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23 novembre 2024
Développement
LE SÉNÉGAL DANS LA TOURMENTE FINANCIÈRE
Moody's vient de dégrader la note du pays, la faisant passer de Ba3 à B1. Le nouveau gouvernement de Bassirou Diomaye Faye se retrouve face à un déficit abyssal, qu'il impute à l'héritage empoisonné de l'administration précédente
(SenePlus) - Le Sénégal vient de subir un revers économique majeur. L'agence de notation Moody's a annoncé vendredi une dégradation de la note à long terme du pays, la faisant passer de Ba3 à B1, comme l'indique Reuters. Cette décision, lourde de conséquences, intervient dans un contexte de révélations troublantes sur l'état réel des finances publiques sénégalaises.
La nouvelle administration du président Bassirou Diomaye Faye, fraîchement élue, a levé le voile sur une situation budgétaire alarmante. Un audit commandé par le chef de l'État a mis en lumière un déficit budgétaire pour l'année 2023 bien plus important que celui annoncé par le gouvernement précédent. "Le déficit budgétaire de 2023 est supérieur à 10 %, par rapport aux 5 % déclarés par l'administration précédente", révèle le rapport.
Face à cette situation critique, le gouvernement Faye a pris une décision radicale : suspendre la demande de décaissement auprès du Fonds Monétaire International (FMI) prévue en juillet. Cette pause dans les relations avec l'institution financière internationale intervient après l'examen du fonds en juin, marquant un tournant dans la stratégie économique du pays.
Moody's, dans son analyse, ne se montre guère optimiste quant à un redressement rapide de la situation. L'agence de notation prévient : "Nous nous attendons à ce que l'assainissement budgétaire soit un processus de longue haleine, malgré la forte amélioration de la croissance économique attendue en 2025". Cette perspective peu encourageante souligne l'ampleur du défi qui attend les autorités sénégalaises.
Pour couronner le tout, Moody's a placé les notes à long terme du Sénégal "sous surveillance" en vue d'un potentiel nouvel abaissement. Cette épée de Damoclès accentue la pression sur le gouvernement Faye, qui se trouve face à l'urgence de mettre en place des mesures correctives efficaces.
Le Sénégal se trouve donc à un carrefour critique de son histoire économique. Les discussions en cours avec le FMI pour élaborer un plan de redressement seront décisives pour l'avenir financier du pays. La capacité du gouvernement à restaurer la confiance des investisseurs et des institutions internationales sera scrutée de près dans les mois à venir.
LE GOUVERNEMENT RÉAGIT À L'ABAISSEMENT DE LA NOTE DU SÉNÉGAL
La décision de Moody's de dégrader la note du pays sonne comme un coup de semonce. Le gouvernement, acculé, promet une réponse forte et des réformes structurelles pour éviter la spirale du déclassement
(SenePlus) - L'agence de notation Moody's vient de porter un coup dur à l'économie sénégalaise en révisant à la baisse la note du pays. Le Sénégal passe ainsi de "Ba3 à perspective stable" à "B1 avec une mise sous surveillance", une décision qui intervient dans un contexte économique déjà tendu.
Cette dégradation fait suite à "la révision à la hausse du déficit budgétaire et du niveau d'endettement observés sur la période 2019-2023", comme l'indique le communiqué du ministère des Finances et du Budget (MFB). Ces chiffres alarmants ont été mis en lumière par un audit des finances publiques, dont les résultats préliminaires ont été rendus publics le 26 septembre dernier.
Face à cette situation préoccupante, le gouvernement ne reste pas les bras croisés. Le ministre des Finances et du Budget "réaffirme la volonté ferme du gouvernement de mettre en œuvre rapidement des réformes ambitieuses pour réduire significativement le déficit dès 2025". L'objectif est clair : redresser la barre et rassurer les investisseurs et les partenaires internationaux.
Parmi les mesures annoncées, on note la mise en place de "réformes structurelles visant à renforcer l'intégrité du cadre de gestion des finances publiques". Le gouvernement promet également de définir "une trajectoire claire" pour abaisser le taux d'endettement du pays.
Pour mener à bien ces réformes, le Sénégal compte s'appuyer sur ses partenaires internationaux. Le communiqué mentionne notamment "la Banque Mondiale et le FMI mais aussi la CEDEAO, l'UEMOA, la BCEAO, la Banque Africaine de Développement, la BOAD et tous ses partenaires régionaux". Cette collaboration vise à "améliorer la gestion de la dette, renforcer la gouvernance financière et assurer une transparence accrue dans les processus budgétaires".
Concrètement, les réformes envisagées comprennent "l'adoption de systèmes financiers intégrés et informatisés, le renforcement des mécanismes de contrôle et l'amélioration de la coordination institutionnelle". Le tout devra être réalisé "en cohérence avec les normes communautaires liant notre pays à la CEDEAO et à l'UEMOA, tout en se conformant aux meilleures pratiques".
Dans un souci de transparence, le gouvernement s'engage à fournir "des mises à jour régulières" sur l'avancée des réformes. Ces informations seront communiquées "par le biais de communiqués de presse, conférences et plateformes officielles".
PAR Babacar Fall
DÉMOCRATIE POLITIQUE ET DEMANDE CROISSANTE DES JEUNES POUR PLUS DE LIBERTÉ ET DE JUSTICE SOCIALE
Pour une fois, un nouveau pouvoir n’aura qu’un seul choix : celui de procéder à la réforme du présidentialisme, de mettre en œuvre la gouvernance vertueuse et répondre aux aspirations des jeunes et des femmes
Les troubles que le Sénégal a connus entre 2019 et 2024 ont suscité de nombreuses inquiétudes quant au modèle démocratique qui a fait la réputation du pays en Afrique. La discussion qui suit retrace son parcours en tant que démocratie, garantissant l’exercice des libertés des citoyens d’exprimer leurs opinions sans restriction et de choisir ceux à qui l’on confie la gouvernance du pays. Elle évoque les traditions démocratiques du Sénégal qui remontent à l’époque coloniale et l’exercice du pouvoir sous la présidence de Macky Sall, marqué dans une large mesure par des tendances autoritaires et des résistances citoyennes.
Le Sénégal, un pays de longue tradition démocratique
Le Sénégal compte en 2023 18 000 000 habitants environ dont les moins de 35 ans représentent 75 % de la population [1]. Il est connu pour sa longue tradition démocratique avec l’organisation régulière des élections. En effet, la scène politique est restée dominée par la démocratie d’essence coloniale et élitiste à l’œuvre sur la scène politique depuis 1914 avec l’élection du député Blaise Diagne remplacé par Galandou Diouf en 1938. Au lendemain de la Deuxième Guerre Mondiale, Lamine Gueye et Léopold Sédar Senghor occupent l’arène politique. Dans ce contexte, en 1960, le Sénégal accède à l’ indépendance formelle préparée par l’Union française en 1946, la Loi-cadre en 1956 et la Communauté Franco-Africaine en 1958. Le régime est de type parlementaire avec Léopold Sédar Senghor comme président et Mamadou Dia assure le poste de Vice-Président. Avec la crise de décembre 1962 marquée par l’emprisonnement de Mamadou Dia, un régime présidentialiste est instauré. Formellement, le système politique repose sur le pluralisme mais les libertés publiques sont bâillonnées, les partis d’opposition pareillement réprimés. Avec la crise de mai 1968/1969, le paysage politique sénégalais connait de graves secousses qui ouvrent une nouvelle ère politique, sociale et culturelle.
Une ouverture démocratique timide est amorcée au milieu des années 1970, avec la reconnaissance du Parti Démocratique Sénégalais fondé par l’avocat et universitaire Maitre Abdoulaye Wade. Mais le président Senghor décide de n’autoriser que quatre courants de partis politiques, poussant ainsi les autres mouvements politiques d’opposition à la clandestinité.
Les troubles sociaux et politiques, combinés à la crise économique qui a conduit à l’adoption d’un programme d’ajustement, ont précipité le départ du président Senghor. En 1981, Léopold Sédar Senghor cède le pouvoir à Abdou Diouf sans l’organisation d’élections en application de l’article 35 de la constitution. Le nouveau Président de la république élargit, sous la pression des forces démocratiques et progressistes, la liberté de formation des partis politiques mais la loi électorale favorise les fraudes avec les votes multiples et la non-identification des électeurs dans les bureaux de vote [2]. Les élections présidentielles de 1983 et de 1988 ont été marquées par de fortes contestations suivies de l’arrestation des leaders politiques de l’opposition [3]. C’est en 1992 qu’un accord est intervenu à la suite du dialogue entre les acteurs politiques sous la facilitation de l’équipe du juge Kéba Mbaye. Une loi électorale consensuelle est adoptée. Elle garantit la refonte du fichier électoral, l’identification des électeurs dans les bureaux de vote, l’obligation du passage dans l’isoloir, la présence des observateurs durant les élections et la publication des résultats à travers les radios publiques et privées. Le consensus s’établit sur le décalage énorme des politiques publiques et la demande sociale. La vie devient chère et la gouvernance s’écarte de la valorisation des immenses potentialités nationales.
Deux alternances politiques : les acquis démocratiques sont réversibles
Les réformes politiques aggravée par la crise économique ouverte avec l’ajustement structurel vont favoriser en mars 2000 l’alternance à la tête de l’État consacrant l’arrivée de Maitre Abdoulaye Wade à la place de Abdou Diouf. Ayant été le fer de lance de la démocratisation avant d’arriver au pouvoir, le président Wade prend néanmoins de nombreuses décisions à l’inverse des acquis démocratiques au point que les citoyens l’assimile à un autocrate qui personnalise la gestion de l’État en visant à installer son fils comme futur vice-président. Son ancien premier ministre, Macky Sall se martyrise face à la confiscation de tous les pouvoirs.
Comme dans un sursaut massif, plusieurs acteurs politiques, syndicaux, patronaux, et de la société civile engagent la tenue des Assises nationales (1er juin 2008 - 24 mai 2009) pour refonder les institutions, élaborer une charte de gouvernance démocratique et une série de mesures correctives des politiques sectorielles [4]. Les Assises nationales ont joué un important rôle dans l’émergence et la consolidation du mouvement de contestation qui a mis un terme au régime d’Abdoulaye Wade
Le prélude de la défaite de Maitre Abdoulaye est annoncée avec les élections locales du 22 mars 2009 qui ont été marquées par la victoire de l’opposition regroupée au sein de Benno Siggil Sénégal (Unis pour un Sénégal Debout) dans les grandes villes ( Dakar, Pikine, Guediawaye, Kaolack, Fatick, Diourbel, Louga et Saint-Louis). Le Parti Démocratique Sénégalais est resté solide dans les communautés rurales [5].
Avec la forte mobilisation des acteurs politiques, des changements sont apportés au niveau des institutions. La limitation du nombre des mandats à deux était déjà consacrée dans la nouvelle constitution de 2001. Mais Maitre Abdoulaye Wade [6] va tenter sans succès d’obtenir un troisième mandat qui lui sera refusé par les électeurs en mars 2012.
Le nouveau président élu se nomme Monsieur Macky Sall. C’est le premier président né après les indépendances. Il est porteur d’espoir chez les jeunes générations dont la plupart d’entre eux, selon le journaliste Khalil Gueye, sont « membres de la GEN Z, c’est à dire la Génération Z, une génération incomprise par les hommes politiques et qui passe pour la génération la plus complexe aujourd’hui dans tous les pays du monde. Elle a entre 11 ans et 25 ans et elle tapisse le système éducatif du primaire à l’université. Dans la vie de tous les jours elle est présente dans les foules des stades et des arènes de lutte, dans la masse des sans-emploi et partage les idées et sentiments du groupe dur de notre société qui ne croit plus en rien de ce que toute autorité puisse lui promettre » [7].
Ce sont ces jeunes qui ont été déçus par Macky Sall car son programme économique est centré sur la construction des infrastructures et la défense des intérêts des sociétés internationales. L’impact sur les populations et surtout les jeunes est peu significatif. Les statistiques sont éloquentes. De 3 273 000 d’habitants en 1960, la population a été multipliée par 6 en 64 ans pour atteindre en 2023 : 18 032 473 habitants dont la moitié de la population est âgée de moins de 19 ans [8]. Mais entre 2012 et 2024, la situation des jeunes ne s’est pas améliorée. Le taux de chômage reste élevé avec une légère tendance à la baisse : un taux de 22,5 % en 2015 passé à 18,6 % en 2023. Le sous-emploi est plus accentué avec 90 % d’emplois précaires. Au plan national, « en 2013, 28 % des actifs occupés par moins de 40 heures par semaine seraient disponibles pour travailler davantage. Ce taux est de 21 % pour les hommes, de 40 % pour les femmes, il est de 32 % en milieu rural, de 24 % à Dakar et de 26 % dans les autres centres urbains » [9]. L’insertion des jeunes dans le marché du travail s’est rétrécie. La situation de chômage ou de sous-emploi est vécue par les jeunes comme « une mort sociale »[10]. De ce fait, l’émigration clandestine apparait pour beaucoup de jeunes comme une alternative pour échapper à̀ la crise de l’emploi et à l’instabilité́ professionnelle, un raccourci possible vers une ascension économique réelle et surtout fulgurante. C’est pourquoi Khalil Gueye a raison de dire que la génération Z ne craint ni la mer ni le désert pour quitter le pays et aller ailleurs forger un meilleur avenir [11].
Macky Sall à l’épreuve de la démocratie et de l’État de droit : entre l’autoritarisme et les mobilisations contre les dérives présidentialistes
C’est dans ce contexte de crise que le jeu institutionnel est marqué par les dérives du régime présidentialiste autoritaire affirmant sa détermination à « réduire l’opposition à sa plus simple expression », ne tolérant aucune position critique. Dès son avènement au pouvoir, Macky Sall au lieu de penser aux prochaines générations pour leur assurer un mieux-être, s’est inscrit dans l’optique de gagner la prochaine élection prévue en 2019. Sous le prétexte de la reddition des comptes, deux opposants sont arrêtés, jugés et mis en prison. Il s’agit de Karim Meissa Wade, le fils de l’ancien Président Abdoulaye Wade, arrêté en avril 2013 et gracié en 2018 après 38 mois de séjour carcéral mais privé de ses droits civiques et donc exclu des élections présidentielles de 2019. Le même scenario est appliqué à Ababacar Khalifa Sall, maire de la capitale Dakar, arrêté en 2017 et condamné à cinq ans de prison et gracié un an après mais privé de ses droits civiques.
En réalité, si le président Macky Sall se compare souvent à un champion de lutte voulant préserver le titre de roi des arènes, il n’est point disposé à respecter les règles connues d’avance de la lutte . Avant le jeu , il élimine les sérieux adversaires par des complots extra sportifs, choisit l’arbitre de ses propres combats pour être proclamé champion. C’est ainsi que les élections présidentielles de février 2019 ont été un triomphe pour Macky Sall en l’absence de deux grands calibres de la scène politique sénégalaise. Mais comme dit l’adage « à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ». Dépourvu de légitimité, le nouveau président est si triste de ne pas être encensé pour ses exploits dans l’arène politique [12] . Au classement, on retrouve Idrissa Seck et Ousmane Sonko, respectivement deuxième et troisième derrière Macky Sall. Au lendemain des élections, la tension reste perceptible et nourrit l’inquiétude de nombre d’observateurs et admirateurs du modèle de démocratie qui reste attaché au Sénégal.
L’écrivain franco-guinéen, Prix Renaudot 2008, Tierno Monénembo s’interroge sur ce pays symbole de la démocratie en Afrique. « Qu’est-il arrivé au Sénégal ? » demande-t-il. Dans sa chronique intitulée : « Sénégal : le syndrome Sonko » et publiée le 3 mars 2019, il écrit : « Mais où est donc passée cette société fluide et raffinée que nous a léguée le lettré Senghor….La tolérance, la palabre, le wakhtane, l’espace de négociation ; cette vertu cardinale de la société sénégalaise est en train de se rétrécir sous le double coup des mesquineries et des ambitions partisanes » [13].
Mais la leçon de vie renvoyant aux belles vertus du dialogue pour surmonter les difficultés du pays contenue dans la chronique de Tierno Monénembo a été détournée de sa signification et mise au service des manœuvres politiques de consolidation d’un pouvoir ébranlé. Ainsi, à la faveur des effets de la Covid-19 et au nom des intérêts supérieurs du pays déclaré « en danger », Idrissa Seck rejoint la majorité présidentielle et est récompensé le 1er novembre 2020 du poste de président du Conseil économique, social et environnemental et bénéficie de deux postes ministériels pour son parti politique «Le Rewmi ». Avec le ralliement d’Idrissa Seck au pouvoir, Macky Sall pense alors qu’il peut dérouler son projet de briguer un troisième mandat d’autant que selon lui, la constitution adoptée en 2016 lui permet de le faire. Mais pour réussir son projet, il faut neutraliser tous les adversaires susceptibles d’être des obstacles. Ousmane Sonko , député et maire de la ville de Ziguinchor, la plus importante ville de la Casamance, au sud du pays, est identifié comme l’adversaire à abattre. Les dossiers judiciaires sont montés. C’est d’abord l’affaire Adji Sarr, une jeune masseuse qui accuse le 6 février 2021 Ousmane Sonko, candidat déclaré à l’élection présidentielle du 24 février 2024 de « viols répétitifs ». et « menaces de mort ». Le 3 mars 2021, le député et maire de Ziguinchor est officiellement mis en cause puis convoqué par le doyen des juges du tribunal de Dakar. Pour répondre au juge, il est accompagné de ses partisans. Sur le parcours, il est arrêté pour « trouble à l’ordre public », puis libéré sous contrôle judiciaire, après plusieurs jours d’émeutes et de nombreuses scènes de pillages ciblant les entreprises françaises (Total, Supermarchés Auchan, Carrefour, etc.) dans tout le pays. Quatorze morts sont enregistrés. Pour Ousmane Sonko, « cette accusation est une manipulation politique en vue de le mettre hors course de tout mandat électif. Car s’il était condamné, l’opposant serait inéligible » [14]. Jugé par contumace, l’opposant Sonko est acquitté le 1er juin 2023 des faits de viol dont il était accusé, mais il est reconnu coupable « de corruption de la jeunesse » et condamné à deux ans de prison et 600 000 FCFA d’amende. À l’énoncé du verdict, des violences ont éclaté dans plusieurs villes du pays. Près de soixante morts ont été dénombrés. Plus de 1 500 personnes ont été arrêtées et mises en prison pour des motifs variables notamment « offense au Chef de l’État », « outrage à magistrat », « diffusion de fausses nouvelles », etc. Felwine Sarr a raison de relever que « l’appareil judiciaire a abusé d’une rhétorique autour de la sûreté de l’État, du respect des institutions, du maintien de l’ordre public, pour organiser la répression systématique des opposants, leur intimidation et leur emprisonnement ; ainsi que la mise sous silence des voix dissidentes et des esprits épris de justice » [15].
Ensuite, une deuxième affaire de diffamation sera portée contre l’opposant Sonko qui est aussi condamné à six mois avec sursis hypothéquant ses chances légales d’être accepté comme candidat aux élections du 25 février 2024.
La mélancolie du président Macky, facteur d’inertie
Après plus d’un an de suspense, de tensions et de pressions politiques et religieuses diverses, Macky Sall annonce le 3 juillet 2023 , qu’il ne se représenterait pas aux élections présidentielles de février 2024. Mais le 28 juillet 2023, Ousmane Sonko est arrêté à Dakar. « Le procureur affirme qu’il fait l’objet d’une enquête pour « divers chefs de délits et crimes ». Le parquet estime que « depuis un certain temps », des « actes, déclarations, écrits, images et manœuvres » de la part de l’opposant étaient « constitutifs de faits pénalement répréhensibles »[16].
Le politologue Pierre Sané qualifie Macky Sall du titre de « président mélancolique et mal-aimé ». En effet, Président Sall est désespéré de voir son projet avorté : instaurer au Sénégal une présidence à vie comme c’est le cas dans nombre de pays d’Afrique centrale pour assurer un contrôle sur les ressources escomptées de l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz. Pierre Sané fait remarquer ironiquement que le rêve de Macky Sall « est parti en fumée : Sénégal émirat pétrolier ? Infrastructures en chantier ? Réforme du système financier international ? Et non, ce ne sera pas sous son magistère. La déception est profonde. Cette mélancolie nourrit la rancœur inépuisable qu’il cultive à l’encontre d’Ousmane Sonko dont la popularité inébranlable malgré les complots, séquestrations et emprisonnements enrage un président mal aimé. Ce qui en retour alimente sa mélancolie. Il aura tout essayé depuis trois ans ! » [17].
Le président Macky, adepte du dilatoire pour regretter le troisième mandat
Le dénouement semblait se préciser le 20 janvier 2024 avec la publication par le conseil constitutionnel de la liste des 20 candidats sélectionnés dont deux femmes [18] à partir d’un système de parrainage sur 70 postulants. Ousmane Sonko s’est fait remplacer par Bassirou Diomaye Faye, Secrétaire général de son Parti (Pastef), Parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité, dissous le 31 juillet 2023 par le ministre de l’Intérieur. Mais c’est sans compter avec les soubresauts du président mélancolique qui le 3 février 2024, à la veille de la campagne électorale, abroge le décret de convocation des électeurs sous le prétexte de la mise en place d’une commission parlementaire enquêtant sur deux juges du Conseil constitutionnel dont l’intégrité dans le processus électoral est contestée par le Parti Démocratique Sénégalais dont le candidat Karim Meissa Wade a été recalé pour cause de parjure sur sa double nationalité sénégalaise et française. Dans la foulée, l’Assemblée nationale adopte un projet de loi renvoyant les élections présidentielles au 15 décembre 2024 avec l’octroi d’un supplément de mandat au président Macky Sall. Saisi par un groupe de candidats, le Conseil constitutionnel déclare l’inconstitutionnalité de la loi votée et ordonne la tenue des élections dans « les meilleurs délais ». Mais Macky Sall continue à jouer au dilatoire et annonce la convocation d’un « dialogue national » pour fixer les conditions pour l’organisation des élections présidentielles. Boycotté par 17 candidats, ce « dialogue national », tenu du 26 au 28 février 2024, a adopté des conclusions offrant la possibilité de réouvrir la liste des candidats et proposant la date du 2 juin 2024 pour les élections présidentielles et maintenant Macky Sall à la présidence jusqu’à l’installation du nouveau président élu. Encore une fois, le Conseil constitutionnel rejette ces conclusions, fixe la date des élections au 31 mars 2024 et précise que le mandat du président de la République s’achève le 2 avril 2024 et ne saurait être prolongé pour quelque raison que ce soit [19].
L’écrivain Guinéen Tierno Monénembo apprécie le rôle d’arbitre du conseil constitutionnel comme une parade dans le mécanisme du jeu démocratique. Il écrit : « L’acte posé par le Conseil constitutionnel après la tentative de recul des élections présidentielles par Macky Sall fut un haut moment de démocratie et pour les Africains frustrés de tout, surtout de liberté, un véritable état de grâce. Une belle surprise, un événement habituellement réservé aux démocraties les mieux rodées, celles des pays scandinaves notamment » [20].
Face à ce double désaveu par le Conseil constitutionnel, Macky Sall se décide à fixer la date des élections au 24 mars 2024 donnant aux candidats deux semaines de campagne électorale au lieu des trois comme prévu par le code électoral. Dans le souci, dit-il, d’apaiser l’espace politique à son départ à la tête de l’État, il fait voter le 4 mars 2024 une loi d’amnistie générale pour faire libérer les 1 500 détenus politiques qui croupissent en prison [21]. Cette mesure d’élargissement permet à Ousmane Sonko et au candidat Bassirou Diomaye Faye de sortir de la prison et de prendre la tête de la campagne de la coalition anti-système – anti-Macky Sall.
À la veille des élections du 24 mars 2024, l’issue du verdict des urnes était incertaine. Le scrutin s’est déroulé dans le calme et la sérénité. Les électeurs ont usé de leur bulletin de vote pour opter dès le premier pour le changement incarnées par la coalition « Diomaye Président 2024 » mise sur pied par Ousmane Sonko et ses alliés avec un score de 54,28 % contre 35,79 % pour Amadou Ba, le candidat de la majorité sortante.
Quelques leçons majeures de cette crise sociale et politique
La troisième alternance consacrée par les résultats des élections du 24 mars 2024 illustre la vitalité de la démocratie au Sénégal. Mais elle révèle que le modèle de démocratie souffre encore des faiblesses liées à sa jeunesse et aux dérives générées par le système présidentialiste. Entre 2019 et 2023, le pays a connu une grande instabilité politique due aux interprétations controversées de la constitution sur la légitimité d’une nouvelle candidature du président Macky Sall qui a déjà accompli deux mandats (2012-2019 et 2019-2024).
Cette crise marquée par des graves troubles a eu des conséquences importantes sur l’économie du pays au moment où l’exploitation d’importantes ressources de pétrole et de gaz est annoncée pour 2025. Cependant la dynamique de résistance incarnée par les citoyens et principalement par les jeunes ainsi que le jeu de régulation assuré par le Conseil constitutionnel ont permis d’éviter que le pays s’enfonce dans le chaos. Le bulletin de vote a indiqué la direction du changement en départageant les partis politiques en compétition.
De plus, il se dégage des épreuves de force entre les régimes d’Abdoulaye Wade et Macky Sall et les populations mobilisées que la défense de la constitution qui n’est plus simplement l’affaire des juristes, mais bien des citoyens et citoyennes engagés contre tout régime voulant piétiner le droit auquel il est censé être soumis pour garantir le commun vouloir de vie commune. Les jeunes ont été au front de ce combat pour la consolidation de la démocratie.
Enfin, un puissant vent souffle de partout au Sénégal et les messages sont concordants autour de la souveraineté, la réforme des institutions, l’employabilité des jeunes, l’ancrage culturel, la qualité du capital humain, la justice sociale, la transparence budgétaire et toutes sortes de formes de redevabilité. Pour une fois, un nouveau pouvoir n’aura qu’un seul choix : celui de procéder à la réforme du présidentialisme, de mettre en œuvre la gouvernance vertueuse et répondre aux aspirations des jeunes et des femmes. Mais déjà les mouvements de femmes expriment leur indignation du fait de la faible présence des femmes dans le nouveau gouvernement (13,33 %), alors que le Sénégal a adopté depuis 2010 une loi sur la parité. C’est là un signe révélateur des conquêtes à réaliser pour approfondir un modèle démocratique très apprécié en Afrique.
[9] Eveline Baumann, 2016, Sénégal, le travail dans tous ses états, Presses Universitaires de Rennes & IRD Éditions, Rennes, p. 84.
[10] Entretien avec Modou Diop, 24 ans, habitant le quartier des pécheurs Thiaroye, Dakar, 15 mars 2023. Il a déjà effectué deux tentatives pour rejoindre l’Europe.
[18] Une des deux femmes sera disqualifiée pour cause de double nationalité révélée après la publication de la liste des candidats par le Conseil constitutionnel. Au total, ce sont dix neuf candidats qui concourent à la Présidence de la République en 2024.
Ce 1er octobre 2024, il célèbre ses 65 ans, en route vers 66. "Joyeux Happyversaire !" encore, au nom de tous nos Tractonautes, à l'iconique Kor Aïda Sans Pagne (ou champagne? on ne le saura jamais) Coulibaly, Youssou "Ennnn' ddouuur"
Voici le mien, lors de notre avant- dernière rencontre, il y a 10 ans, avant celle de 2023. La fois d'avant encore, je l'ai vu en février 2012 à l'hôtel Le NDiambour, alors qu'il voulait être candidat à la présidentielle et il m'avait dit lire mes tribunes sur l'élection wadisée, dans Seneweb, avec un grand enthousiasme et un important intérêt, me souriant de sa grande banane d'éternel jeune homme .
Puis la fois d'avant, l'avant-dernière fois, nous nous vîmes le samedi 27 décembre 2014 avec Youssou Ndour, et prîmes une photo, avec moi, réprimant mon sourire à une blague. Youssou qui a été mon patron le plus emblématique.
De janvier 2001 à début 2007, je fus son responsable de Projets, chargé du copyright, de l'édition musicale, des relations avec le milieu des producteurs de musique, sherpa spécial en direction d'El Hadj Ndiaye (PCS 2000 ), et de Mamadou Konté, les grands fauves. Et aussi, j'étais chargé du projet de création d'une école des métiers techniques de la musique en coopération avec la ville d'Issoudun en France (Youssoudun?), Secrétaire Général de "l'association des activités du festival de musique DK 24" dont Youssou Ndour était Président; association non dissoute à date de 2024....
J'ai créé l'acronyme CIPEPS, asso des producteurs de musique, nommément Coalition Interprofessionnelle des Producteurs et Éditeurs Phonographiques du Senegal, en 2004-2005, en ai écrit les statuts et l'ai faire entrer au Conseil National du Patronat du Sénégal (CNP) en 2007.
Lamine Fall, qui m'appelle maître et mentor (et son ami Dave me nomme..le Gourou, lol), en est aujourd'hui le Secrétaire Exécutif de cette Cipeps là , en 2024, et ce depuis 2006, au sein du CNP.
La création de la CIPEPS matérialise la "volonté politique" de Youssou de pacifier l'espace sénégalais de la production musicale, notamment dans ses rapports d'alors avec El Hadj Ndiaye, qui étaient exécrables (Ndiaye et sa Pyramide Culturelle du Sénégal bénéficiant d'un important soutien financier et logistique des Présidents Diouf puis Wade, ce que Y. ND n'avait pas)... et avec feu Mamadou Konté (repose en paix, Mamadou..."Mamadou m'a dit"...), qui étaient empreints de jalousie fielleuse de la part de ce dernier, sans vouloir offenser sa mémoire.
"A chaque Sénégalais, il y a son Youssou Ndour''. Ce 1er octobre 2024, il célèbre ses 65 ans, en route vers 66. Route 66, comme aux USA. 66 comme le nombre de tant d'incantations-égrenages de chapelets rituels, en Islam.
J'ai vendu un concert de Youssou Ndour aux Nations Unies sous le SG de l'ONU Ban Ki Moon, ce qui m'a valu mon premier voyage aux USA en 2004. Avec Mbacké Dioum, en diatigui cornaqueur à New York au Sofitel (celui là même où survint l'affaire DSK) où passa me visiter mon frère d'armes Ibou Wade, mangeai un soupou kandia d'anthologie venu de Harlem et où je résidais à plus de 20 étages au dessus du sol à quelques pas de Time Square, Mbacké Dioum donc nous parla de la rumeur positive enflante sur le talent d'un certain Akon ; rappeur US d'origine Thiam sénégalaise. Encore inconnu en Afrique.
Mon premier visa américain de 10 ans en 2003 donc. New-York où je partis en rdv avec EMI Music et Sony Music, et avec la réalisatrice de cinéma et productrice Elizabeth Chai Vasarhelyi, reçue quelques mois plus tôt à Dakar à mon bureau des Almadies et à mon domicile de la Cité des Magistrats aux Mamelles, avec son époux blond et preneur de vues.
Vasarhelyi, dont j'ai supervisé le montage juridique du (projet de) film documentaire de 102 minutes, "Youssou Ndour : I bring What I Love", finalement sorti en 2008, un an après mon départ de chez la "Youssou Ndour Family Business".
Un documentaire produit par 57th & Irving Productions : En 2005-2006, Elizabeth Chai Vasarhelyi suit la tournée de Youssou N’Dour, classé parmi les 100 personnalités les plus influentes au monde par le Time Magazine l’année suivante. On le connaissait jusque-là comme porte-voix de l’Afrique. Il devient alors porte-parole de l’Islam, une religion qu’il veut faire exister aux yeux du monde occidental au-delà de l’intégrisme. Intégrant une dimension sacrée à sa musique, il propage un message de tolérance fédérateur qui trouvera des détracteurs dans son pays, où il est pourtant extrêmement populaire. Le film promeut ce message tout en nous embarquant dans la vie de la tournée, rythmée par l’expression si riche des chansons de Youssou Ndour, dans la lignée des plus grands griots.
Résumé de ce premier film documentaire long-métrage d'Elizabeth Chai Vasarhelyi ? "Au point culminant de sa carrière, Youssou N’Dour a décidé de composer “Egypt”, un album religieux dédié à une vision tolérante de l’Islam, enregistré au Caire avec l’orchestre de Fathy Salama. C’est une période critique et un tournant dans la carrière de Youssou. Son courageux message musical a été chaleureusement accueilli dans les pays occidentaux, mais a créé de sérieuses polémiques au Sénégal. Pendant plus de deux ans, la réalisatrice Elizabeth Chai Vasarhelyi a suivi Youssou N’Dour à travers le monde, le filmant en concert mais aussi dans des moments plus intimes avec sa famille et son entourage. “I Bring What I Love” est le recueil d’un voyage difficile. Youssou y a assumé sa démarche, se posant en voix d’espoir", dans un monde qui sortait de la guerre américaine en Irak.
Je fus ainsi Coordonnateur des quatre managers internationaux de Youssou Ndour. Incluant Thomas Rome, manager américain de Youssou et avocat new yorkais, qui prendra ma suite dans ce rôle de coordonnateur en 2007. Thomas Rome m'appelait "Mazarin". Incluant aussi Michelle Lahana La Gazelle pour la France; Mady Dramé pour l'Afrique, et son manager pour le Royaume-Uni.
J'ai finalisé la convention de partenariat avec le Africa Festival de Würzburg en Bavière allemande, où je me suis rendu .
Mon DESS Mastère en politiques culturelles et gestion des Arts option politiques culturelles internationales m'a préparé à ce rôle, auprès de Y.ND.Obtenu en 1999, sous la houlette de ma directrice de mémoire, aussi stricte que belle et maternelle : Brigitte Remer.
Hasard ou signe du destin : en 2007, mon poulain Lamine Fall la rencontre à Alexandrie en Egypte où Brigitte Remer est devenue directrice du Centre Culturel français. J'avais soutenu Lamine à partir pour l'université Léopold Sédar Senghor, mise en place par l'Organisation de la Francophonie (OIF) à Alexandrie. Pour y passer un diplôme en gestion culturelle, validant ses acquis de manager d'artiste, Lamine Fall, historique manager d'Alioune Mbaye Der, dirige la Sarl OSCAR depuis 10 ans (gestion d'accès événementiels. Et enfin, nous avons partagé le projet d'accompagnement fourni à l'AMAA (Association des managers et Agents d'Artistes du Senegal), financé par l'ADEPME et le 3FPT (2021 - 2022) où Lamine a été un excellent formateur.
Mes quatre années antérieures, de 1995 à 1998, comme directeur de l'Alliance française de Saint-Louis, m'ont aussi préparé à ce rôle d'ingénierie culturelle auprès de l'immense Youssou Ndour (Kaar Kaar, machallah...).
A Saint-Louis, je m'attelais, entre autres, à organiser la Fête de la Musique quand les représentants locaux du ministère de la Culture avaient fait défaut. Avec l'appui de la Gouvernance de Saint-Louis et de la Radio de Teranga FM (notamment de Ben Makhtar Diop, mais aussi de Golbert Alioune Badara Diagne). Teranga FM où j'eus une émission hebdomadaire pendant mes années Ndar-Ndar, D'are D'art : "Francophonie au bout des Ondes".
En janvier 2021, ce sont les initiales Y.ND (wolofisées en Waiyyendi) qui composent le titre du premier de mes deux romans, le second, sorti en décembre 2023, étant "Immeuble Nal, Douala".
La dernière fois que j'ai vu Youssou Ndour ? En mai 2023, à l'ancien palais de justice à son Forafricc (Forum Africain des Industries Créatives et Culturelles) où j'ai été paneliste invité par la Fondation Youssou Ndour pour les industries culturelles et créatives , FYNICC. J'y ai ete panéliste sur un thème des enjeux du numérique sur la création et les arts. Panel partagé avec mon ami et frère l'avocat Maître Sylvain Sankale, et avec ma soeur Ngone Ndour, PCA re-redoublante de la SODAV. Un panel modéré par Maître Nafissatou Tine , avocate et PDG à Bruxelles de Sunulex. La fille d'Alioune Tine, lequel était assis au premier rang, ce jour-là.
Youssou, et Aby Ndour étaient aussi aux premiers rangs.
L'occasion pour moi de lui taper la bise et de saluer son époux.Plus tard, dans l'imposant hall de l'ancien Palais de Justice de Dakar qui accueille le FORAFRICC, je serre la main pèle- mêle, aux tontons flingueurs de la Youssou Ndour Family and Team : le toujours souriant Mara Dieng, le Bastos toujours jeune Mbaye Dieye Faye (né lui aussi le 1er octobre comme Youssou Ndour, mais un an plus tard, en 1959), Saint-Louis Mané, binôme stellaire de Youssou; le volcanique petit-frère -à-vie Bouba Ndour, directeur des programmes de la TFM; l'encostumé éternellement encravaté Kamou Seck, chef de protocole...Lors de mon panel, ma vieille branche Bernard Vershueren de Creative Africa est au fond de la salle : ce fils adoptif du deuxième plus grand acteur sénégalais après feu Douta Seck et avant feu Ousseynou Diop ("l'homosexuel" du film Touki Bouki): feu James Campbell né Badiane.
"Joyeux Happyversaire !" encore, au nom de tous nos Tractonautes, à l'iconique Kor Aïda Sans Pagne (ou champagne? on ne le saura jamais) Coulibaly, Youssou "Ennnn' ddouuur".
Qui est l'un des cinq noms les plus connus du Sénégal depuis 40 ans. Sans discontinuer. Soit depuis 1984 qu'il a fait irruption sur la scène internationale, parmi les plus connues comme équivalent du Sénégal, quand vous rencontrerez des étrangers chez eux.
Youssou qui depuis 1974, a été le subconscient artistique et musical des Sénégalais, qui adorent le mbalakh et les ballades folk. Alors que l'opposant Abdoulaye Wade fut leur subconscient et l'impensé politique de 1974 à 2000.
Depuis Wade, Diouf, Macky , sont passés. Nous en sommes à PR Diomaye désormais.
Reste dans la postérité des noms qui sonnent égaux au nom du Sénégal ailleurs dans le monde : Senghor, Wasis Diop, le footeux El Hadj Diouf, Diomaye et toujours et encore : ...Youssou Ndour.
Gâteau d'anniversaire pour tous !
Avec l'interprète de la chanson "Juum" : nit ku dul juum amuul.
65 ans? Waouh! Bès bu déllusi moo néx..
Ça ne rajeunit personne. J'ai moi-même 52 ans. Li maa wèèsu dey delussé, mèlni sèètu....
Au maroquin de la Culture qu'a occupé difficultueusement Youssou, il faut tout de même nommer un homme ou une femme de Culture ; et non un fonctionnaire ou un enseignant de la Culture.
Et je ne désespère pas d'être nommé un jour ministre de la Culture, des industries culturelles et créatives, du patrimoine, de la Communication et de l'éducation populaire, de mon pays le Sénégal, sous ce "Diomayat" 2024-2029, pourquoi pas?
Ou plus assurément (kaar kaar..), sous un prochain "Birimat",inch'Allah, de 2029 à 2034, quinquennat de mon leader de parti (UDP Kiraay), mon grand frère et tête de liste de la Coalition Pôle Alternatif 3ème Voie, Birima Mangara, pour les Législ'Hâtives du 17 novembre 2024.
Mon courant de pensée politique au sein de UDP Kiraay de mon frère l'ex Ministre au Budget (2014-2019) Birima Mangara est : Options Nouvelles Générations (O.N.G) - Woorna Niu Gérer, en wolof.
Yallah baakhna. Même si, " bu nieup khamé foo jeum, doo fa massa ègg...." (vous la connaissez hein, celle-là !).
Yalna Yallah dooli sütüra, à tous les muñkat, que nous sommes et que nous nous efforçons de rester, jour après jour, Sisyphe remontant toujours notre rocher vers le haut de la montagne. Tout ce qui monte finit par converger.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste (Tract.sn) et Communicant.
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L'ÉVICTION D'ALIOU CISSÉ FAIT DES VAGUES
Supporters, anciens joueurs et commentateurs fustigent une décision jugée irresponsable et ingrate. La Fédération se retrouve acculée afin de présenter un plan convaincant pour l'avenir des Lions de la Téranga
L'émission phare de Canal+ dédiée au football africain a fait sa une sur le départ controversé d'Aliou Cissé de la tête des Lions de la Téranga. Un coup de tonnerre dans le ciel sénégalais qui soulève de nombreuses questions.
Le timing de cette annonce, à quelques jours de matchs cruciaux pour les qualifications à la CAN et à la Coupe du Monde, est particulièrement pointé du doigt.
"C'est une décision brutale et mal pensée", s'insurge Mamadou Niang, ancien international sénégalais. "On ne change pas de capitaine en pleine tempête", ajoute-t-il, soulignant l'importance de la stabilité à ce stade crucial de la saison.
Le bilan d'Aliou Cissé, loin d'être catastrophique, rend la pilule d'autant plus difficile à avaler pour de nombreux supporters. Artisan de la première victoire du Sénégal en Coupe d'Afrique des Nations en 2021, Cissé laisse derrière lui un héritage conséquent. "Il aurait mérité beaucoup plus d'honneur que de sortir comme ça, comme un vulgaire délinquant poursuivi par la clameur publique", s'indigne le journaliste Abdoulaye Thiam de Sud Quotidien.
texte collectif
LA FRANCOPHONIE, UN PROJET AU SERVICE DE L’AMBITION IMPÉRIALISTE FRANÇAISE
C’est aussi l’affirmation d’un élitisme forcené puisque, face aux langues locales, l’usage du français concerne souvent une frange limitée de la population. Le vernis « pro-démocratie » de l’OIF ne sert qu’à légitimer certains des pires régimes
« L’unité du langage entraîne peu à peu l’union des volontés », écrivait en 1904 le géographe Onésime Reclus, ajoutant : « Nous avons tout simplement à imiter Rome qui sut latiniser, méditerranéiser nos ancêtres, après les avoir domptés par le fer. » C’est bien en ces termes que fut théorisée la « Francophonie » par celui qui forgea ce néologisme. Celle-ci serait « tout à la fois un espace de résistance et de reconquête », expliquait pour sa part le président Emmanuel Macron au sommet de Djerba, en 20221. Plus d’un siècle sépare ces deux citations, dont la juxtaposition illustre l’ambiguïté coloniale qui persiste chez celles et ceux qui vont célébrer la Francophonie lors du sommet de Villers-Cotterêts.
Loin de nous l’idée de contester l’intérêt d’avoir au moins une langue en commun pour échanger en étant dans différents pays, sur différents continents. D’ailleurs, nous ne nous en privons pas. Mais la Francophonie représente bien plus que cela : c’est un projet politique mu par la vieille ambition impérialiste française.
Façonner l’imaginaire politique
Dans nombre de pays, la Francophonie, c’est avant tout la promotion d’une langue coloniale, qui continue de façonner la manière de penser, de s’exprimer et de vivre le monde. C’est aussi l’affirmation d’un élitisme forcené puisque, face aux langues locales, l’usage familial du français concerne souvent une frange limitée de la population, avant tout urbaine et généralement plus aisée. Lorsque cette langue est celle de l’administration, des bourses d’études et des crédits de recherche, les élites politiques et économiques proviennent donc le plus souvent de ces milieux restreints où le français est très tôt devenu une seconde langue maternelle, voire la langue privilégiée. La reproduction des élites y prend ainsi une dimension linguistique qui façonne l’imaginaire culturel et politique... en cultivant un fort arrimage culturel à la France.
C’est d’ailleurs l’intention, même pas cachée, des promoteurs et promotrices de la Francophonie à Paris. « Maintenant que nous avons décolonisé, notre rang dans le monde repose sur notre force de rayonnement, c’est-à-dire avant tout sur notre puissance culturelle », reconnaissait le général de Gaulle en 1966. « La Francophonie prendra un jour le relais de la colonisation ; mais les choses ne sont pas encore mûres », précisait-il2. Elles le sont devenues.
De nos jours, chaque rapport parlementaire français sur les relations franco-africaines est l’occasion de rappeler l’importance de la diffusion de la langue et de la culture française qui permet, comme l’écrivent en 2018 les députés Michel Herbillon et Sira Sylla, de « créer les conditions d’un rapprochement profond et sur le temps long, de liens quasi émotionnels, d’une intimité qui peut s’avérer décisive en matière diplomatique ». Car, rappellent-ils, « si le travail de chancellerie permet d’avoir des “alliés”, la diplomatie culturelle permet de se faire des “amis” »3.
Instrument de puissance culturelle
Et l’amitié peut – et doit – payer. C’est Jacques Attali qui l’explique le mieux, dans son rapport remis il y a dix ans au président Hollande, sur la « Francophonie économique ». Il y insiste sur la « corrélation entre la proportion de francophones dans un pays et la part de marché des entreprises françaises dans ce pays » et propose de créer à terme une « Union économique francophone aussi intégrée que l’Union européenne »4. Un grand marché commun au centre duquel rayonnerait la France.
La mise en œuvre d’un projet politique nécessitait bien une institution multilatérale derrière laquelle dissimuler les ambitions françaises. « La Francophonie est une grande idée », expliquait le général de Gaulle en Conseil des ministres en 1963, ajoutant toutefois une précaution stratégique : « Il ne faut pas que nous soyons demandeurs. » Une mythologie savamment entretenue voudrait que la création, en 1970, de l’Agence de coopération culturelle et technique, ancêtre de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), ait été initiée par le président sénégalais Léopold Sédar Senghor et quelques autres. C’est oublier opportunément l’impulsion donnée par de Gaulle et par son Premier ministre Georges Pompidou, qui créa dès 1966 un « Haut Comité pour la défense et l’expansion de la langue française » en mobilisant justement son ami de jeunesse Senghor.
L’OIF est devenue l’outil dont la France avait besoin pour essayer de continuer de peser sur la scène internationale : un instrument de puissance culturelle, dont Paris assure la plus grosse part du budget et organise l’agenda politique, tout en prenant soin de ne jamais placer un Français à sa tête – toujours ce soin de ne pas être « demandeurs ».
Air de déjà vu
Outre les objectifs de diffusion culturelle et linguistique et de développement économique, l’OIF vise officiellement à « promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l’Homme ». Car le rayonnement français entend se faire aussi sur le plan des « valeurs » que Paris brandit régulièrement, comme pour mieux faire oublier les terribles compromissions de sa politique étrangère, notamment en Afrique et au Moyen-Orient. L’OIF reprend ainsi à son compte l’hypocrisie de la France, et son discrédit croissant sur le continent africain. Ses opérations « d’observation » de scrutins sont réputées pour le blanc-seing qu’elles offrent aux plus sinistres farces électorales. Le vernis « pro-démocratie » de l’institution ne sert qu’à légitimer certains des pires régimes de la planète, pourvu qu’ils torturent en français.
Toute cette mascarade du sommet de Villers-Cotterêts est d’autant plus pénible qu’on nous fait déjà, comme lors du « nouveau » sommet Afrique-France de Montpellier il y a trois ans, la promesse d’un format « innovant », avec de « jeunes entrepreneurs » et « créateurs ». Comme à Montpellier, le sens du spectacle nécessitera sans doute quelque interpellation intrépide, pour montrer que l’OIF n’a pas peur de se moderniser.
Mais cette fois il ne sera même pas question des autres piliers de l’impérialisme français, tels que l’armée ou la monnaie, et on entend déjà clamer la nécessité de réformes destinées à donner encore plus de poids politique à la Francophonie, en feignant de croire qu’elle peut être une piste de solution au problème qu’elle symbolise depuis toujours.
Khadim Ndiaye est historien (UdeS, Québec), diplômé en philosophie. Ses principaux champs de recherche portent sur l’histoire de la colonisation, la problématique culturelle en Afrique, l’histoire des Afro-Américains et le panafricanisme.
Thomas Borrel est un des porte-parole de l’association Survie. Il a été durant huit ans co-rédacteur en chef du journal Billets d’Afrique édité par l’association, et a récemment codirigé l’ouvrage collectif L’Empire qui ne veut pas mourir. Une histoire de la Françafrique (Seuil, 2021).
Odile Tobner est Essayiste et cofondatrice de la revue Peuples Noirs Peuples Africains.
Boubacar Boris Diop est Écrivain.
Aminata Dramane Traore est Essayiste, ex-ministre de la Culture du Mali (1997-2000).
MADIAMBAL DIAGNE CLOUÉ AU SOL
Bloqué par la police qui lui réclame un passeport diplomatique qu'il affirme ne jamais avoir possédé, l'ancien patron du Quotidien se voit refuser l'embarquement. Il dénonce des manœuvres destinées à l'empêcher de voyager
Madiambal Diagne a été bloqué à l’Aéroport international Blaise Diagne de Diass par la police qui lui réclame un passeport diplomatique dont il n’est pas «détenteur». En dépit des vérifications, il n’a pas pu voyager.
L’Aéroport international Blaise Diagne de Diass est devenu un point de blocage pour de nombreux citoyens, empêchés de voyager pour des raisons politico-judiciaires. Madiambal Diagne a été bloqué hier soir à l’Aibd au moment de faire ses formalités policières. Pour quelles raisons ? «Je me suis présenté à l’aéroport pour aller en Europe et au Canada. La police de l’aéroport m’a demandé de restituer un passeport diplomatique sénégalais parce qu’il y a des instructions en ce sens», expose l’ancien administrateur général du Groupe Avenir Communication. Madiambal Diagne a servi une réponse invariable : «je leur ai dit que je n’ai jamais eu un passeport diplomatique. Je n’ai jamais présenté à l’aéroport un passeport diplomatique», poursuit le journaliste. Bien sûr, il a toujours voyagé avec un passeport ordinaire. Mais, les vérifications n’ont pas permis de lever les doutes des policiers de l’aéroport. «J’ai toujours voyagé avec mon passeport ordinaire avec mes visas. Ça a été toujours le cas. Je leur ai demandé de vérifier dans leurs machines, parce que ce n’est pas la première fois que je voyageais. Jamais on n’a enregistré un passeport diplomatique à mon nom. Ils ont vérifié et ont constaté qu’il n’y a jamais eu de passage avec un passeport diplomatique», relate-t-il.
Cette «évidence» n’a pas poussé les policiers à lever cette restriction. Car ils sont restés sur les «instructions» reçues de leur hiérarchie. «Ils ont persisté à dire qu’ils ont reçu des instructions, et ces instructions m’empêchent de voyager sans leur donner un passeport que je garderais par devers moi», poursuit M. Diagne.
« Je n’ai jamais eu un passeport diplomatique »
Aujourd’hui, Madiambal Diagne est tranché sur la question : «Je réitère encore une fois que je n’ai jamais possédé un passeport diplomatique. J’ai toujours refusé de l’avoir. Pourquoi me demande-t-on un document que je n’ai jamais possédé ? Qui n’existe pas ? Ils ne donneront jamais un numéro de passeport diplomatique à mon nom et la durée de validité. Je défie quiconque de me sortir une trace d’un passeport diplomatique possédé par Madiambal Diagne.»
Pour l’ancien patron du journal Le Quotidien, cette mesure est un alibi pour l’empêcher de sortir du territoire. «On ne m’empêche pas de voyager parce que je dois présenter un passeport diplomatique. Ils veulent m’empêcher de voyager alors qu’ils n’ont aucune raison de le faire. Ils ont tout essayé, cherché à me harceler, fait toutes les vérifications, mais ils n’ont rien trouvé contre moi. C’est cet alibi qu’ils trouvent, c’est désolant. Heureusement, j’ai pris sur moi de ne pas m’emporter, parce que c’était de la provocation. Ils cherchaient la petite bête pour pouvoir me coller des infractions. Je reste zen ! C’est peine perdue», ajoute-t-il. Finalement, il est rentré chez lui.
Cet épisode sur les restrictions des libertés arrive dans un contexte politico-judiciaire extrêmement tendu. Après plusieurs heures de garde à vue, Cheikh Yérim Seck, Kader Dia, Bougane Guèye Dany dont les dossiers ont été classés sans suite, ont été libérés. Il s’agit d’une période de restrictions de libertés dénoncée par les défenseurs des droits de l’Homme et la Société civile.
Nos tentatives de joindre les services du ministère de l’Intérieur et de la police sont restées vaines.
LD DEBOUT CLAQUE LA PORTE DE LA COALITION KHALIFA PRÉSIDENT
Cette décision, prise à l'unanimité par le Secrétariat exécutif national, sonne comme un désaveu de la nouvelle intercoalition formée autour Macky Sall, Karim Wade, Amadou Ba et Idrissa Seck, entre autres
(SenePlus) - Le parti LD Debout a annoncé son retrait de la coalition Khalifa Président, à l'approche des législatives du 17 novembre 2024. Cette décision, prise lors d'une réunion du Secrétariat exécutif national (SEN) le 1er octobre, marque une rupture nette avec la nouvelle inter-coalition formée autour de figures politiques majeures telles que Macky Sall, Karim Wade, Amadou Ba et Idrissa Seck.
Le communiqué, signé par le secrétaire général Pape Sarr, ne mâche pas ses mots à l'égard de l'ancien régime. LD Debout accuse l'administration de Macky Sall d'avoir plongé le Sénégal dans une situation critique, citant un "recul démocratique", une "gestion mauvaise" et une "privation des libertés individuelles". Le parti va jusqu'à qualifier le règne de Macky Sall comme « le pire régime » qu'ait connu le pays.
Cette décision s'inscrit dans la continuité des actions passées de LD Debout, qui affirme avoir participé à diverses plateformes de lutte comme AAR LI NU BOKK et F24 pour obtenir le départ de Macky Sall. Le parti appelle désormais ses militants et sympathisants à "barrer la route à ces prédateurs qui ont mis en banqueroute notre pays, agressé notre démocratie, assassiné nos enfants, frères et sœurs".
En attendant une décision définitive du Bureau politique concernant sa position face aux prochaines élections, LD Debout exhorte ses membres à poursuivre le travail de sensibilisation auprès des populations. L'objectif affiché est de construire une "citoyenneté active au service exclusif d'un Sénégal de justice, de paix et de prospérité".
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MOUSTAPHA GUIRASSY AU CŒUR D'UN DÉBAT HOULEUX SUR TFM
Ce qui devait être une discussion sur la rentrée scolaire a rapidement viré à une affrontement verbal tendu entre le ministre de l'Éducation nationale et le journaliste Chérif Diop
Dans une émission qui a fait des étincelles sur la TFM, le ministre de l'Éducation nationale Moustapha Guirassy s'est retrouvé sous le feu des questions incisives du journaliste Chérif Diop, jeudi 3 octobre. L'échange, qui devait initialement porter sur la rentrée scolaire, a rapidement viré à une confrontation verbale sur des sujets brûlants d'actualité.
Dès le début de l'entretien, Guirassy a tenté de recentrer la discussion sur son agenda prévu, à savoir la journée du 5 octobre dédiée à la rentrée scolaire. Cependant, Diop a insisté sur des sujets sensibles tels que les arrestations récentes de journalistes et d'acteurs politiques.
Le ton est monté lorsque le ministre a reproché au journaliste de ne pas respecter le cadre convenu de l'interview. "Je n'étais pas venu débattre de l'actualité", a déclaré Guirassy, visiblement agacé. Diop a riposté en affirmant son droit et son devoir de poser des questions pertinentes.
Malgré ces échanges tendus, l'entretien a finalement abordé les défis majeurs de l'éducation nationale. Guirassy a annoncé des mesures concrètes pour pallier le déficit d'enseignants et résorber les abris provisoires. Il a également évoqué une refonte du système d'évaluation visant à réduire les taux d'échec scolaire.
Un moment clé de l'émission a été l'annonce de la création d'un Conseil supérieur de l'éducation et de la formation, un organe transversal censé apporter une gouvernance plus consensuelle au système éducatif.
L'interview s'est conclue sur un appel du ministre à la mobilisation nationale pour "donner du sens à l'école". Malgré les désaccords, Chérif Diop a reconnu les compétences de Moustapha Guirassy en matière de communication, laissant entrevoir la possibilité d'un futur échange plus apaisé.
LA LIBERTÉ D'EXPRESSION EN PROCÈS
Verbatim des déclarations de Cheikh Yérim Seck face à la Division spéciale de cybersécurité. Le journaliste arrêté pour diffusion de fausses nouvelles, a défendu sa démarche, invoquant des sources officielles pour contester les chiffres gouvernementaux
Le PV d'audition de Cheikh Yérim Seck, arrêté puis relâché pour avoir contesté les chiffres économiques du gouvernement, lève le voile sur un débat brûlant. Entre rigueur journalistique et accusation de diffamation, l'affaire cristallise les tensions autour de la liberté de la presse. Ci-dessous le verbatim de son échange avec les agents de la Division spéciale de cybersécurité.
Question : Après avoir écouté l'extrait de la vidéo issue de l'émission « Invité de Maimouna Ndour Faye » sur la chaîne de télévision 7TV et qui met en exergue vos déclarations. Pouvez-vous nous préciser dans quel contexte avez-vous fait ces déclarations qui contredisent les chiffres annoncés par le Premier ministre ?
CYS : J'ai fait ces déclarations dans le cadre de l'émission "L'invité de MNF sur la 7TV" animée par la journaliste Mamouna Ndour Faye.
Pouvez-vous revenir de façon concise, sur les chiffres dont il est question dans cet extrait-vidéo ?
Je n'ai pas annoncé des chiffres. J'ai contesté des chiffres avancés par le Premier ministre, à propos du déficit public et du ratio de la dette par rapport au PIB (Produit Intérieur Brut).
Aviez-vous l'intention de remettre en cause la véracité de ces chiffres ou d'exprimer un point de vue personnel ?
J'avais l'intention dans le cadre de l'expression de mon point de vue personnel, de remettre en cause la véracité des chiffres avancés par le Premier ministre Amadou Ba et le ministre Sonko.
Étiez-vous informé de la source des chiffres avant de faire vos déclarations ?
Je sais de science certaine qu'aucune des sources habilitées, notamment le FMI et la Banque mondiale ne donnent les chiffres donnés par le premier ministre. Même le site du ministère des Finances du Sénégal ne donne pas ces chiffres. Mieux encore, le rapport de la Cour des Comptes, organisation habilitée ne confirme pas les chiffres avancés par le Premier ministre.
Sur quelles sources ou documents vous vous êtes basés, pour affirmer que ces chiffres étaient faux ?
Toutes les sources, notamment celles citées dans la réponse précédente, attestent que ce qu'a dit le premier ministre est faux.
Avez-vous vérifié ces informations auprès de sources officielles ?
Il n'y pas meilleure source que le site officiel du ministère des Finances du Sénégal dont les chiffres diffèrent de ceux avancés par le Premier ministre.
Pouvez-vous nous fournir des preuves par des documents qui appuient vos déclarations ?
Pour les chiffres, je vous reporte aux sites officiels de tous les organismes de financement qui coopèrent avec le Sénégal. D'ailleurs, le représentant résident du FMI a confirmé dans une déclaration que les chiffres antérieurs à la déclaration du Premier ministre.
Pourquoi avez-vous déclaré que les chiffres avancés par le Premier Ministre Ousmane Sonko sont faux ?
Aucun pays de l'UEMOA avec un déficit supérieur à 10% ne peut lever de fonds selon la réglementation communautaire. Or, rien qu'en septembre 2023, le Sénégal a levé trente-cinq (35) milliards sur le marché de l'UEMOA. C'est la preuve que le chiffre de déficit budgétaire avancé par le Premier ministre est faux. Je m'en limite là.
Êtes-vous conscient que vos propos pourraient être perçus comme diffamatoires à l'encontre du Premier ministre ou susceptibles de troubler l'ordre public ?
Je n'ai diffamé personne. J'ai dit des faits étayés par tous les organismes spécialisés sur la question.
En tenant de tels propos, aviez-vous l'intention de jeter le discrédit sur les institutions publiques, notamment le gouvernement ou le Premier ministre ?
Je n'ai aucune intention de jeter le discrédit sur quoi que ce soit. Ma seule intention était de rétablir la vérité des faits dans l'intérêt d'un dialogue démocratique et juste.
Quel était votre objectif en faisant ces déclarations ? Était-ce d'informer, de critiquer, ou d'alerter le public ?
Mon intention était claire. C'est une question qui m'a été posée dans le cadre d'une interview et j'ai répondu dans le souci de dire ce qui est conforme à la vérité.
Avez-vous tenté de contacter les autorités compétentes ou un porte-parole du gouvernement pour vérifier les chiffres avant de faire vos déclarations publiques ?
Je n'ai pas besoin de contacter une autorité compétente pour vérifier des informations qui sont dans le domaine public. Le fait que les nouvelles autorités aient pu lever mille six cent soixante-cinq (1.665) milliards de FCFA depuis leur arrivée au pouvoir prouve que ce que le premier ministre à dit est faux. Les documents sont partout.
Avez-vous connaissance d'éventuelles corrections ou précisions apportées par le gouvernement par la suite ?
Non !
Pouvez-vous expliquer votre état d'esprit lors de l'émission ? S'agit-il d'une critique ouverte ou d'un débat sur la situation économique du pays ?
J'étais dans une posture journalistique de restitution des faits dans leur authenticité.
Pour toutes les questions qui vous ont été posées, dans le souci d'apporter des preuves que les chiffres avancés par le Premier ministre sont faux, vous nous renvoyez vers des données officielles d'organismes de financement, des sites ou règles communautaires de l'UEMOA. Ne pensez-vous pas qu'il serait mieux de défendre votre thèse par la présentation d'un document officiel du Sénégal ?
Le document officiel du Sénégal : le dernier rapport de la Cour des comptes qui couvre jusqu'à la gestion 2022, donne des chiffres totalement différents de ceux avancés par le Premier ministre. La Cour des comptes est l'organisme habilité pour certifier la gestion budgétaire au Sénégal. Ces chiffres sont les seuls officiels. Les chiffres avancés par le Premier ministre ne le sont pas.
Pourquoi dites-vous que ces chiffres ne sont pas fiables ?
Ces chiffres ne sont pas fiables pour trois (03) raisons : Premièrement, je ne pense pas que le Premier ministre soit mieux outillé que tous les organismes de financement, toutes les structures de notation et toute l'administration des finances du Sénégal pour apporter des chiffres qui démentent les leurs.
Deuxième raison : l'argument fourni par le Premier ministre lui-même pour étayer la falsification des chiffres, à savoir une discussion privée entre le président de la République, l'ancien ministre de Finances et lui-même me semble déjà d'une légèreté grotesque.
Troisièmement : l'utilisation politique faite de ces données par le Premier ministre dans un contexte électoral prouve à suffisance, la motivation autre que scientifique de la fourniture de ces données.
Pensez-vous que ce que vous avez donné comme justificatifs suffit comme raisonnement scientifique pour démentir des chiffres avancés par le Premier ministre ?
En tout cas, tout ce que j'ai dit est de loin mieux documenté que ce que le Premier ministre a dit. Ce que j'ai dit se rencontre dans le rapport de la Cour des comptes et dans toutes les bases de données des organismes habilités alors que ce que le Premier ministre a dit nulle part en dehors de son discours.
Aviez-vous l'intention de nuire à la réputation du Premier ministre ou des institutions publiques ?
Je n'ai aucune intention de nuire à qui que ce soit. Mon intention, purement journalistique, consistait à produire des faits étayés par des organismes habilités.
Pensez-vous que vous pouviez étayer vos propos sans dire que ces chiffres sont faux ?
Moi au moins j'ai été délicat. Ousmane Sonko aurait dit que j'aurais menti.
Vos propos visaient-ils directement à discréditer le gouvernement ou à inciter le public à douter de l'intégrité des autorités ?
Je le répète, je ne cherchais rien d'autre que de faire mon métier en respectant la sacralité des faits.
Comment réagiriez-vous si vos propos avaient été mal interprétés ou déformés par les téléspectateurs ou par les médias ?
Dans mon métier, on se limite à écrire et dire en laissant au public le soin d'apprécier, d'interpréter ou de commenter.