L’OPPOSITION ENTRE PRAGMATISME ET RÉSIGNATION
Après la défaite cinglante aux législatives anticipées, les partis traditionnels tentent de s'unir pour survivre. Une nouvelle coalition se dessine, rassemblant l'APR, la Ligue Démocratique et d'autres formations historiques. Le défi s'annonce colossal
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Le nouveau régime jouit d’une légitimité incontestable matérialisée par ses victoires spectaculaires à la présidentielle de 2024 et aux législatives anticipées qui ont suivi. Depuis, il est difficile pour l’opposition de revenir au-devant de la scène politique. aujourd’hui, elle est obligée de faire un bloc ou de disparaître.
Il faut avoir beaucoup de cran pour affronter le nouveau régime incarné par Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko. Ces derniers jouissent d’une légitimité incontestable avec pratiquement 55% de l’électorat sénégalais.
Aimés par les masses populaires, les leaders Patriotes ont une bonne assise politique sur toute l’étendue du territoire. Et il serait extrêmement difficile que des systèmes de contrepouvoir les décrédibilisent aux yeux de l’opinion. Parce que tout simplement, les gens leur accordent un délai de grâce. Mieux, ils n’ont pas encore commis d’erreurs monumentales, impardonnables.
Tout ceci étant, l’opposition aura du mal à faire vaciller l’actuel régime. La preuve, aux dernières élections législatives, une large coalition de l’opposition a vu le jour avec des partis comme l’APR, et Rewmi. Cette plateforme appelée “bloc des libéraux et démocrates” (BLD) - Takku était composée de 40 membres particulièrement des partis et autres mouvements nés des flancs du Parti démocratiquement sénégalais (PDS). A noter que celui-ci n’y faisait pas partie. La stratégie de l’opposition à l’époque, c’était de créer des blocs d’opposition au gouvernement, d'abord idéologiques et ensuite plus tard de blocs électoraux en direction des élections législatives. C’est ainsi qu'à la veille des élections législatives, la coalition dirigée par le PDS dénommée Wallu a noué une alliance avec BLDTakku. Malgré cela, PASTEF les a battus à plate couture aux législatives anticipées de novembre 2024.
Aujourd’hui, l’opposition essaye encore de former un nouveau bloc pour faire face au pouvoir. Le journal “Les Echos” a annoncé lundi dernier la création prochaine d’un nouveau front de l’opposition réunissant le bloc libéral conduit par l’Alliance pour la République (APR), des partis de gauche dont la Ligue Démocratique (Ld) et le Parti International du Travail(PIT) mais aussi Taxawu Sénégal, le Parti socialiste (PS) et l’Alliance des Forces progrès (AFP). Non sans préciser que le PDS ne fera pas partie de ce front.
FPDR, Mankoo wattu Senegal, FRN : ces coalitions politiques sous Macky Sall
Quoi qu’il en soit, l’opposition est obligée de faire bloc au risque de périr. Surtout que le nouveau régime a démarré la traque des membres de l’ancien régime. Une plateforme politique solide permettrait ainsi de riposter politiquement sur le terrain et d’allumer des contrefeux. Ces derniers consistent à épier de près la gouvernance du régime pour exploiter politiquement la moindre faille. Seul hic, on se demande si tous les membres de cette coalition accepteront de mener la riposte en ce qui concerne la traque lancée par le régime Diomaye.
En tout cas, des organisations de ce genre ne sont pas nouvelles sous les cieux sénégalais. Sous Macky Sall, dès la prise de pouvoir, de nombreuses coalitions politiques avaient vu le jour. On se rappelle le Front Patriotique pour la Défense de la République (FPDR) et plus tard Manko Wattu Sénégal. Cette dernière avait d’ailleurs réussi à imposer dans l’espace public le débat sur le caractère léonin de certains contrats pétroliers et gaziers signés entre le Sénégal et des sociétés étrangères. Dans une lettre ouverte, la plateforme politique avait interpellé à l'époque le président Macky Sall à faire toute la lumière sur l’implication de son frère dans l’affaire de la découverte du pétrole et du gaz. On se rappelle également le Front de résistance nationale (FRN) qui regroupait les grands partis de l'opposition, des mouvements citoyens, et des organisations sociales. Le FRN combattait principalement le parrainage citoyen. Non sans s’attaquer au bilan de Macky Sall en termes de gouvernance.