LES CANCÉREUX DE LE DANTEC DANS UN DÉSARROI TOTAL
Dans le plan de redéploiement des différents services de l’hôpital Aristide Le Dantec pour reconstruction, le suivi du traitement des malades du cancer est prévu à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye et à l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba
Face à la question de l’archivage du dossier médical du malade et du déficit de logistique au niveau des sites d’accueil, le ministère de la Santé et de l’Action sociale va devoir établir un nouveau plan de déploiement du grand service de cancérologie de l’hôpital Aristide Le Dantec.
Dans le plan de redéploiement des différents services de l’hôpital Aristide Le Dantec pour reconstruction, le suivi du traitement des malades du cancer est prévu à l’hôpital Dalal Jamm de Guédiawaye et à l’hôpital Cheikh Ahmadoul Khadim de Touba pour ceux venant des régions. Mais 15 jours après le déménagement des différents services de Le Dantec, la cancérologie n’a toujours pas pu déployer ses matériels et transférer ses malades et son personnel. C’est une révélation du directeur de l’Institut de Cancérologie de l’hôpital Aristide Dantec. «Pour le moment, aucun site d’accueil n’est prêt pour recevoir les malades du cancer. Aucun service n’a bougé. Ce n’est pas un seul service. Quand j’ai posé la situation au niveau du ministère de la Santé pour dire que la cancérologie, ce n’est pas un seul service, c’est plusieurs services, et que les archives sont ultra importantes pour la gestion des malades, et la stratégie de traitement sont établies de manière collégiale. Il faut des délais.
Et il faut respecter les délais entre les différents types de traitement. Ce n’est pas un déménagement qui se fait suivant des deadlines où il faut dire qu’à partir de telle date, il faut qu’il n’y ait personne. Non, non ! Cela ne peut pas se faire comme ça. Jusqu’à aujourd’hui, nous n’avons pas de site d’accueil précis pour que le personnel puisse se déployer et que le matériel puisse être déplacé et que la transition puisse se faire sans qu’il y ait d’impact négatif sur la survie. Parce qu’il y va de la survie des malades du cancer», a fait savoir Pr Mamadou Diop.
Selon le cancérologue, la contrainte majeure, c’est l’archivage. C’est le dossier médical. «Le dossier médical, il suit le malade. C’est un même dossier médical où il y a toutes ses analyses, tous ses résultats de radiologie, tous ses résultats d’anapat, la preuve de son cancer. Mais il y a aussi les protocoles de traitement que ce soit la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Alors, si ces différentes spécialités sont dispersées, comment est-ce que le dossier va voyager ?». C’est aujourd’hui cette grande question que se pose tout le personnel du service de cancérologie de l’hôpital Le Dantec. Le suivi du dossier du malade est donc la grande problématique qui doit être réglée dare-dare pour éviter de compliquer davantage le traitement du patient cancéreux.
En plus de cette question liée à l’archivage, se pose également une autre plus prégnante. Il s’agit du déficit de logistique dans les structures devant accueillir ces malades à savoir «Dalal Jamm» et «Cheikh Ahmadoul». A ce propos, Pr Diop explique les difficultés de l’hôpital Dalal Jamm. «Les accélérateurs sont à l’arrêt depuis quelques jours, alors qu’il y a des malades en traitement continue. On ne peut pas les interrompre pour déménager. Il faut assurer la poursuite du traitement», dit-il.
Alors que «Dalal Jamm» n’a jusque- là pas rempli les conditions pour une bonne radiothérapie des patients, au niveau de Touba, le médecin cancérologue note un «double problème». «Actuellement, l’appareil n’est pas fonctionnel, en plus de cela, si vous envoyez des malades à Touba, l’hébergement, il faudra y penser parce la radiothérapie c’est du lundi au vendredi pendant à peu près un mois». Sans compter les soins palliatifs pour «ceux-là qui sont en fin de vie et qu’on ne peut pas guérir, mais à qui on peut apporter du soulagement en luttant contre la douleur, l’anémie...».
Autant de difficultés qui préoccupent aujourd’hui la présidente de l’Association Cancer du Sein au Sénégal, Mme Mame Diarra Guèye Kébé. «Ce qui nous inquiète, c’est cette précipitation qui se fait. Du jamais vu. On ne ferme pas un hôpital de cette façon. C’est ce que nous déplorons. Nous nous battons depuis des années pour le relèvement de ce plateau technique. Mais je pense que toute chose a un préalable. Il faut penser à ceux qui sont déjà là et qui sont malades et qui sont sous traitement. Ce n’est pas organisé et cela nous inquiète. Les malades sont carrément dans le désarroi», s’est-elle indignée par rapport à ce véritable problème de coordination et de communication lié au transfert des services de cancérologie, leurs malades et le personnel soignant dans des sites accueillants. Lesquels, pour le moment, ne sont «pas bien portants».
Maintenant qui va accueillir les malades de cancers de Le Dantec dans un délai si court ? Comment va-t-on coordonner les soins et les rendez-vous entre les différents types de traitement chez les malades ? Deux problématiques majeures qui constituent aujourd’hui le frein au redéploiement des différents services de cancérologie de l’hôpital Aristide Le Dantec au niveau des structures accueillantes.