à laquelle j’ai participé a été tournée aux Travaux publics (TP) de Thiès, aujourd’hui Compagnie de gendarmerie. J’ai ensuite tourné avec Azou le beau, Lamarana Diallo, etc. De toutes les pièces, c’est évidemment «Wiri Wiri» que je retiens le plus.»
COMMENT GAYE GUEYE ALIAS BAYE FALL A INTEGRE LA SERIE WIRI WIRI
Expliquant comment il a intégré la série Wiri-Wiri, Gaye Guèye Alias Baye Fall déclare : «Aziz, Saneex, Cheikh Ndiaye sont des amis inséparables. A chaque fois qu’ils sont à Thiès, c’est mon atelier qui leur sert de grand-place, histoire de décompresser un peu face à la rudesse de l’ambiance dans la capitale. D’ailleurs, c’est devant l’atelier alors que nous parlions de tout et de rien que l’idée leur est venue de me confier un rôle dans Wiri Wiri. Dans le premier épisode, je joue le rôle d’un soulard qui violente son épouse jusqu’à lui casser le bras. Si j’avais continué à jouer ce rôle, ce serait dramatique pour moi, car la polémique enflait chaque jour. Comme je l’ai dit tout à l’heure, les Sénégalais dans leur écrasante majorité ne savent pas, malheureusement, distinguer le rôle porté par l’artiste comédien dans une oeuvre théâtrale et sa vraie vie au quotidien. Nous sommes des artistes et il faut que les gens comprennent le sens de l’adage qui dit que l’habit ne fait pas le moine.
Malgré ce rôle de soulard que j’incarnais, je ne fume pas, je ne bois pas d’alcool. Je maîtrise bien mes pulsions et je sais très bien où poser les pieds. Un marabout Baye Fall est allé jusqu’à me traiter de mauvais Baye Fall, mais je me suis rendu finalement compte que s’il a adopté cette position, sur la base seulement du rôle que j’incarne dans Wiri Wiri. Et cela veut dire qu’il n’a rien compris. Mon appartenance à la communauté des Baye Fall est indéniable et jamais je ne poserai un acte allant dans le sens de la ternir. Jamais je ne le ferai. C’est après avoir vu en rêve Mame Cheikh Ibra Fall me demandant d’aller faire acte d’allégeance à un marabout Baye Fall alors que j’étais très jeune, que j’ai demandé à mon père de m’aider à accomplir ce devoir. C’est ce jour-là qu’il m’a remis un paquet de sucre et m’a conduit chez Serigne Assane Fall pour que je fasse acte d’allégeance. Donc personne ne m’a inspiré dans cette voie, c’est Cheikh Ibra Fall lui-même qui a allumé la flamme qui m’a attiré. C’est pourquoi aujourd’hui, trois de mes enfants portent le nom de Cheikh Ibra Fall.
Le rôle incarné dans la série est donc loin de la réalité. En ce qui concerne le port vestimentaire, il faut que les gens apprennent à respecter les goûts des autres. Je peux même porter des bodys si je le veux et d’ailleurs, il y a certains qui portent des grands boubous, avec un chapelet à la main, mais qui sont plus tordus que le dernier des bandits. Je dois avouer que cette célébrité m’agace parfois, car dans la rue, je suis apostrophé partout et quand je vais à Dakar, c’est véritablement le comble. Parfois je préfère prendre un taxi pour faire mes courses, et éviter ainsi de rouler en moto dans les rues de Thiès. Les «Baye Fall» qui sortent de partout finissent parfois par me perturber.
DEUX DIVORCES PAR…JALOUSIE
Après deux divorces à l’amiable, renseigne-t-il, Gaye Guèye Alias Baye affirme qu’il gère actuellement deux épouses dont l’une est à l’étranger. Sur les raisons de ces divorces, il répond sans détour : «C’est la jalousie qui en est la cause car mes deux ex-femmes n’ont jamais compris la vie d’un artiste. Elles manifestaient une jalousie maladive qui a finalement fait voler en éclats notre ménage. Cependant, je garde encore les meilleures relations avec elles.» Gaye Guèye affirme par ailleurs que la paix prime sur tout, en ce qui le concerne. C’est sa seule source d’inspiration et c’est pourquoi, il n’a aucun regret dans la vie et si tout était à reprendre, il emprunterait le même chemin. Sur le plan culinaire également, il ne fait pas le difficile. Il est prêt à assouvir sa faim sans broncher, quel que soit le plat qui lui est servi. Jetant son regard dans la marche du pays, il dénonce les choses pas du tout catholiques qui se passent. Pour lui, tout le monde doit prier pour le président de la République Macky Sall afin que règnent la paix et la stabilité, pour qu’il puisse mettre en oeuvre ses projets économiques, qui ne peuvent être réalisés que dans des conditions de paix sociale et de stabilité politique.