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23 novembre 2024
Développement
LE MYSTÈRE BERNARD-HENRI LÉVY
Depuis trente ans, le philosophe est omniprésent dans les médias français. Serge Halimi et Pierre Rimbert décortiquent ce parcours hors norme, révélant les coulisses d'un pouvoir qui s'étend bien au-delà des frontières médiatiques
(SenePlus) - L’article du Monde Diplomatique d’octobre 2024 intitulé “BHL, trente ans de plus” est un texte signé par Serge Halimi et Pierre Rimbert qui s’intéresse à la figure intellectuelle de Bernard-Henri Lévy (BHL) et à son influence au fil des décennies. L’article critique sévèrement BHL, le qualifiant de personnage omniprésent dans les médias français et internationaux depuis les années 1990, et souligne les contradictions de son discours et de son parcours.
Les auteurs mentionnent d’abord les prises de position de BHL dans les années 1990, notamment en Yougoslavie, où il s’est présenté comme défenseur de la démocratie et des droits de l’homme. Cependant, ils critiquent le fait qu’il ait souvent soutenu des interventions militaires controversées, en particulier de la part des puissances occidentales, ce qui, selon eux, met en lumière un paradoxe dans sa défense des droits humains.
Une partie importante de l’article se concentre sur la manière dont BHL a utilisé sa position médiatique pour façonner l’opinion publique sur des questions internationales, tout en soulignant que ses prises de position ont parfois été en décalage avec les réalités du terrain. Les auteurs pointent du doigt son influence dans le discours sur la guerre en Libye en 2011, ainsi que sur d’autres conflits, et l’accusent d’avoir contribué à la justification de certaines guerres sous couvert de principes humanitaires.
Les auteurs rappellent également les positions de BHL sur Israël et la Palestine. Ils mentionnent que BHL a souvent défendu Israël, tout en étant critiqué pour sa vision partielle de la question palestinienne. Cet aspect est particulièrement mis en lumière avec des références aux conflits récurrents à Gaza et aux critiques internationales à l’encontre d’Israël, y compris par l’ONU, qui a qualifié certains événements de “crimes de guerre”. L’article critique le silence ou les justifications apportées par BHL sur ces questions sensibles.
En somme, l’article de Halimi et Rimbert dans Le Monde Diplomatique dépeint BHL comme un intellectuel influent mais problématique, dont les actions et discours sont souvent en contradiction avec la réalité des faits sur le terrain. Ils mettent en avant une réflexion critique sur l’influence d’une figure comme BHL dans le débat public français et international, et s’interrogent sur la durabilité de cette influence à l’avenir.
L’ÉTAT RÉSERVE UNE PART DES MARCHÉS PUBLICS AUX PETITES ENTREPRISES
Les contrats publics inférieurs à 80 millions de FCFA pour les services et 100 millions pour les travaux seront priorisés pour les petites entreprises, avec 5 % des budgets réservés, notamment aux entreprises dirigées par des femmes.
Le gouvernement sénégalais vient de franchir une nouvelle étape en faveur du développement des petites entreprises et de l’entrepreneuriat féminin. À partir de ce jeudi 3 octobre 2024, les petites entreprises sénégalaises auront désormais plus de chances de décrocher des contrats publics, avec des mesures spécifiques prises pour leur garantir un accès prioritaire à ces marchés.
Conformément à un arrêté signé par le ministre des Finances et du Budget, Cheikh Diba, plusieurs initiatives ont été mises en place pour soutenir ces entreprises. Désormais, les contrats publics de moins de 80 millions de francs CFA pour les services et de moins de 100 millions de francs CFA pour les travaux seront prioritairement attribués aux petites entreprises locales.
L’arrêté stipule également qu’une partie des contrats publics sera réservée aux entreprises dirigées par des femmes. En effet, l’État s’engage à garantir que 5 % des budgets alloués aux contrats publics soient réservés à des petites entreprises, avec une répartition de 3 % pour les petites entreprises sénégalaises et 2 % spécifiquement pour les entreprises dirigées par des femmes.
En outre, les entreprises œuvrant dans le secteur social, notamment les associations et coopératives, bénéficieront également de ce dispositif. Cette mesure vise à encourager les initiatives locales et sociales tout en renforçant la participation des femmes et des petites entreprises au développement économique du pays.
L’initiative du ministère des Finances et du Budget s’inscrit dans une démarche plus large de redressement des finances publiques et d’inclusion économique. Elle marque une volonté ferme de l’État de soutenir les petites entreprises, souvent confrontées à des difficultés d’accès aux marchés publics, et d’encourager la diversification des bénéficiaires de ces contrats.
Avec cette nouvelle politique, le Sénégal espère dynamiser son tissu économique local et donner un coup de pouce aux entrepreneurs, notamment ceux issus des petites structures et des secteurs moins représentés jusqu’ici dans les marchés publics.
IBRAHIMA CHEIKH DIONGUE NOMMÉ DIRECTEUR EXÉCUTIF DU FONDS DE RÉPONSE AUX PERTES ET DOMMAGES
Avec plus de 30 ans d’expérience dans le climat et la finance, le Sénégalais prendra ses fonctions le 1er novembre 2024, apportant un soutien financier aux pays les plus vulnérables face au changement climatique.
Le Sénégalais Ibrahima Cheikh Diongue a été désigné directeur exécutif du Fonds de réponse aux pertes et dommages mis en place lors de la 28e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) tenue à Dubaï, aux Emirats arabes unis, a-t-on appris de source officielle.
M. Diongue qui détient également la nationalité américaine a été désigné par le Conseil d’administration du Fonds de réponse aux pertes et dommages pour un mandat de quatre ans qui débute le 1er novembre 2024, lit-on sur le site officiel de la CCNUCC.
Parlant couramment l’anglais, le français et le mandarin, il a été sélectionné, à l’issue d’un processus de recrutement ouvert, transparent et fondé sur le mérite, mené par le Conseil d’administration du Fonds.
Il assurera ainsi le leadership stratégique et la supervision du Secrétariat du Fonds et aidera le Conseil d’administration à remplir le mandat du Fonds, qui consiste à apporter un soutien financier aux pays vulnérables les plus durement touchés par les effets du changement climatique.
Selon plusieurs observateurs, sa nomination constitue ‘’une étape clé vers la réponse aux pertes et dommages en apportant un financement à des millions de personnes dans les pays en développement qui sont en première ligne du changement climatique’’.
Diongue possède plus de trois décennies d’expérience internationale dans les domaines du changement climatique, de la finance et du développement.
Se réjouissant de sa nomination, il s’est dit honoré ‘’d’assumer ce rôle à un moment aussi crucial où la crise climatique s’avère être une menace existentielle pour les vies et les moyens de subsistance, en particulier pour les communautés les plus vulnérables des pays en développement’’.
‘’Je me réjouis de travailler avec le Conseil d’administration, nos partenaires et les parties prenantes pour apporter un soutien crucial aux pays en développement à faible revenu les plus touchés par le changement climatique’’, a-t-il déclaré.
Il a assuré en outre que le Fonds de réponse aux pertes et dommages fera une ‘’différence significative’’ pour les personnes touchées de manière disproportionnée, et j’assume cette responsabilité avec humilité et un engagement total à servir.
M. Diongue est actuellement Représentant spécial du président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique. Il était auparavant secrétaire général adjoint des Nations unies et directeur général de l’Agence spécialisée de l’Union africaine, le Groupe de la Capacité africaine de gestion des risques (ARC), où il était chargé de façonner, de définir et d’exécuter la vision stratégique de l’institution.
Il a occupé au Sénégal, les fonctions de ministre et conseiller spécial du président de la République du Sénégal, de directeur général de la coopération internationale du Sénégal et secrétaire permanent de l’énergie du Sénégal, responsable du département Afrique de l’IFC.
Il fut également coordinateur régional du dispositif de conseil en infrastructures publiques et privées à la Banque mondiale.
par Mame Lika Sidibé
DEVOIR ACCOMPLI
Le DG Saer Niang est un monument. En une décennie, il a transformé l'institution en un modèle de rigueur et d'innovation dans la commande publique. Les grands qui aident les petits à devenir grands seront éternellement plus grands
Monsieur Saer Niang n’est plus DG de l’ARCOP selon le communiqué du Conseil des ministres de ce mercredi.
J’ai eu l'honneur et le privilège d’avoir travaillé durant deux ans aux côtés d’un homme charismatique et respectable, qui m'a inculqué la rigueur, l’engagement, l’abnégation dans le travail. Une personne avec des connaissances énormes et pointues dans le domaine de la commande publique précisément, mais dans beaucoup d’autres domaines aussi. Discret, très respecté, la foi, l’équité, la transparence et l’éthique en bandoulière dans toutes les décisions qu’il prend, dans tous les actes qu’il pose, dans sa vie de tous les jours. Et ce sont ces vertus qu’il ne cesse d'inculquer à tout le monde, quel que soit son niveau de responsabilité.
DG partez la tête haute.
En moins de 10 ans, vous avez, dans des conditions pas faciles, réussi à hisser l’ARCOP, l’ARMP avant, au sommet des structures les plus respectées, sinon la plus respectée au niveau national et continental.
Votre dernier acquis à la tête de la Direction générale de l’ARCOP, c’est d’avoir obtenu, après deux années d'intense plaidoyer, la signature de l’arrêté sur les marchés réservés. Cette disposition pour laquelle vous vous êtes investi corps et âme, vise à promouvoir une catégorie défavorisée à travers la discrimination positive. Au-delà, vous avez mis en place depuis plusieurs années, le ‘’small business commande publique’’ à l’effet de combiner et impulser une dynamique réelle autour de trois dimensions : la formation, l’appui technique et l’aménagement de dispositions réglementaires favorables à l’accès des acteurs de l’économie sociale et solidaire à la commande publique.
Dans le domaine de la formation, qui vous tient à cœur, vous avez développé et déroulé une offre de formation plurielle comprenant la formation qualifiante, l’accréditation de spécialistes en passation des marchés et la formation diplômante via le Master II professionnel en Management et Régulation des marchés publics. Ce master est le fruit de la coopération tripartite entre l’ARCOP, l’Ecole nationale d’Administration (ENA) et l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).
L’ouverture, en janvier 2020, du Master II professionnel en Ingénierie et Régulation de la Commande publique, en partenariat avec l’UFR des Sciences juridiques et politiques de l’université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), également à votre actif, participe de la volonté de l’ARCOP de renforcer la professionnalisation des acteurs de la commande publique.
Vous avez signé en 2022, une convention avec l’université Iba Der Thiam et l’Agence Régionale de Développement de Thiès pour la création du master en commande publique et gestion des finances publiques. Les enseignements ont déjà démarré.
Vous avez mis en place depuis 2022 un programme de formation des assistants dans le cadre de la mise en œuvre de la politique de professionnalisation des acteurs du système.
Les résultats de la MAPS II sont éloquents quant au niveau de professionnalisation des acteurs du système. Votre dernier plaidoyer portait sur la création d’un ordre des experts de la commande publique.
Dans votre volonté de hisser le Sénégal au niveau des standards internationaux en termes de commande publique, vous aviez initié le projet de dématérialisation des procédures de passation de la commande publique à travers une plateforme moderne que vous avez dénommée KERMEL.
Il me plaît de transcrire exactement ce que vous disiez le 10 octobre 2024, à l’occasion de la cérémonie de remise des attestations à la 2e promotion des assistants en passation de marchés publics : « Je suis certain que vous avez la capacité d’accompagner les autorités contractantes. Mais n’arrêtez pas d’apprendre. Appliquez ce que vous avez appris ici à l’IRCOP, vous serez remarqué et vous allez bénéficier de la confiance de votre hiérarchie. Bannissez la tricherie, ne donnez pas l’impression de connaitre ou de maitriser des choses alors qu’il n’en est rien. Il n’y a pas de secret. Il faut être éthique, sérieux, engagé, avoir une bonne dose de passion et surtout lire le Code de la commande publique. Ne cessez pas d’interpeller vos enseignants, les séniors qui vous ont procédé, vos encadreurs, sur des questions que vous ne semblez pas maîtriser. On ne finit jamais d’apprendre. La commande publique est aujourd’hui un instrument indispensable pour toutes les administrations, en termes de bonne gouvernance et d’efficacité. Toutes les acquisitions de tous les États se font grâce à la commande publique. Il faut savoir rationaliser les ressources publiques, mettre en place des procédures de bonne gouvernance, des mécanismes de contrôle, pour pousser les administrations à être plus efficaces ».
Voilà résumé ce qu’est Saer Niang.
" Seuls les meilleurs doivent servir l’État". Vous êtes dans le lot de ces meilleurs, à tous points vus, de cette belle race des hauts commis de l'Etat du Sénégal et même au niveau africain.
Au nouveau, qui a grandi sous l’aile protectrice du DG Niang qui savait s’entourer de personnes compétentes et éthiques et détectait très tôt les bonnes graines, nous souhaitons la bienvenue.
Quand je suis arrivée à l’ARCOP le 6 avril 2022, le DG Niang m’a donné le numéro de Moustapha Djitté, me disant qu’il était un excellent expert sur qui je pouvais compter, notamment pour la production de documents scientifiques de qualité.
Le DG Saer Niang est un monument. Les grands qui aident les petits à devenir grands seront éternellement plus grands.
Merci pour tout Saer Niang.
Mame Lika Sidibé est CCRP/ARCOP.
LA FRANCOPHONIE À LA CROISÉE DES CHEMINS
À l'approche du 19e Sommet de la Francophonie, le Dr Bakary Sambe livre une analyse éclairante sur l'avenir du français sur le continent. Entre rejet apparent et réinvention nécessaire, la langue de Molière se trouve au cœur d'un débat complexe
(SenePlus) - À l'aube du 19e Sommet de la Francophonie prévu en France les 4 et 5 octobre 2024, la langue française se trouve au cœur d'un débat complexe en Afrique francophone. Dans un contexte marqué par des tensions croissantes entre Paris et certains pays d'Afrique de l'Ouest, notamment le Mali, le Burkina Faso et le Niger, la question de l'avenir du français sur le continent se pose avec acuité.
Le Dr Bakary Sambe, Directeur régional de l'institut de recherche Tombouctou Institute – Centre africain d'études sur la paix, apporte un éclairage nuancé sur cette situation. Selon lui, le prétendu "sentiment anti-français" est en réalité "un raccourci, un fourre-tout qui ressemblerait à un exutoire permettant d'échapper à un nécessaire exorcisme collectif constamment refoulé". Il s'agirait plutôt d'une "forte exigence de renouvellement du paradigme même de la coopération entre la France et les pays africains".
Paradoxalement, la langue française elle-même ne semble pas souffrir de ces tensions. Le Dr Sambe souligne que "cette langue n'appartient pas à la France ; elle est la propriété malléable de ses locuteurs qui se trouvent majoritairement en Afrique, qui est le cœur battant de la Francophonie". Les jeunes générations africaines s'approprient le français, lui donnant "un nouveau souffle tout en lui imposant leurs marques culturelles qui la fécondent".
Cependant, l’avenir de la Francophonie en Afrique de l’Ouest reste incertain. Le Dr Sambe appelle à "revenir à un nouvel humanisme francophone sincère, fondé sur l'égalité et le respect mutuel et de la diversité". Il met en garde contre une perception de domination de la « Francophonie du Nord » au sein des institutions francophones, soulignant le poids démographique et géographique des pays africains francophones.
Face à l'attrait croissant d'autres alliances linguistiques comme le Commonwealth, le Dr Sambe estime que "si la francophonie renoue avec ses valeurs fondatrices elle retrouvera sa place". Il appelle à une réinvention de la Francophonie, qui doit prendre en compte les nouvelles réalités émergentes, comme la dualité des systèmes éducatifs dans de nombreux pays francophones ou l'importance du français comme langue d'accès au savoir religieux pour de nombreux musulmans francophones.
En conclusion, le Dr Sambe affirme que « les choses sont beaucoup plus complexes que la dialectique autour de l'héritage colonial et de la modernité ». L'avenir de la Francophonie en Afrique dépendra de sa capacité à se réinventer tout en restant fidèle à ses valeurs fondatrices d'égalité et de diversité.
par Cheikh Faye
PROMESSE D’UNE RUPTURE, FLEURS D’UNE DICTATURE RAMPANTE
EXCLUSIF SENEPLUS - Nous sommes en démocratie et chacun a le droit de discuter des comptes publics. La parole du Premier ministre n’est pas celle de l’Évangile ou du Coran. La lecture du PV d’audition de Cheikh Yérim Seck donne des frissons
Dans tous les pays démocratiques du monde, la présentation des grandeurs macroéconomiques par le gouvernement, à l’occasion de la présentation d’un nouveau budget ou lors d’un changement de régime, est toujours suivie de contestation des chiffres. Ces contestations portent sur tout notamment sur l’ampleur des situations décrites (déficits, excédents, etc.), sur les méthodes de calculs utilisés (choix de la période de référence, de la maturité des données, des sources utilisées, etc.), etc.
Dans le cas de la présentation d’un nouveau budget, le gouvernement et son chef sont toujours accusés d’embellir la situation pour montrer notamment leurs soi-disant talents de bons gestionnaires. Par exemple, ici au Québec, les chiffres présentés par le Premier ministre sur le déficit budgétaire à l’occasion de la présentation du nouveau budget ont été vivement contestés par les principaux leaders de l’opposition, qui l’accusent même d’avoir puisé dans le Fonds des générations pour masquer l’ampleur des déficits. Pour autant, en dépit de l’âpreté des débats, aucun leader de l’opposition, ni les différents économistes invités sur les plateaux de télé pour conforter cette thèse, n’a fait l’objet d’une convocation à la police a fortiori accusé de diffusion de fausses nouvelles. Ce scénario (convocation à la police suivie d’arrestations) serait impensable, car nous sommes en démocratie et chacun a le droit de discuter des comptes publics. Chacun est libre de croire ou ne pas croire les chiffres publiés. La parole du Premier ministre n’est pas celle de l’Évangile ou du Coran.
L’autre exemple, en cas de changement de gouvernement, nous vient de la France. Il est récent et vient de se dérouler sous nos yeux : le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, a déclaré que les comptes publics dont il avait hérités étaient davantage au rouge beaucoup plus qu’on le pensait notamment avec des déficits budgétaires plus importants qu’annoncés. Il a poussé le bouchon plus loin en qualifiant même la situation budgétaire de la France de « très grave ». Il n’en a pas fallu plus pour que les ténors de la Macronnie montent au créneau pour, d’une part, contredire ce qu’il a avancé et, d’autre part, brandir la menace d’une motion de censure dès la présentation de sa DPG devant l’Assemblée nationale. Il a fini par modérer son langage, rencontrer Gabriel Attal et d’autres leaders de la droite afin de trouver un compromis qui lui a permis de passer, hier, au Palais Bourbon sans subir une censure. Morale de l’histoire : ce que dit le Premier ministre est contestable et il ne détient pas le monopole de la vérité ni de la crédibilité, peu importe le fait qu’il soit revêtu des atours de la République ! Cela participe au jeu de la démocratie.
Ici au Sénégal, la lecture du PV d’audition de Cheikh Yérim Seck, qui circule sur les réseaux sociaux donne des frissons : toutes les questions qui lui ont été posées gravitaient autour de la sacralité des paroles du Premier ministre Ousmane Sonko.
Tout à l’heure, les avocats de Bougane Gueye Dany disent la même chose : leur client a été convoqué pour avoir contesté les chiffres fournis par le Premier ministre relativement à la situation économique du pays en exigeant de lui la preuve de la fausseté des chiffres sortis de la bouche d’Ousmane Sonko. Même dans la République du Gondwana, on ne convoque pas et n’arrête pas les gens sur la base de leurs opinions concernant les comptes publics.
Ces arrestations sont révélatrices de l’intolérance, voire du manque de sens démocratique de nos nouveaux dirigeants. Ils doivent comprendre que personne n’est tenue de les croire. À moins d’introduire dans notre droit positif une nouvelle obligation pour les citoyens(nes) : le devoir d’acquiescement devant la parole primatorale !
LE PROJET EN VISITE À SHENZHEN ET À LA SILICON VALLEY
En visitant coup sur coup la Chine et les États-Unis, Diomaye Faye affiche clairement ses ambitions numériques pour le pays. Du projet "Smart Sénégal" aux rencontres avec les géants de la Silicon Valley, une nouvelle ère technologique se dessine
À un mois d'intervalle, le porteur du Projet, Son Excellence, le président de la République, a visité la Chine et les États-Unis, deux géants de la technologie mondiale.
Sûrement, le terme "Chine populaire" renvoie, au-delà de la démographie, à un effort populaire vers l'essor économique.
Grâce à leurs propres valeurs, et à travers une souveraineté politique souvent incomprise par l'ordre de la mondialisation, cette nation s’est hissée au sommet de la pyramide économique mondiale.
Iba Fall, dans son articulation de l'universel au particulier, dirait sûrement que le particulier, en tant que souveraineté, peut élever une nation.
Un peuple, un but et une foi populaires.
Quand on parle d'intelligence artificielle, une expression linguistique plus liée à l'Occident, nous pensons que le siège de cette prouesse technologique s'y trouve.
Au contraire, en termes de profits et de nombre d'utilisateurs, la Chine est le champion mondial des innovations technologiques.
Au même titre que les FAGAM que nous connaissons mieux, la Chine a les BAT (Baidu, Alibaba, Tencent). Baidu est connu comme moteur de recherche, Tencent dans les réseaux sociaux et Alibaba dans le e-commerce. Ils ont tous intégré l'intelligence artificielle depuis longtemps dans leurs applications.
Ayant copié au départ les initiatives technologiques occidentales, ils se positionnent désormais comme des concurrents sérieux ou challengers grâce à leurs innovations et à leur part de marché.
Par exemple, Tencent s'étend dans l'imagerie médicale et les outils de diagnostic. Des startups comme SenseTime et Face++ ont vu le jour et dominent le domaine de la sécurité publique à travers la reconnaissance faciale. ByteDance est entré dans la danse et a bouleversé les technologies des réseaux sociaux avec son chef-d'œuvre TikTok.
Ce rappel introductif sur la place de la Chine dans le monde de la tech était important pour montrer l'enjeu de la visite du président de la République en Chine, notamment au centre de démonstration de Huawei, connu pour ses fournitures de réseaux de télécommunications. Huawei est implanté au Sénégal depuis 2005 et a collaboré avec l'ADIE pour fournir un accès Internet à haut débit. Il est également important de noter qu'un projet majeur, "Smart Sénégal", a été signé avec la Chine, impactant cinq domaines :
La sécurité publique grâce à l'utilisation d'outils technologiques (Safe City),
La modernisation des infrastructures réseaux,
Le déploiement de plateformes technologiques d'apprentissage pour l'enseignement (Smart Education),
L'assistance aux populations des départements du Sénégal sur les services de l'administration et des entreprises (Smart Territoires),
L'accès à Internet pour les FAI grâce à la bande passante internationale (câble sous-marin), ainsi que la multiplication des points d'accès Wi-Fi sur tout le territoire (Smart Wi-Fi).
En marge de sa participation à l'Assemblée générale des Nations Unies, aux États-Unis, le Président de la République, accompagné du ministère de l’Économie numérique, des directeurs de Synapsys et SENUM, a effectué plusieurs visites dans la Silicon Valley, la mine numérique américaine.
Cette démarche a débuté par une rencontre avec les principaux investisseurs du numérique au Sénégal, comme Optic (Organisation des Professionnels de la TIC), Gaindé 2000, Wave…., ainsi que des acteurs de l'éducation et de la recherche, tels que Seydina Ndiaye du programme FORCE-N et membre de l'instance de réflexion sur l'IA de l'ONU, et le brillant Sénégalais Moustapha Cissé, ancien directeur du centre de recherche en IA de Google en Afrique.
Cette rencontre a permis de lancer le "New Deal technologique".
Dans la vallée de l'or du 21ᵉ siècle, le Président a visité NVIDIA, leader dans le domaine de l'intelligence artificielle grâce à ses produits révolutionnant le calcul de haute performance. Nvidia est reconnu mondialement pour ses puissants cloud et datacenters, ses systèmes embarqués, et surtout ses processeurs graphiques (GPU) pour le calcul d'image.
La délégation sénégalaise a ensuite visité de SpaceX et sa division Starlink, spécialiste mondial de l'Internet à haut débit par satellite. Il faut noter qu'à la même période l'année passée (août 2023), l'ARTP, sous l'égide du régime précédent, l’ARTP avait publié un communiqué interdisant la commercialisation des produits Starlink au Sénégal en raison d'un défaut d'autorisation. Cette visite du Projet chez SpaceX, propriété du créateur de X (anciennement Twitter), pourrait peut-être aboutir à une utilisation autorisée de cette connectivité innovante par les usagers, permettant ainsi un accès universel à Internet plus rapide.
Des séries de rencontres ont également eu lieu avec HP, fournisseur mondial d'équipements informatiques, ainsi qu'avec ARM (Advanced RISC Machine), dont les processeurs sont utilisés par 99 % des smartphones. RISC (ordinateur à jeu d’instructions réduit) est une architecture de microprocesseur qui utilise un ensemble d'instructions optimisées plutôt que des instructions spécialisées comme dans d'autres architectures.
Une rencontre intéressante a également eu lieu avec 500 Global et d'autres investisseurs américains. 500 Global est un leader du capital-risque, ayant favorisé l'innovation et la croissance durable aux niveaux local et mondial, avec plus de 2 900 startups soutenues, 1 000 investisseurs formés, et plus de 2,3 milliards de dollars d'actifs sous gestion.
Les premiers pas du "New Deal technologique", riche en visites et en rencontres d'affaires, sont parfaitement alignés avec le Projet pour un Sénégal Juste, Souverain et Prospère. Le New Deal technologique vise à faire du Sénégal un hub technologique en Afrique, et à garantir sa souveraineté numérique à travers la stratégie de transformation numérique du Sénégal 2035.
Cette dynamique, à travers ses différentes visites et rencontres dirigées par Son Excellence lui-même, montre clairement le cap pris par les nouvelles autorités, déterminées à amener le pays parmi les nations compétitives, en s'appuyant sur les leviers économiques les plus prioritaires pour soulager le peuple sénégalais.
Quelques esquisses ont été ébauchées dans le livre programme du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye, à savoir :
Une gouvernance apprenante et souveraine du numérique,
Une administration publique digitalisée et performante,
Un capital humain issu d'un système de recherche et d'innovation compétitif,
Un système de cybersécurité et de cyberdéfense aux standards mondiaux,
Un cadre incitatif et sécurisé pour l'entrepreneuriat numérique.
"Nous renforcerons le rôle du Sénégal pour définir une géostratégie africaine de sécurisation et de souveraineté sur les grandes routes numériques internationales, et sur la gouvernance mondiale du secteur numérique", telle est l'ambition derrière ces récentes actions.
Papa Fall est Statisticien-Spécialiste en Intelligence Artificielle & Big Data, Manager de Programme Pays, membre de Pastef les Patriotes.
par Nioxor Tine
ENTERRER LE SYSTÈME
Il faudra bien que les acteurs politiques de tous bords, y compris les actuels gouvernants, clarifient leur position par rapport aux enjeux décisifs de refondation institutionnelle, de respect des droits et libertés, de souveraineté nationale
Le moins qu’on puisse dire est que l’enfantement d’un nouveau Sénégal souverain se fait dans la douleur et des secousses singulières bien qu’artificielles. Pour neutraliser les provocations des élites déchues, les leaders du camp patriotique pourraient élever le niveau du débat, dans le respect strict des droits et libertés, en fixant le cap et en élaborant une feuille de route très claire, qui prenne en charge de manière holistique, les problématiques liées à la transformation systémique. Dans cette phase de transition cruciale, devant acter l’avènement d’une nouvelle ère de souveraineté pleine et entière, de gestion vertueuse de l’Etat, de redistribution équilibrée des ressources nationales et de justice sociale se dressent des obstacles multiples.
Le premier a trait à la nature même du cours que les tenants de la transformation systémique veulent imprimer à l’évolution politique de notre Nation, empêtrée jusque-là dans le bourbier néocolonial. De fait, la tâche d’anéantissement de la domination impérialiste qui sévit encore dans nos pays, censée faire advenir une nouvelle époque de libération nationale et sociale renvoie au clair-obscur de Gramsci, à un interrègne durant lequel surviennent les phénomènes morbides les plus variés.
Devant la détermination du camp patriotique et des panafricanistes de la sous-région à clore le sinistre chapitre de la Françafrique, (dont un des plus fidèles serviteurs, M. Robert Bourgi, vient de dévoiler les mécanismes les plus pervers), on observe une résistance farouche du camp de la continuité néocoloniale.
On y retrouve, au premier plan, la coalition Takku Wallu, animée, pour l’essentiel, par des héritiers de Wade, ayant montré, le 3 février 2024, leurs vrais visages de putschistes constitutionnels, qui, projetaient de renvoyer aux calendes grecques, la présidentielle initialement prévue le 25 février dernier. Ses liens étroits avec l’ancienne métropole sautent aux yeux, car sa tête de liste, l’ancien président Macky Sall, qui a dirigé notre pays d’une main de fer, pendant douze années, est un collaborateur fidèle du président Macron, son envoyé spécial et président du comité de suivi de son pacte de Paris pour la planète et les peuples. La deuxième personnalité de cette association de « malfaiteurs politiques » est le fils biologique du président Wade, émissaire de Sarkozy, en juin 2011, à Benghazi, où il s’était rendu pour demander à Kadhafi d’abandonner la résistance à l’Occident et de partir.
Quant à l’autre coalition Jamm Ak Njariñ, elle ne rassure pas davantage, car son président, le « fonctionnaire milliardaire » Amadou Bâ, candidat malheureux de Benno Bokk Yakaar à la dernière présidentielle, était allé en France, proposer ses services comme cheval de substitution à Macky Sall, (rattrapé par la limitation des mandats), pour perpétuer le système françafricain. Elle compte, d’ailleurs, en son sein, plusieurs anciens barons du précédent régime, dont d’anciens combattants de la gauche, qui croient pouvoir se créer une nouvelle virginité politique et effacer leurs « délits politiques » antérieurs, en changeant de parti ou coalition, sans faire le plus petit effort d’autocritique. C’est d’ailleurs cette absence de remise en cause, des anciens tenants du pouvoir, de leurs démarches antérieures, qui explique leur manière de s’opposer, leur but ultime étant de restaurer, le plus vite possible, l’ancien ordre rejeté massivement par peuple sénégalais.
S’il faut saluer la distanciation des membres des coalitions Samm Sa Kaddu et Senegal Kese par rapport aux deux premières, qui tenaient les rênes du pouvoir et qui ont été électoralement battues, le 24 mars dernier, on ne peut qu’être perplexes devant leur excès d’agressivité par rapport au nouveau régime et leur réticence farouche à soutenir et/ou accompagner les ruptures annoncées par Pastef.
Au-delà des vicissitudes et péripéties plus ou moins dérisoires de la vie politique, il faudra bien que les acteurs politiques de tous bords, y compris les actuels gouvernants, nous édifient sur leur positionnement par rapport aux enjeux décisifs de refondation institutionnelle, de respect des droits et libertés, de souveraineté nationale, de gestion vertueuse et de justice sociale, autour desquels de larges convergences peuvent être trouvées.
S’agit-il de démanteler le système (néocolonial), en vigueur dans notre pays, depuis son accession à l’indépendance formelle et dont la faillite est devenue manifeste avec le régime quasi-autocratique de Benno Bokk Yakaar ? Ou alors s’agit-il de réanimer ce système désastreux, en se soumettant au diktat des puissances occidentales en général et de la Françafrique, en particulier, ce qui équivaut à la poursuite de la domination économique et politique sur nos pays ?
Voilà les questions de fond auxquelles il faut apporter des réponses claires, au lieu de continuer à louvoyer et de s’adonner à une guérilla politicienne ininterrompue contre le pouvoir en place pour l’amener à abdiquer sur ses orientations progressistes.
Notre souhait le plus ardent est une option résolue vers l’enterrement du système néocolonial honni, par la confirmation du positionnement patriotique lors des prochaines législatives du 17 novembre 2024.
LETTRE OUVERTE À MADAME KHADY DIENE GAYE, MINISTRE DES SPORTS
Je me dois de vous exprimer mon inquiétude quant à l’avenir de l’athlétisme sénégalais. Les jeunes athlètes, encadrés par des coachs dévoués et compétents, sont prêts à exceller, mais sont entravés par le manque de soutien institutionnel
À l’attention de Madame Khady Diene Gaye, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture,
Madame la Ministre, Je me permets de vous adresser cette lettre en tant qu’ancien athlète international sénégalais et président de l’organisation à but non lucratif Sponsor Zone, basée aux États-Unis.
Mon parcours dans l’athlétisme m’a mené à représenter fièrement le Sénégal lors de divers événements sportifs tels que les Championnats d’Afrique d’athlétisme en 1984 et 1989, respectivement à Rabat et à Lagos, les Jeux Africains de 1987 à Nairobi et les Jeux Universitaires à Duisburg, en Allemagne, où j’ai atteint la finale avec l’équipe de relais du 4x100.
Depuis 2021, Sponsor Zone s’est donnée pour mission de soutenir la jeunesse sénégalaise à travers l’athlétisme. Nous avons lancé les camps Lamine Diack, destinés à former et encadrer de jeunes athlètes issus des 14 régions du Sénégal, avec l’objectif de les préparer pour les Jeux Olympiques de la Jeunesse, prévus à Dakar en 2026. Les deux premières éditions de ces camps, en 2021 et 2022, ont été des succès.
En 2021, 60 jeunes de la Jeanne D’Arc ont participé à notre premier camp. L’année suivante, en 2022, nous avons accueilli 120 jeunes de la ligue de Dakar au Collège Sacré Coeur, offrant des programmes complets incluant des cours, des entraînements sportifs, ainsi que des activités de civisme, en plus de prendre en charge la nourriture, le transport et les équipements nécessaires.
Malheureusement, en 2023, l’édition du camp n’a pas eu lieu, faute de financements, malgré nos efforts et ceux des coachs pour continuer à soutenir les jeunes. Ni le CNOSS, ni la FSA, malgré nos sollicitations répétées, n’ont répondu à l’appel.
Madame la Ministre, je me dois de vous exprimer mon inquiétude quant à l’avenir de l’athlétisme sénégalais. Les jeunes athlètes, encadrés par des coachs dévoués et compétents, sont prêts à exceller, mais sont entravés par le manque de soutien institutionnel. Nous avons fait de notre mieux pour offrir des ordinateurs et des formations aux coachs afin de digitaliser le suivi des jeunes, et les résultats sont déjà visibles : les jeunes issus de nos camps dominent les compétitions locales.
Cependant, la Fédération Sénégalaise d’Athlétisme, telle qu’elle est actuellement constituée, n’est pas légalement en règle et est en conflit avec la ligue de Dakar, privant ainsi nos jeunes d’un soutien essentiel. Le CNOSS, de son côté, n’a pas manifesté de volonté sincère de contribuer à la formation de nos futurs champions. Nous sommes à un tournant crucial : les Jeux Olympiques de la Jeunesse de 2026 approchent, et si nous ne prenons pas les mesures nécessaires dès maintenant, nous risquons de laisser passer une occasion historique pour nos jeunes de briller sur la scène internationale.
Il serait inconcevable de voir les jeunes des autres pays rafler toutes les médailles chez nous. C’est pourquoi je vous sollicite personnellement, Madame la Ministre, pour que votre ministère prenne en charge l’organisation de l’édition 2024 du camp Lamine Diack et assure également le financement des deux éditions suivantes en 2025 et 2026. Les coachs sont prêts, les jeunes attendent avec espoir, et tout le cadre est déjà en place pour un succès immédiat. L’avenir de l’athlétisme sénégalais repose entre vos mains. Je vous exhorte à dissoudre la FSA et à réorganiser le secteur afin que les dirigeants, qui semblent davantage préoccupés par leurs intérêts personnels que par le bienêtre des jeunes, soient remplacés par des personnes dévouées au développement du sport. Investir dans les jeunes et leurs encadreurs est la seule voie vers des résultats concrets et durables.
Je reste à votre disposition pour discuter de ce projet ambitieux et de la manière dont nous pourrions, ensemble, garantir un avenir brillant à l’athlétisme sénégalais. Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de mes salutations distinguées.
Eric Lpez est président de Sponsor zone, ancien athlète international sénégalais.
Par Abdou Karim DIARRA
MAMADOU OUMAR NDIAYE, LA RÉCOMPENSE D’UN BAROUDEUR
La modestie et la témérité incarnées dans un seul homme. MON, le dernier des Mohicans de la presse sénégalaise, accède à la présidence du CNRA. Son parcours, jalonné de défis et de convictions, témoigne d'une vie dédiée au journalisme intégré
La nouvelle a surpris au sein de la rédaction du Témoin. Osons le dire, le concerné a été lui aussi surpris de la décision du président Bassirou Diomaye Faye de le nommer à la tête du Conseil national de régulation de l’audiovisuelle (CNRA) en remplacement de Babacar Diagne. Il a prestement sauté de son bureau pour rejoindre la rédaction centrale pour s’enquérir de la nouvelle. Et pourtant certains d’entre nous, notamment votre serviteur qui lui sert de rédacteur en chef depuis le 01 er novembre 2015ne sont pas surpris d’une telle nouvelle. Il faut le dire après le départ de Babacar Diagne, j’ai pensé que le poste méritait de revenir à un doyen, mais surtout à un des derniers Mohicans de la Presse sénégalais qui formait la bande des 4 moustiquaires (Babacar Touré de Sud, Sidy Lamine Niasse de Wal Fadjri, Laye Bamba Diallo du « Cafard libéré » d’alors et Mamadou Oumar Ndiaye). Au sein de la presse, l’homme qui fonda en 1990 l’hebdomadaire Le Témoin devenu depuis 2015 un quotidien est familièrement appelé MON. Il jouit d’un profond respect de ses pairs. Du Soleil en terminant par le Témoin, Mon a été un baroudeur passionné d’un métier à travers d’autres rédactions notamment Takussan et « SOPI ». Le Témoin hebdomadaire a réussi à marquer le paysage médiatique sénégalais.
Sa parution du mardi était fortement attendue parce qu’elle recelait des révélations exclusives. Et pourtant l’homme déroute par sa modestie légendaire qu’il porte fièrement dans la quotidienneté de la pratique d’un métier qu’il savoure comme à chaque fois qu’on lui sert sa tasse de thé. Devant l’ordinateur, l’homme fascine par sa témérité, mais surtout par le courage de ses positions. Il ne se gêne guère de dire tout le bien d’un acte posé par le président de la République, un ministre ou une haute autorité publique. Après cela, ceux qui le connaissent ne seront pas surpris quelques semaines après de voir le même MON vouer aux gémonies ces mêmes autorités. Au décompte final, ce chevalier Bayard de la presse nationale qui reste le seul directeur de publication à son âge à continuer à pratiquer le journalisme de ses convictions est d’une témérité légendaire jusqu’à pouvoir battre le records Guiness des procès pour diffamation. Il a été condamné dans certaines affaires et relaxé dans d’autres mais était tellement habitué aux prétoires qu’il pourrait écrire un bouquin sur le délit de diffamation ! Récemment, je suis tombé sur une interview de l’homme qui rappelle que cette témérité lui a valu des représailles matérielles et physiques.
En exécution d’un procès qu’il avait gagné contre Mon, le fils de Bara Diouf, l’ancien DG du Soleil, avait fait exécuter la décision par le biais de son avocat qui n’était autre que… Me Augustin Senghor, l’actuel président de la Fédération sénégalaise de football ! Lequel avait envoyé un huissier saisir tous les biens meubles de MON qui avait dormi la première nuit sur une natte avant de se voir offrir par des âmes charitables des matelas et autres commodités matérielles pour équiper son appartement. En outre un beau matin de 1997, une forte explosion avait retenti chez lui. Les fenêtres de sa maison avaient été emportées par le souffle d’une forte explosion.
Cette histoire de l’attentat à la bombe chez Mon n’a jamais été élucidée. On oubliera son refus de recevoir une médaille de l’Ordre national du Mérite des mains d’un ancien président de la République. L’homme est resté chevillé à ses principes de dignité et d’orgueil Haal Pulaar, mais aussi à sa témérité d’enfant de la banlieue, plus précisément du quartier de Diamaguène-Diacksao dont il continue à se réclamer et où il se rend à chaque fois qu’un ancien voisin est touché par une épreuve. D’une générosité sans faille, notre dirpub a aussi le sens du partage mixé à un humanisme fécond. En réalité, MON reste un feuilleton vivant de l’histoire de la presse sénégalaise de ces 40 dernières années. Il a réussi à préserver son talent, mais surtout à faire aimer le métier à de jeunes professionnels qui sont passés entre ses mains dans sa prestigieuse rédaction du Témoin. Au Témoin, à ses côtés, nous n’avons cessé d’apprendre parce que MON est une école au quotidien pour tout journaliste qui veut progresser et bien faire son travail. Malgré notre proximité, MON n’a jamais hésité à censurer un article quand il doute de sa pertinence ou des faits qu’il contient. Il le fait sans état d’âme, mais il fait dans un strict respect en te donnant les raisons pour lesquelles le papier n’est pas publiable.
Au finish, nous lui concédons cela parce qu’il sait ce que nous ne savons pas. Le président Bassirou Diomaye Faye a vu juste. Sa décision ne sonne pas chez nous comme une récompense à notre directeur de publication. MON ne connait ni Bassirou Diomaye Faye, ni Ousmane Sonko, mais il n’a pas hésité à afficher ouvertement son soutien aux actes de redressement du duo à la tête de pays. Ce faisant, il se moque éperdument de ce que les autres peuvent penser de ce soutient. Parce quand il écrit, il le fait avec conviction. Voilà ce que l’on peut dire de MON. Mais une chose est sûre. Sa nomination à la tête du CNRA participera à donner à cet organe de régulation de l’audiovisuel de nouveaux gages de crédibilité. Parce que, encore une fois, c’est un océan de crédibilité dans le milieu de la presse nationale. Nous sommes convaincus que MON réussira sa mission. Bon vent grand MON et que Dieu t’accompagne dans cette nouvelle mission !