BASSIROU DIOMAYE FAYE SE POSE EN CHANTRE DE LA RUPTURE
Le candidat de substitution affirme qu'Ousmane Sonko "n’est pas dans l’attente d’un retour sur investissement personnel". Il met en avant un projet de changement et revendique un "ADN politique" différent de celui des précédents dirigeants du pays
À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle du 24 mars, le candidat Bassirou Diomaye Faye se présente comme le porteur du changement nécessaire au Sénégal. Dans un entretien accordé au Monde, l'opposant de 43 ans, favori du scrutin, a détaillé ses propositions pour "apporter la rupture" dans le pays.
Sorti de prison le 14 mars après 11 mois de détention, Bassirou Diomaye Faye remplace Ousmane Sonko comme candidat de la coalition "Diomaye président", composée du Parti des patriotes africains du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef), dissout par les autorités. Il mène depuis une campagne "accélérée" à travers le pays dans un contexte de crise préélectorale.
Interrogé sur la validité de ce scrutin après les tensions, le candidat estime qu'"il aura une valeur plus élevée que toutes les précédentes, car les électeurs [...] s’interrogent avec inquiétude sur l’avenir de ce pays". Selon lui, "les Sénégalais ont soif de justice".
Concernant ses 11 mois d'incarcération, Bassirou Diomaye Faye reconnaît que cette détention a perturbé sa campagne : "Ça a été des mois difficiles. Je n’ai pas pu contribuer comme je le souhaitais [...] alors que mon rôle devait être crucial". Il précise néanmoins avoir pu échanger à quatre reprises avec Ousmane Sonko durant leur détention commune.
Interrogé sur sa place de "plan B", il martèle que "nous n’avons jamais mis en avant les individus dans notre formation politique". S'il était élu, il assure qu'il ferait "les consultations nécessaires" pour nommer un Premier ministre et qu'Ousmane Sonko "n’est pas dans l’attente d’un retour sur investissement personnel".
Sur la remise en cause de son manque d'expérience, Bassirou Diomaye Faye répond : "C’est avec un président [Macky Sall] à qui l’on n’a pas reproché son manque d’expérience que la démocratie sénégalaise a subi le plus de balafres". Il affirme vouloir "apporter la rupture" car il n'a "pas le même ADN politique" que les autres dirigeants sénégalais.
Dans son programme, le candidat propose une sortie du franc CFA au profit d'une monnaie nouvelle communautaire ouest-africaine. Il déclare aussi vouloir "renforcer les liens avec les pays limitrophes" comme le Mali, tout en maintenant des "relations équilibrées, respectueuses et gagnant-gagnant" avec la France.