UN MOT D’ORDRE BIEN SUIVI, LES PATIENTS DANS TOUS LEURS ÉTATS
Une décision qui fait suite à l’arrestation de quatre sages-femmes et de la mutation du directeur de l’hôpital de Louga après le décès de la parturiente Astou Sokhna à la maternité de l’établissement.
L’appel des syndicats de la santé du public d’observer une journée sans soins, ni accouchement dans les maternités du pays a été largement suivi dans les structures de santé visitées hier, jeudi, à Dakar dont certains ont tout simplement fermé les portes. Une décision qui fait suite à l’arrestation de quatre sages-femmes et de la mutation du directeur de l’hôpital de Louga après le décès de la parturiente Astou Sokhna à la maternité de l’établissement.
Ils étaient très nombreux à se rendre hier, jeudi, dans les structures de santé pour des soins ou encore pour honorer leur rendez-vous médical. Comme à l’accoutumée, beaucoup de patients ne se doutaient pas qu’ils ne seront pas reçus à cause d’une grève générale. La sécurité devant l’entrée des structures de santé était la limite pour plusieurs malades. Le mot d’ordre était partagé au niveau des agents de la sécurité à savoir : « les médecins n’ont pas travaillé, ils sont en grève ainsi que les prestataires de soins ». D’autres ont préféré se rendre à leur service de soins pour constater l’acte posé par les acteurs de la santé de visu. A l’intérieur, tout comme à l’extérieur de certains hôpitaux, les patients veulent connaitre le motif de la grève des acteurs de la santé. Les mieux informés tentent d’expliquer les profanes. Un débat qui va dans tous les sens s’installe. Par contre, certains ont cherché à se rabattre dans d’autres structures de santé du public dans l’espoir de trouver un répondant pour soulager leurs maux. Seules les urgences sont fonctionnelles et là encore, ce n’est pas tout le monde qui peut se faire soigner. Dans les maternités, l’accueil est fermé. Pas de consultation, ni d’accouchement dans plusieurs structures sanitaires de la place. Les césariennes programmées ont été tout bonnement reportées si ce n’est une véritable urgence. Un mot d’ordre largement suivi à Dakar, comme l’a préconisé le secrétaire général du Syndicat autonome des médecins du Sénégal, Dr Yéri Camara, porte-parole du collectif des syndicats de la santé qui a vu le jour avec l’affaire Astou Sokhna. Pour ce dernier : « nous demandons aux agents des différents syndicats de travailler la main dans la main pour lutter contre le manque d’équité dans le traitement des agents de la fonction publique au détriment des agents de santé ».
UNE JOURNÉE DE FRUSTRATION
Les patients n’ont pas manqué de ruer hier, jeudi, dans les brancards après la journée sans soins décrétée par tous les syndicalistes de santé pour manifester leur mécontentement après la mise sous mandat de dépôt de quatre personnels de santé dans l’affaire Astou Sokhna, décédée dans la maternité de l’hopital de Louga. Pour les patients qui se sont rendus dans les structures de santé, c’est un manque de respect et de considération à leur égard. « Les médecins ont fait le serment de soigner les malades en toutes circonstances. Ce n’est pas normal, qu’ils vaquent en même temps les services. Ils doivent tous être poursuivis pour non-assistance à personne en danger », a lancé un homme, la cinquantaine révolue et souffrant d’une maladie chronique. Salimata Sow est-elle accompagnante, elle a amené son fils en soins pédiatriques. Selon elle, son enfant est mal en point et souffre de pathologies respiratoires. « Je suis stressée. Le personnel de santé de l’hôpital Cto n’a pas travaillé et mon fils souffre. Une réalité que la prise en charge fait défaut dans les structures de santé mais il faut aussi reconnaitre que les meilleurs soins sont aussi procurés dans ces lieux », a-t-elle avancé. Tout en demandant au gouvernement de trouver un consensus pour une reprise des soins.
LES CLINIQUES ET DISPENSAIRES PRIVÉS FONT LE PLEIN
Au niveau de l’hôpital Idrissa Pouye de Grand Yoff tout comme dans d’autres établissements comme Samu municipal, Abass Ndao ou encore le centre Gaspard Kamara, les références se font à la porte par les agents de sécurité. Des malades qui ne peuvent pas attendre sont obligés de recourir dans le privé et ce sont les agents de sécurité qui viennent à leur rescousse pour les guider ou les renseigner. Si certains qui ont les moyens ou une prise en charge choisissent d’aller se faire consulter dans les cliniques, d’autres par contre ont pris d’assaut les dispensaires des bonnes sœurs. Selon une infirmière dans un établissement de santé catholique, ils ont enregistré du monde. « Débordés, nous l’avons été. Jusqu’à 14h, il y avait beaucoup de patients en attente de soins. Nous avons fait appel à l’administration et tout le monde a porté la blouse pour répondre à la demande qui allait de simples consultations à une hospitalisation temporaire, des visites prénatales à la vaccination des enfants entre autres » a-t-elle renseigné.