MOMAR THIAM POSE SON DIAGNOSTIC
Momar Thiam a tenu à souligner que ces échanges portent atteinte à l’image de l’homme politique sénégalais
Les échanges de propos aigre-doux entre Mansour Faye et Ousmane Sonko et la sortie maladroite du député-président du Conseil départemental de Ranérou appelant ses parents peulhs « à prendre des machettes et à attaquer ceux qui sont contre le troisième mandat du président Macky Sall » ne sont pas le fruit du hasard, si on en croit Momar Thiam, Docteur en communication politique et Directeur de l’Ecole des hautes études en information et en communication (Heic Dakar).
En effet, interpellé hier, lundi 12 octobre 2020, sur ces sorties qui insufflent le débat politique au Sénégal, Dr Momar Thiam a tenu à souligner que ces échanges portent atteinte à l’image de l’homme politique sénégalais. Dans la foulée, il a déploré la disparition des écoles de parti chargées de former les militants aux valeurs de la République au niveau des formations politiques.
Docteur en communication politique, Momar Thiam range dans « le registre des faits divers » les échanges de propos sur fond d’invectives entre le ministre du Développement communautaire et de l’Equité sociale, Mansour Faye, et le leader de Pastef/Les patriotes, le député Ousmane Sonko. Interpellé hier, lundi 12 octobre 2020, sur le niveau du débat politique au Sénégal jugé souvent « en décalage avec les préoccupations des citoyens » par des observateurs de la scène politique, le Directeur de l’Ecole des hautes études en information et en communication (Heic Dakar) a estimé que «cet échange de propos aigre-doux entre Mansour Faye et Ousmane Sonko porte atteinte même à ce qui devrait être la communication politique ou l’échange de propos entre personnalités publiques et politiques».
Et pour cause explique-t-il, « on attend d’un ministre de la République dans le cadre de sa mission de gestion des affaires publiques, le sens de la hauteur qui sied à la mission puisqu’un ministre incarne une mission et non une fonction. On attend aussi d’un leader politique de surcroit député de la République qu’il puisse avoir une communication à la hauteur de ses ambitions ».
Poursuivant son analyste, le spécialiste de la communication politique renseigne : « ce qu’attend l’opinion publique sénégalaise de ces deux personnalités, c’est des débats d’idées et de positionnement parfois tranchés sur des questions précises qui impactent sur notre quotidien : la santé, l’éducation, l’économie, la gouvernance des institutions, des ressources naturelles et même la gestion de cette pandémie de Covid-19 ».
Par ailleurs, analysant la sortie maladroite du député et président du Conseil départemental de Ranérou appelant ses parents peulhs « à prendre des machettes et à attaquer ceux qui sont contre le troisième mandat du président Macky Sall ». Dr Momar Thiam a qualifié les propos d’Aliou Dembourou Sow d’«une catastrophe communicationnelle», non sans indiquer que ce dernier «ne respecte non seulement pas le président de la République qui est le garant de l’unité nationale» mais aussi «ne respecte pas le ministre Abdoulaye Daouda Diallo qu’il sort du cadre ministériel pour le positionner présidentiable comme un dauphin en le mettant ainsi en face de ses adversaires potentiels».
Poursuivant son propos, le spécialiste en communication politique d’évoquer trois raisons qui attestent, selon lui, que cette sortie du député Aliou Dembourou Sow «n’est pas une erreur de communication » mais plutôt un «dérapage du langage politique ». « La particularité des déclarations du président du Conseil départemental de Ranérou, c’est d’abord, qu’il est un député de la République et j’insiste sur ce mot République qui signifie l’ensemble des valeurs partagées par tout le monde et en tenant ce discours, il sort lui-même justement du registre de la République » a souligné d’emblée Dr Momar Thiam.
Avant d’ajouter : « en tenant donc ces propos, Aliou Dembourou porte également atteinte à l’image du député et à son honorabilité puisqu’il est dit député du peuple, de la République ». « Il porte également atteinte à l’image du président de la République qui, lui, dans sa communication, que ce soit dans des moments de silence ou de prise de parole, ne fait pas de distinction entre les ethnies, les confréries ou les localités. Je suis donc persuadé qu’en prononçant ces propos qui sont quelque part sanguinaires puisqu’il parle de machettes et même d’armes, c’est un discours va-t’en guerre qui n’a rien de politique et républicain pour la bonne raison que les acteurs ne sont pas des ennemis mais plutôt des adversaires qui peuvent après boire ensemble du thé», tranche Momar Thiam. Dans la foulée, il précisera que les propos du député Aliou Dembourou Sow ainsi que le débat entre Mansour Faye et Ousmane Sonko «montrent qu’au Sénégal, on n’a plus de maitrise du langage politique républicain qu’on apprend dans des écoles de parti».