PR MARY TEUW NIANE VEUT CORRIGER LE DEPHASAGE CULTUREL DU SYSTEME EDUCATIF
Dans un entretien spécial accordé à L'As tv, Pr Mary Teuw Niane non moins président du Mouvement pour la transformation nationale (Mtn/MotnA) est revenu sur les grands axes de son programme, tout en mettant le curseur sur la réforme du système éducatif.
L'ancien ministre de l'Enseignement Supérieur veut un système éducatif adapté aux réalités socioculturelles du Sénégal. Dans un entretien spécial accordé à L'As tv, Pr Mary Teuw Niane non moins président du Mouvement pour la transformation nationale (Mtn/MotnA) est revenu sur les grands axes de son programme, tout en mettant le curseur sur la réforme du système éducatif.
Universitaire, ancien recteur de l'UGB et ex ministre de l'Enseignement Supérieur, Pr Marie Teuw Niane aurait manifestement commis un crime de lèse majesté de ne pas mettre l'accent sur l'éducation, dans son programme. C'est pourquoi le président du Mouvement pour la Transformation nationale (MTN/MOTNA) et candidat à l'élection présidentielle compte mettre l'éducation au cœur de ses priorités s'il est élu président de la République. «J'ai une vision de l'ensemble du système éducatif. J'ai une vision de l'enseignement supérieur que j'avais commencée à dérouler jusqu'en 2019. Mais j'ai une vision du système en entier», a fait savoir Pr Marie Teuw Niane lors de cet entretien accordé à l'AS TV avant d'ajouter : «Notre système, il est d'abord en déphasage avec ce que nous sommes. Nous parlons nos langues nationales, ce n'est pas dans le système. Nous sommes des croyants musulmans, chrétiens ou religieux traditionnels, ce n'est pas à l'école. Nous avons des valeurs de culture et de civilisation que nous ont laissées nos ancêtres, ça aussi, ce n'est pas à l'école. Il y a d'abord ce premier grand déphasage.» Le deuxième grand déphasage, d'après lui, c'est que pour construire le développement d'un pays, il faut des gens compétents et surtout une jeunesse compétente. «Or nous avons défavorisé la formation professionnelle. Donc il faut redresser cette insuffisance», prône-t-il en outre. Mettant toujours en évidence les grands axes de son programme sur le plan éducatif, l'ancien ministre déclare : «C'est pourquoi notre système éducatif introduira dès le début les langues nationales, l'enseignement des religions. L'enfant musulman apprendra sa religion musulmane. L'enfant chrétien apprendra sa religion chrétienne.» Dans les réformes qu'il prône aujourd'hui pour un système éducatif adapté, il y a, selon lui, l'introduction des valeurs de culture et de civilisation.
Dans le même ordre d'idées, il a indiqué aussi que son programme prendra en charge l'enseignement des métiers. Soulignant dans la foulée que l'Etat a péché sur ce plan. Déclinant toujours sa vision, Pr Mary Teuw Niane a estimé qu'il va soutenir l'Entrée en sixième. «En CM2 on ne fera que le certificat. Il faut permettre à tous les jeunes d'aller jusqu'au niveau de 10 ans. Mais en CM2, on les divise en deux. Une moitié va faire les cursus actuels mais renforcée en sciences et en technologie et en initiation à un métier, et l'autre moitié va faire ce qu'on appelle les collèges polyvalents de formation professionnelle et technique», renseigne le membre de l'Académie nationale sciences et techniques. Par ailleurs, il signale qu'après le Bac, il y aura, s'il est élu président de la République, les universités telles qu'elles existent aujourd'hui, les ISEP. «Et nous aurons les universités nationales technologiques. Et nous voulons en créer cinq. À Matam, à Mbacké, à Mbour, à Vélingara et à Tambacounda», promet-il non sans indiquer qu'ilfaudra introduire aussi le numérique dès le primaire.
S'exprimant par la même occasion sur la fermeture de plusieurs universités, l'ex-patron de l'enseignement supérieur affirme : «Je suis très peiné par la fermeture des universités qui est une très mauvaise chose. Pour nous, le socle de la transformation nationale que nous voulons, c'est l'éducation et la formation. C'est grave que la plus grande université sénégalaise puisse fermer ses portes depuis presque 6 mois.» Et de son avis, les mêmes causes ont produit les mêmes effets, à savoir la massification des universités. «Lorsque j'étais arrivé au ministère de l'Enseignement Supérieur en 2012, j'avais trouvé une université de Dakar autour de 100 mille étudiants, et l'une des premières préoccupations que j'ai eues, c'est de réduire le nombre d'étudiants en jouant sur l'orientation des bacheliers, en jouant aussi sur le fait qu'une partie des bacheliers était orientée vers le privé pour que l'université puisse accueillir un nombre correct d'étudiants. Quand je quittais, le cadre était à 76 mille étudiants. Mais malheureusement quand j'ai quitté, dès la rentrée suivante, le gouvernement a pris la décision de ne plus orienter les bacheliers dans le privé», révèle Pr Niane
«L'ETAT EST COUPABLE»
A l'en croire, l'État est d'abord coupable. «Parce que c'est l'Etat qui a produit la massification», s'insurge-t-il. Toutefois, il trouve inadmissibles les événements qui se sont passés à l'UCAD. Le temple du savoir, insiste-t-il, c'est ce qu'on a de mieux et la jeunesse, c'est le besoin qu'elle a : «le besoin de formation. Maintenant, il est du rôle de l'Etat de pacifier l'espace universitaire», trouve le candidat à l'élection présidentielle. Poursuivant son diagnostic, il précise: «On était arrivé à normaliser la situation. Et c'est ce retour en arrière qui est incompréhensible.»
«ON NE PEUT PAS ENLEVER LA POLITIQUE A L'UNIVERSITE »
Il rappelle aussi que c'est illusoire de vouloir enlever la politique de l'université. «Parce que d'abord, c'est là où on forme les cadres qui vont diriger la nation. S'ils n'apprennent pas la politique à l'université, où est-ce qu'ils vont l'apprendre ? Ça a été toujours comme ça et dans tous les pays du monde. Mais autant on a des idées politiques, autant l'université n'est pas un espace de confrontations partisanes. Il faut éviter d'en faire un espace de confrontations partisanes», recommande l'enseignant. Citant les exemples de Me Abdoulaye Wade, Cheikh Anta Diop, Abdoulaye Bathily, il pense que les professeurs membres de partis politiques sont nombreux. «Le débat n'est pas dans le fait qu'il y ait de la politique à l'université. Le débat, c'est d'éviter de faire de l'espace universitaire un espace de confrontations partisanes», prône-t-il.
Revenant sur sa candidature, il a fait savoir qu’à l'heure actuelle, ils ont dépassé les 50 mille parrains. Nous avons dépassé aussi les 8 régions où nous avons les 2 000 parrains. Donc nous remplissons les conditions pour être éligible au niveau de la présidentielle de 2024», rassure le candidat. Toutefois, il a demandé pour la prochaine fois que les candidats qui ont des députés ne puissent pas participer au parrainage citoyen.