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23 novembre 2024
Culture
SUR LES TRACES DU MARIAGE FORCÉ
Le film du réalisateur sénégalais, « Goufdé » a été diffusé à la clôture du festival Saint Louis Docs. Ce documentaire de 56 minutes donne la parole à des femmes victimes de cette pratique portant ainsi un regard critique sur cette tradition détourné...
Le film du réalisateur sénégalais, Oumar Bâ « Goufdé » soulève le voile d’un combat des femmes Peulhs. Ses grandes royales des temps modernes sont vent debout pour éradiquer une coutume séculaire, le « Goufdé », qui est un kidnapping de jeunes filles promise afin de la marier sans dote ni dépense.
Tradition est-elle toujours sagesse ?
Le film du réalisateur sénégalais, « Goufdé » a été diffusé à la clôture du festival Saint Louis Docs. Ce documentaire de 56 minutes donne la parole à des femmes victimes de cette pratique portant ainsi un regard critique sur cette tradition détourné de son objectif de base, sous le soleil de la modernité.
Oumar Ba pose, subtilement, le viseur de sa caméra dans un décor de fouta célébrant un mariage, une réception et la jeunes mariée montrant fièrement ses mains teint au henné.
Un autre plan obscur d’un coucher du soleil annonce une réalité clairE obscure, la question de l’enlèvement des jeunes filles par « un fiancé » afin que le mariage soit prononcé sans payer la dote et/ou faire des dépenses de fête.
Seulement, toutes les adolescentes rêve de célébrer, l’un des jours les plus importants de leur vie, le mariage.
Pis, toutes les victimes du « Goufdé » sont intransigeantes sur la question. Elles sont contre la pratique du « Goufdé ».
Des jeunes filles entre 14 et 15 ans, pour la plus part, posent devant l’objectif de la caméra, certaines pudique, moins confiante que leurs mers plus expérimenter.
Le « Goufdé », c’est, disent-elles, « un mariages de forcés ». C’est un mariage précipité explique, un enseignent, dans une classe d’alphabétisation… dans un élan de sensibilisation.
Quelles est la ligne de démarcation entre us et coutumes et violence ?
Une victime narre que c’est à ses 14 ans que des amis d’un « fiancé », l’ont obligé, suite à son rapt « Goufdé » à être docile, sous la menace… Ce, sous le caché de la coutume de la communauté peulh de rapt de jeunes filles, « Goufdé ».
Les plans fixes mettent en scène une vielle pratique, à mi-chemin entre mariages forcés et tradition, qui perd de plus en plus de crédibilité au fil des âges.
Mais certains hommes essayent de justifier la pratique invoquant la question économique. C’est même un « business pour certains charretiers Goufeurs », qui poussent le bouchon avec une préparation mystique avant de faire l’opération. Pour ces derniers, essentiellement masculin, « le Goufdé, c’est une réalité ». Le protagoniste soutient la pratique, sous un arrière-plan d’un marché de bétail.
Des femmes vent début pour combattre cette pratique d’une autre époque.
La leaders du groupement utilise son téléphone, symbole de modernité, pour convier la réunion enfin de faire front commune et lutter contre la pratique du « Goufdé ».
La pratique, selon les femmes cause des « souffrances dans les ménages… ».
Au marché de légumes, elles s’activent pour assurer une certaine autonomie.
L’éducation des filles kidnappés, au nom du « Goufdé », est interrompu et des rêves brisés dans la foulée.
Les mères impuissantes clament que le « Goufdé, c’est mauvais… », remettant ainsi en cause une pratique d’une société, patriarcale, conservatrice.
La pratique est réfutée, « c’est un mariage forcé ». Des flash-back mettent en lumière la cérémonie de mariage et toute sa beauté…
Le combat des femmes lui est lancé pour que la pratique disparaisse.
La sensibilisation est mise en branle dans une communauté ou presque toutes les femmes sont touchés, de près ou de loin, par le phénomène.
A côté des plaintes des mères, de jeunes filles se prononcent également sur les risques d’accidents blessures graves… lors d’opération de rapt.
Dans cette communauté musulmane (prière en groupe), un goufeur dit avoir kidnapper neuf fois, à son avis, c’est une réalité. Les femmes, elles, tirent la sonnette d’alarme sur le fait qu’à « 14 15 ans, c’est trop tôt pour une fille de se marié et tenir un foyer ».
Le goufeur, (dans le film) lui a marié sa femme dans les règles de l’art en payant la dote et organisant une fête et sa fille est contre la pratique ainsi que sa femme mais l’homme est pour la perpétuation de la pratique.
Le réalisateur film ainsi la parole. La force de ce film réside dans la capacité de glisser dans le comique pour discuter de question sensible.
Les femmes pensent que cette coutume doit être tout simplement banni, « sa cause du tort, trop d’atrocités », la tristesse se lit dans le regard des femmes victimes.
Le chant de yéla de femmes et des hommes donnant des billets de banque apaise les esprits. Le débat est posé sur la place publique à travers une émission télé sur la question de la perpétuation ou l’éradication du « Goufdé ».
Les positions sont tranchés pour les femmes la pratique « peut être dangereuse ».
Les filles sont ambitieuses et la pratique donne un pieds de nez à leurs instructions
Pour elles c’est des pratiques des hommes… Elles prônent le respect des règles du mariage.
Les hommes eux invoquent la question économique pour justifier la pratique. Ils estiment que le Goufdé peut être adapter.
Comment ?
Les femmes sont formelles, « c’est une forme de violence ». Elles sont donc, contre les mariages forcés. Pour elles, le combat c’est pour améliorer les conditions des femmes. Tradition n’est pas toujours sagesse.
MULTIPLE PHOTOS
GUAL BI TER, UNE ŒUVRE POIGNANTE QUI QUESTIONNE L'IMMIGRATION ET LE DÉVELOPPEMENT
Une pirogue coupée en deux exposée à Ouakam. Derrière cette œuvre choc se cache une réflexion sur l'immigration clandestine et ses conséquences. L'artiste Moussa Ndiaye questionne aussi les difficultés des communautés côtières à travers ce symbole fort
L'artiste sénégalais Moussa Ndiaye frappe fort avec sa dernière création, "Gual bi Ter". Cette installation monumentale sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles attire l'attention sur les réalités complexes de l'immigration et les défis auxquels sont confrontées les communautés côtières au Sénégal.
"Gual bi Ter" met en scène une pirogue coupée en deux, symbole puissant des tragédies humaines liées à l'immigration clandestine. L'œuvre invite à une réflexion profonde sur les motivations des migrants, les dangers qu'ils encourent et les conséquences de ces migrations sur la jeunesse.
"Gual bi Ter" est une composition artistique soigneusement élaborée, mettant en scène une pirogue chargée d'histoire. Ayant chaviré sur la plage de Ouakam, cette embarcation venue d’ailleurs a été le théâtre d'une tragédie humaine, transportant des migrants clandestins cherchant un avenir meilleur en Europe. L'œuvre explore visuellement cette histoire en positionnant les deux moitiés de la pirogue à la verticale, se faisant face et créant un espace entre elles qui offre une vue suggestive sur la mer. L'installation évoque une pirogue inclinée vers le ciel, remettant en question l'image traditionnelle dans la culture lébou d'une embarcation pointant vers l'océan.
Ndiaye explore également d'autres thématiques cruciales, telles que la pêche infructueuse, les pertes foncières et le manque de perspectives d'avenir pour la jeunesse. Son message est clair : il est urgent de trouver des solutions durables aux problèmes qui touchent les communautés côtières sénégalaises mais aussi à ces voyages périlleux qui impactent toute une génération en désespoir sur tout le continent africain.
Un geste de résistance artistique face à la prédation foncière
Le choix d'installer "Gual bi Ter" sur la plage Jean le Fèvre à Ouakam sur les Mamelles n'est pas anodin. Cette plage, lieu symbolique et cher aux Lebou de Ouakam, était menacée par une prédation foncière. En choisissant d'y installer son œuvre monumentale, Moussa Ndiaye a posé un geste de résistance artistique, attirant l'attention sur cette problématique et empêchant la destruction de ce site patrimonial.
La dimension monumentale de l'œuvre a imposé le respect et a contribué à clore le débat sur l'avenir de cette plage. "Gual bi Ter" est devenu un symbole de la lutte contre la prédation foncière et un rappel de l'importance de préserver le patrimoine culturel et naturel du Sénégal.
"Gual bi Ter" est une œuvre d'art puissante et émouvante qui ne manquera pas de susciter des débats et réflexions. C'est une invitation à repenser nos perceptions de l'immigration et du développement et à agir pour un monde plus juste et équitable.
Un dialogue ouvert et constructif
L'objectif de Moussa Ndiaye n'est pas de donner des leçons ou de proposer des solutions toutes faites. Il s'agit plutôt d'ouvrir un dialogue, de susciter la réflexion et d'encourager une prise de conscience collective. Son art agit comme un catalyseur de discussions et d'actions, permettant de faire avancer la cause des communautés marginalisées et de construire un avenir meilleur.
"A travers cette œuvre je cherche à donner une voix visuelle aux réalités difficiles de l'immigration et à stimuler une prise de conscience sur les défis complexes auxquels font face les communautés côtières au Sénégal mais aussi la jeunesse africaine les poussant vers ces périlleux voyages. Je souhaite inspirer un dialogue ouvert et constructif sur ces enjeux."
UN BUDGET DE 200 MILLIONS FCFA POUR LE FESTIVAL DE JAZZ DE SAINT-LOUIS
La 32ème édition aura lieu du 16 au 20 mai prochain dans la ville tricentenaire. L’annonce est faite par les responsables du comité d'organisation regroupés au sein de l’Association Saint-Louis Jazz
La 32ème édition du Festival International de Jazz de Saint-Louis aura lieu du 16 au 20 mai prochain dans la ville tricentenaire. L’annonce est faite par les responsables du comité d'organisation regroupés au sein de l’Association Saint-Louis Jazz. Un festival qui, depuis 2016, est inscrit dans le catalogue des plus grands festivals du monde et qui draine des milliers de festivaliers provenant de toutes les contrées du monde. « Le Festival International de Jazz de SaintLouis est un événement d'envergure mondiale qui participe grandement à l'essor de l'économie locale, avec le plein affiché par la quasi-totalité des réceptifs hôteliers de Saint-Louis et environs », a rappelé Idriss Bengéloune, Président du Comité d’organisation de ce Festival de Jazz.
Cette année, la programmation est accentuée sur les artistes locaux pour promouvoir leurs talents à travers la scène Off du festival. Les organisateurs prévoient également comme d’ordinaire des échanges musicaux, un Masterclass entre jeunes talents et musiciens confirmés, des foires artisanales et commerciales sur le quai Masseck Ndiaye, pour permettre aux commerçants et artisans d'écouler leurs produits et oeuvres et nouer des partenariats. À cela s’ajoutent aussi des projections de films qui sont prévues dans le but de sensibiliser les populations sur certaines problématiques de l’heure.
La grande scène « In » aura lieu à la place Baya Ndar ex-Faidherbe où il est attendu la prestation de plusieurs artistes talentueux de renommée internationale à l’image de Rafael Pannier de la France ; Carmen Souza du Portugal ; Chan Dominguez d'Espagne ; Sophie Lukacs du Canada ; Banz Oester And the Rainmakers de la Suisse et de l'Afrique du Sud. Sur la même lancée également, nous pouvons citer Ben Aylon et Aly Ndiaye Rose (fils de feu Doudou Ndiaye Rose) et les rosettes ; les mythiques findifeer du Sénégal et le grand Denis King des États-Unis qui clôturera cette 32ème édition du Festival International de Jazz de Saint-Louis.
Pour l’heure, les organisateurs croisent et prient tout en espérant une présence effective des autorités étatiques, tout comme la mairie de Saint-Louis pour accompagner et soutenir cette entreprise chère à Saint-Louis et porteuse de rayonnement touristique de la vieille cité et qui réaffirme la culture comme composante fondamentale du développement durable. Le budget de ce Festival avoisine les 200 millions FCFA pour reprendre les propos de Fara Tall, membre du Comité d’organisation.
ITINÉRAIRES ARTISTIQUES DE SAINT-LOUIS : UNE VITRINE DES PLASTICIENS
L'exposition est une plateforme qui offre une visibilité aux artistes.
La 10ème édition des « Itinéraires Artistiques de Saint-Louis » célèbre une décennie d’engagement envers les arts plastiques. L’évènement lancé le 04 mai, au Musée CRDS de la vieille ville dure jusqu’au 10 juin 2024.
L’exposition des « Itinéraires artistiques de Saint-Louis » est une plateforme qui offre une visibilité aux artistes participants à cette manifestation culturelle célébrant sa dixième édition, a indiqué le commissaire de l’exposition en marge du vernissage tenu samedi au Centre de recherches et de documentation du Sénégal (CRDS).
Omar Diack pense que « cet évènement est une tribune qui permet à beaucoup d’artistes de rayonner au plan national ou international… ».
Il soutient dans la foulée, l’apport de l’évènement inscrit dans l’agenda culture chez les créateurs. « Cette manifestation offre l’occasion à beaucoup de jeunes artistes de confirmer leur talent (…) ».
Les itinéraires artistiques de Saint-Louis sont initiées depuis 2013, par la structure, « Ndar création » de l’artiste, Abdou Karim Fall. Pour ces dix ans d’existences, elles accueille 263 artistes exposant 519 œuvres dont 89 ont été vendues.
« Cette belle initiative, au-delà de la valeur artistique et culturelle, légitime de fort belle manière la décentralisation, la démocratisation de la culture », explique la directrice de la Galerie nationale d’art.
Anne Marie Faye magnifie « l’originalité, la créativité et la richesse des productions artistiques de nos artistes et des étrangers ».
Selon elle, « le ministère va continuer à accompagner cette initiative au plan institutionnel et financier ».
Abdou Karim Fall a, lui, remercié la directrice du CRDS, Fatima Fall, pour avoir ouvert durant ces dix ans d’existence, cette institution aux « Itinéraires artistiques de Saint-Louis ».
Cette collaboration a permis, dit-il, à dix-huit artistes américains qui ont un partenariat avec le CRDS, de participer à cette édition.
Il a également remercié la fondation Cuemo qui accompagne depuis le début.
Il y a aussi la participation d’artistes de la France, de la Gambie, de la Mauritanie, du Burkina Faso et de la France.
Outre les artistes saint-louisiens, des participants viennent aussi des régions de Dakar, Thiès, Louga et Ziguinchor.
Par Amadou Lamine SALL
NON, LA BIENNALE DAK’ART N’EST PAS HOSPITALISÉE
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant. Mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir
Radioscopie oui, autopsie non ! Le Dak’Art est bien vivant ! mais il faut toujours commencer par le commencement : remercier l’État du Sénégal !Ne jamais oublier ceux qui vous ont aidé à grandir. On dit souvent : « l’État n’a pas tout fait ». Avec le Dak’Art, il a tout fait. De 1990, date de sa création jusqu’à la prochaine édition de novembre 2024, près de 34 années se sont écoulées et l’État assume toujours le budget du Dak’Art. Ce n’est pas peu.
Moche, belle, pauvre ou riche, la Biennale a tenu, parce que l’État a tenu. Elle est née d’une volonté politique partie d’un rêve et d’une initiative du poète Amadou Lamine Sall et d’intellectuels qui le rejoindront dont le surdoué Moustapha Tambadou et l’écrivain Cheikh Hamidou Kane qui deviendra le 1er Président en exercice de la 1ère édition de 1990. Il y a eu surtout l’affirmation d’un homme : feu Moustapha KA, alors ministre de la Culture du Président Abdou Diouf. Les archives sont là pour tout attester. Une correspondance adressée au Président Abdou Diouf pourinstituer une « Biennale internationale des lettres et des arts », dans son appellation première, aura un écho favorable. Une réponse signée par un certain Jean Colin, Secrétaire Général de la présidence de la République de l’époque, nous donnera le feu vert.
L’année 1990 accueillit alors l’édition des Lettres. L’an 1992 celle des Arts, avant que Amadou Lamine Sall ne passe la main comme 1er Secrétaire Général en exercice. La Biennale devient alors une « Biennale de l’art africain contemporain », contre sa volonté, sous Madame le ministre feue Coura Ba Thiam. Son successeur, le brillant Rémy Sagna, fut d’une compétence hors norme. Pas un seul Secrétaire Général de la Biennale ne doit être omis dans les félicitations. Les ministres de la Culture également, même si certains nous laissent des souvenirs bien douloureux, à vite oublier.
Le Dak’Art est un tout. C’est l’œuvre d’une formidable famille depuis sa naissance. Pour l’histoire, nous avions convaincu le très chic et couru « BeauxArts Magazine » de Paris, dont le directeur de publication était Jean-Noël Beyler, de publier sous forme de numéro spécial, le catalogue de la Biennale des arts 1992, pour plus de rayonnement international. Même souvent en décomposition très avancée, le Dak’Art gagna et étonna le monde. Sa permanence, la foi des acteurs qui l’animent, la forte demande artistique africaine, l’encrage de la place de Dakar comme foyer ardent des arts depuis Senghor, la résonnance des galeristes dakarois, l’engagement admirable des critiques d’art nationaux, le travail colossal des journalistes culturels laissés à eux-mêmes, avec le nom du brave et inépuisable Alassane Cissé à retenir. Autant de dynamiques plurielles qui nourrissent la pérennité du Dak’Art.
Il est temps, désormais, que l’État du Sénégal dont nous ne cesserons jamais de louer l’action, accepte enfin de franchirle pas et de donner à la Biennale un statut décisif qui sied à ses missions, dû-t-il garder avec elle un cordon ombilical protecteur. Cela pourrait être sous la forme d’une « Fondation internationale d’utilité publique » dénommée, entre autres, « Fondation Art Mécénat International ». Cette proposition date déjà des années 92. Mais les États sont un peu comme les continents qui se déplacent plus lentement que les hommes. L’État est lent, comme figé. Combien d’études ont été financées sur le renouveau du statut de la Biennale pour aboutir à des rapports laissés aux rats dans les tiroirs des ministres ? En un mot, il ne s’agit de rien d’autre que de créer un outil performant et gagnant, un réservoir précieux de ressources humaines qualifiées, aptes à conduire le Dak’Art, à lui offrir l’opportunité d’aller capturer des financements internationaux hors de portée d’un État, pour mieux assurer l’avenir toujours chancelant mais incroyablement debout d’une Biennale unique en Afrique et désirée du monde.
Jean Loup Pivin, critique d’art, auteur d’essais sur les expressions contemporaines africaines, également fondateur de la célèbre « Revue Noire » écrit ceci : « …la survie de la Biennale ne viendra que dans son externalisation à une structure tiers sénégalaise avec un droit de regard sur la probité de sa gestion, soit avec un État qui continue mais arrête de faire croire qu’il sait faire… le Sénégal ne capitalise pas ce formidable engouement, mais au contraire le détruit. Sa gestion étatique remet en question sa crédibilité et interdit tout autre forme de financement… Qu’un pays, le Sénégal, s’investisse dans la propagation de sa vitalité reste à célébrer. Mais qu’il en finisse avec le bricolage organisationnel ». Enfin, Pivin fait sa propre évaluation de l’édition Dak’Art 2016, allant du choix des commissaires, aux productions et expositions, au colloque international « invraisemblable de désorganisation et sans traducteurs… aux torpeurs du Village des arts, un village atone, des artistes assoupis qui vous accueillent comme des marchands maladroits d’une galerie de misère … le non-retour des œuvres quand elles arrivaient à être dédouanées et exposées… un programme inaccessible … Il semblait qu’il n’y avait pas de pilote dans l’avion ». Oui, les critiques sont nécessaires, même quand elles font mal. Hélas, nous n’en avons pas la culture !
Le Dak’Art pourrait s’autofinancer si on lui accordait l’autonomie adéquate et laisser enfin l’État sénégalais souffler. Ce n’est pas l’argent qui manque chez les bailleurs. Il fait florès. La Biennale est « vendable ». Elle est crédible, créatrice d’emplois, de visibilité et elle rayonne. Ce qui a fait jusqu’ici défaut, c’est l’engagement concret de ministres en charge de la Culture qui n’ont jamais pris solidement en main le dossier de la Biennale et le porter sur le bureau du président de la République. Encore que ce dossier de réforme puisse être traité sans que l’on soit obligé d’aller déranger le Président qui a tant à faire. Parions que Madame le ministre Khady Diène Gaye la Joalienne et son branché Secrétaire d’État M. Bacary Sarr, s’y essayeront et réussiront. Juste les laisser prendre le temps de mieux comprendre pourtrancher. Il est également temps de surseoir à la fonction de « Président » du Dak’Art, pour dégrossir. Les évaluations sont incontournables. Elles reflètent la transparence et la rigueur d’un management ! Le « Comité dit d’orientation ou comité scientifique » de la Biennale devrait pouvoir être dirigé parle Secrétaire général lui-même avec à ses côtés le Directeur artistique et ses commissaires. Il arriverait même que le Président et le Secrétaire Général se marchent sur les pieds. D’ailleurs, à la vérité, ni l’un ni l’autre n’occupe des fonctions bien définies qu’un Arrêté ministériel tiède fixe sans définition stricte les missions.
Pour parler d’un certain Simon Njami deux fois Directeur artistique du Dak’Art, disons qu’il a parrapport à tous les précédents Directeurs artistiques de la Biennale, l’éclat, l’insolence oratoire et créatrice de nous secouer, de nous contrarier, de nous étonner, de nous montrer nos insuffisances créatrices. Il est écrivain, commissaire d’exposition, essayiste et critique d’art. Il est « polysémique » ! C’est cela la marque apportée par ce Directeur artistique audacieux, énigmatique, subtilement génial et si dérangeant. C’est bien avec lui que Dak’Art a innové avec des thématiques osées, décisives ! Il est venu réveiller les éternels retardataires et poussiéreux critiques classiques de l’art africain qui se suffisent du peu. En art, cela fait du bien de venir avec l’insulte et le coup de pied dans la fourmilière. N’était-ce pas cela la posture féconde et révoltée que l’éclectique et osé artiste sénégalais El Hadji Sy comme feu Mbaye Diop, avaient eu face aux peintres de la fameuse école de Dakar, sortie de la non moins géniale vision de Senghor ? C’est dans l’audace, le refus, la révolte, que l’art se tisse. C’est un don de saisissement et de provocation. C’est un court-circuit électrique, une foudre. Dans l’histoire de l’art et de ses surprises légendaires, on se souvient de Marcel Duchamp qui avait « envoyé une pissotière à un jury américain en déclenchant une révolution esthétique. » On pense aussi dans le contexte de l’aprèsguerre à cette émergence d’un art américain, une sorte « d’expressionisme abstrait » avec des peintres comme Jakson Pollock et Barnett Newman. Le Dak’Art est devenu un boulevard de feux verts. Il faut y mettre des feux rouges. On veut des accidents esthétiques spectaculaires ! C’est cela l’éclat de l’art contemporain ! Nous sommes en train de créer ensemble une nouvelle histoire de l’art africain avec le Dak’Art. Il nous faut alors des directeurs artistiques téméraires, singuliers, poliment irrévérencieux, libres, dérangeants, explorateurs d’espaces nouveaux. Faire également appel demain à des directeurs artistiques asiatiques, américains et sud-américains, afin d’ouvrir un regard toujours neuf sur le Dak’Art pour le réinventer sous le saisissement d’autres cultures qui l’enrichiront en dialoguant avec l’Afrique « prodigieuse ».
Il faut libérer le Dak’Art ! L’art a besoin d’infinis, de « coups d’état », de génocides plastiques, de meurtres esthétiques et de ruines habitables ! Au diable l’académisme des critiques d’art ! L’imposture artistique est même devenue un nouveau courant par l’incongruité d’œuvres qui nous perturbent par le surgissement de supports quirenversent notre vision tranquille de l’art. Les « installations » en font partie ! Aux critiques d’art de s’adapter aux nouveaux rites ! Aux galeristes de donner leur place aux « voyous », aux « violeurs », aux « marginaux » d’un art qui très vite a atteint ses limites de créativité courte et d’imitation. Les embouteillages des copistes sont devenus insoutenables. Nous sommes fatigués des « photocopies ». Nous voulons de nouveaux fous. Il nous faut de nouveaux « asiles » pour l’art africain contemporain. L’avenir est dans de nouvelles autoroutes artistiques et plastiques, sans tracés et sans péage ! N’oublions pas surtout la part fondamentale que doit prendre l’enseignement de l’éducation artistique dans nos écoles, juste pour faire naître des vocations. Elle devrait être une discipline obligatoire dans l’éducation nationale comme le latin l’était au temps de Senghor !
En art, le temps ne rattrape jamais les mauvais artistes déjà consacrés. Il les renforce. Il est des œuvres qui sont de véritables mensonges artistiques, mais on les fait gagner. Oui, on fabrique des artistes comme on fabrique des smartphones ! J’ai vécu cette incroyable aventure en rencontrant des galeristes qui font et défont le marché de l’art sur la place de Paris, Londres, New-York, Tokyo, la Havane, Johannesburg, Kinshasa. La Biennale a fait du Sénégal la capitale artistique et culturelle de l’Afrique et du monde. « Ce que la politique et la diplomatie n’ont pas su faire », Dak’Art l’a fait ! Ils viennent de partout, ils sont tous là les passionnés de l’art contemporain, jusqu’aux pernicieux et fidèles pilleurs et voleurs de patrimoine aux yeux bleus. Vivement, par ailleurs, la mise en fonction du musée d’art contemporain. Soyons ambitieux. Redonnons à l’Afrique sa place dans l’histoire de l’art. Elle a plus donné qu’elle n’a reçu. Nos artistes, sans injure, décolonisent en silence notre art et ses espaces de représentations. Nous sommes assez puissants et « divins » pour reconstituer et proposer au monde un art nouveau et des musées vivants. Nos artistes le prouvent. Le Dak’Art n’est plus seulement une Biennale, un pays. Le Dak’Art est ce qu’un continent peut apporter à d’autres continents dans l’émerveillement et le métissage artistique mondial. Si nos artistes ne dialoguent pas avec les autres créations esthétiques du monde, ils mourront. Tant mieux alors si la Biennale dialogue désormais aux confins des métissages, avec de meilleurs Picasso, de meilleurs Manet, des Gauguin plus fous encore, de meilleurs Manessier, de meilleurs Vinci.
Je repensais aux deux tableaux de Picasso revendus il y a peu, à 27 millions d’euros, soit près de 17 milliards FCFA et au Vinci récemment découvert et vendu à près de 450 millions de dollars, soit près de 270 milliards de FCFA. Comment devant le vertige de tels chiffres, ne pas replacer l’art dans sa dignité et les artistes dans leurs droits au respect, au confort, à la reconnaissance ? C’est si injuste cette dignité des mendiants dont on habille nos artistes en Afrique ! Un marché de l’art africain crédible et puissamment pensé et encadré par un partenariat syndiqué des plus puissantes institutions financières et bancaires africaines avec leurs homologues du Nord, pourrait faire rêver les héritiers de Pape Ibra Tall, Ibou Diouf, Bocar Diongue, Iba Ndiaye, Souley Keïta, Ndary Lo, l’éthiopien Zérihun Yetmgeta, le Zimbabwéen Tapfuma Gutsa, le Nigérian Muaina Oyélami, l’algérien Malek Salah. Le Dak’Art doit avoir cette ambition et ne pas s’arrêter à rien d’autre qu’à des expositions in et off, des colloques, des remises de distinctions et des prix si faiblement dotés et vite oubliés ! C’est d’ailleurs ici l’occasion de rechercher et de trouver toutes les œuvres primées depuis la Biennale des arts de 1992 à nos jours, pour les exposer dans notre prochain musée d’art contemporain avec un espace dénommé : « Regard sur les trésors nominés du Dak’Art depuis sa création ».
C’est ici, à Dakar et nulle part ailleurs, que la terre se donne rendez-vous pour voir, admirer, l’art africain contemporain. Les suites et les retombées économiques sont immenses et dépassent notre attente, sans que nous essayions d’en consigner les statistiques, ce qui a toujours fait notre faiblesse non usurpée. Comment, diable, dans notre maladive manque de rigueur et de prospective, arrivons-nous d’ailleurs, avec deux sous, une organisation boiteuse et plâtrée, à toujours étonner le monde ?
Quoiqu’il arrive, la prochaine édition de novembre 2024 sera encore une belle fête, même avec une claudicante organisation. C’est notre secret à nous les grands et prodigieux nègres ! Toutefois, la réussite existe toujours. Il suffit d’en payer le prix !
par Elgas
L’ANTICOLONIALISME COMME FREIN AU PROGRESSISME EN AFRIQUE, RETOUR SUR UN IMPENSÉ
Pourquoi les penseurs africains, farouches progressistes chez eux, deviennent-ils si souvent des réactionnaires une fois en Occident ? Un paradoxe dérangeant, symptôme d'un conflit plus vaste entre anticolonialisme et progressisme
Ce court texte est la transcription de mon intervention au colloque «Religion et révolution conservatrice: perspectives comparatives» les 23, 24 et 25 octobre 2023 à Genève, à l'initiative de la Chaire Yves Oltramare. Il revient sur le potentiel dévoiement des luttes progressistes captives d'une vision des sociétés colonisées encore très paternaliste. Avec deux focus sur les usages de la religion, l'islam en l'occurrence au Sénégal, et l'alliance pour le moins surprenante entre décoloniaux en Occident et identitaires au Sud, il évoque les fragilités du front anticolonial.
D’où vient cette malédiction qui rend orphelins de soutien tant de chercheurs, d’artistes, d’intellectuels, d’universitaires africains, progressistes convaincus chez eux au Sud affrontant vaillamment divers périls et qui, pourtant, deviennent, une fois en Occident, des réactionnaires en puissance1 ? Cette question est le coeur d’expression de mésusages courants en période postcoloniale, mésusages ou glissements qui confortent le confusionnisme et nourrissent le conservatisme qu’on prétend pourtant combattre à « gauche ». Esseulés, délaissés, l’accusation de félonie vis-à-vis de leur communauté planant comme une ombre disqualifiante, ces auteurs et intellectuels du Sud, comme par exemple Kamel Daoud, Salman Rushdie, Abnousse Shalmani ou Rahmane Idrissa, forment pourtant un gisement de déconstruction de leurs sociétés, hélas abandonnés par une perspective décoloniale qui souvent cède à la logique de front plus qu’à celle de principes communs incessibles.
Où se situe le curseur de ce crédit moral si arbitrairement accordé qui revisite la phrase connue, vérité en dessous de la Méditerranée et hérésie au-delà ? Sur toutes les questions dont le progressisme est l’enjeu fondamental – droits des minorités, liberté religieuse, égalité hommes/femmes –, cette ligne de démarcation survit à tout universel, à son pendant marchand, la globalisation, et à son expression technologique, appelé par notre ami Marshall McLuhan « le village planétaire2 ». Donnée nouvelle, elle survit au bon sens longtemps échelle certes imparfaite mais opérante d’appréciation commune du gouvernement du monde. Dans un monde qui connaît de profondes convulsions, il n’est pourtant pas inutile, de refaire la généalogie et une radioscopie des conservatismes comme l’a proposé ce colloque bienvenu. Et saisir que les transformations, révolutions conservatrices, qui paraissent connaître un regain aujourd’hui avec leur caractère apocalyptique, au fond, semblent davantage s’apparenter à l’éveil de volcans idéologiques longtemps enfouis, endormis, jamais réellement vaincus, sinon à des étendards de combat et à un socle d’idées au service d’une alternative souhaitée à l’hégémonie occidentale. Pour le dire autrement, ce qui paraît si hégémonique aujourd’hui semble, selon notre hypothèse, être la manifestation d’une présence latente, longtemps confinée, et qui connaît une déflagration à la faveur de l’essoufflement du mythe de la centralité occidentale et de la promesse toujours renouvelée du progrès comme horizon naturel de l’humanité. Toutes les forces qui avaient dû, à contrecoeur, monter dans ce train, sentant la fragilité de la locomotive, délogent leurs velléités des marges pour les assumer pleinement. La permanence de cette révolution est un invariant historique, particulièrement en Afrique : elle est au fondement de cette optique du Sud dit « global », dont les esquisses formelles semblent aujourd’hui plus nettes. Dans la lutte fondatrice et essentielle contre la colonisation, encore structurante, il est pourtant essentiel de mesurer le coût de certaines accointances, où par mégarde, bonnes intentions, bonne conscience, parfois cynisme, l’anticolonialisme est devenu un frein au progressisme, créant ainsi une double échelle de valeurs qui contribue à la relégation, au relativisme moral. Longtemps carburant du colonialisme, il semble basculer de plus en plus dans la frange extrême de certaines pensées décoloniales.
Comprendre ainsi l’articulation d’un mélange de ressentiment colonial et d’une offensive conservatrice jamais résignée, requalifiée en identité unificatrice, sera le coeur de notre propos. Nous esquisserons d’abord une rapide histoire du conservatisme religieux au Sénégal, avec un croisement des perspectives confrériques et néo-puritaines, pour situer l’importance du discours religieux dans toute résistance, pour ensuite procéder à un examen des mouvements de jeunesse citoyens au Sénégal, via le rap entre autres, et leur tournant conservateur au nom de la lutte contre l’Occident. Nous nous intéresserons enfin à la sophistication d’un relativisme décolonial, notamment en Occident, qui attribue à l’Afrique un particularisme qui justifierait un conservatisme appréciable, le seul prisme de la domination finissant par conférer aux dominés un blanc-seing et une exemption de reddition de compte.
Les africanistes du fait confrérique au Sénégal, qu’ils s’agissent de Paul Marty3, de Donal Cruise O’brien4 ou de Vincent Monteil5, ont établi des monographies exhaustives de la naissance d’une confrérie, le
mouridisme. Cédant parfois à la tentation d’un romantisme sur un « islam noir » aux particularismes marqués, leurs travaux ont été la matière revisitée par le roman national sénégalais, finissant par devenir un mantra surexploité résumable ainsi : le syncrétisme sénégalais fait du soufisme un rempart contre l’avancée du wahhabisme. Séduisante et rassurante, cette lecture a trouvé des relais en Occident, tant elle donnait des gages, dans un monde musulman où diverses révolutions ont convié au pouvoir des religieux intégristes. Sans explorer le corpus idéologique confrérique, qui n’entre jamais en opposition frontale avec la base doctrinale de l’islam, et qui reprend ainsi à son compte toute la sémantique, la symbolique, les représentations du religieux, du puritanisme considéré pour beaucoup comme l’essence de la piété. Confondant la logique de la configuration sociale intégrée dans le rituel des cultures avec la modalité dogmatique du culte, il a été ainsi opéré, parfois à dessein, des réductions consommables sur l’idée d’un rempart interne, autorégulant, de nature à dissuader toute radicalité. Cette dépolitisation et ce désossement du religieux sont demeurés longtemps une lecture dominante, tant il ne fallait pas regarder en face les évolutions convergentes vers une hégémonie de l’islam destiné à apurer un paganisme qui n’a jamais eu bonne presse, et qui était même un franc ennemi de la religion.
Longtemps viatique du champ intellectuel, sur lequel le Sénégal a bâti sa réputation de havre du dialogue interreligieux, un livre pourtant en 1985, écrit par le journaliste Moriba Magassouba, venait jeter un pavé dans la mare. Son titre, un brin provocateur – L’islam au Sénégal. Demain les mollahs6 ? –, avait entraîné une déflagration. Première secousse dans l’entente cordiale, le document, fruit d’une enquête journalistique et d’un mémoire d’études, démontrait les assauts du puritanisme, la montée des marabouts, l’axe préférentiel des échanges religieux avec les pays du Golfe, et le puritanisme qui s’est attaqué aux religieux. Le film Cedo du cinéaste Ousmane Sembène en 1977, décrivant l’arrivée de l’islam en Afrique, la violence de la rencontre, et finalement la conversion progressive à marche forcée, semble avoir été un canevas pour le livre de Magassouba. La chronologie ainsi que l’enchaînement accréditent en effet l’idée d’une irréversible optique de conformisation religieuse. Le mouridisme a fondé sa légitimité et son autorité sur la figure charismatique de son fondateur, Cheikh Ahmadou Bamba. Résistant culturel, selon la terminologie des manuels d’histoire, il est le symbole le plus éloquent, et le plus populaire, d’un contre-discours qui s’appuie sur la résistance anticoloniale. Si l’histoire du djihad africain – comme le rappelle Pérouse de Montclos dans son livre L’Afrique, nouvelle frontière du djihad7 – n’obéit pas qu’à des logiques importées, le discours fédérateur s’est toujours fondé sur un conservatisme qui ne s’est jamais démenti. Il a été nourri, structuré, par une élite mouride et religieuse au Sénégal, avec la déconstruction de la « colonialité » comme boussole première. Cette déconstruction en cours et les bouleversements géopolitiques (choc pétrolier en 1973, révolution iranienne en 1979, attentats du 11 septembre 2001, guerre en Irak en 2003, proclamation de l’État islamique en 2014 entre autres) ont encouragé l’élite religieuse à investir le champ intellectuel et à gagner la bataille « culturelle ». C’est ainsi que la « laïcité » est devenue un ennemi, que la ville sainte de Touba a demandé un « statut spécial » pour s’affranchir de la République sénégalaise. Tout cela au nom d’un différentialisme, d’une revitalisation du conservatisme conçue, à renforts de livres, comme la voix d’une authenticité endogène à même d’offrir un miroir identificatoire aux populations, en minorant bien sûr la modalité d’une religion elle-même importée, et coloniale.
M’intéressant au contenu des prêches des imams le vendredi pour les besoins d’un travail de recherche, l’examen de ce discours montre la récurrence des griefs contre le progressisme, considéré comme l’aiguillon de la survivance coloniale. La dépravation des moeurs serait liée à l’absence de remparts face à la propagation des sources occidentales. La bataille des valeurs est donc essentielle et l’islam fournit le meilleur kit de résistance, mais aussi le meilleur programme politique. Au nom du refus de l’asservissement, la prospérité de ce discours a créé les conditions d’un raidissement tendant à disqualifier les droits humains, repeints en blanche domination honnie.
La gauche sénégalaise et les élites intellectuelles se sont montrées timides, reprenant le refrain commode pour la paix sociale, renonçant ainsi à questionner l’héritage des féodalités pour créer les conditions de viabilité d’une gauche qui n’importe pas uniquement les lignes de fractures postcoloniales. Les répercussions de cette question islamique feront l’objet d’un article de Mar Fall8 dans Présence africaine en 1987. En devenant de plus en plus un obstacle à l’établissement d’un État égalitaire, la perspective des mollahs devenait de moins en moins chimérique. Avec la multiplication des mouvements puritains dans la sous-région, et le long et patient travail de sape de la diplomatie religieuse des pays du Golfe, Mar Fall montrait cette avancée.
Autre échelle d’appréciation de notre propos, en 2011, au plus fort de la contestation des velléités de dévolution monarchique du pouvoir avec un président Abdoulaye Wade qui voulait outrepasser la
constitution, s’est érigé une véritable sentinelle démocratique. Dans un mouvement de la société civile, réveillé par un regain et unifié par cette cause, naissait le M23 (Mouvement du 23 juin), acteur majeur de la reculade du président. Tête de pont de ce mouvement, le collectif « Y’en a marre », essentiellement porté par des jeunes rappeurs, naissait au grand jour. Avec son énergie, sa fraîcheur, son engagement démocratique et son refus de plier, il fut un acteur majeur de la transition politique et de l’alternance. Victime de son succès, le collectif s’est ensuite structuré de façon horizontale, investissant les questions sociétales, sortant ainsi du seul champ de la politique électorale. Cette énergie a été saluée en Occident, financée, perçue comme ce gisement jeune et démocratique à même de bâtir le renouveau et de contrecarrer, là aussi, les tentations radicales ou religieuses. Financée par Osiwa (Open Society Initiative for West Africa), l’organisation de Georges Soros, conviée en Europe, le bel écho du mouvement « Y’en a marre » fera des petits sur le continent, avec « Le balai citoyen » au Burkina, acteur du départ de Blaise Compaoré, et Filimbi en République démocratique du Congo, qui rencontrera moins de succès car bâillonné par le pouvoir. Très vite pourtant, on déchante.
Les membres du collectif sénégalais se distinguent par un discours conservateur et s’opposent à tout progressisme. Ils reprennent à leur compte tous les discours émancipateurs du panafricanisme, avec de
véritables distorsions de son contenu, et articulent leur combat contre les valeurs occidentales, toutes considérées comme coloniales. Dans le contexte mondial, il y a donc deux conservatismes en miroir : un
occidental prenant appui sur les valeurs blanches et chrétiennes de l’Europe, et un autre, en Afrique, prospérant sur le lit d’une identité figée, conflictuelle, et des valeurs jugées supérieures à celles d’un Occident décadent, la question LGBT étant au coeur de la répulsion. Loin d’être un élément conjoncturel, cette structure paraît exister dès l’aube des groupes de rap primaux à Dakar. Le progressisme avait comme plafond le discours anticolonial. Le rap et son énergie militante et rebelle se sont pourtant rapidement embourgeoisés, captifs de ce périmètre réduit, où très rapidement il est devenu un cheval de Troie du conservatisme. Dans un article fort bien documenté, le chercheur sénégalais Abdoulaye Niang9 évoquait la notion de rap prédicateur, à mille lieues des représentations classiques sur ce genre qui semblait regorger de munitions contre l’establishment. Habilement récupéré, jamais en opposition frontale avec l’architecture des références morale et religieuse, ce rap prédicateur est devenu le catalyseur d’une énergie postcoloniale qui fédère les jeunes, non plus pour construire des sociétés ouvertes, mais comme puissance dégagiste des logiques jugées néocolonialistes, et de ses suppôts, c’est-à-dire les pouvoirs locaux.
Que faire donc face à ce conservatisme qui semble invincible ? En Occident, la malédiction la plus commune est de la considérer avec un exotisme circonspect, un mépris. Mais plus troublant, au nom de la même logique décoloniale, on trouve, dans la gauche particulièrement, une lecture sous le seul prisme de la domination. Le statut de dominés est ainsi essentialisé et, par atavisme, il donne des privilèges. Tout discours contre ce conservatisme s’expose à des foudres qui les qualifient de néocolonialisme d’une nouvelle mouture des Lumières et de l’universalisme, toujours suspecté d’être un agent de domination. Avec le procès des Lumières dévoyées, le front décolonial s’inscrit dans une impasse, au moins partiel, dans le sens où il anesthésie tout discours émancipateur local. Il fonde ainsi une double logique territoriale et temporelle, celui des dominés éternels et des bourreaux éternels.
C’est à ce niveau que la Méditerranée devient une ligne de démarcation, que l’anticolonialisme comme matrice devient négateur d’un projet de progrès universel. La convergence des luttes semble ainsi être celle des conflits sourds, retardés par une logique de front. Elle nourrit indirectement un conservatisme à l’affût, conscient des porosités, des gisements de forces que contient le discours anti ou décolonial. Et dans cette configuration, les progressistes du Sud ont besoin de soutien, celui naturel de la gauche, qui pourtant les ignore au prix d’accommodements déraisonnables. Progressistes qui doivent tout de même éviter le baiser de la mort de la droite si diligente à rafler la mise et à travestir de nobles luttes.
El Hadj Souleymane Gassama (Elgas) est journaliste, écrivain et chercheur associé à l’Iris (Institut des relations internationales et stratégiques). Ses recherches portent sur le don, la dette, les transferts d’argent, la décolonisation et la démocratie en Afrique. Il est l’auteur de plusieurs livres et articles, et notamment de Les bons ressentiments. Essai sur le malaise post-colonial (Riveneuve, 2023).
«COCONUT HEAD GENERATION» DE ALAIN KASSANDA BRILLE SUR SAINT-LOUIS
Le Festival international du film documentaire de Saint-Louis s’est achevé ce samedi par la remise des prix aux meilleures productions cinématographiques
Ousmane SOW (Envoyé spécial à Saint-Louis) |
Publication 06/05/2024
Le Festival international du film documentaire de Saint-Louis s’est achevé ce samedi par la remise des prix aux meilleures productions cinématographiques. Pour cette année, c’est le film «Coconut head generation» du réalisateur congolais, Alain Kassanda, qui a reçu à la fois le Grand Prix du jury officiel et celui du jury de la critique. «Omi Nobu, l’homme nouveau», de Carlos Yuri Ceunink, reçoit la mention spéciale de la critique et du jury officiel, tandis que le Prix du meilleur court-moyen métrage est décerné à «Lev la tet» de Erika Etangsalé. Et pour la compétition nationale, le film de Abdoul Aziz Basse, «2002, Bataille contre l’oubli», et «Yaakaar», de Daba Kébé, ont remporté le prix doté par Wido.
Après 5 jours de projections, la 15e édition du Festival documentaire de Saint-Louis s’est achevée ce samedi 4 mai par la remise des récompenses aux meilleurs films de la sélection. Et c’est le film du Nigérian Alain Kassanda qui a reçu le Grand Prix du jury présidé par Rama Thiaw, scénariste, réalisatrice-cheffe opératrice. Le film est aussi primé par le jury de la critique de l’Association sénégalaise de la critique cinématographique (Ascc) dans la catégorie long métrage. Ainsi, après avoir réalisé Trouble Sleep, dans la ville d’Ibadan, le réalisateur congolais Alain Kassanda s’interroge dans Coconut head generation, une expression méprisante pour désigner une jeunesse bornée et sans cervelle, qui prend un tout autre sens pour revendiquer sa liberté de pensée au Nigeria. En filmant leurs échanges et leurs questionnements au sein de l’Université d’Ibadan, la plus ancienne du Nigeria, Alain Kassandra documente comment la jeunesse contemporaine africaine raconte les enjeux des sociétés modernes. «Société où jadis nos grands-parents et parents combattaient les colons et la police de l’oppresseur, aujourd’hui sont devenus nos dirigeants. Mais aujourd’hui, c’est nous leur jeunesse, leurs propres enfants qu’ils combattent à l’aide de police et d’armées. Comment en sommesnous arrivés là ? A travers le portrait des membres d’un ciné-club de l’université d’Ibadan, la plus vieille université du Nigeria, le réalisateur congolais Alain Kassanda nous donne à ressentir l’ébullition, les questionnements, les espoirs, les rêves de cette jeunesse. Mais il nous fait vivre au plus avec ces jeunes citoyens qui sont politiques au premier sens du terme, des hommes de la cité qui œuvrent pour l’élévation de la cité», souligne la présidente du jury, Rama Thiaw. Selon elle, Alain Kassanda le fait subtilement à travers les extraits des films qu’un groupe d’étudiants regarde durant les ciné-clubs, à travers les discussions et débats réfléchis et passionnés, tout en les montrant en train de vivre, de créer et de manifester toujours dans la dignité. «La dignité, c’est bien de cela qu’il s’agit. Jamais misérabiliste, malgré la dureté et la précarité économique, le réalisateur nous montre des êtres dignes, intelligents, remplis de pertinence face aux enjeux de notre société, que ce soit l’écologie, la mal gouvernance, la faillite des démocraties dites modernes, la place des femmes, la question du genre, de l’art, de la transmission de notre art et savoir, la restitution de nos œuvres et cultures…», a-t-elle expliqué devant l’assistance. Ce film de 89 minutes, avec la prouesse de ne pas être un film à message ou à parole uniquement, dans ces cadres, lumières, photos, archives visuelles et sonores, restitue une énergie, une dignité, une beauté. Dans la catégorie courtmoyen métrage, le premier prix est revenu à la cinéaste française Erika Etangsalé, pour son film Lev la tet. «Un film esthétiquement puissant, à la bonne distance émotionnelle, magnifique et poétique», souligne Mamby Mawine, membre du jury. Pour le jury critique également, le prix court-moyen métrage est revenu à Kasongo Ngongo Olivier grâce à Kilawu. «Ce film est une quête de sens… qui nous amène à nous poser des questions sur les défis de nos centres urbains, l’humanisation de nos villes, la prise en charge des maladies mentales et des marginaux, la solidarité africaine tant chantée», explique Oumy Régina Sambou, présidente du jury critique.
«Bataille contre l’oubli» et «Yaakaar» remportent le prix Wido
4 Mentions spéciales ont été décernées lors de ce festival. Pour la catégorie long métrage, la première mention spéciale a été décernée à Aïssatou Ciss, photographe-réalisatrice, pour son film Dox Dadje ; marcher se croiser. «Un film où l’on ressent la délicatesse, la poésie, les questionnements entre deux photographes et artistes visuelles que sont Aissatou Ciss et Marion Colard qui, après avoir exposé ensemble le fruit de leur rencontre et amour commun pour la photo, ont décidé d’aller plus loin, mais ici dans l’univers et les territoires de la photographe goréenne Aïssatou Ciss», explique Rama Thiaw. Et la deuxième mention à Carlos Yuri Ceunink (CapVert) pour son long métrage Omi Nobu, l’homme nouveau, qui a gagné également la mention du jury de la critique. Le film Zinet, Alger, le bonheur, de l’Algérien Mohamed Latreche, a également gagné la deuxième mention long métrage du jury critique. Sur les pas de son aîné, dans les ruelles de la Casbah ou sur le Port d’Alger, Mohammed Latrèche retracera l’histoire de Tahya Ya Didou et de son réalisateur, inventif et talentueux. «Pour le travail mémoriel. Il est important d’immortaliser nos grands cinéastes, valoriser leurs œuvres et immortaliser les grands moments de nos histoires communes», justifie le jury critique. Pour la compétition nationale, le film de Abdoul Aziz Basse, 2002, Bataille contre l’oubli, et Yaakaar, de Daba Kébé, ont remporté le prix doté par Wido. Lors de la clôture de cette cérémonie également, les organisateurs ont fait découvrir au public le film Goufdé du réalisateur sénégalais Oumar Ba. Dans ce film de 91 minutes, Oumar Ba donne la parole aux victimes de mariages forcés et précipités. Il y questionne la notion de tradition dans une société peule aussi conservatrice. Pour rappel, le goufdé est une coutume qui permet de se marier sans payer la dot ni de faire la fête.
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LES MOTS DE LA RECONQUÊTE
Autour de thématiques comme le foncier, la monnaie ou les bases militaires étrangères, la série "Où va le Sénégal" animée par l'étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura redessiné sur la trajectoire démocratique du pays
C'est le post-scriptum riche en réflexions d'une série phare qui a rythmé les débats ces derniers mois au Sénégal. "Où va le Sénégal ?", animée en 10 épisodes par l’étudiant-chercheur en Histoire à l'Ucad Florian Bobin, aura donné la parole à 25 diverses - chercheurs, artistes, militants, journalistes - pour mettre des mots sur la trajectoire d' un pays en pleine reconquête démocratique.
Dans ce dernier échange aux allures de bilan, Abdou Aziz Ndao, étudiant en littérature africaine et membre du Front Révolutionnaire Anti-impérialiste Populaire et Panafricain (FRAPP), analyse avec lucidité le sens de cette initiative suscitée par la dynamique organisation de gauche.
"C'était extrêmement important pour une organisation comme le FRAPP de tenir ces discussions, afin de remettre sur la table les problèmes cruciaux de souveraineté nationale", souligne le jeune militant. A l'heure où le Sénégal émerge d'années de dérive autoritaire, ces échanges permettront de "faire évoluer le processus démocratique" par la vertu du débat public.
Au cœur des discussions : des thématiques brûlantes comme le foncier, la monnaie, les bases militaires étrangères ou encore l'éducation populaire. Des sujets majeurs qui « continuent de troubler le sommeil » des peuples africains en quête de souveraineté réelle. Au-delà des constats, un message fort est rédigé aux nouvelles autorités : s'inspirer de l'héritage des luttes passées pour apporter les changements nécessaires.
Quelques épisodes de la série sont disponibles ci-dessous :
LA PROMESSE TRAHIE DU RETOUR DES TRÉSORS D'AFRIQUE
Depuis l'engagement de Macron en 2017, l'attente se fait interminable pour les pays du continent. Dans une tribune cinglante, des responsables du Bénin, du Nigeria et du Sénégal dénoncent le "choc" d'un nouveau report de la loi sur les restitutions
(SenePlus) - Dans une tribune publiée dans Le Monde le 30 avril 2024, des responsables de musées et de la restitution du patrimoine du Bénin, du Nigeria et du Sénégal ont exprimé leur profonde déception face au report de la loi promise par Emmanuel Macron en 2017 pour faciliter les restitutions d'œuvres d'art africaines.
"Le report de la loi promise est pour nous un choc", ont écrit Babatunde E. Adebiyi, Fatima Fall Niang et Alain Godonou, déplorant que seuls 27 biens aient été rendus depuis les engagements du président français il y a sept ans.
En 2017 à Ouagadougou, M. Macron avait affirmé : "Je veux que, d'ici cinq ans, les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique." Cette déclaration, suivie du rapport Sarr-Savoy en 2018, avait soulevé un immense espoir chez les pays francophones dont certains trésors majeurs se trouvent encore en France depuis la colonisation.
Cependant, les critiques du Conseil d'État français sur le projet de loi, révélées par Le Monde, soulignent de nombreux vices juridiques. Le Conseil estime notamment que le projet "contrevient à un principe fondamental" en ne justifiant pas les restitutions par "un intérêt public supérieur".
"L'intérêt culturel des peuples n'est-il pas un motif impérieux, un intérêt général supérieur ?", s'interrogent les auteurs, citant le Pacte international de 1966 sur les droits civils et politiques ratifié par la France. Ils appellent à "fonder une éthique relationnelle repensée" avec des "commissions scientifiques paritaires" étudiant l'histoire de ces appropriations.
Le Conseil d'État a également critiqué la "conditionnalité" prévue par le texte, avec une "obligation de présentation au public" des œuvres restituées, perçue comme un contrôle néocolonialiste de la politique culturelle africaine.
"Depuis 2017, la France n'a restitué que 27 biens, alors que d'autres pays européens se sont engagés dans des restitutions bien plus ambitieuses", regrettent les responsables, évoquant le cas du Nigeria qui a recouvré la propriété de milliers d'œuvres via des accords.
"La restitution est d'un intérêt supérieur : transmettre notre histoire, éduquer, inspirer nos artistes, développer notre économie, refonder nos coopérations, asseoir notre identité", plaident-ils. "Nous sommes prêts à bâtir avec nos homologues français une éthique relationnelle repensée."
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UN NOUVEL ÉLAN POUR LES INSTITUTIONS
Face au nouvel exécutif, la société civile s'organise pour faire respecter le Pacte de bonne gouvernance signé en marge de la présidentielle. Mais elle veut aller plus loin en initiant une refondation institutionnelle impliquant tous les acteurs
À l'occasion de la rencontre générale de la Coalition de la société civile pour l'application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la Commission nationale de réforme des institutions (CNRI), organisée le 27 avril 2024 à Dakar, les mouvements citoyens ont clairement affiché leurs attentes et leurs exigences.
Face au nouveau pouvoir issu de l'élection présidentielle de mars 2024, cette coalition entend jouer un rôle majeur de veille, d'accompagnement si sollicité, mais aussi de contre-pouvoir vigilant sur le respect des engagements pris à travers le Pacte national de bonne gouvernance démocratique. Un pacte cosigné par le président élu, Bassirou Diomaye Faye.
Au cœur des débats, l'idée forte d'aller au-delà de la simple mise en œuvre du pacte, en initiant une véritable refondation de la société sénégalaise. Une refondation inclusive, impliquant toutes les composantes intellectuelles, linguistiques et citoyennes du pays, dépassant le cadre étroit des penseurs formés à l'école française.
Une feuille de route ambitieuse se dessine, avec la volonté de disposer d'un tableau de bord clair pour suivre, point par point, la concrétisation des engagements relatifs à la réforme des institutions, l'indépendance de la justice, la décentralisation, la citoyenneté participative, entre autres.
Parmi les chantiers prioritaires identifiés : la prise en compte effective de la diaspora, la promotion des langues nationales et de la culture, ainsi que le dossier sensible de la gestion des questions religieuses.