LES CANDIDATS RECALÉS S'ASSIGNENT UNE NOUVELLE MISSION
Accusant le Conseil constitutionnel d'avoir bâclé le processus électoral, le Front pointe sa responsabilité dans la crise démocratique et réclame une réforme en profondeur. Il s'engage désormais à défendre la démocratie bien au-delà du 24 mars
SenePlus publie ci-dessous, la déclaration du Front démocratique pour une élection inclusive (FDPEI) datée du 19 mars 2024, à propos de la présidentielle du 24 prochain.
Le Sénégal, notre pays, autrefois incarnation reconnue du combat des Africains pour l’État de droit, a vu ses acquis démocratiques écornés par une haute institution en charge de l’échéance électorale de la présidentielle de 2024 dont pourtant elle est garante de l’ensemble du processus et du caractère transparent, démocratique et inclusif.
Le Conseil constitutionnel sénégalais, à n’en pas douter, entrera dans l’histoire institutionnelle, constitutionnelle, politique et juridique de notre pays comme étant très éloigné du modèle de la belle histoire du Droit au Sénégal telle qu’incarnée par l’honorable patriarche Kéba Mbaye et ses illustres compagnons, tous dignes pionniers et bâtisseurs de l’État sénégalais moderne.
Rien ne peut justifier qu’on ait pu entrainer notre système démocratique dans un tel labyrinthe ayant conduit à l’élimination injustifiable et inqualifiable de compatriotes candidats à la plus haute fonction de la République. Ces compatriotes ont été privés, au vu et au su de tous, de leur droit fondamental à concourir pour les suffrages des citoyens.
Nous le disons sans ambages, le service informatique du Conseil constitutionnel a délibérément et sélectivement manipulé et saboté les parrainages de certains candidats. Des manquements graves en attestent largement, des preuves irréfutables sont disponibles et le Conseil constitutionnel a tout validé. Sa détermination à maintenir le cap et sa volonté farouche de défendre l’indéfendable a éveillé plus que des soupçons allant jusqu’à des allégations graves de corruption.
Voici quelques perles de cet acharnement du Conseil :
- élimination à la chaine, arbitraire et irrespectueuse de candidats, parfois après cinq minutes de présence dans la salle pour « clé USB inopérante » ;
- fabrication du premier « cas zéro » de l’histoire électorale du Sénégal avec un candidat qui, malgré un dossier complet et en béton, a été déclaré « inexistant dans le fichier des électeurs » ;
- rejet en bloc des 38 réclamations présentées par les candidats injustement invalidés
- contre-vérités sur l’irrecevabilité de certaines réclamations prétendument non signées par le représentant du candidat alors que c’était bien le cas ;
- élimination pour bi-nationalité d’un candidat manifestement en règle au moment de l’appréciation d’un recours contre sa candidature ;
- refus des recommandations du Dialogue national et confirmation de la liste des 19 « candidats retenus » ;
- publication d’une décision fondée sur l’article 34 de la Constitution cité de façon ouvertement tronquée par omission de la dernière ligne qui allait à contre-pied de sa décision visant à évacuer le problème d’une candidate réellement binationale et injustement validée ;
- substitution à l’Exécutif pour arrêter de façon précipitée « la date du 31 mars pour la présidentielle » (date qui correspond à la célébration de la fête de Pacques par nos compatriotes chrétiens) avant de rétropédaler pour s’aligner par un communiqué sur la date du 24 mars du décret présidentiel ;
- validation de la violation de l’article sur la durée légale de convocation du corps électoral, cette fois-ci convoqué en 17 jours au lieu des « 80 jours au moins », sans oublier la durée de 3 semaines requise pour le premier tour comprimée en deux semaines sans autre motif qu’une précipitation injustifiable. Du jamais vu !
Tous ces hauts faits d’arme ont positionné le Conseil constitutionnel au cœur d’une des plus grandes crises de l’histoire politique et électorale de notre pays ! Il convient dès lors, dans les réformes en vue, de construire une institution alternative sous une forme qui ne lui confèrera pas de facto le privilège indu de « l’infaillibilité » et surtout de « l’impossibilité de recours » contre son interprétation (somme toute humaine donc faillible) du droit. C’est là une œuvre de salubrité démocratique et de consolidation de nos institutions et de notre gouvernance basée sur l’État de droit et sur le traitement équitable de tous les citoyens de ce grand pays.
Le Front démocratique pour une élection inclusive est fier de son bilan et surtout de son combat. Le Front a incarné avec courage le refus de la tentative d’intimidation tyrannique, politique, juridique, médiatique contre les véritables défenseurs de l’État de droit et des droits sacrés des citoyens. Eux et tous leurs compagnons du mouvement global des spoliés auront en définitive marqué l’histoire de notre pays en contribuant de façon décisive à la résistance à la tyrannie qui a toujours été le moteur de la lutte contre l’arbitraire et pour la défense des libertés.
Confronté à l’imminence de la tenue d’un simulacre d’élection et d’une présidentielle bâclée le 24 mars prochain et suite à de larges et fraternelles concertations, les leaders du Front démocratique pour une élection inclusive ont unanimement décidé de maintenir le Front et de lui assigner la mission de poursuivre et d’élargir le combat pour la préservation de l’État de droit, de la démocratie et du droit à des élections inclusives au Sénégal.
Des discussions et échanges entre leaders du Front ont permis de constater que certains membres du Front ont décidé de boycotter cette élection entachée à leurs yeux de graves irrégularités et injustices. D’autres leaders du Front ont érigé en principe de ne jamais boycotter une élection quel que soit le caractère déplorable de son organisation. D’autres ont décidé de s’en limiter à une simple consigne de vote en direction de leurs militants ou sympathisants. D’autres enfin ont décidé de collaborer avec une coalition pour peser sur le vote du 24 mars.
Au regard de tout cela, le Front, respectueux du pluralisme des visions et des obédiences politiques en son sein, a décidé de reconnaitre à chaque entité le droit de faire librement son choix. Toutefois, tous les leaders se sont engagés à l’unanimité à continuer de privilégier l’unité dans la lutte et de s’impliquer dans tout combat démocratique post 24 mars.
Ce faisant, ils rappellent qu’ils adhèrent à la belle sentence historique d’un grand et digne intellectuel sénégalais (le regretté philosophe progressiste Hamidou Dia) : « Il n’y a pas de destin forclos, il n’y a que des volontés molles et des responsabilités désertées ! »
En un mot comme en mille, pour les leaders du Front, avant et au-delà du 24 mars, la mission de protéger et de sauver le Sénégal devrait être le seul viatique qui vaille !