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23 novembre 2024
Développement
LE CALVAIRE DE DIEYNABA SANGARÉ NDIAYE
La jeune juriste, qui a osé porter plainte contre son mari violent, se retrouve derrière les barreaux pour avoir tenté de le faire chanter. Une victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences
(SenePlus) - Depuis plusieurs jours, une affaire de violences conjugales secoue le Sénégal, où une jeune juriste de 25 ans se retrouve derrière les barreaux après avoir menacé son mari violent de diffuser des vidéos intimes. Selon les informations recueillies par Jeune Afrique (JA), l'histoire met en lumière les défis persistants dans la lutte contre les violences faites aux femmes dans le pays.
"Où est le ministère de la Femme ? Où est Diomaye ? Nous sommes fatiguées !" Ces cris de colère ont résonné dans le centre de Dakar le 22 octobre, où des manifestantes réclamaient justice pour Dieynaba Sangaré Ndiaye, condamnée à trois mois de prison ferme.
L'histoire de ce couple commence comme un conte de fées. Les photos de leur mariage à Dakar montrent des époux "souriants, heureux et amoureux". Mais le rêve vire rapidement au cauchemar quand la jeune femme rejoint son mari, médecin-chef du district sanitaire de Matam.
Dans sa plainte consultée par JA, Dieynaba décrit des violences brutales : "Interpellé sur son infidélité, il a fait preuve d'une agitation et d'une agressivité surprenantes. Subitement, il s'est levé et s'est mis à me rouer de coups sur le visage, le nez, la tête et la bouche." Un certificat médical atteste d'une interruption temporaire de travail de dix jours.
Malgré l'intervention de ses frères venus de l'étranger, la situation perdure. "Il a reconnu qu'il l'avait battue", témoigne son frère Abedi Ndiaye. Après son divorce religieux, le harcèlement continue : "Il appelait sur le téléphone de ma mère, d'une cousine [...] avec des numéros masqués."
C'est dans ce contexte que Dieynaba menace de diffuser une vidéo intime, ce qui lui vaut aujourd'hui l'incarcération. Une réaction de désespoir qui contraste avec le traitement judiciaire de sa propre plainte pour violences. Ndeye Coumba Kane, son avocate, s'étonne : "Personne ne s'attendait à cette condamnation. On pensait que le cas de violences conjugales entraînerait la clémence des juges."
Les chiffres sont éloquents : selon l'ANSD, 26% des Sénégalaises ont subi des violences physiques, majoritairement de la part de leur partenaire. "Sur cent femmes victimes de violences, moins de cinq portent plainte", révèle Zahra Barry, présidente de l'association Avise.
Plus troublant encore, d'anciennes compagnes d'Alioune Badara Mbacké témoignent auprès de Jeune Afrique d'un homme "à deux visages", décrit comme un "manipulateur" usant de son statut de médecin pour séduire avant de devenir violent. "Ce que Dieynaba a vécu, j'ai vécu à peu près la même chose", confie l'une d'elles.
L'affaire met en lumière les pesanteurs socioculturelles persistantes. Comme l'explique Ndeye Magatte Ndiaye de l'Association des femmes juristes : "Les femmes ont tendance, sur l'autel du mugn, du kersa, du sutura, à supporter l'insupportable." Une réalité d'autant plus préoccupante que 46% des Sénégalaises de moins de 50 ans considèrent encore justifiables certaines violences conjugales.
Placé en garde à vue le 23 octobre, Alioune Mbacké attend son procès, tandis que son ex-épouse reste incarcérée à la prison des femmes de Liberté 6, victime devenue accusée dans un système judiciaire qui peine encore à protéger les femmes victimes de violences.
Par Mohamed GUEYE
UN DÉVELOPPEMENT ENDOGÈNE
Le pays veut mobiliser plus de 12 800 milliards de FCFA de fonds publics et 5 675 milliards en PPP. Face à l'ampleur du défi et aux turbulences actuelles, l'horizon temporel de cette transformation reste la grande inconnue
Le gouvernement du Sénégal voudrait revoir son programme avec le Fonds monétaire international. Les médias prêtent au ministre des Finances et du budget, Cheikh Diba, d’avoir annoncé, en marge des Réunions annuelles conjointes Fmi-Banque mondiale, à Washington, que le pays souhaitait réviser l’accord actuel qui le lie à l’institution financière. Depuis les péripéties nées de la déclaration d’un audit des Finances publiques, qui aurait dévoilé des chiffres «falsifiés» et maquillés, dans le but de faire croire à une situation beaucoup plus reluisante qu’elle n’était, la situation des Finances publiques, déjà difficilement gérable à l’arrivée du duo Sonko-Diomaye au pouvoir, est devenue très fortement perturbée, à dire le moins.
Selon les médias, un nouveau programme avec le Fmi devrait intervenir en 2025, et celui actuellement poursuivi, qui implique le décaissement d’1,8 milliard de dollars, serait tout bonnement abandonné. Il faut dire que le Fonds monétaire international, si prompt à communiquer sur d’éventuels développements avec ses pays partenaires, est resté étonnamment muet sur la question. Ni sur le site ni dans ses communiqués concernant le Sénégal, il n’a été fait mention d’une volonté du Sénégal de remettre en cause les fameux accords. La seule chose évidente depuis le mois de septembre, est que la notation du Sénégal a été dégradée par les agences de notation, à savoir Moody’s qui a été la première, suite à l’annonce de fraude sur les chiffres par le Premier ministre Sonko. Standard & Poor’s a suivi, ce qui n’incite vraiment pas à l’optimisme.
Il s’en est suivi que le gouvernement ne donnait plus de signal clair à ses partenaires, au point que la dernière mission du Fonds a fait état d’une certaine dégradation des agrégats : «Le Sénégal continue de faire face à un environnement difficile, avec des signes de tensions accrues dans l’exécution du budget. Le manque à gagner en termes de recettes, identifié lors de la dernière visite des services, a été confirmé à fin septembre. Parallèlement, les dépenses sont restées élevées, principalement en raison d’une augmentation substantielle des dépenses d’investissement, comme le suggèrent les conclusions préliminaires du rapport de l’Igf». Ce fameux rapport de l’Igf n’a toujours pas encore été rendu public, bien qu’il soit la première preuve de l’accusation de l’ancien régime. Le Fonds monétaire a néanmoins ajouté dans son rapport : «Le déficit budgétaire devrait s’aggraver cette année, dépassant l’estimation précédente de 7,5 % du Pib.» Sur ce point, les accusations des nouveaux dirigeants font état d’un déficit budgétaire qui dépassera les 10% du Pib, le double des 5,5% annoncés par l’ancien ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba. Entretemps, est intervenue la dissolution de l’Assemblée nationale, empêchant le vote d’une Loi des finances rectificative, qui aurait pu permettre au gouvernement d’utiliser les près de 338 milliards que le Fonds devait débloquer, sans compter les près de 450 milliards de Cfa de son dernier eurobond, levé à plus de 7%.
Le ministre des Finances n’a jamais pu expliquer à ses partenaires les conditions de levée de cet eurobond, qui ne s’est pas fait dans la transparence. En conséquence, le Fonds monétaire a été obligé d’arrêter ses décaissements, plongeant encore plus l’économie dans le marasme. Aujourd’hui, le ministre nous informe de la volonté de son gouvernement de mettre fin à son programme avec le Fmi, sans nous annoncer à quoi nous attendre. Depuis quasiment l’arrivée de Abdoulaye Wade au pouvoir, le Sénégal s’est toujours arrangé pour reconduire ses accords avec le Fonds monétaire. Et cela n’a pas toujours été pour l’argent, parce qu’à un moment, le programme avec le Fonds était sans décaissement.
La question est que, tant qu’il reste une économie ouverte, le Sénégal a besoin de gagner la confiance de ses partenaires. Cette confiance est garantie par le contrôle du Fmi, pour un pays en développement. Mais pas que. Des pays aussi développés que la France, les Etats-Unis d’Amérique ou l’Inde, font aussi recours à l’expertise des services du Fonds. Cela leur permet de se bien faire voir des agences de notation, comme des emprunteurs. Aujourd’hui, si l’on se réfère à la Snd, le gouvernement semble se tourner, petit à petit, sur un repli sur soi sur le plan économique. Ce qui semble cohérent avec son actuel référentiel des politiques publiques : «Pour consacrer la Vision d’un «Sénégal souverain, juste et prospère», le pays s’efforcera, sur la période 2025-2029, à relever les défis relatifs à (i) la construction d’un modèle économique endogène, à partir des pôles territoriaux de développement.»
Le document ajoute un peu plus loin que «Le coût global du Pap 2025-2029 est estimé à 18 496,83 milliards de francs F Cfa. Il est composé de financement public «pur», entièrement pris en charge par l’Etat pour 12 821,4 milliards de F Cfa, et d’un apport du secteur privé dans le cadre des Partenariats Public-Privé (Ppp) pour un montant de 5675,38 milliards de F Cfa. Dès lors, la Snd instaure une innovation car il n’y a plus de financement à rechercher pour la prise en charge du développement». C’est dire que le pays est prêt à couper toutes les relations avec le Fonds monétaire. Il dit compter sur ses ressources extractives ainsi que sur son capital humain pour lever toutes les ressources financières dont il a besoin. On peut se demander combien de temps il lui faudra pour réaliser son ambition.
LA GROSSE DÉSILLUSION
Agence de développement municipal, Programme national de développement local, Autorité de régulation de la commande publique… Le régime marche à reculons sur les appels à candidatures
C’était l’une des promesses phares du candidat Bassirou Diomaye Diakhar Faye ; lors de la Présidentielle de mars 2024. Réformer ‘’le mode de recrutement des employés de l’Administration publique en rendant le concours et l’appel à candidatures systématiques pour tout recrutement dans la Fonction publique’’. En ce qui concerne le recrutement dans certains postes de décision, l’alors candidat avait promis : ‘’Nous consacrerons l’appel à candidatures pour certains emplois de la haute Fonction publique et du secteur parapublic, et normaliserons les recrutements civils et militaires par le recours exclusif au concours qui garantit l’égalité des chances à tous les citoyens.’’
L’objectif était noble certes, mais à l’heure de la mise en œuvre, la promesse semble avoir été complètement rangée aux oubliettes. Jusque-là, il n’y a pas eu d’appel à candidatures au niveau des postes les plus importants de la haute Administration. Que ça soit dans les régies financières comme dans les sociétés nationales. Les nominations continuent d’être basées sur des critères purement subjectifs, malgré les déclarations d’intention. Pire, dans certains départements, on semble même marcher à reculons en faisant pire que les précédents régimes. C’est le cas, par exemple, dans certains services décentralisés comme le Programme national de développement local (PNDL).
Autrefois, le secrétaire exécutif était choisi par appel à candidatures. Une belle tradition rompue par le ministre chargé des Collectivités territoriales Moussa Bala Fofana. Ce dernier a nommé directement par arrêté le nouveau secrétaire exécutif Papa Alioune Koné. Recalé dans la course à la direction de l’Agence de développement municipal, Djidiack Faye, qui avait fait une tribune pour dénoncer des vices dans la procédure, avait également évoqué cette question.
S’adressant au président de la République et au Premier ministre, il peste : ‘’La lutte pour la justice, vous en êtes des symboles, mais j’en sais faire aussi et depuis toujours… Balla Moussa Fofana est le ministre qui a fait violer pour la première fois la règle de l’appel à candidatures qui régit le recrutement du secrétaire exécutif du Programme national de développement local depuis sa mise en place en 2008.’’ La tribune était surtout destinée à dénoncer des anomalies dans le processus de recrutement du nouveau DG de l’ADM. Un processus dans lequel il avait participé en tant que candidat.
Moussa Balla Fofana au cœur de la polémique
Interpellé sur la question, le directeur de cabinet du ministre a rejeté toutes les accusations en bloc. ‘’Je réfute catégoriquement ces allégations. En ce qui concerne le PNDL, le ministre a pris un arrêté pour nommer un nouveau coordonnateur, parce que le mandat de l’ancien était arrivé à terme… L’illégalité aurait été de laisser en place quelqu’un dont le mandat est arrivé à terme depuis décembre’’, rétorque Amadou Manel Fall.
Pourquoi il n’y a pas eu un appel à candidatures conformément aux usages ? Monsieur Fall explique : ‘’Il faut savoir que la plupart des financements du PNDL provenaient des partenaires techniques et financiers, dont la Banque mondiale. Ces derniers avaient mis dans les conditionnalités que le recrutement devait suivre une certaine procédure. Mais la plupart de ces bailleurs n’apportent plus de financement. L’État, dans sa souveraineté, n’est pas tenu aux conditionnalités imposées par ces bailleurs. Il a de manière souveraine exercé sa responsabilité.’’
Si pour le PNDL, il n’y a pas eu du tout d’appel à candidatures, pour l’Agence de développement municipal, l’État s’est bien conformé à la tradition. Mais, à en croire Djidiack, c’était plutôt un simulacre. ‘’Le ministre Balla Moussa Fofana avec son bras comploteur Oumar Ba, président de l’Association des maires du Sénégal’’ auraient, selon lui, ‘’torpillé’’ la procédure. ‘’Monsieur le Président de la République, tous les Sénégalais espèrent avoir terminé avec les forfaitures, l’injustice, la mal gouvernance que ce ministre et Oumar Ba veulent faire prévaloir sur ce processus de recrutement. Que le cabinet mette à votre disposition toute la documentation sur ce processus et tout le monde sera délivré de façon transparente et équitable’’, accuse M. Faye, convaincu que les conclusions du cabinet privé qui a conduit le processus n’ont pas prévalu.
Là également, le DC du ministre a tout balayé d’un revers de main. À l’en croire, on est tenté de croire que tout ceci n’est que des accusations de mauvais perdants. ‘’Ce sont des accusations infondées, dénuées de tous fondements. Ces gens ne vont jamais vous produire des preuves de ces accusations gratuites, diffamatoires et attentatoires à l’honneur de quelqu’un qui essaie de faire correctement son boulot’’, s’est défendu le DC du ministre.
À l’en croire, le ministre n’a été là ni au moment du lancement de la procédure – lancé avant son entrée en fonction - ni moment du choix. ‘’Au moment où je vous parle, je peux vous affirmer avec certitude que nous n’avons ni les rapports de l’assemblée générale qui est habilitée à choisir ni celui du cabinet qui l’a accompagné. Le ministre n’est à aucun moment intervenu dans cette procédure de sélection’’, a renchéri M. Fall.
Les réponses du directeur de cabinet
Revenant sur la procédure, il a expliqué que l’Assemblée générale avait choisi un cabinet privé qui l’a accompagné dans ce processus. Selon nos informations, environ 400 personnes avaient participé à cet appel. Une short list a été par la suite dressée et au final, environ trois ou quatre ont été présentés à l’Assemblée générale qui a procédé à des interviews avec les différents candidats. C’est au terme de ces interviews que le choix a été porté sur Mahmouth Diop, ci-devant directeur de l’Agence régionale de développement de Kaolack.
Une nomination qui est loin de faire l’unanimité même au sein de l’ADM, où des voix nous ont contactés pour montrer leur étonnement. ‘’Dans ce milieu, on se connait tous. Je vous assure qu’il y avait de meilleurs profils parmi les candidats. Des gens qui ont passé toute leur carrière à l’ADM et qui ont fait beaucoup de sacrifices. Il faut savoir que l’ADM, c’est une structure nationale et lui il était dans une structure régionale. Aussi, je pense que pour des postes comme ça, il fallait aussi faire des enquêtes sur les parcours de chacun. Ce choix est injuste’’, renseigne un cadre de la boite qui précise que M. Diop qui a été choisi comme DG a été recalé, il y a quelques mois pour un poste d’assistant technique dans la même structure. ‘’En tant que directeur de l’ARD de Kaolack, il avait postulé à ce poste d’assistant technique et n’avait pas été retenu. C’est lui que l’on vient de choisir comme DG’’, soutient notre source.
Le directeur de cabinet du ministre, lui, invite à plus de fair-play et au respect des règles du jeu. ‘’Je pense que c’est malsain de porter ces types d’accusations sur les gens. Quand vous participez à une épreuve de sélection, ce n’est pas parce que vous n’avez pas été retenu que forcément il y a de la manipulation. Il y a des gens compétents qui ont soumissionné et que vous n’entendez pas. Ce sont des accusations dénuées de tout fondement. Ils ne peuvent pas apporter les preuves de ces allégations. Je trouve ça déplorable’’, regrette le DC de Fofana.
Retour sur le cas Arcop
Autrefois organisme de référence qui rayonnait jusqu’au-delà de nos frontières, avec des délégations qui venaient de partout en Afrique pour s’en inspirer, l’ADM a perdu ces dernières années de sa splendeur avec des nominations politiques et des promotions internes essentiellement basées sur le népotisme. Des pratiques notées depuis la nomination de Cheikh Issa Sall, en dépit de l’interdiction formelle de faire de la politique. ‘’A l’époque, il y avait la BM qui avait un droit de regard, même sur les termes de référence. C’était inimaginable d’avoir un DG qui fait de la politique. Comme nous voulions capter les fonds de bailleurs, on se conformait. Il était même formellement interdit de faire de la politique, c’est écrit noir sur blanc dans les statuts’’.
Il y a quelques jours, la chronique avait également fait largement écho de la nomination par décret d’un nouveau DG de l’Autorité de régulation de la commande publique, sans passer par l’appel à candidatures. Là également, l’argument invoqué pour justifier l’absence d’appel à candidatures est la fin du mandat du précédent DG. Des sources précisent d’ailleurs que le successeur de Saër Niang a été nommé par intérim.
RODRI SACRÉ BALLON D'OR 2024
L'Espagnol a été désigné lundi soir à Paris, devançant le Brésilien Vinicius. Cette consécration historique, assombrie par le boycott du Real Madrid, couronne une année exceptionnelle marquée par un titre de champion d'Angleterre et une victoire à l'Euro
(SenePlus) - L'Espagnol Rodri de Manchester City a été couronné Ballon d'Or 2024 lundi soir au théâtre du Châtelet à Paris, une consécration historique pour ce milieu de terrain arrivé en béquilles à la cérémonie suite à une grave blessure au genou.
Vainqueur et meilleur joueur de l'Euro 2024 avec l'Espagne, champion d'Angleterre avec Manchester City, Rodri devient le premier joueur depuis Fabio Cannavaro en 2006 à remporter le prestigieux trophée sans évoluer à un poste strictement offensif. Il s'inscrit dans la lignée du Tchèque Pavel Nedved, lauréat en 2003.
"Je crois que ce trophée consacre ma victoire mais aussi la victoire d'autant de joueurs espagnols, d'Iniesta, de Xavi", a déclaré le lauréat, rendant hommage à ses illustres prédécesseurs qui n'ont jamais remporté la récompense. Rodri rejoint ainsi le cercle très fermé des Espagnols sacrés, après Alfredo Di Stefano (1957, 1959) et Luis Suarez (1960).
La soirée a été marquée par l'absence remarquée du Real Madrid, qui a boycotté la cérémonie. Vinicius, l'attaquant brésilien du club merengue, termine deuxième du classement. Rodri n'a pas manqué d'avoir une pensée pour son coéquipier en sélection Dani Carvajal, quatrième mais absent : "J'aimerais parler à Carvajal, qui méritait d'être ici mais qui est blessé."
Bonmati conserve son titre
Chez les femmes, l'Espagnole Aitana Bonmati a conservé son Ballon d'Or, confirmant l'hégémonie du football espagnol. La milieu de terrain du FC Barcelone, championne du monde 2023 avec la Roja, devance ses coéquipières Caroline Graham Hansen et Salma Paraluello.
"Je suis extrêmement reconnaissante de recevoir ce deuxième Ballon d'or consécutif", a confié Bonmati, qui succède à sa compatriote Alexia Putellas au palmarès. "Ce n'est pas un exploit personnel ou individuel", a-t-elle souligné, rendant hommage au FC Barcelone, "un club unique, hors norme" qu'elle a rejoint à l'âge de 14 ans.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
PASTEF : LA SIGNIFICATION DE L’ÉVÉNEMENT DU 19 OCTOBRE 2024
EXCLUSIF SENEPLUS - La levée de fonds du Dakar Arena redéfinit le rapport entre un parti et sa base. Une leçon de transparence qui tranche avec la "patrimonialisation" habituelle des partis politiques sénégalais par leurs fondateurs
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 28/10/2024
La salle omnisports du Dakar Arena de Diamniadio a été prise d’assaut par les militants de Pastef samedi 19 octobre 2024. Ils répondaient à l’appel du président Ousmane Sonko pour une levée de fonds en vue du financement de la campagne législative de Pastef.
Les militants « patriotes » sont venus de tous les coins du pays, certains ont quitté leurs localités à l’aube pour s’assurer d’avoir une place pourtant payée à 1000F CFA et de participer ainsi à l’événement.
L’opération de levée de fonds dénommée "Waajal campagne" a permisde collecter dès ce premier jour la somme de 500 millions Fcfa grâce à la vente des billets d’entrée au Dakar Aréna, à la cotisation des cadres du parti et aux contributions en ligne, provenant surtout de la diaspora.
Selon le président du Pastef, au vu de l’enthousiasme des militants, le fonds pourrait atteindre le milliard FCFA dans quelques jours.
Bis bunu nee nepp sol kopati bu week nu def ko, lu nu yooyu jot ko
« Le jour où tout le monde comme un seul homme portera un bonnet blanc pour obéir au même mot d’ordre alors nous pourrons atteindre tout objectif que nous nous serons fixés ».
Cheikh Anta Diop avait fait de cette sentence, qu’il répétait par souci didactique, la mesure du niveau de préparation du peuple sénégalais à l’accomplissement de la révolution nationale démocratique.
A l’aune de cette sentence du Pharaon du Savoir, on peut dire au vu de l’événement du 19 octobre, que les militants de Pastef, si ce n’est le peuple sénégalais dans son ensemble, sont bien « prêts pour la révolution », comme disait l’autre.
Il faut considérer que l’appel du président Sonko n’avait été lancé que quatre jours avant l’événement. Il faut avoir vu l’enthousiasme avec lequel les militants ont formé de longues files devant les guichets, dès 15 heures et comment nombre d’entre eux ont tenu à s’acquitter de 2 à 5 fois le montant requis à l’entrée.
Il faut avoir vu la joie qui irradiait les visages de ces milliers de jeunes et de moins jeunes qui ont rempli l’enceinte, chantant et dansant pendant toute la cérémonie. Tout ceci dans la discipline la plus parfaite.
Cette mobilisation des militants montre combien ils sont impliqués individuellement pour défendre l’idéal de Pastef auquel ils croient pour leur pays : un Sénégal souverain, démocratique et prospère.
Une nouveauté dans le paysage politique sénégalais : un parti financé par les militants
Cet événement constitue aussi une rupture.
Tout le monde sait que les partis politiques sénégalais, sont financés généralement par des opérateurs politiques quelque peu fortunés soutenus par des puissances occultes tant que le parti est dans l’opposition puis par l’argent public quand il arrive au pouvoir par l’intermédiaire de “militants” placés dans les démembrements de l’Etat les plus « liquides ».
La “patrimonialisation” des partis politiques par leurs fondateurs n’est pas spécifique au PDS, elle s’observe dans tous les partis jusqu’à l’Alliance pour la République (APR) dont on peut se demander à qui appartient vraiment le siège sur la VDN et les centaines des fameux pick up L200.
C’est cette patrimonialisation des partis qui explique que les leaders sont quasiment irremplaçables à la tête de leurs partis qui de ce fait n’ont rien de démocratiques.
Le Pastef Les Patriotes propose une alternative : c’est ce qui a été démontré travers l'événement du Dakar Arena de Diamniadio samedi 19 octobre 2024 : le financement volontaire par les militants à tous les niveaux du parti, de l’intérieur du pays comme de la diaspora.
"Ce que nous avons réalisé aujourd'hui, c’est du patriotisme. Nous n'avons pas utilisé les moyens de l'État pour financer notre campagne, car nous avons la capacité de nous financer nous-mêmes. Ce modèle de financement innovant est ce qu'on appelle un « patriot bond »", indiquera Ousmane Sonko.
« Pas un seul centime ne sera prélevé dans les caisses de l'Etat pour financer notre campagne », ajoutera -t-il.
Ayib Daffé, le Secrétaire Général ajoutera "nous avons jugé nécessaire de rééditer cette tradition pour éviter le syndrome qui frappe de nombreux partis politiques au pouvoir en Afrique : la corruption et le détournement des deniers publics ".
Un démenti cinglant à l’ancien régime et à ses médias
On se souvient que c’est en décembre 2021 déjà, que ce mode de financement par les militants avait été initié. Il s’agissait alors de « chercher les moyens logistiques et humains pour faire les tournées politiques initiées dans le cadre de l’activité dénommée ‘’Nemmeeku tour’’ ».
Une « Journée internationale de levée de fonds de Pastef Les patriotes » avait été organisée le samedi 2 janvier à travers la chaîne YouTube Jotna Tv et avait permis la levée de 125 millions FCFA en cette seule journée.
Ceci avait provoqué la panique du régime de Macky Sall. Le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Diome avait cru devoir menacer le Pastef, prétextant que « tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger ou d’étrangers établis au Sénégal s’expose à la dissolution », conformément à la loi.
Malgré la proposition d’Ousmane Sonko de transmettre les comptes financiers de Pastef aux services du ministre de l’Intérieur et de dévoiler les noms des gens qui ont donné leur participation lors de la campagne « Néméku tour », la campagne pour l’interdiction de Pastef a continué.
C’est ainsi que le journaliste Madiambal Diagne se fendra d’un long éditorial au titre explicite : « Soutenir Antoine Diome pour l’ordre et la loi »! Il s’agissait d’encourager le ministre de l’Intérieur à …interdire le Pastef.
Et Maître El Hadj Diouf de pousser à la roue prétendant que la levée des fonds n’était qu’une façade pour recycler l’argent sale du Pastef.
Pour un fonctionnement et un financement transparent des partis politiques
Le Pastef a démontré par la levée de fonds du 19 octobre après celle de 2021 pour le Nemeko Tour, qu’il était possible à tout parti politique si tant est qu’il bénéficie d’une base populaire, de financer ses propres activités, en tout indépendance.
Ce qui ne veut pas dire, qu’il ne doit pas y avoir de financement public.
Il reste à présent au gouvernement du premier ministre Sonko de mettre en oeuvre la Loi N°81-17 du 06 mai 1981 relative aux partis politiques, modifiée par la loi N°89-36 du 12 octobre 1989 ainsi que les dispositions des articles 812 à 814 du Code des Obligations Civiles et Commerciales et notamment la disposition relative au dépôt “chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé.
Il s’agit à présent d’appliquer le loi pour qu’aucun parti politique ne soit plus une propriété privée et ne soit financé par des lobbies étrangers.
C’est une mesure de sauvegarde de la démocratie.
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KHALIFA SALL ANNONCE UNE PLAINTE APRES L'ATTAQUE DE SON SIEGE
"Heureusement, nous n’avons pas enregistré de décès, mais les dégâts matériels sont énormes. Certaines maisons n’ont plus électricités et une voiture d’un voisin a été caillassée", a dit le leader de Taxawu.
Dangereux, grave, lâche, criminel et horrible, c’est en ces mots que Khalifa Ababacar Sall, leader de « Taxawu Sénégal » et membre de la coalition « Samm Sunu Kaddu » qualifie l’attaque du siège de son parti politique après être venu constater les dégâts. Face à la presse, ce lundi, l’ancien maire de Dakar se pose la question de savoir : « qu’est-ce que les auteurs de cet acte cherchent à prouver ? Qu’ils nous laissent tranquilles ».
Avec un ton dur, mine triste, il informe qu’au moment des faits, il y avait des personnes qui dormaient dans cette maison où se trouve le siège. « Heureusement, nous n’avons pas enregistré de décès, mais les dégâts matériels sont énormes. Certaines maisons n’ont plus électricités et une voiture d’un voisin a été caillassée », a-t-il dit. Selon Khalifa Sall, les caméras de surveillance ont filmé toute la scène et les auteurs sont au nombre de 30 personnes.
Ayant toutes ses informations à sa disposition, il compte enclencher une procédure judicaire en commençant par déposer une plainte : « nous ne laisserons pas passer cette affaire ». Il n’a pas manqué de demander aux autorités étatiques de réagir sur cette violence. Il estime que les autorités étatiques devront jouer leur rôle : « l’Etat doit prendre ses responsabilités et assumer. La population doit aller aux urnes dans la quiétude ». Pour lui, cette campagne devrait être sereine où le débat d’idées devrait prévaloir. Il appelle tout le monde à plus de retenue. Il invite les uns et les autres à faire preuve de responsabilités parce qu’une élection est un débat d’idées et des échanges, la violence n’y pas sa place. Cependant, il demande à ses partisans aussi à ne pas réagir par la violence.
LE REAL MADRID BOYCOTTE LA CÉRÉMONIE DU BALLON D'OR
Convaincu que son attaquant vedette Vinicius ne sera pas couronné, le club espagnol dénonce un manque de respect flagrant. "Le Real Madrid n'est pas là où il n'est pas respecté", affirment les champions d'Europe en titre dans un communiqué cinglant
(SenePlus) - Un coup de tonnerre secoue la cérémonie du Ballon d'Or 2024. Le Real Madrid, grand favori avec son attaquant brésilien Vinicius, a décidé de boycotter l'événement prévu ce lundi soir au Théâtre du Châtelet à Paris.
Le club madrilène, vainqueur de la Ligue des champions 2024, exprime son mécontentement dans une déclaration cinglante à l'AFP : "Si les critères d'attribution ne désignent pas Vinicius comme vainqueur, ces mêmes critères devraient désigner Carvajal comme vainqueur. Comme cela n'a pas été le cas, il est évident que le Ballon d'Or de l'UEFA ne respecte pas le Real Madrid. Et le Real Madrid n'est pas là où il n'est pas respecté."
Cette année, les organisateurs avaient opté pour une nouvelle approche en gardant secrète l'identité du lauréat jusqu'à la cérémonie, rompant avec la tradition qui voulait que le vainqueur soit informé quelques jours avant l'événement.
L'absence annoncée des joueurs madrilènes laisse entrevoir que ni Vinicius, ni Dani Carvajal, ni Jude Bellingham, pourtant artisans du triomphe européen du Real, ne seront couronnés. Cette situation ouvre la voie à Rodri, le milieu espagnol de Manchester City, récent vainqueur de l'Euro-2024 avec la Roja et élu meilleur joueur du tournoi par l'UEFA.
Le prestigieux trophée est décerné sur la base des votes d'un jury composé de journalistes représentant les 100 premières nations au classement FIFA.
La décision sans précédent du Real Madrid de boycotter la cérémonie marque un tournant dans l'histoire du Ballon d'Or, remettant en question les critères d'attribution de cette récompense individuelle majeure du football mondial.
par Jean Pierre Corréa
FATTE XAJU FI : LES SOUVENIRS POUR CONJURER L’OUBLI
EXCLUSIF SENEPLUS - Comment nos présidents perdent-ils leur ancrage populaire ? Le nouveau film de Ramaka, guidé par Mamadou Ndoye, analyse ce syndrome du pouvoir sénégalais. Pourquoi nos dirigeants finissent-ils par croire que le pays leur appartient ?
« Quand le passé n'éclaire plus l'avenir, l'esprit marche dans les ténèbres » - Alexis de Tocqueville
Dans les démocraties, chaque génération est un peuple nouveau. C’est à l’intention de cette nouvelle génération qu’un film sur la grande histoire de la démocratie sénégalaise a été réalisé par Joseph Ramaka GaÏ intitulé « FATTE XAJU FI », autrement dit, il est hors de question d’oublier, « Se souvenir pour ne point oublier ».
Avec comme fil rouge, à l’instar d’un sage conteur, le docteur Mamadou Ndoye, référence de notre histoire démocratique à la colonne vertébrale pas sujette à torsions, nous narre les combats et les hommes qui les ont menés durant…un siècle. Et nous dépeint les syndromes qui les ont souvent conduits au…reniement.
L’hubris de nos gouvernants fait du Sénégal un pays qui est un énorme et perpétuel malentendu
Ce film, que les Sénégalais, notamment les jeunes, vont découvrir sur nos télés et nos réseaux, expose à travers l’élégant et docte récit de Mamadou Ndoye, ce qui sous-tend l’exception sénégalaise en Afrique, à savoir notre perpétuelle capacité à refuser l’injustice et à toujours se dresser contre l’arbitraire. Nous avons toujours connu des rebelles et avons toujours su créer des espaces d’expressions multiples pour accueillir les agitations d’idées de nos forces vives, rompues aux affrontements élégants, à mille lieux de nos « réseaux de cas sociaux » d’aujourd’hui.
Comment de Senghor à Diouf, de Wade à Sall, les combats des Sénégalais ont abouti à des ruptures victorieuses avant d’être noyées dans l’hubris des vainqueurs aveuglés au point d’avoir cru que les victoires étaient les leurs, et pas celles des peuples en lutte contre des injustices. Aucun n’a vu le lien avec les Sénégalais se rompre. Pour Abdou Diouf, Mamadou Ndoye situe la césure en 1988, celle du régime d’Abdoulaye Wade en 2007, et celle de Macky Sall en 2017, et chacun d’entre eux a renforcé l’appareil pour pallier la perte de sa base sociale. Wade a pensé que c’est lui qu’on avait élu et pas les alliés qui étaient allés le sortir de sa torpeur politique à Paris. Il lui en a cuit. Macky a détruit son opposition en la coalisant dans un BBY sans âme qui a laissé le terrain à une nouvelle génération d’opposants, auxquels il n’aura su s’opposer selon Mamadou Ndoye qu’à travers une répression inédite au Sénégal, n’ayant tiré aucune leçon du recul de Wade face à une pression populaire inédite aussi, autour d’une jeunesse active et consciente, qui a refusé de céder.
Le film retrace le moment essentiel de notre histoire que constituent « Les Assises nationales », produit de réflexions de haute volée de tous les segments productifs et actifs de notre Nation. Sans suite. Le film interroge aussi l’actualité et questionne : Pourquoi nos leaders qui arrivent au pouvoir pensent que le Sénégal leur appartient ? Comment Macky Sall a judiciarisé le débat politique avant de passer outre la colère et la mobilisation des citoyens face aux outrances de sa politique, pourquoi aucune enquête n’a été menée pour résoudre les énigmes des 80 morts, et des prétendus complots terroristes, gommant à la hussarde, 60 années de progrès démocratiques.
Comment organiser le vivre-ensemble ?
L’urgence selon notre sage conteur Mamadou Ndoye qui nous exhorte à ne rien oublier, est la récupération des préoccupations des Assises nationales, et d’une nouvelle charte démocratique, proposée par le Pacte, qui prône un état de droit, une démocratie citoyenne, une gouvernance sacralisant nos biens et richesses, une citoyenneté active et consciente, où droits, responsabilités et devoirs se répondent dans un écho réjouissant et galvanisant.
Enfin ce film nous navre d’avoir à constater que nos présidents préfèreront toujours se vautrer dans des « petites histoires » que d’avoir à écrire « La Grande Histoire du Sénégal. »
Pour que le souvenir empêche d’oublier, le sage conteur termine ce film ainsi :
« 22 septembre 1848 - 24 mars 2024, au bout d’une longue nuit sur les traces escarpées des luttes de notre peuple pour l’émancipation, l’indépendance, la justice et la démocratie, je recueille, sous l’arbre à palabre, les dernières paroles du sage-conteur…
Notre dernier combat est un combat de longue haleine ...
Nous devons tous être debout.
Nous devons agir pour avoir "une citoyenneté active et consciente" dans notre pays.
Tout ce que nous défendons ...doit être défendu par chaque citoyen, où qu'il puisse se trouver.
Tu dois savoir que c'est ton droit !
Tu dois le prendre radicalement !
Tu sais que c'est ta responsabilité et ton devoir ...
Tu dois l'assumer totalement !
Si chaque citoyen a cette "conscience", et agit tous les jours ... nous n'aurons plus un Pouvoir qui osera faire ce qu'il ne doit pas faire.
Parce que les citoyens ne l'accepteront pas.
Personne ne l'acceptera !
Non ! Comme le dit mon frère-grand …
Fàtte xaju fi…
Épilogue
Notre poète national Amadou Lamine Sall dans un texte poignant qui va de pair avec cette sagesse que nous espérons de nos élites dirigeantes, écrit : « La politique, après ses privilèges toujours éphémères, a la même finitude, subit la même chimie que celle qu’impose la mort, le même triste sort. On part toujours. Le pouvoir politique vous quitte toujours. Il a vocation de tourner le dos, un jour, à ceux qui avaient cru le conquérir pour toujours. On ne le dompte pas. C’est lui qui vous dompte ! C’est lui qui vous dévalue ! Ceux qui ne s’y préparent pas sont comme le berger qui sait laquelle de ses vaches boite et qui fait semblant de ne pas la voir, jusqu’à ce qui doit arriver, arrive. » Comme on dit « à bon entendeur Salut !!! »
Par Hamidou ANNE
MEÏSSA FALL, NDAR NDAR
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil
J’aime beaucoup Meïssa Fall, artiste singulier à Saint-Louis, qui recycle des pièces de vélos en œuvres d’art. En 2022, une exposition à la galerie Le Manège rappelait les influences de Picasso dans son œuvre. Un tour à son atelier est un passage obligé à chaque fois que je séjourne dans la belle ville de Saint-Louis dont le blues m’inspire et m’apaise. J’aime y admirer ses œuvres magnifiques dans ce beau repaire semblable aux cabinets de curiosités apparus notamment durant le siècle de la Renaissance.
La dernière fois que j’ai vu Meïssa Fall, maître des lieux, c’était pour lui témoigner ma solidarité après la disparition de son épouse. Je suis arrivé le soir, il avait sa théière posée sur un petit fourneau dont les braises sommeillaient et renseignaient à suffisance sur le temps qu’avait duré cette séance de rituel du thé qui orne nos conversations. Le temps était doux en ce début de soirée d’un week-end d’été ; quelques légers vents secouaient l’atmosphère et transportaient les secrets des résidences attenantes à nos oreilles.
Le soleil avait déjà pris congé des berges du fleuve et la lune pleine caressait le temps, le rendant propice aux douceurs de la ville tricentenaire. Je suis arrivé comme toujours sur la pointe des pieds dans cette antre du rêve et de l’évasion. On rentre dans le studio ou l’atelier d’un artiste avec gravité et prudence pour rester fidèle aux égards que l’on doit aux arts, surtout dans un pays qui a vibré au rythme de la créativité dans un passé flamboyant.
Meïssa était au fond de son atelier, comme toujours, au milieu des vestiges des vélos qui égaient les gamins de l’île. Il s’est levé avec la gentillesse habituelle, les yeux qui pétillent et le regard si profond qu’il pénètre les multiples sensibilités de l’âme humaine. Sa voix douce me touche tellement… S’en est suivie une étreinte longue et puissante, comme celles qui disent davantage que les mots et rappellent la préciosité de la relation, ainsi que la profondeur du lien. Les mots de compassion, les échanges de civilités diverses et tendres ornent ces moments. Chez nous, on dit à la personne éplorée de relever la tête, de savoir que l’on partage sa peine, qu’elle est nôtre… Il s’agit des symboles pudiques d’une commune humanité. A la fin de la conversation, nous avons échangé quelques brefs mots sur la volonté de la «dame» de reprendre ce qu’elle considérait être son dû… La niche fabuleuse de Meïssa risquait de disparaître, au profit d’un énième projet immobilier sur l’île merveilleuse. L’art devait à nouveau céder à «l’utile»…
Des mois plus tard, je reviens sur les lieux du crime capitaliste. Cette fois au milieu de l’après-midi, dans une chaleur suffocante qui embrase SaintLouis. Les enfants ne jouaient plus au football dans la rue. Elle était déserte et calme. Quelques passants qui ne s’arrêtaient guère, mais jetaient un regard sur le chantier avant de filer. L’atelier de Meïssa, lieu onirique dont j’ai toujours dit qu’il avait un souffle pasolinien, avait disparu de l’île. Les maçons s’affairaient, gilets jaunes sur le dos, pour composer le requiem de la vie et inscrire de nouvelles lettres au fronton ; ces lettres du béton armé qui désenchantent et défigurent, et effacent. Les marteaux croisent les truelles, l’odeur du ciment agressait l’air. Qu’allaient-ils sortir de terre sur les ruines de tant de souvenirs et de créations ? Les figures qui accouchaient de l’inspiration fondamentale de Meïssa avant de se disséminer partout dans le monde cédaient la place aux ingénieurs du chaos.
C’était attendu, mais j’espérais encore une résistance des arts face à la fatalité du monstre de béton et de fer dont la furie déshumanisait et réduisait les rêves des artistes au silence.
L’atelier de Meïssa est mort. Des années de fertilité et de multiples fantaisies aboutissent au silence brutal devant l’indifférence de tout le monde. Où sont les citoyens de la République des arts ?
Mais la vie est plus intelligente que nous, me disait-on. Ces mots, désormais appartiennent aux reliques d’un temps suspendu, mais dont l’évocation rappelle que le miracle est une possibilité de la vie. Le miracle est même souvent à la lisière des désastres. Quand tout s’est effondré, quand l’espoir s’est anéanti, un surgissement demeure possible. Les personnages de Meïssa Fall reprennent souffle… en face de l’ancien lieu outragé, martyrisé et finalement effacé. Comme pour narguer l’ancienne demeure, une nouvelle émerge sur les décombres d’un monde révolu. Les lieux meurent. Les hommes meurent, mais «la vie l’emportera, l’amour, la créativité, la réforme politique l’emporteront»
L’histoire continue et Meïssa Fall, Ndar Ndar élégant et raffiné, de son antre des rêves, l’observe dérouler son fil.
LA GRÈVE SE POURSUIT À EMEDIA
Face à une direction « insensible », les travailleurs annoncent une nouvelle semaine de cessation des activités. Depuis cinq mois, les salaires ne tombent plus dans ce groupe médiatique
(SenePlus) - Les employés du Groupe E-Media Invest entament une nouvelle semaine de grève, face à une situation salariale qui s'aggrave. Dans un communiqué publié ce dimanche 27 octobre 2024, le Syndicat des professionnels de l'information et de la communication du Sénégal (SYNPICS) section E-Media dénonce cinq mois d'arriérés de salaires.
"La direction générale se montre insensible face aux difficultés auxquelles font face les travailleurs", indique le document signé par le Secrétaire Général du SYNPICS-E-Media. Selon le syndicat, malgré de multiples actions et tentatives de médiation réalisées au cours de la semaine écoulée, aucune proposition concrète n'a été formulée par la direction.
Les salariés, qui se disent "unis et déterminés dans cette épreuve", pointent du doigt un "manque de respect" de la direction envers des "pères, mères et soutiens de famille".
Le SYNPICS-E-Media conclut son communiqué en rappelant un principe fondamental : "Le salaire est un droit, le payer à temps, un devoir".