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23 novembre 2024
Développement
Par Mohamed GUEYE
FINANCES PUBLIQUES, AU-DÀLA DES CHIFFRES
Il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor
En 2012, face à la perspective d’une défaite électorale qui le menaçait, Abdoulaye Wade avait prévenu que s’il perdait le pouvoir, il ne garantissait pas que les salaires puissent être payés dans les deux mois suivants. Et de fait, dès sa prise de fonction, Macky Sall a dû se rendre en France de toute urgence. On a appris, à la suite d’un communiqué, que le Président français Sarkozy a accordé au Sénégal une aide budgétaire de près de 180 millions d’euros pour permettre, entre autres, de payer des salaires.
Autre flash-back. Fin 2023. Quelques mois avant la fin de son second mandat, Macky Sall décide d’augmenter des salaires de l’enseignement public, de l’élémentaire au supérieur. Ce qui représente une grosse enveloppe de plusieurs milliards par année.
En ce moment, si l’on en croit les annonces faites la semaine dernière par le gouvernement, à la tête duquel le Premier ministre, le pays était déjà au bord de la banqueroute. Où Macky Sall et ses ministres trouvaient-ils l’argent pour payer tous les fonctionnaires chaque mois ?
Pire encore, ou mieux, ces faussaires ont trouvé le moyen de laisser plus de 300 milliards de Cfa dans les caisses de l’Etat en partant, comme indiqué dans le communiqué du Conseil des ministres. Une chose que le régime de BDF n’a pas démentie. Et pour montrer leur force, c’est à partir de leurs données et leur bilan que le régime actuel a pu lever plus de 450 milliards de Cfa d’eurobonds, même si à ce jour, on n’en connaît pas encore l’utilisation, étant donné que l’Assemblée nationale n’a pas eu le temps de voter une Loi de finances rectificative (Lfr) qui devrait intégrer cet argent dans le budget de cette année.
Parlant de budget d’ailleurs, il faut croire que ce sera la faute de ce pillard de Macky Sall si le Sénégal ne sait pas encore en ce moment, de quel budget va disposer son Etat l’année prochaine. Une situation parfaitement inédite depuis Senghor. L’ennui est que, du fait de cette situation, les Sénégalais ne connaissent pas encore les orientations politiques et économiques que le nouveau régime veut imprimer au pays. Jusqu’à présent, on nous parle de souverainisme économique, sans nous en donner le contenu.
L’action la plus tangible est la remise en question des contrats avec les compagnies étrangères évoluant dans le secteur minier. Un ministre a déclaré que cela visait à s’assurer que les intérêts du pays étaient très bien protégés et que le Peuple profitait pleinement de ce qui lui revenait constitutionnellement. Il faut prendre acte de cette volonté, et souhaiter que les actes ne tournent à la Bérézina pour le pays. Cette remise en cause des contrats signés et des engagements de l’Etat pourrait éventuellement rendre plus frileuses les entreprises étrangères qui ont accepté de mettre plusieurs milliards de Cfa dans «l’aventure» pétrolière, les inciter à retenir leurs financements jusqu’à plus amples informations. Souhaitons que leur revue de ces contrats se fasse avec plus de sérieux que ce qu’ils avaient consacré à dénoncer la gestion du pétrole et du gaz sénégalais. Les gens n’ont pas oublié que l’actuel Premier ministre, alors dans l’opposition, avait pondu deux ouvrages pour dénoncer la gabegie et le manque de transparence du pouvoir de Macky Sall dans la gestion du pétrole sénégalais. Dans ses déclarations, il était allé, ainsi qu’un autre politicien, par ailleurs éminent diplômé de l’Ecole des Mines en France, jusqu’à affirmer, avec tout le sérieux de leur rang, que des bateaux étrangers venaient rôder la nuit autour des plateformes pétroliers du Sénégal pour charger du pétrole sénégalais qu’ils allaient vendre en Europe.
Ça, c’était près de 5 ans avant que la compagnie Woodside n’annonce la sortie de son premier baril, faisant ainsi taire les rumeurs mortifères.
Mais il est temps d’aller au-delà des chiffres et des débats de spécialistes des Finances publiques. Aujourd’hui que le Premier ministre et son gouvernement nous annoncent, avant la Cour des comptes, que tous les calculs sur lesquels se basent les chiffres de nos performances économiques sont falsifiés, on est impatients de savoir comment ils vont redresser la barre. Toutefois, on peut estimer, avant la publication annoncée du fameux «Projet» la semaine prochaine, qu’ils ne devraient pas y avoir beaucoup de problèmes s’ils s’en tiennent à leurs déclarations d’avant l’arrivée au pouvoir. N’ont-ils pas basé leur postulat sur une économie d’auto-production ? Le Président Faye avait même déclaré vouloir relancer une industrie de substitution des importations. C’est sans doute pour cela que la dégradation de la notation du Sénégal ne les dérange pas trop. Ils ne doivent pas non plus être particulièrement choqués de voir des filiales étrangères quitter le pays. Le problème est de trouver des champions locaux qui prendraient leur place. Ou même mieux, qui vont investir dans des secteurs encore plus en pointe que ceux qu’occupaient les exploitants étrangers. Une très bonne idée, mais qui ne pourra être jugée que lors de sa mise en œuvre.
Dans ce domaine aussi, l’une des leçons à retenir est qu’un cordonnier ne peut se transformer en maroquinier du jour au lendemain. Un négociant en linge ne peut non plus devenir constructeur automobile en une quinzaine de jours. Si l’on veut promouvoir des entreprises à partir de la coloration politique de leurs dirigeants, on va diriger le pays vers un retentissant échec. Or, le Sénégal n’a pas de temps à perdre à des tâtonnements. La promotion de champions nationaux est quelque chose de très important et ne peut se baser sur les affinités que les dirigeants ont avec certains prétendus «capitaines d’industries». Tout le monde sait qu’au Sénégal, ils ne sont pas vraiment nombreux.
Le gouvernement a eu le temps, depuis sa prise de fonction, de se rendre compte que les déclarations d’avant les élections ne permettent pas de préserver ou de nourrir une popularité politique. La jeunesse sénégalaise notamment, souffre d’un mal-être qui ne se contente plus d’intentions. L’armée de chômeurs qui frappe à ses portes ne va pas regarder encore pendant longtemps des copains se partager le gâteau de l’Etat avec des coquins dont le mérite est d’avoir été parmi les plus bruyants lors de la traversée du désert. Il est passé le temps où l’on pouvait impunément rejeter toutes les fautes sur l’ancienne équipe et penser s’exonérer de toute faute.
Le Premier ministre a pensé qu’il lui suffisait d’affirmer avoir trouvé des données trafiquées pour gagner des mois de patience et d’indulgence pour son équipe. Il oublié uniquement que s’il a été élu, ainsi que son président, c’est pour avoir dit qu’ils avaient un «projet déjà tout ficelé» et qui n’attendait que sa mise en œuvre. Comparaison n’étant pas raison, on pourrait néanmoins rappeler au Président Diomaye Faye que Macky Sall avait dû, quasiment dès son arrivée au pouvoir, patauger dans les eaux à Sicap Foire ou Nord Foire, et dans la Zone de captage, et régler le problème. Il ne s’est pas défaussé en prétendant que ce n’était pas «son hivernage». Et même après, il ne s’est pas plaint que des saboteurs s’en prenaient à des ouvrages d’évacuation, comme à Keur Massar, pour des motifs politiciens.
Il en est de même des denrées de première nécessité, du loyer ou du tarif de l’électricité. Bien loin de vouloir se faire l’avocat de la gouvernance de Macky Sall, on peut affirmer que les premières mesures de sa gouvernance, même empreintes de populisme, ont été très efficaces, et toute la population y a adhéré, à la notable différence de propriétaires d’immeubles, ce qui est tout à fait compréhensible. Actuellement, il suffit de faire un tour sur les marchés du pays pour se demander par quel miracle certains de nos compatriotes parviennent à survivre. De même, avec cette rentrée scolaire qui n’est pas celle de Benno ou de l’Apr, comment les parents de familles nombreuses parviennent à satisfaire les besoins de leurs enfants ?
Avant de chercher à convaincre les Sénégalais qu’ils détiennent avec leur équipe, les clés du développement de ce pays, les dirigeants de ce pays devraient d’abord, et en toute urgence, se pencher sur leurs concitoyens. Les promesses qu’ils se préparent à faire au cours de cette campagne électorale devraient être concrétisées le plus vite possible
SECOUSSE DANS LES PARTIS ET COALITIONS
Des démissions en cascade secouent les rangs de l'APR, du PDS et de Taxawu. De Thiès à Kaolack, en passant par Rufisque et Mbacké, les dirigeants locaux expriment leur mécontentement face aux investitures
La publication des listes a créé une secousse au niveau des formations politiques. La tête de liste de la coalition d’Amadou Ba dans le département de Thiès démissionne. A Kaolack, le PDS est en train de subir une saignée. C’est le cas également à Rufisque où le maire Dr Oumar Cissé a tourné le dos à Taxawu et Angélique Manga fustige sa position (32e) sur les listes de Takku Wallu.
Suite à la publication des listes, le responsable politique Thiessois Abdoulaye Dièye choisi pour diriger la liste départementale de la coalition Jam Ak Njariñ de Amadou Ba a tourné le dos. Le président du mouvement Siggi Jotna a démissionné parce que, dit-il, Amadou Ba n’a pas voulu aller en inter coalition dans le département de Thiès comme convenu.
L’Alliance pour la République (APR) risque de payer un lourd tribut suite à la publication des listes pour les élections législatives du 17 novembre. Après Diouf Sarr, c’est au tour de l’ancien ministre Aminata Angélique Manga de fustiger sa position sur les listes pour les législatives. Investie à la 32e position, elle est montée au créneau pour dénoncer cette forfaiture. D’après le porte-parole de ses militants et sympathisants Mamadou Ba, l’ancienne ministre Aminata Angélique Manga menace même de quitter l’APR dans les jours à venir à cause des investitures qu’elle qualifie de manque de considération dont elle est victime. Il renseigne aussi qu’elle pourrait également suivre son chemin.
Le Parti démocratique Sénégalais (PDS) est en train aussi de subir une saignée dans la zone centre, précisément à Kaolack. En effet, le président de la fédération départementale de Kaolack et non moins président des ferrailleurs exportateurs du Sénégal et président du Grand mouvement pour le développement du Sénégal, vient de tourner le dos au parti libéral. Cette décision qui est tombée à quelques encablures des législatives anticipées 2024 va à coup sûr impacter le PDS. « À partir d’aujourd’hui, j'ai décidé de quitter le PDS en parfaite entente avec la responsable des femmes de la section communale de Kaolack, Mariama Sène, la présidente des femmes de la commune de Ndoffane, Mame Sèye Ndoye, et le responsable des jeunes de la commune de Keur Socé, Serigne Thiam Niass et les 29 secteurs du PDS que j’ai installés dans le département », a-t-il déclaré.
Les raisons de cette décision, poursuit-il après mûre réflexion, sont en phase avec l’opinion de la base et ont surtout été causées par des responsables du parti libéral qui ne ménagent aucun effort pour me pousser à la sortie depuis mon compagnonnage avec le leader de BBY, Amadou Bâ, lors de la présidentielle 2024.
Cette même situation est également constatée chez Khalifa Sall où Dr Oumar Cissé, maire de la ville de Rufisque et ex-députe de la 14e législature, a claqué la porte. « Mes divergences avec les camarades de la direction de Taxawu étaient plus profondes que je ne le pensais. Malgré ma posture de président de la Conférence des leaders, je n'ai pas pu faire adopter cette voie citoyenne à la direction de Taxawu. Face à ce constat, j'avais décidé de ne pas figurer sur les listes pour les législatives. Aujourd'hui à l'évidence, Taxawu a franchi un autre seuil en co-animant une inter-coalition avec l’APR. Il y a encore quelques semaines comme ce fut le cas deux années durant, à l’unisson avec les députés issus de Pastef, nous de Taxawu contrions les parlementaires de BBY dans leurs tentatives de faire adopter les politiques etlois pernicieuses du régime de Macky Sall. Aujourd’hui, il nous est proposé de nous unir avec les ex-députés de l’APR pour contrer les politiques et lois préconisées par les nouvelles autorités issues de Pastef avec lesquelles nous avons cheminées. C’est incohérent, inexplicable et indéfendable. Je ne vois pas la politique comme un simple moyen de garantir des positions de pouvoir en piétinant la morale, la vertu et l’éthique », a-t-il expliqué.
A Mbacké également, en consultant la liste de «Takku Wallu Sénégal» qui regroupe plusieurs partis politiques dont l’Apr, un constat s’impose :tous les grands leaders du parti du président Macky Sall à Touba ont été écartés. En effet, mis à part Serigne Modou Bara Dolly qui dirige la majoritaire départementale, aucun de ses responsables connus n’a été choisi. On ne les voit nulle part, ni sur la départementale, ni sur la nationale.
Abdou Lahad Seck Sadaga, ancien député et 1er leader politique à avoir représenté l’APR dans la cité religieuse, voit à travers cette décision «un message très clair». Pour lui, certains veulent décidément le jeter à l’abattoir. « Je reste attaché au président Macky Sall. Nous ne sommes pas liés par la politique. Par conséquent, je lui renouvelle mes amitiés et compte les protéger. Toutefois, nous avons constaté qu’aucun leader de l’Apr de Touba n’a été investi. Ceux qui ont été mandatés ont choisi et ils se sont choisis et ont choisi leurs amis, préférant nous écarter. Nous avons pris acte de ce choix que nous considérons comme un affront. Ils ont pris leurs responsabilités, nous prendrons les nôtres ».
LA RECHERCHE D’INFORMATIONS, CLÉ POUR SAUVER LA BIODIVERSITÉ EN AFRIQUE
Lors de la réunion des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité, Daouda Ngom a rappelé que la collaboration entre les acteurs et l’amélioration de la qualité des données sont essentielles pour sauver les écosystèmes menacés du continent.
La recherche d’informations demeure ”fondamentale” pour connaitre et sauver la biodiversité, a soutenu mardi, le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom.
‘’La biodiversité est en péril mais, nous devons sauver ce qui peut encore l’être. Et pour sauver cette biodiversité, la recherche d’informations est fondamentale’’, a-t-il déclaré.
M. Ngom s’adressait aux journalistes, en marge de la cérémonie d’ouverture de la première réunion annuelle des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts en Afrique.
Cette rencontre de 4 jours réunis plusieurs acteurs venus d’Afrique de l’Ouest, du Centre et de le Sud-est.
Il a souligné que l’importance pour ces centres d’excellence, ”c’est de fournir des informations sur la biodiversité afin de la connaître pour mieux la protéger.
‘’Ces centres d’excellence, sont d’une très grande importance pour l’Afrique et le monde entier car, depuis 2022, il y a le nouveau cadre mondial pour la biodiversité, ”Coming Montréal”, qui recommande le classement de 30% de nos écosystèmes d’ici 2030’’, a-t-il expliqué.
Il a indiqué que l’initiative des centres régionaux d’excellence pour la biodiversité et les forêts en Afrique, qui s’étendra de janvier 2024 à décembre 2027, comporte trois projets interconnectés, couvrant respectivement, l’Afrique de l’Ouest, Centrale, Orientale et Australe.
Selon M. Ngom, l’objectif général de cette initiative, est de veiller à ce que les forêts, la biodiversité et les écosystèmes marins en Afrique, continuent à fournir les biens et services essentiels aux populations.
Elle veille également à ce que ces écosystèmes contribuent au bien-être des populations en améliorant l’accès aux informations régulières et actualisées pour une prise de décision ”éclairée”.
L’ambassadeur de l’Union Européenne au Sénégal, Jean-Marc Pisani a rappelé que la biodiversité joue un rôle important, même crucial, pour le cadre de vie des populations. ”Elle joue aussi un rôle dans la découverte de nouveaux médicaments donc, il est très important pour toutes ces raisons de pouvoir la préserver’’, a ajouté le diplomate.
Financé par l’UE, ce programme de plus de 525 milliards de FCFA, s’étend sur plusieurs années et concerne l’Afrique de l’Ouest, du Centre, de l’Est et du Sud.
‘’C’est la première initiative de cette taille et les centres d’excellence vont pouvoir échanger leurs données, mieux comprendre ces phénomènes, de manière à informer la décision politique, pour agir résolument et protéger cette biodiversité’’, a poursuivi M. Pisani.
Le directeur Afrique du centre de recherche forestière internationale, Peter Minan, a évoqué trois objectifs sur lesquels il faut se pencher, notamment sur la collaboration et la communication entre les centres régionaux, l’augmentation de la qualité des données et le rassemblement des acteurs autour de la biodiversité.
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MACKY SALL PRIS À PARTIE DANS UN AVION
Une altercation a éclaté lundi 7 octobre à bord d'un vol de la Royal Air Maroc, impliquant directement l'ex-président, son épouse et Mme Kamara. Cette dernière aurait en effet interpellé M. Sall en lui demandeur : "Pourquoi avez-vous tué nos enfants ?"
(SenePlus) - Un vol Casablanca-Paris de la Royal Air Maroc (RAM) a été le théâtre d'une confrontation inattendue entre l'ancien président du Sénégal, Macky Sall, son épouse et une passagère sénégalaise, Aïssa Kamara. L'incident, qui s'est déroulé le 7 octobre 2024, a conduit à l'arrestation de Mme Kamara et à son passage devant un juge.
Selon les témoignages recueuillis, une vive altercation a éclaté à bord de l'appareil, impliquant directement l'ex-chef d'État, son épouse et Mme Kamara. Cette dernière aurait en effet interpellé M. Sall en lui demandant : "Pourquoi avez-vous tué nos enfants ?" Face au mutisme de l'ex-chef d'État, c'est son épouse, Marème Faye Sall, qui aurait réagi vivement, déclenchant un échange d'insultes entre les deux femmes.
La situation s'est rapidement dégradée avec l'intervention des gardes du corps et d'accompagnateurs, créant une agitation à bord. Mme Kamara a finalement été débarquée de l'appareil, apprenant par la suite qu'une plainte avait été déposée contre elle.
Face à cette situation, la ministre de l'Intégration Africaine et des Affaires Étrangères du Sénégal a réagi rapidement en mobilisant les représentations diplomatiques sénégalaises au Maroc. L'Ambassadeur du Sénégal à Rabat et le chargé d'affaires du Consulat général à Casablanca ont reçu pour instruction d'apporter une assistance juridique à leur compatriote.
Après son passage devant le juge le jour même, Mme Kamara a pu recouvrer sa liberté. L'Ambassade du Sénégal à Rabat a confirmé dans un communiqué que la ressortissante sénégalaise a été autorisée à poursuivre son voyage.
ABATTOIRS, LA NÉCROPOLE AUX MILLE SECRETS
Mouhamadou Nissire Sarr et Adama Aly Pam dépoussièrent l'histoire du cimetière des abattoirs dans une communication passionnante. Leur propos démontre l'importance capitale de ce site pour comprendre l'évolution sociale et politique de Dakar
Le Prof. Mouhamadou Nissire Sarr et le Dr Adama Aly Pam offrent une plongée inédite dans l'histoire du cimetière des abattoirs de Dakar. Leur analyse méticuleuse révèle comment ce lieu, initialement créé pour des raisons sanitaires, est devenu un véritable panthéon national.
"Cimetière des abattoirs considéré comme un panthéon de Dakar
Synthèse des discussions
Le reportage sur le cimetière des abattoirs considéré comme un panthéon de Dakar parce qu’il abrite les dépouilles de beaucoup de dignitaires politiques (Blaise Diagne, Lamine Coura Guèye et religieux (La famille Tall, les mouquadams de Cheikh Seydi Hadji Maalick : El Hadji Pèdre Diop, originaire de Kharé, un village du Waalo ; Amade Diagne Dahira etc.) est le prétexte de cette synthèse. Il s’agit d’une bonne documentation pour écrire l’histoire des cimetières de Dakar (Sarr) ; un bon sujet sur l’histoire sociale, politique et la démographie (Mbow) parce que Russel a reconstruit la démographie de l’occident médiéval à partir des cimetières ; études qui allient à la fois technicité et originalité (Mbow). Le cimetière des abattoirs a été créé en 1922 par l’administration coloniale près de la ville dite indigène, dans le souci de mettre à l’abri la ville européenne des risques de contagion de la fièvre jaune qui décimait à l’époque les populations de Dakar (Pam). Il propose de consulter les séries H et P des archives nationales du Sénégal pour documenter les faits relatifs aux règlements liés aux sépultures et conditions d’inhumation lors des épidémies.
Le champ lexical des peuples qui habitent la Sénégambie est suffisamment riche pour désigner la mort, le cimetière, la tombe, les rites d’enterrement, le puits funéraire. Nous en avons énuméré une dizaine chez les Peuls : cehe, genaale, tulel, wakaldu, Wirto Benna, Baamulé, Janaysé (funérailles, enterrement), Wirnudé, Wirwirndé, Berdé ; chez les valafs, nous notons : sëg, janasé, Baamel, armeel. Selon Pam, « une interprétation audacieuse de sëg fait dériver l’expression du concept wërsëg (chance) de rituels autour des sépultures des ancêtres supposés accroître la chance. Faire le tour de la tombe, y faire des libations pour faire appel à l’intercession des ancêtres ». Le Pr. Thioub précise que « wërsëg, faire le tour des cimetières est une grande chance au lieu d’y entrer les pieds devant ». Il y a lieu selon Sarr de mentionner mar qui désigne à la fois la tombe et le rituel d’enterrement des guerriers. A ce propos, Pr. Mohamad Mbodj note que le « mar » serait plutôt un enterrement d’un guerrier garmi en position debout dans un endroit très isolé (pour éviter la profanation à des fins mystiques dit-on). Une pratique qu’on relève souvent chez les matrilignages royaux du Waalo. Les Seereer et les Soninkés ont également leurs propres lexèmes pour désigner, la mort, la tombe et les cimetières. Les différentes interventions ont fait apparaître les termes suivants : « Pooy » pour dire cimetière et « A pomboy » qui veut dire « tombe » (Faye) ; Michel Waly Diouf semble ne peut être du même avis que son collègue. Selon lui, dans toutes les contrées du Siin, Pooy renvoie à plusieurs tombes (les cimetières), tandis que A mboy désigne non seulement une tombe mais également peut renvoyer aux obsèques et aux monuments funéraires. Les Seereer emploient aussi le terme Armal qui désigne les cimetières (Kaling). Chez les Soninkés, les lexèmes varient d’une contrée à une autre. Nous relevons les termes Ka lagaru ou furu ngalu (dernières demeures) ; Kaburu ou kaburu so en bamana ; Xabura (la sépulture) ; kaburoo (la tombe) en langue mandingue de la Casamance. En pays diola, sidy note une influence certes mandingue mais ceux du Blouf ont gardé leur propre terminologie : foufok désigne la tombe et le cimetière, Fok signifie enterrer, Efok actionner d’enterrer, nom porté par certaines personnes de la Casamance. Les auteurs notent une possible contamination de ces différentes langues par l’arabe. Ce qui apparaît dans la transcription des termes tels Kaburu, janasé, Jeneysa qui sonnent plus arabes qu’africains.
Le cas des cimetières de Saint Louis a attiré l’attention du Pr. Bouba Diop. Il donne le nom du cimetière des pêcheurs qui a deux noms : Cemm (un titre du ganjool porté par le représentant du damel sous le règne de Lat Sukabe Ngoné Dièye) Caaka Njaay et celui de Sor Teen Jigeen Marmiyaal. Pour lui, chacun des termes mérite des études approfondies. Il propose la mise en place d’une équipe composée d’historiens, de géographes, de linguistes et d’archéologues pour une étude systématique sur la place des cimetières dans la vie quotidienne des Sénégalais. Il note un fait d’histoire sociale important « dans le faubourg de Sor, il y a un cimetière mixte où sont enterrés chrétiens et musulmans et peut être adeptes des religions ancestrales comme à Joal Fadiouth et Ziguinchor. Boubacar Niang s’inscrit en faux contre l’existence d’un cimetière islamo-chrétien dans sa ville natale. Il est témoin de profanation du cimetière catholique près de leur maison, où repose le Gouverneur Blanchot pour voler couronne de fleurs et coupes et en faire des enjeux de matchs de football. Il note que « leurs Serignes daaras leur obligeaient à leur désherbage annuel systématique, exercice plein de dangers ». Babcar Diagne précise que « les premiers cimetières de Saint Louis se trouvaient dans cette zone de la pointe sud et sur la langue de barbarie ». Pr. Babacar Diop revient sur la piste égyptologique ouvert par Sarr, à propos de mar, mr en égyptien ancien désignant la pyramide. Il propose un échange approfondi sur le cas des cimetières mixtes à Saint Louis en consultant les familles Traoré et Dansokho qui habitent Pomu Khor. Il affirme avoir pris des photos du cimetière de Sor où étaient enterrés beaucoup de personnes décédées lors de l’épidémie de la fièvre jaune de 1878. Il s’était intéressé aux épitaphes qui lui auraient permis de reconstituer les noms malheureusement ce cimetière a été rasé et les ossements transférés. Boubacar Niang confirme que « sur l’histoire des cimetières à Saint Louis, le Pr. Bouba Diop peut beaucoup contribuer à nous renseigner sur leur origine, leur emplacement, leur déplacement, leur dénomination et surtout la politique coloniale en la matière ». Il confirme que le cimetière où reposait le fils indigène de Faidherbe a été rasé dans les années 90 et transformé en terrain de football nawétane. Il suggère que la lutte contre les épidémies et les politiques sépulcrales au temps colonial soit un passionnant sujet de recherche. Pam nous informe que « le journal apostolique de Dakar, Joal dans les années 1860, tenu par Aloyse Kobes est une source très intéressante sur les épidémies, l’évangélisation dans la zone, rangé sous série 2Z ». Le pays des morts est localisé dans le cimetière. En pulaar, il est appelé Wompou. Il est situé à l’Ouest. L’accès à ce pays est adossé à l’exécution effective des rites. Les techniques d’indentifications des morts ont également intéressé les différents intervenants. On leur fabrique des pierres tombales placées au niveau de leur tête, sur lesquelles on inscrit leurs noms, les dates de naissance, de décès et probablement la profession exercée par le maître ou la maîtresse du tombeau. Ces pierres tombales sont essentielles pour ces genres d’étude (Pam). Il photographie quelques-unes familiales venant de son village Halwar. A côté de ces pierres, il relève des ossements qui effleurent avec des positions différentes des préceptes musulmans ce qui s’expliquerait soit par le caractère violent et massif dans lequel ses décès sont survenus (guerres ou épidémies) ou que les populations ne soient pas adeptes de la religion musulmane. Ces sépultures seraient donc des marqueurs chronologiques intéressants à étudier. Il a beaucoup insisté sur le traitement des corps en période d’épidémie. D’autres pierres tombales à inscription islamique ont été retrouvées au Mali entre Diongui et Tchikité. Elles sont actuellement en étude chez les Professeurs Sall et A. Dème. L’épigraphie, l’archéologie et l’anthropologie sociale sont des disciplines intéressantes pour interroger l’histoire de la mort et des pratiques funéraires en Afrique.
A la suite de ces débats, l’idée d’organiser un colloque a été suggérée par la Professeure Penda pour étudier la notion de purgatoire chez le chrétien du Moyen âge et le barsax musulman, d’autant que « la représentation de la mort est très vivace dans l’imaginaire du Moyen âge occidental et envisage la mort à la fois comme un transfert et une mutation, car le mort acquiert un nouveau lieu de résidence, une nouvelle nature et de nouveaux pouvoirs » (Diallo). Sarr propose d’élargir l’étude à l’Afrique ancienne et moderne en exploitant les pistes suivantes : Deuil et rites de mort ; Architecture et Espace funéraire ; l’eschatologie funéraire ; relation entre morts et vivants. Les intervenants, historiens, anthropologues et autres spécialistes, ont mis en lumière l'importance de ces lieux comme archives de l'histoire sociale, politique et culturelle du Sénégal.
Le cimetière des abattoirs : un panthéon dakarois
Importance historique: Le cimetière des abattoirs est présenté comme un lieu emblématique abritant les restes de nombreuses personnalités sénégalaises.
Intérêt scientifique: Les cimetières sont envisagés comme de véritables archives pour étudier l'histoire démographique, sociale et politique.
Création et fonction initiale: Le cimetière a été créé pour des raisons sanitaires, loin du centre-ville, mais est rapidement devenu un lieu de mémoire.
La diversité des pratiques funéraires au Sénégal
Terminologie: Une riche variété de termes en langues locales (peul, wolof, sérère, soninké) est utilisée pour désigner les cimetières, les tombes et les rites funéraires.
Rituels et croyances: Les pratiques funéraires sont liées à des croyances profondes sur les ancêtres et le monde des esprits et de la conception de l’au-delà.
Influences culturelles: L'arabe et d'autres langues ont laissé leurs traces dans le vocabulaire funéraire.
Les cimetières de Saint-Louis : un cas particulier
Histoire et diversité: Les cimetières de Saint-Louis présentent des particularités liées à l'histoire de la ville et à la coexistence de différentes communautés.
Cimetières mixtes: La question de la coexistence de sépultures chrétiennes et musulmanes est abordée.
Profanations et destructions: Les participants soulignent les dangers de la disparition de ces lieux de mémoire.
Perspectives de recherche
Il est proposé de réfléchir à l’organisation d’un colloque sur la thématique de la mort et des pratiques funéraires dans l’espace sénégambien.
Thèmes à approfondir: Deuil, rites funéraires, architecture funéraire, eschatologie, relations entre morts et vivants.
Méthodologies: L'interdisciplinarité est essentielle pour mener à bien ces recherches (histoire, anthropologie, linguistique, archéologie).
Sources: Les archives, les témoignages oraux, les inscriptions funéraires et les études ethnographiques sont autant de sources à exploiter.
Les cimetières sénégalais sont bien plus que de simples lieux d'inhumation. Ils sont des archives vivantes qui témoignent de l'histoire, des cultures et des croyances d'un peuple. Leur étude permet de mieux comprendre les sociétés passées et présentes."
Bibliographie indicative (à compléter)
Ouvrages généraux :
Balandier, Georges.Anthropologie politique. Paris : Presses Universitaires de France, 1958. Un classique de l'anthropologie qui aborde les questions de pouvoir, de société et de rituels, dont les funérailles, en Afrique.
Griaule, Marcel.Dieu d'eau. Paris : Gallimard, 1965. Une étude approfondie des Dogons du Mali, qui propose une analyse des croyances et des rites funéraires.
ARIES, Phillipe, L'homme devant la mort, tome 1, Paris, Seuil, 1977
Études spécifiques sur les rites funéraires :
DEVISCH Renaat, MAHIEU Wauthier de Mort, deuil et compensations mortuaires chez les Komo et les Yaka du Nord Zaïre, Musée Royal de l'Afrique Centrale - Tervuren – 1979 (Annales - série in-8, Sciences humaines - n° 56), 197 p.
Afrique de l'Ouest:
Diop, Cheikh Anta.Civilisation ou barbarie. Paris : Présence africaine, 1981. Une référence incontournable pour comprendre les fondements historiques et culturels des sociétés africaines.
Thomas, Louis-Vincent, Anthropologie de la mort, Paris, Payot, 1975, 540p.
SONKO À NOUVEAU SUR LA SELLETTE
Deux arguments majeurs sont avancés pour contester la candidature du chef de Pastef : l'état de contumace et sa condamnation définitive pour diffamation. Le Conseil constitutionnel devra trancher sur l'applicabilité de la loi d'amnistie à ces cas
(SenePlus) - La Coalition Takku wallu Sénégal, dirigée par l'ancien président Macky Sall, vient de lancer une offensive juridique contre Ousmane Sonko, Premier ministre et tête de liste nationale de Pastef.
Me Antoine Mbengue, mandaté par cette formation, a ainsi déposé ce lundi, une réclamation auprès du Conseil constitutionnel, visant à faire annuler la candidature de Sonko. Le motif ? Une prétendue inéligibilité du leader de Pastef.
Deux arguments majeurs sont avancés pour justifier cette inéligibilité, selon le recours déposé. D'une part, l'état de contumace de Sonko, résultant de sa condamnation le 1er juin 2023 dans l'affaire Sweet Beauty. D'autre part, sa condamnation définitive pour diffamation contre Mame Mbaye Niang, confirmée par la Cour suprême le 4 janvier 2024.
Cependant, l'affaire se complique avec l'entrée en jeu de la loi d'amnistie du 13 mars 2024. La question cruciale qui devra trancher les sept Sages du Conseil constitutionnel est de savoir si cette amnistie, intervenue après leur décision d'invalider la candidature de Sonko à la présidentielle, couvre son inéligibilité pour les législatives.
Le nœud du problème réside dans l’interprétation de la portée de cette amnistie. S'applique-t-elle à l'affaire Mame Mbaye Niang, qui avait été le motif principal de l'inéligibilité de Sonko lors de la présidentielle ? Ou se limite-t-elle aux faits "se rapportant à des manifestations ou ayant une motivation politique", excluant ainsi les infractions contre des particuliers ?
Cette manœuvre juridique de la coalition de Macky Sall pourrait complètement rebattre les cartes de la campagne électorale. Elle remet au premier plan le débat sur la participation de l'opposition au contrôle et ravive les tensions politiques dans un contexte déjà électrique.
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LE DUEL SALL-SONKO RELANCÉ
Entre le retour surprise de l'ancien président de la République et la stratégie audacieuse de Pastef, les enjeux de ces législatives n'ont jamais été aussi élevés. Décryptage d'un scrutin qui pourrait redessiner l'avenir du pays
Ce lundi 7 octobre 2024, les experts Maurice Dione, professeur de Sciences politiques, et Mamadou Seck, politiste spécialiste des questions électorales, ont décrypté sur TFM les enjeux des prochaines élections législatives anticipées.
La course est lancée : sur 49 dossiers déposés, 41 listes ont été validées par la Direction générale des élections. Les recalés disposant de 24 heures pour saisir le Conseil constitutionnel. De quoi marquer le début d'une bataille juridique et politique intense.
Le retour fracassant de Macky Sall sur la scène politique, en tant que tête de liste de la coalition Wallu Senegal, électrise le débat. Selon les analystes, cette décision pourrait être motivée par une volonté de "laver l'affront" et de protéger ses arrières face aux menaces de poursuites judiciaires.
Face à cette reconfiguration, la stratégie de Pastef, le parti au pouvoir, intrigue. En décidant de concourir sous sa propre bannière, Ousmane Sonko prend un risque calculé. Cette décision, qualifiée de "retour à l'orthodoxie" par les experts, vise à consolider sa base et à sécuriser ses futurs élus à l'Assemblée nationale.
L'enjeu est crucial pour la nouvelle majorité présidentielle qui cherche à obtenir une majorité parlementaire pour mettre en œuvre son programme. Cependant, elle fait face à une opposition recomposée et déterminée, avec notamment la coalition de Macky Sall qui promet une compétition féroce.
Sur le plan logistique, les discussions se poursuivent autour de l'utilisation des bulletins de vote en petit format, une mesure qui pourrait permettre une économie de 8 milliards de francs CFA. Pendant ce temps, la distribution du matériel électoral touche à sa fin dans presque toutes les régions du pays.
LA GAUCHE PLURIELLE MONTE AU CRÉNEAU
La coalition d'organisations de gauche fustige les "menaces à peine voilées" du gouvernement envers le Parti de l'Indépendance et du Travail (PIT). Elle accuse le régime actuel de vouloir instaurer "une dictature de type nouveau"
La Gauche plurielle lance un cri d'alarme face à ce qu'elle perçoit comme une dérive autoritaire du pouvoir, cristallisée par des menaces envers le Parti de l'Indépendance et du Travail. La déclaration, empreinte d'un ton combatif, rappelle le rôle historique de la gauche dans l'instauration de la démocratie au Sénégal et dénonce une tentative d'instaurer "un régime de terreur".
"Déclaration des organisations membres de la Gauche plurielle
Dans un communiqué, en date du 1er octobre 2024, le Porte-parole du gouvernement répond, avec des menaces à peine voilées, à la déclaration du Parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) diffusée le 27 septembre 2024.
Les organisations membres de la Gauche plurielle, après avoir réitéré leurs félicitations au PIT, parti membre fondateur de la Gauche plurielle, pour la qualité de ses positions courageusement exprimées, tient à rappeler au pouvoir que les militantes et les militants de nos partis et mouvements ont consenti toutes sortes de sacrifices pour l’avènement, au Sénégal, d’un régime démocratique qui garantit la libre expression des opinions.
Acteurs et témoins de toutes les luttes couronnées, actuellement, par le pluralisme politique, syndical et médiatique les responsables et militants de nos formations politiques ont fait face à toutes les intimidations et vaincu les partisans de la pensée unique. Ce n’est donc pas, aujourd’hui, que des apprentis-dictateurs, surgis de nulle part, l’insulte à la bouche, réussiront à museler nos partis. Toute tentative de confiscation des libertés et droits des citoyens conquis de haute lutte est vouée à l’échec. Qu’ils se le tiennent pour dit, et définitivement !
Analysant les déclarations des plus hautes autorités du pays sur l’état des finances publiques et les mesures qu’elles envisagent, le PIT n’a fait qu’alerter le peuple sénégalais sur l’éventualité d’une difficile situation économique et sociale à venir.
Plutôt que de tenter vainement d’intimider un parti politique qui exprime librement ses opinions sur la gouvernance du pays, le pouvoir actuel devrait s’atteler, enfin, à apporter des solutions aux problèmes que rencontrent nos concitoyens : la cherté de la vie, le chômage, l’émigration irrégulière, etc.
Devant son impuissance à satisfaire les légitimes aspirations du peuple, le pouvoir s’efforce d’instaurer un régime de terreur pour bâillonner les voix dissonantes : activistes, journalistes et politiques sont traqués, arrêtés, mis en détention ou interdits de sortie du territoire. C’est peine perdue !
Les organisations de la Gauche plurielle expriment toute leur solidarité aux camarades du PIT et, au-delà à tous les citoyens victimes de la dictature du pouvoir actuel et engagent les militants à rester mobilisés pour préserver tous les acquis démocratiques et vaincre ce régime dont le « Projet » insidieux est d’installer, au Sénégal, une dictature de type nouveau."
par Ibra Pouye
PERMETTEZ-MOI D’ÊTRE UN DÉPUTÉ DU PEUPLE POUR BÉNÉFICIER D’UNE IMMUNITÉ PARLEMENTAIRE
Je m’appelle Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur et narcotrafiquant d’un doux pays se nommant le Sénégal. Je traine des casseroles et je sais qu’elles sont si grosses qu’elles ne pourront pas entrer dans une soute d’avion
Ma foi et si j’en ai une, que sais-je encore, un embrouillamini dans ma tête et je ne sais quoi raconter et au rythme où vont les évènements. Que vais-je devenir ? Ousmane Sonko et Emmanuel Macron, mes deux malheurs et sans oublier mon bienfaiteur, le roi de ce doux royaume chérifien où j’ai posé mes pénates et ma douce Marième, ma moitié, épouse et compagne des bons et des vieux jours.
Ousmane Sonko, sortez de mon corps, grassouillet et dodu. Je m’appelle Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur et narcotrafiquant d’un doux pays se nommant le Sénégal. Mais je ne suis guère un trafiquant de drogue même si mon nom dans l’imaginaire des Sénégalais, mes anciens sujets, est mêlé à tout. Un trafic d’armes auquel je suis mêlé, cela est vrai. En effet, mêlé à tout parce je régnais sur tout et ma personne était sanctifiée avant d’être chassée par le peuple sous la houlette d’un vaillant homme voire un démiurge. Répéter son nom dans ce testament me fait pousser des cris d’orfraie parce que je n’ai nullement envie de le voir en fresque.
De mon départ de ce pays, de gros cafards sortent des tiroirs et ternissent mon image et je ne sais quoi faire en ce moment. Je me sens abandonné. Les nuits sont longues et sont mon refuge. Fort heureusement que ma chère et tendre épouse est là pour me réconforter. Je me sens lâché par tout le monde et même par mon griot des temps modernes, grand voleur devant l’éternel. Oh mon Farba, t’es où, on t’interdit aussi de sortir du territoire. Mais bon tu pourrais traverser le fleuve et me rejoindre au Maroc, ce doux pays où vivre fait revivre et dans mon très joli riad des mille et une nuits.
Un jardin d’Eden fleuri et où se racontent les fables de Sa Majesté Sall Lamtoro Bur Guédé, cette lignée de guerriers, aimant la guerre et assoiffés de sang. Oh le pouvoir est grisant. Il m’a rendu très riche. Mais riche, je le suis quand mon mentor Wade m’a offert or et argent à mi-mandat. Ah Abdoulaye Wade, le généreux, le talentueux, l’homme qui a plusieurs flèches à son arc. Mais la trahison a été mon arme fétiche. En effet, je l’ai traîné dans la boue quand il a perdu le pouvoir. Cette jouissance de ce bas monde. Je me suis acharné sur son fils, un véritable pilleur de nos deniers publics. Mais bon, j’ai fait pire que Wade fils.
L’argent et moi, une vieille histoire. Je l’aime trop. Je le compte et même dans mes rêves. Face à l’argent, je perds le contrôle de tout et je peux même vendre ma douce moitié, elle le sait et c’est cela qui nous unit. Rire jaune. Face au pouvoir et à l’argent, je suis capable de vendre ma famille dont mon frère Aliou qui ne m’est d’aucune utilité, ce traitre ayant pris ses aises chez mon ancien Premier ministre. Lui-là, surnommé Amwang ou Bazoum, l’éternel mal aimé de la politique sénégalaise. Je le déteste mais il me fait toujours peur parce que trop riche. Après une batterie d’enquêtes, je me suis rendu compte qu’il volait autant que moi. Mais non, l’on ne peut être fonctionnaire dans ce très pauvre pays et être si riche comme Crésus. Me suis rendu compte qu’il n’est pas que moi qui faisais office de voleur de deniers publics.
L’histoire des 2750 kg d’or sortis du territoire par mon très cher homme lige, cela est de moi. Lui n’a eu que des commissions. Un fabuleux homme de paille même si dans une autre époque, on s’était pris le bec mais bon ma chère compagne a fait taire nos querelles de ripoux.
Vous savez, chers amis lisant ce testament, je risque d’être emmerdé jusqu’au cou. Je traine des casseroles et je sais qu’elles sont si grosses qu’elles ne pourront pas entrer dans une soute d’avion. Raison pour laquelle j’en ai laissé pas mal quand je filais à l’anglaise à la suite de la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Ah bon Dieu, celui-là, ce sérère au sang noble, je peux prononcer son nom me rappelant ma chère et tendre épouse. Maman aimante. Mi-ange, mi-démon ma Marième et qui m’a fait voir de toutes les couleurs. Elle a bien profité de mon règne avec sa brochette d’amies et de griots. Un sacré morceau elle aussi. Une autre Simone Gbagbo des tropiques. Personnage riche et démesuré. Elle m’a aussi poussé dans mes fourberies et mes pitreries. Mais fallait-il tuer au moment de quitter ce doux pouvoir qui me consumait ? Quelques regrets mais bon comme me le répétaient à l’envi mon entourage et quelques amis présidents dictateurs africains, il était nécessaire de le faire.
Bon Dieu, cher peuple, j’ai tué et en pis j’ai massacré d’innocents citoyens à la tronçonneuse et surtout d’honnêtes gens à la fleur de l’âge. Espoirs et espérances fauchés. Le sang me faisait vivre. J’étais un monstre froid. J’avais des hommes de main tels Rambo M. Fall, ce général de l’armée, monstre froid et ne reculant pour rien devant quelques escouades de cette jeunesse présente et guerrière dans les moments de lutte. Mon Antoine Diome, mon ministre de l’intérieur, faisait le sale boulot et je me voyais un peu en lui. Aucune scrupule ces deux messieurs. Et sans oublier le tailleur de la Constitution Ismaila M. FAll, ce professeur des universités sans foi ni loi qui a troqué ses lumières avec de l’argent. Ces trois moins que rien m’appartenaient mais je ne pouvais les emmener avec moi à Marrakech. L’on dit que j’ai tué plus de quatre-vingt Sénégalais mais je sais que je ne suis pas seul dans ma tête, le chiffre dépasse plus d’une centaine d’individus. Des regrets, je ne saurais vous le dire vu que la vie est une foultitude de regrets amers et des souvenirs doux.
En effet, cette Constitution taillée sur mesure était à moi. A mon homme, ImF, mille mercis mais tu m’as mis dans un gros pétrin. Qu’il aimait l’argent et les ordres. Je n’avais pas trop confiance en ce sire parce qu’en travers lui, se dessine la traitrise. Mon vrai chien de garde était ce général sans grade et ni étoile. Lui-là, la folie risque de l’emporter mais n’oublions pas aussi mon cher J. Bandiaky, un vrai homme de main au ciboulot de prématuré. Une vraie tête de nœud, amateur de sports de combat et d’armes à feu. Et quid de son nom cité dans l’affaire des deux braves militaires disparus ? Mon nom revient sans cesse dans ce drame. Mais bon an mal an, mon ami M. Diagne, l’homme des officines lugubres y est pour quelque chose. Il me manque cet homme, chanteur de mes gloires sans gloriole. Un fieffé menteur doublé d’un cabotin et surtout dans l’affaire d’A. Sarr qui a mis ce doux pays à feu et à sang.
Mais pour me faire une virginité politique, mon parti ApR dilué dans la coalition contre nature Takku Wallu Sénégal, m’a placé comme tête de liste lors des législatives se profilant en novembre 2024. Je veux cette immunité parlementaire et peu me chaut. M’en fous des qu’en-dira-t-on. Je me nomme Macky Sall et m’en fous de tout. Et surtout des moqueries même si ce tandem Diomaye moy Sonko est en train de dérouler son agenda. Une politique de haute intensité qui va pousser sous peu bon nombre d’entre nous à la retraite. Le changement systémique du Sénégal même s’il est un chihuahua à travers leur chemin. Ce dernier, en l’occurrence B. G. Dany, homme d’affaires, patron de presse fauché, est sur une pente dangereuse. Je le sais très versatile et à la limite borderline.
En fait, ces élections ne seront pas de tout repos. Je veux renter au Sénégal et battre campagne mais me demande comment faire. Comme le font certains, je pourrais passer par la Gambie mais bon mon ami Adama Barrow ne m’appelle plus et je le comprends mais bon je pense aussi à la traversée du fleuve par la Mauritanie. Oh non pitié, je ne peux faire cela. Je suis de sang noble, un guerrier dans l’âme. Mais je sais que je risque gros. La prison n’est pas loin et quelques tarés vont essayer d’attenter à ma vie. Rester à Marrakech et aller prier de temps en temps à Fès avec Marième même si je ne suis pas un féru des écritures du Coran que je préfère au temple des lumières. Je ne veux pas terminer comme Mobutu du Zaïre mais cette terre natale que j’ai souillée à cause de mes turpitudes, voudra-t-elle de moi ? Seul Dieu sait mais bon autant rester au Maroc et prendre mes remords éternels pour seul refuge.
Je sais que n’aurai plus jamais le sommeil tranquille sur cette terre qui est mienne. Apparemment le duo Diomaye moy Sonko n’est pas encore tombé dans le guet-apens que je lui ai tendu et dans l’espoir qu’il ne dépassera pas les six mois chrono et que le peuple le chassera du palais.
Petit dieu Macron a rompu le contrat qui me permettait de parcourir le monde et me terrer au Maroc est la seule solution qui me reste. Mais bon sarap Macron !
Prenez acte de cette lettre testamentaire depuis Marrakech, le Maroc.
par Alioune Dione
LA TÉLÉVISION SÉNÉGALAISE, UN DANGER POUR LES LIBERTÉS
L’information est une arme nocive quand celui qui la donne la déforme à ses souhaits et intentions. Elle ne doit point servir d’instrument de diabolisation ou de production de sensation. L’apport des médias dans une société doit être décisif
Dès l’année 1995, K. Popper mettait en garde la société contre les dangers de la télévision pour la démocratie. Lieu par excellence du débat et de la contradiction pour faire jaillir la lumière sur les faits sociaux, les médias au rang desquels la télévision occupe une place particulière dans l’influence sociale sont devenus des instruments de propagande dénués de toute neutralité axiologique. La télévision sénégalaise au-delà de son impact sur la passivité citoyenne est devenue le lieu par excellence de la médiocrité et de la prostitution visuelle.
Des descendants de Goebbels qui font partout la propagande politique mais dénués d’intelligence et de charisme comme le fut le Volksaufklärung und Propaganda, des charlatans, des comédiens, des morues aux mœurs légères dont l’inculture froisse toute conscience avertie devenus analystes politiques ou économiques, suivis de partout par une classe sociale sans portée épistémique pour analyser le discours des médias. Popper disait qu’il ne peut y avoir de démocratie si on ne soumet pas la télévision a un contrôle, ou pour parler plus précisément, la démocratie ne peut substituer durablement tant que le pouvoir de la télévision ne sera pas complètement mis à jour.
Le pouvoir colossal des médias ne doit pas être affaibli mais encadré car une nation qui se veut forte et transparente ne peut recourir qu’à la force médiatique pour accéder au stade suprême de développement. Mais, le temps social appelle à un assainissement rigoureux des médias sénégalais. En effet, si le gouvernement sénégalais opte pour une rupture structurelle, il est appelé à prendre des mesures fortes pour rendre le milieu journalistique professionnel, de garantir une liberté d’expression aux médias dont les critiques permettent d’éclaircir les zones d’ombres des politiques et finances publiques, de bannir toute forme d’intox des médias politisés pour leurrer la masse.
Un État politique préfère la propagande à la critique mais un État-provident n’a pas besoin de médias propagandistes car ses actes se font ressentir socialement par le peuple, il préfère la critique constructive à l’éloge d’une flatterie destructive puisque quand les analyses politiques ou économiques pointent du doigts les manquements, incohérences ou les ambiguïtés de l’action gouvernementale, elles interpellent en quelque sorte le gouvernement non pas à la remise en cause mais à la vigilance dans ses faits et actes montrant qu’il y a des instances de contrôles sociales qui l’incitent à la transparence.
L’immense influence qu’exerce la télévision sur la conscience collective mérite une fois une épuration du milieu médiatique de toute personne dont la formation intellectuelle et journalistique n’est pas aboutie pour parler des faits sociaux, politiques ou économiques. L’information est une arme nocive quand celui qui la donne la déforme à ses souhaits et intentions. Elle ne doit point servir d’instrument de diabolisation ou de production de sensation. Il y a une nécessité absolue de retourner à une formation rigoureuse des journalistes pour la neutralité, la déontologie, l’éthique, les biais du narcissisme mais surtout l’acquisition des connaissances en sciences humaines et sociales. D’ailleurs, le retrait des accréditations des écoles privées de formation sur le métier de journalisme est une nécessité sine qua non pour la régulation du métier de médias. L’exigence de la visibilité comme le disaient les auteurs de l’ouvrage sous la direction de N. Aubert et C. Haroche a pris le dessus sur la pertinence de l’analyse des faits. La créativité artistique, intellectuelle et culturelle perd sa place dans les médias pour ne divulguer que du sensationnel, de l’insignifiance, des clichés mais surtout des stéréotypes qui peuvent porter atteinte à la cohésion sociale.
L’apport des médias dans une société doit être décisif enfin non seulement de conscientiser mais de donner les moyens et instruments pour diagnostiquer l’état socio-politique de la du pays comme étant un vecteur social d’analyse de l’état de développement. Malheureusement, le recrutement médiatique est devenu un concours de mannequinat et de vulgarité dont le corps et la fourberie sont mis en avant et non le savoir.
L’absence de perspicacité de nos médias reflète en quelque sorte le mal profond de l’état arriéré de notre construction sociale et de la précarité de nos institutions de socialisation (primaire et secondaire). Au fait, l’imaginaire médiatique a créé des types de référence dont le seul mérite est de déformer les faits pour plaire à une classe politique adulée par le peuple. Les médias ont cultivé dans les consciences collectives des adolescents une dévalorisation de l’intelligentsia qui a débouché à une prise de soin du corps et à la manifestation de la vulgarité au détriment de la fortification des facultés de la raison et de l’esprit.
Dans ce sillage, la télévision au Sénégal est considérée comme un lieu de divertissement, de charlatanisme, de militantisme politique…, rare que l’action citoyenne et patriotique y trouve sa place, de fait, elle est un instrument passif qui n’appelle pas toujours à la prise de responsabilité chez les jeunes, à la valorisation du mérite et à la stimulation des consciences dans la réflexion pour relever les défis auxquels le peuple est appelé à faire face. Responsabiliser citoyennement la société passe d’abord par faire de la presse une vitrine de démocratie et non un instrument de propagande car comme disaient N. Aubert et C. Haroche : « l’injonction à la visibilité semble concomitante de l’avènement d’une société de l’image, dont l’écran est le symbole majeur. Cette société ‘‘ qui met le monde sur écrans, prend l’écran pour le monde et se prend elle-même pour ce qu’elle a mis sur l’écran ’’ est une société de l’exhibition ou tout savoir est devenu tout voir », nous sommes passé du cogito ergo sum de Descartes au narcissisme de l’exhibition que l’on peut traduire par l’expression latine videor ergo existo.
Alioune Dione : Socio-anthropologue est auteur de : Afrique et contemporanéité.