MARIE KHÉMESSE NGOM NDIAYE, UNE PRATICIENNE EN MISSION
L’arrivée de la Directrice de la santé à la tête du département ministériel procède d’un souci de confier le secteur à un acteur du sérail. Un vœu longtemps émis par nombre d’observateurs et de citoyens
La nouvelle ministre de la Santé et de l’Action sociale, Marie Khémesse Ngom Ndiaye, a, sans doute, pour mission de réorganiser et redorer le blason d’un secteur terni par une série de dysfonctionnements et de drames ayant entamé sa crédibilité auprès de l’opinion publique sénégalaise.
Le docteur Marie Khémesse Ngom Ndiaye a hérité jeudi du poste de ministre de la Santé après le limogeage d’Abdoulaye Diouf Sarr à la suite de l’incendie qui a coûté la vie à onze bébés, la veille au soir, à l’hôpital public de Tivaouane, localité située à une centaine de kilomètres de Dakar.
La séquence temporelle de sa nomination donne une indication sur sa principale mission : redonner confiance aux usagers dont la foi au système sanitaire a été sérieusement entamée.
Le drame de Tivaoaune est survenu moins de deux mois après la mort en couches à l’hôpital régional de Louga, dans le nord du pays, de Ndéye Astou Sokhna, une femme enceinte qui avait attendu en vain plus de 20 heures pour subir une césarienne.
Alors que l’émotion et l’indignation étaient encore vives, un nouveau-né, avait, par erreur, été déclaré mort et conduit à la morgue du centre hospitalier régional de Kaolack (centre). Le bébé, après avoir plus tard donné des signes de vie, avait rendu l’âme en dépit des efforts menés pour le ranimer.
Un an auparavant, quatre nouveau-nés avait péri dans un incendie survenu à l’unité de néonatologie de l’hopital public de Linguère, une localité de la région de Louga, dans le nord du pays.
Par ailleurs, nombreux sont les sénégalais qui sont très remontés contre des acteurs du secteur de la santé après avoir vécu des expériences désagréables dans des structures sanitaires. La mise en place, dans la foulée, d’un collectif dénommé ‘’Patients en danger’’ en est une illustration.
L’arrivée de la Directrice de la santé, une praticienne formée à la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), à la tête du département ministériel, procède d’un souci de confier le secteur à un acteur du sérail. Un vœu longtemps émis par nombre d’observateurs et de citoyens.
Au regard de sa formation académique, de son parcours administratif et de son passé dans le mouvement associatif et syndical, Marie Khémesse Ngom, en première ligne dans la riposte à l’épidémie de Covid-19 depuis son apparition au Sénégal, est en terrain connu.
Médecin et spécialiste en santé publique et en médecine du travail, elle a dès la fin de sa formation en 1991 à la faculté de médecine de Dakar, rejoint le district sanitaire de Thiès où elle a servi en tant que adjoint du médecin-chef de ce district. Neuf ans plus tard elle intègre le Bureau de suivi des activités des districts au ministère de la Santé.
‘’Je n’ai jamais voulu être loin des activités opérationnelles. Il fallait maîtriser ce qui se passe au niveau opérationnel pour pouvoir prétendre à certains postes de responsabilités’’, a-t-elle récemment déclaré lors d’une interview publiée sur la page Facebook de l’association des Femmes médecins du Sénégal.
C’est que l’ancien médecin-chef du district sanitaire de Dakar (2005-2015), première femme à occuper ce poste, adore les challenges au point de diriger plus tard le service de lutte contre les maladies au niveau de la tutelle.
‘’Il y avait à l’époque beaucoup de défis à relever. J’ai parcouru tout ce long chemin jusqu’à la direction de la lutte contre les maladies pour m’occuper aussi bien des maladies transmissibles que des maladies non transmissibles à soin couteux’’, avait expliqué la native du Baol, localité du centre du Sénégal.
L’engagement de la catholique issue d’une famille sérère s’est également par le passé manifesté dans le syndicalisme au point de gravir les échelons et devenir entre 2006 et 2011 la secrétaire générale du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (SAMES).
En fin de compte, la nouvelle ministre de la Santé, une ancienne militante de la Coix rouge, sait de qui tenir. Son défunt père travaillait dans l’administration, sa défunte mère était une couturière réputée de Mont-Rolland.
‘’C’est une grande bosseuse. Elle aime le travail bien fait et est d’une grande loyauté’’, a témoigné à son sujet, un de ses collègues, le docteur Babacar Guèye, dans un film documentaire réalisé par l’Amicale des femmes du ministère à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la Femme.