SOHAM WARDINI, SYMBOLE DE LA CONTINUITÉ
À l’issue d’un conseil municipal réuni en session extraordinaire ce samedi 29 septembre, l'ancienne première adjointe a été élue maire de Dakar - Pour ses partisans, cette victoire est également celle de Khalifa Sall
Ils sont 83 conseillers municipaux à s’être succédé, samedi 29 septembre, derrière le tissu en satin beige de l’isoloir de la salle du conseil, au premier étage de l’Hôtel de ville de Dakar. Une procession qui aura duré à peine plus d’une heure, au terme de laquelle Soham El Wardini est devenue la première femme maire de la capitale sénégalaise. Elle sera chargée de mener à son terme le mandat de Khalifa Sall, révoqué le 31 août dernier.
Sur 88 votes comptabilisés (certains par procuration), 64 sont allés à l’ex-première adjointe de Khalifa Sall, lui offrant une large victoire dès le premier tour. Un résultat sans surprise pour les élus de la coalition Taxawu Dakar, majoritaire au conseil. « La ville va opter pour la continuité, donc voter pour Soham El Wardini qui a assuré l’intérim depuis l’incarcération de Khalifa Sall en mars 2017« , assurait le conseiller municipal Bamba Fall avant l’ouverture du scrutin.
Au fond de la salle, Banda Diop, le maire de la commune de Patte d’Oie, affiche un visage fermé derrière les épais carrés noirs de ses lunettes. Depuis le 17 septembre, cet ancien proche de Khalifa Sall, lui aussi membre de Taxawu Dakar, s’est lancé en solo dans la course à la mairie. Dans son sillage, Moussa Sy, conseiller municipal et second adjoint de Khalifa Sall, a annoncé sa candidature in extremis, à la veille du scrutin. Ils ont obtenu respectivement 11 et 13 voix. « Toutes les obédiences politiques sont représentées dans ce conseil municipal, il est donc naturel que tout le monde n’ait pas été derrière Khalifa », analyse Dada Mboup, une sympathisante de l’ancien maire incarcéré venue assister au vote dans le public.
En terrain conquis
Si Soham El Wardini a souhaité jouer l’apaisement, proposant de « tendre la main » notamment à Moussa Sy, avec qui elle collabore depuis 2009, nombre de soutiens de Khalifa Sall ont vu dans ces candidatures dissidentes une trahison fomentée par le camp au pouvoir. Pris à partie dans la salle du conseil, Moussa Sy et Banda Diop sont sortis de l’hôtel de Ville sous les sifflets et les injures, rudement bousculés par des militants que le service d’ordre a eu toutes les peines du monde à maîtriser.
Un miroir inversé de l’accueil réservé à Soham El Wardini, en terrain conquis ce samedi. Dès son arrivée sur l’estrade, la nouvelle édile a déclenché les vivats des conseillers. Lors du décompte des bulletins verts, couleur qui la représentait, de vives ovations se sont élevées depuis le parvis de la mairie, où s’étaient massés des partisans avides de suivre le décompte se tenant un étage au-dessus de leurs têtes.
Prochaine échéance : décembre 2019
Pour les soutiens de la nouvelle maire, « la victoire de Soham El Wardini est celle de Khalifa Sall ». L’édile promet de faire honneur aux Dakarois en poursuivant les projets initiés avec le maire incarcéré, tout en conservant les équipes de ce dernier. Si elle dit ne pas encore s’en soucier, Soham El Wardini a devant elle l’échéance électorale du 1er décembre 2019, date des prochaines élections locales.