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24 avril 2025
Diaspora
MENDY EN DEMIE-FINALE DES 110M HAIES AUX JO DE PARIS
Le natif de Grand Yoff ambitionne de décrocher une deuxième médaille olympique pour le Sénégal après celle en argent d’Amadou Dia Ba obtenue en 1988 à Séoul
L’athlète sénégalais Louis François Mendy s’est qualifié dimanche pour les demi-finales des 110 m haies des Jeux olympiques de Paris après avoir réalisé un chrono de 13 secondes 31, a constaté l’envoyé spécial de l’APS
Louis François Mendy a notamment remporté sa série et réalisé sa meilleure performance de l’année.
Le natif de Grand Yoff, un quartier de la banlieue de Dakar, porte-drapeau du Sénégal à la cérémonie d’ouverture des JO de Paris, va disputer la demi-finale mercredi à partir de 17h10.
Louis François Mendy ambitionne de décrocher une deuxième médaille olympique du Sénégal après celle en argent d’Amadou Dia Ba obtenue en 1988 à Séoul (Corée du Sud).
Cheikh Tidiane Diouf (400 m) va disputer, les qualifications dans sa catégorie, cet après-midi à 17h45 au Stade de France.
Participant pour la première fois aux JO, le sociétaire de l’AS Douanes va essayer d’améliorer ses performances et continuer son apprentissage du haut niveau.
VIDEO
LE SERMENT DES IRRÉDUCTIBLES
EXCLUSIF SENEPLUS - Lorsque des voix citoyennes se rassemblent, l'espoir de changement renaît. À travers son objectif, Joe Gaye Ramaka immortalise "Sursaut Citoyen", ce creuset d'une société civile déterminée à préserver la démocratie sénégalaise
Au Sénégal, la démocratie est un bien précieux mais fragilisé. Face à la dérive autoritaire du régime de l'ex-président Macky Sall, un vent de résistance civique s'est levé. "Sursaut Citoyen", ce creuset transcendant les clivages, réunit des personnalités influentes telles que Mamadou Ndoye, René Lake, Penda Mbow, Ass Mademba Ndiaye, Mamadou Lamine Loum, Alioune Tine, Mame Mame Adama Gueye, ou encore Thiaba Camara autour d'un objecti f: la préservation des valeurs démocratiques.
Dans ce documentaire de 14 minutes, le célèbre réalisateur Joe Gaye Ramaka ausculte les entrailles de ce mouvement cathartique. Des coulisses de l'élaboration du "Pacte de bonne gouvernance démocratique" aux soubresauts de la dernière présidentielle, le cinéaste nous plonge dans l'âpre lutte pour faire entendre la voix du peuple.
Au-delà du simple documentaire, cette œuvre représente une ode à la résilience d'un peuple qui, portant haut les recommandations des Assises nationales et les conclusions du rapport de la Commission nationale de réforme des institutions, exige la concrétisation du Pacte de bonne gouvernance démocratique.
par Ousseynou Nar Gueye
PROBLÉMATIQUE POLITIQUE ET ÉLECTORALE DU CONCEPT DE "PROJETS DE SOCIÉTÉ" VERSUS "LE PROJET" DE PASTEF
"Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches et les plus pauvres
Dommage : avant mars 2024, "le Projet" de Pastef, il s'est arrêté pile avant de devenir... "Projet de société". Émergence foudroyante du "Projet" pastefien dans les urnes, toutefois. Et "noyade" collective des "programmes électoraux" des 17, voire des 18 autres candidats présidentiels de mars 2024. Quel(s) candidat(s) à nous avoir parlé du seul genre de "projet" qui vaille la peine d'être présenté en campagne électorale présidentielle : le "projet de société "?
Mais d'abord, pour circonscrire cette grande affaire de "projets de sociétés concurrents entre eux", parlons de l'état de la richesse mondiale et de l'égalité de sa répartition ainsi que de la carence cyclique des mécanismes de redistribution de la fortune des riches et des supers-riches, par le mécanisme de l'impôt et des taxes. L'éditorial de Marie-Eve Fournier dans le média canadien « La Presse », le 27 juillet dernier, me fournit le prétexte de cette tribune que je commets ce 3 août 2024.
La Québécoise y écrit ceci : "Le fameux palmarès Forbes des milliardaires – en dollars américains – compte aujourd’hui 2712 noms. Grande surprise : 200 Indiens en font partie, dont 10 dans le top 100. Pendant ce temps, 90 % de la population de l’Inde (soit plus d'un milliard de personnes!) gagne moins de 150 $ US par mois, rapporte Paris Match (soit 90.000 FCFA).
Les inégalités dans le pays le plus populeux de la planète ne cessent de croître. Une récente étude du World Inequality Lab a permis de déterminer qu’en Inde, le 1 % des plus riches détient 40 % des richesses du pays. Cette concentration dépasse celle qu’on voit aux États-Unis, en Afrique du Sud ou au Brésil, pays particulièrement inégalitaires.
Certains observateurs accusent le modèle économique du premier ministre indien, Narendra Modi, de favoriser l’élite du pays au détriment de la population pauvre. Ses réformes auraient contribué à l’enrichissement fulgurant des grands conglomérats, dont celui de Mukesh Ambani, 11e fortune mondiale. L’homme qui gère un empire diversifié – pétrochimie, télécommunications, vente au détail, services financiers – vaut 117 milliards.
Le mariage, célébré pendant quatre mois dans différentes villes balnéaires d’Inde et d’Occident jusqu’en mi-juillet 2024, de Radhika Merchant et d’Anant Ambani, fils du milliardaire indien, a coûté 800 millions de dollars US. Pris sur la fortune d'Ambani, qui pèse donc, répétons-le, 177 milliards de dollars US, selon Forbes. Cette somme fait de lui la personne la plus riche d’Asie.
Une donnée permet aisément de saisir l’ampleur de la richesse de cet homme : 0,5 %. Eh oui, la facture de ce mariage qui dépasse l’entendement ne représente que 0,5 % de sa fortune.
Ce n’est assurément pas un cas unique au monde. Les inégalités s’accentuent un peu partout, ce qui met notamment en péril la cohésion sociale. Oxfam qualifie même les inégalités extrêmes de « violence économique ». Les choix politiques biaisés en faveur des personnes les plus riches et les plus puissantes « sont directement préjudiciables pour la grande majorité des citoyens ordinaires dans le monde », plaide l’organisation. Voilà pourquoi il faut trouver des moyens de mieux répartir la richesse. ". C'est ce qu'écrit la journaliste canadienne Mme Fournier.
A mon tour, j'analyse que : le type de "développement" (sic) économique, qui n'est que "violence économique" aussi, que nous voyons avancer en Afrique subsaharienne risque de nous conduire dans 30 ans à la même situation que celle de l'Inde actuelle - et le Sénégal n'y échappera pas, comme on peut le voir en extrapolant la courbe de sa trajectoire historique de « développement économique» - : celle de devenir des pays "riches", peut-être même "développés", ou à tout le moins "émergents", avec 1% de riches ploutocrates prébendiers, rentiers et accapareurs qui possédera 80% (!) des richesses nationale, suivis très loin après en termes de pouvoir d'achat, par une classe moyenne de 10% de la population qui travaille entre les multinationales implantées ici, dans les conglomérats sénégalais à capital et à gestion familiales du 1% cité plus haut, dans la Fonction publique et les collectivités territoriales, dans des activités commerçantes pour lesquelles ils préfèrent "s'arranger" avec les douaniers aux points d'entrée dans le pays (aéroport AIBD, ports et frontières terrestres) puis "amadouer" les contrôleurs fiscaux qui les trouvent dans leurs commerces, plutôt que payer des impôts et taxes en bonne et due forme...: Au total donc, c'est là une classe moyenne qui jongle pour faire face à ses dépenses familiales pendant qu'elle est assaillie par "l'impôt social" des démunis qui leur quémandent inlassablement (membres de la parentèle proche ou éloignée, mendiants des rues devenus cour des miracles des estropiés, des albinos (!!), de quêteurs plus ou moins bien portants, plus ou moins bien ou mal fagotés; les petits mendiants dit talibés aux carrefours devenus les terrains de jeu de leur enfance à l'innocence confisquée; et des gens à métiers précaires et emplois non-décents comme ceux qui crapahutent sur le goudron pour vendre des bibelots made in Asia aux automobilistes pressés, et dont, ceux dits « marchands ambulants » qui ont pourtant un étal fixe ); la classe moyenne est prise en sandwich comme vous le voyez; car enfin donc, près de 90% de la population de ces pays africains sera constituée de miséreux (90% parmi lesquels la longue litanie de quêteurs cités plus haut, pour ne parler que de métiers avouables).
Quand nous serons deux milliards d'Africains, c'est cela qui nous pend au nez.
Cela se voit et se vit déjà dans les "grands pays africains" (Afrique du Sud, Nigéria, Kenya, Égypte...) avec des ghettos-bidonvilles de millions de personnes, sans eau courante et à branchements électriques sauvages, qui ceinturent les hautes tours des centres-villes des capitales.
Cela se vit déjà, aussi, au Sénégal, cette inégalité économique indécente : au moins symboliquement et certainement plus que de façon imaginaire, quand plusieurs dizaines de millions en "briques" de 10.000 FCFA sont théâtralement distribuées dans les cérémonies de mariages des ploutocrates, et changent de mains sans justificatif rationnel, ni origine fiscalement traçable, avec force folklore et déclamations de griottes. Des scènes de ce que l'on se complaît à appeler "la haute", retransmises sur Tik Tok.
C'est aussi cet idéal de richesses furieusement réparties dans un seul bord de 1% de nos happy-few que "nos séries sénégalaises" nous font miroiter comme étant notre avenir indépassable, (notre "American Dream" à la sauce gombo subsaharienne) et qu'elles inoculent comme une drogue dure dans le cerveau des jeunes gens (jeunes filles surtout, à qui ces films tentent de démontrer que le mariage en soi est une option de carrière professionnelle et une sorte d'auto-entrepreneuriat), des « executive women » (pour lesquelles regarder des bouts de ces séries sénégalaises est leur sas de décompression après le boulot) et des « desperates housewives » flanquées de co-épouse(s) (qui peuvent ainsi rêvasser de revanche sociale pour elles et faire un transfert sur les déboires de leur mâle polygame, en se mettant dans la peau des actrices, par l'intermédiaire des amourettes rocambolesques contées dans nos fameuses "séries sénégalaises" donc). Il y a 20 ans ? Ce sont elles qui sont allées accueillir l'actrice indienne Vahidehi à l'aéroport de Yoff, jusqu'à frôler l'évanouissement et la crise de nerfs. La série hindoue Vahidehi, décrivait déjà ces univers glamour et des histoires à l'eau de rose mâtinées de sombres menaces de vengeances aux motifs parfois ésotériques. Le seul progrès? C'est que nous avons désormais nos actrices de séries sénégalaises, en veux-tu en voilà. Si les emballages corporels ont changé, la marchandise proposée reste la même : vendre du rêve, du glamour, du sélect, des fashionables people et des Very Impossible People, du clinquant, l’obtention facile et même miraculeuse de toujours plus de richesses, la présentation ostentatoire des objets de pouvoir économique que sont les voitures 4x4, écrans plasma TV de 10 mètres carrés et autres iPhone 15 pour lesquels salive la populace ; et toujours mettre l'amour à toutes les sauces, sentiment amoureux qui finit toujours, bien sûr, par triompher.
Ce que ne décrivent pas (pas encore...) nos "séries sénégalaises", c'est ceci : la violence brute, les agressions meurtrières, les braquages sanglants qu'il y aura ici dans vingt ans, dans trente ans : quand les Sénégalais(es) qui tentent d'émigrer vers l'Occident par pirogues cesseront de tourner cette auto-violence réelle et cette auto-attentat à leur vie qu'ils s'infligent en s'entassant dans des pirogues, pour devenir des protestataires pour la justice économique, des émeutiers réguliers, des hyènes urbaines qui mordent les mollets et arrachent les biens de leurs concitoyens mieux lotis par Dame fortune; quand aussi, les binômes de scootéristes, ces As du vol à l'arrachée, auront systématiquement sur eux des machettes et puis, pourquoi pas, au fil du temps, évolution et modernisation oblige, de plus en plus d'armes à feu. Quand enfin, les grappes de millions de « jeunes de moins de 19 ans » (qui représentent actuellement 50% de la population sénégalaise) submergeront des services publics à la capacité d’accueil dépassée, des services sociaux qui ne peuvent croître exponentiellement, des infrastructures sursollicitées qu'on ne peut remplacer chaque année, et que leurs diplômes/formations ou défaut de diplômes / de compétences professionnelles, leur interdiront un emploi décent, dans un marché de l’emploi (formel et informel cumulés) où arrivent chaque année 400.000 Sénégalais d'une même classe d'âge. Les voitures des honnêtes gens seront alors braquées aux feux- rouges, avec pistolet sur la tempe du conducteur, obligé de céder le volant et la voiture qui va avec.
Ce sera ça : la vraie loi des séries. Au sens propre.
Bon. Bref. Revenons à nos moutons. Voici comment la Canadienne Marie-Ève Fournier conclut son éditorial dans « La Presse » :
" Un projet de taxe mondiale sur la fortune ou d’impôt minimum pour les super-riches se trouve justement au menu de la rencontre des ministres des Finances du G20 qui se tient actuellement à Rio de Janeiro. C’est un pas encourageant. Mais dès le début des échanges sur le sujet, les États-Unis ont dit qu’ils ne voyaient « pas le besoin » d’une telle mesure. Le Brésil en a quand même fait une priorité. Selon le président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, il faut taxer les milliardaires, car « en haut de la pyramide, les systèmes fiscaux ne sont plus progressifs, mais régressifs ». Ainsi, « les super-riches paient proportionnellement moins d’impôts que les travailleurs ». Sa proposition est notamment soutenue par la France, l’Espagne, l’Afrique du Sud, la Colombie et l’Union africaine. Impossible de s’entendre, toutefois, quand le pays qui a permis à Elon Musk et Jeff Bezos de devenir les deux hommes les plus riches du monde s’oppose à toute négociation internationale à ce sujet. Ce n’est guère étonnant, mais il faut s’en désoler avec vigueur, surtout quand on sait que le taux d’imposition du 1 % des plus riches dans les pays du G20 est passé depuis 1980 de 60 % à 40 %, selon les calculs d’Oxfam. Jusqu’où faudra-t-il se rendre pour que les États-Unis, qui carburent aux excès, allument enfin sur les conséquences des inégalités ?".
En ce qui concerne votre serviteur que je suis, voici ce que je pense et ce que je crois : ceci est aussi, fortement, un débat africain et même sénégalais, sur notre avenir collectif en tant que communautés.
Nous avons nos pirogues d'émigrants que tous qualifient de suicidaires, sauf eux-mêmes ? Les USA ont leur mur-passoire à la frontière Sud avec le Mexique, où dix millions de migrants illégaux sont entrés, rien qu'en 2024, y compris en pataugeant dans le fleuve Rio Grande.
Ceci pour dire que la sécurité et la prévention policière, l'engagement des militaires et des fonctionnaires administratifs pour la gestion des flux migratoires (ces arrivants, légaux ou illégaux doivent être documentés !) seront les premières fondations de l'édifice social pour que la réduction des inégalités ne se fasse pas comme dans la jungle, à coups de "donne-moi ceci!" et de "je te prends, ça!". Seulement si ce minimum de filet sociétal de la force symbolique de protection de tous, est assurée, alors, les politiciens africains, dont c'est la charge, pourront nous proposer des politiques publiques et des politiques de développement pouvant aboutir au résultat efficace d’une redistribution équitable de la richesse produite.
Pour cela, il faudra que nos politiciens, y compris sénégalais, osent dire qu'ils proposent "un projet de société" à nos compatriotes. Et cesser de parler de "programme électoral". "Projet de société" doit cesser d'être un gros mot au Sénégal. Et il n'y a pas meilleur projet de société que de bâtir une communauté où les inégalités économiques sont réduites à des gaps "normaux", entre les plus riches (qui doivent être taxés et imposés sur leur fortune dormante – souvent immobilière- et aussi sur leurs revenus ) et les plus pauvres (que des filets sociaux financiers doivent empêcher de finir en itinérance dans la rue, à dormir à la belle étoile sur des feuilles de cartons aplatis, y compris sur les trottoirs de l'avenue Ponty !). Au nom de la lutte contre les inégalités sociales, qui sont souvent des inégalités de classe.
Le pouvoir politique y aura son rôle primordial à jouer. Il y faudra de l'avoir, pris dans la poche de l'État comme dans les poches des riches et des supers-riches. Il y faudra le savoir et la quête de ce savoir, dans un système éducatif repensé et non-malthusien, pour que le savoir soit la meilleure arme à acquérir pour changer d'échelle sociale, aussi bien par l'entrepreneuriat privé que par l'ascenseur de la méritocratie républicaine, que le pouvoir politique (les élus majoritaires) doivent garantir, sous la surveillance de leur contrepoids que sont les opposants politiques et les alliés objectifs des causes sociales et de la lutte contre les inégalités, qu'est: la société civile. Au nom de « la promotion de l’égalité des chances ».
Parce que tous nos politiciens sénégalais ont déserté l'approche de campagne électorale présidentielle par proposition de "Projet de société" aux électeurs, ayant certainement eu peur de heurter le Sénégalais lambda, qui lui, est présumé être sûr que sa société a finie d'être bâtie et bien bâtie depuis belle lurette, et n'a donc plus besoin d'être remise en projet de déconstruction ou de reconstruction, sauf pour réparer ici et là quelques mœurs anciennes et policées devenues corrompues pas les politiciens (‘‘Na ñu défaraat jikko yi’’, disent-ils...). Le Sénégalais lambda pense-t-il cela ? Rassuré qu'entre les immuables de sa vie que sont le tiéboudiene, les trois normaux d'ataya, ses grand-places, ses matchs de navétanes plus populaires que les matchs de foot du championnat de la ligue Pro, ses intermittents de l'agriculture qui cultivent la terre quatre mois sur douze et dorent leurs orteils en éventail au soleil les autres huit mois de l'année, ses Magals, ses Gamous, ses tours de famille, sa revue de presse en "radiovision", eh bien, il n'y a aucun projet de société qui vaille : puisqu'on a déjà la société parfaite léguée de longue date par nos vaillants ancêtres, nos pères jamais économes de leurs efforts pour ramener la dépense quotidienne pour les repas de la maisonnée, nos mères vertueuses qui nous ont porté dans leur dos avec un pagne- rabal et non pas avec une double feuille de papier-journal, et enfin, last but not least : la longue lignées de nos Sages et Guides religieux, de feus les fondateurs de confréries maraboutiques jusqu'à leurs khalifes actuels sur terre, sans oublier le clergé des "abbés".
C'est cela le postulat de la plupart de nos "leaders" politiques ? Alors, qui se hasarderait à proposer un "Projet de société" aux électeurs d'un pays où "Tout est déjà Téranga, et cela, de tout temps, cette Téranga" ?. Eh bien, cette façon de voir notre Sénégal est un mépris condescendant de la part des politiciens, pour la grande masse des électeurs, que certains titres de presse sénégalaise désignent impudiquement et impunément comme ..."le bétail électoral".
Résultat de cette politicaillerie à courte vue, sans audace collective d'espérer et sans volonté transformationnelle de notre communauté nationale ? Ceux, les seuls, qui avaient le mot "Projet" à la bouche, et même pas de "Projet de Société" conceptualisé, à part de crier "Rupture! Rupture!"; ceux-là ont préempté l'élection présidentielle de mars 2024 à campagne-éclair, remportée par leur tête de gondole inattendue qu'est le président Diomaye.
Qu'est donc le "Projet "? On aura mis du temps à commencer à le savoir. Après quatre mois de pouvoir Pastef et de régime Diomaye-Sonko, il semblerait que "le Projet" , c'est : Jub, Jubal, Jubanti.
Jub, Jubal, Jubbanti ? Cela me semble l'amorce de ce qui peut devenir un vrai "projet de société". Même si cela reste encore une auberge espagnole aux couleurs Pastef, où chacun trouvera ce qu'il y aura apporté. Et où tout le monde prendra ce qu'il croit y avoir trouvé.
Ousseynou Nar Gueye est éditorialiste (Tract.sn) et Directeur Général d'Axes & Cibles Com.
LA FRANCE FACE À SES FANTÔMES AFRICAINS
Du Sénégal à Madagascar en passant par le Cameroun et l'Algérie, cinq dossiers mémoriels soulèvent des tensions entre Paris et ses anciennes colonies. Ils illustrent la complexité du processus de reconnaissance et de réparation des crimes coloniaux
(SenePlus) - Le journal Le Monde a récemment mis en lumière cinq dossiers mémoriels qui continueront de soulever des tensions entre la France et ses anciennes colonies africaines. Ces dossiers, qui s'étendent du Sénégal à Madagascar en passant par le Cameroun et l'Algérie durant, illustrent la complexité du processus de reconnaissance et de réparation des crimes commis l'ère coloniale.
Le massacre de Thiaroye, au Sénégal, constitue l'un des exemples les plus marquants de cette histoire douloureuse. Le 1er décembre 1944, des dizaines, voire des centaines de tirailleurs africains furent exécutés par l'armée française alors qu'ils réclamaient simplement leur solde. Comme le rapport Le Monde, l'attribution récente de la mention "Mort pour la France" à six de ces tirailleurs marque une avancée significative dans la reconnaissance de ce crime. Cependant, le premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a souligné que « ce n'est pas à [la France] de fixer unilatéralement le nombre d'Africains trahis et assassinés après avoir contribué à la sauvetage, ni le type et la portée de la reconnaissance et des réparations qu'ils méritent".
Au Cameroun, l'assassinat de Ruben Um Nyobè, figure emblématique de la lutte pour l'indépendance, reste une pièce ouverte. Selon les historiens cités par Le Monde, l'armée française serait responsable de la mort de milliers de civils et de plusieurs dirigeants anticolonialistes. Une commission mixte mémorielle, dont les conclusions sont attendues en décembre, travaille actuellement sur "le rôle et l'engagement de la France au Cameroun dans la répression contre les mouvements indépendantistes et d'opposition entre 1945 et 1971".
À Madagascar, la répression sanglante de l'insurrection de 1947 a longtemps été passée sous silence. Le président Jacques Chirac a finalement reconnu en 2005 « le caractère inacceptable des répressions engendrées par les dérives du système colonial ». Aujourd'hui, les revendications malgaches se concentrent principalement sur la restitution des restes humains et de biens culturels, comme les trois crânes sakalaves réclamés par le pays.
L'Algérie reste un dossier particulièrement sensible. Une commission d'historiens algériens et français travaille depuis 2022 sur la mémoire de la colonisation. Le président Emmanuel Macron a reconnu la responsabilité de la France dans plusieurs épisodes sombres, comme le massacre du 17 octobre 1961 à Paris. Lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Paris, la délégation algérienne a rendu un hommage poignant aux victimes en lançant des roses dans la Seine.
Enfin, la question des biens spoliés pendant la colonisation reste un sujet brûlant. Comme le souligne Le Monde, environ 90 000 pièces originaires d'Afrique subsaharienne font aujourd'hui partie des collections de musées publics français. Une loi-cadre sur la restitution de ces biens est attendue, mais son examen a été rapporté à l'automne.
Ces différents dossiers mémoriels témoignent de la complexité du processus de réconciliation entre la France et ses anciennes colonies. Ils soulignent l'importance d'un dialogue ouvert et honnête, ainsi que la nécessité d'actions concrètes pour réparer les délits du passé. Comme l'illustre les cas du Sénégal, du Cameroun, de Madagascar et de l'Algérie, chaque situation nécessite une approche spécifique et sensible aux attentes des pays concernés.
La France semble avoir amorcé un virage dans sa politique mémorielle, mais de nombreux défis restent à relever. L'accès aux archives, l'identification des victimes, la restitution des biens culturels et la reconnaissance officielle des crimes commis sont autant de chantiers qui nécessiteront du temps, de la volonté politique et une collaboration étroite avec les pays africains concernés.
L'ISOLEMENT AMÉRICAIN DE CUBA DÉNONCÉ PAR LA COMMUNAUTÉ INTERNATIONALE
123 pays exigent collectivement la radiation de La Havane de la liste unilatérale des États censément commanditaires du terrorisme établie par Washington. Ils dénoncent le caractère opaque et illégal de ce procédé
Une coalition sans précédent de 123 pays a signé une déclaration commune pour exiger des États-Unis la radiation de Cuba de leur liste unilatérale des États prétendument commanditaires du terrorisme. Dans ce texte daté du 27 juin 2024 et publié ci-dessous, les pays signataires dénoncent le caractère opaque et arbitraire du processus ayant conduit à l'inscription de Cuba sur cette liste noire. Ils estiment que cette désignation enfreint les principes fondamentaux du droit international, à commencer par la souveraineté des États et la non-ingérence.
"La liste des États censément commanditaires du terrorisme enfreint les principes fondamentaux et les normes impératives du droit international, dont la solidarité internationale.
Le procédé sous-tendant cette désignation n’est ni clair ni transparent.
Cette liste a un effet nocif sur la réalisation et la jouissance des droits de l’homme fondamentaux, dont les droits à l’alimentation, à la santé, à l’éducation, aux droits économiques et sociaux, à la vie et au développement.
Aussi nos pays exigent-ils que Cuba soit radiée de la Liste des États censément commanditaires du terrorisme, dont les effets renforcent le blocus économique, commercial et financier appliqué par l’administration étasunienne.
Le maintien de Cuba sur cette liste a des retombées extraordinairement négatives sur son économie, compte tenu de l’effet d’intimidation qu’elle exerce et des obstacles qu’elle dresse aux opérations économiques et financières avec des tiers, lesquels redoutent de se voir infliger des sanctions. Elle entrave les possibilités de Cuba d’accéder à des aliments, à des médicaments, à des carburants, à des équipements médicaux et à d’autres biens essentiels, ce qui fait obstacle à l’exercice des droits économiques, sociaux et culturels.
Au lieu d’imposer des mesures coercitives unilatérales qui sont contraires au droit international, il convient de favoriser la solidarité et la coopération internationales afin de solutionner les problèmes communs, de promouvoir et de protéger tous les droits humains pour tous et d’atteindre les objectifs du développement durable."
LE SERPENT DE MER DU CSM
Ouvrir ou ne pas ouvrir le Conseil supérieur de la magistrature ? Le bras de fer entre les juges et la société civile ravive les craintes d'une justice aux ordres. L'indépendance tant réclamée semble encore loin
Les magistrats, tout en plaidant pour que le président de la République reste à la présidence du Conseil supérieur de la magistrature, s'opposent à l’idée d’ouvrir ce conseil à d’autres personnes ne faisant pas partie du corps des magistrats. Cette position est vigoureusement dénoncée par la société civile.
De plus en plus de personnalités expriment leur indignation, face à l’opposition des magistrats à l’ouverture du Conseil supérieur de la magistrature à d’autres entités, afin qu’il devienne une instance plurielle et diverse dans sa composition. C’est le cas du coordonnateur du Forum civil qui est monté au créneau. Birahim Seck s’interroge sur le fait que les magistrats ne veuillent pas que les Sénégalais interviennent sur leur carrière, alors qu’ils sont nommés directeurs de société publique et décident de la carrière d'autres Sénégalais. Que cachent les magistrats pour ne pas accepter que d'autres corporations siègent au sein du Conseil supérieur de la magistrature ?
"Si les magistrats ne veulent pas d’autres personnes dans le Conseil supérieur de la magistrature, ils ne devraient pas aussi pouvoir diriger des structures publiques ou être admis dans d’autres instances. Ils doivent aussi accepter de rester dans les juridictions, vu leur faible effectif", indique Birahim Seck.
À l’en croire, l’intégration de personnes extérieures à la magistrature au sein du CSM est une manière de rétablir l'indépendance de la justice. D’ailleurs, selon un ancien magistrat, le Conseil supérieur de la magistrature doit refléter les aspirations du peuple au nom duquel la justice est rendue.
Dans le même esprit, lors d'un panel en ligne organisé par le Collectif des universitaires pour la démocratie (CDU) sur le thème "Quelles réformes pour une justice plus performante ?’’, l'ancien juge Ibrahima Hamidou Dème a souligné l'importance de restaurer la confiance des citoyens envers la justice.
Ainsi, les magistrats proposent un Haut conseil de la justice au lieu du CSM. Ce Haut conseil serait une institution constitutionnelle au sein de laquelle acteurs et usagers devront désormais assurer un contrôle du bon fonctionnement du système judiciaire. Estimant que l'autorité suprême ne peut être remplacée par des tiers au nom de la loi, ceux-ci pouvant ‘’encourager le lobbying’’ dans un conseil, les magistrats considèrent que ‘’l'ouverture du Conseil supérieur de la magistrature ne doit pas servir à certains de ses partisans comme un moyen de permettre à des puissances étrangères d'exercer une influence sur notre système judiciaire’’.
L’idée, d’après eux, est de ne pas l'exposer à la merci d'intérêts catégoriels.
Différent du CSM, le Haut conseil sera ouvert aux magistrats, aux avocats, aux notaires, aux huissiers de justice, aux commissaires-priseurs, aux greffiers, aux universitaires, aux journalistes, à la société civile, etc.
Par ailleurs, les magistrats soutiennent que le président de la République doit continuer à présider le Conseil supérieur de la magistrature. Ils pensent que sa présence n’est pas un obstacle à l’indépendance de la justice. "Au contraire, disent-ils, elle évite le cloisonnement des pouvoirs et consolide le dialogue des pouvoirs". Un espace de dialogue entre Exécutif et Judiciaire.
Ainsi, pour certains magistrats, le président de la République, en se retirant du Conseil supérieur de la magistrature, "risque de briser son serment de garantir l'indépendance de la magistrature".
Lors de la remise des conclusions des Assises de la justice, se prononçant sur la question de sa présence au Conseil supérieur de la magistrature, le président de la République Bassirou Diomaye Faye a donné une réponse ambiguë. ‘’Je ne tiens ni à rester ni à en sortir. Je suis totalement neutre à l’égard du Conseil supérieur de la magistrature (…)’’, a-t-il dit.
Et sur ce point, la Coalition de la société civile pour l’application des conclusions des Assises nationales et des recommandations de la CNRI a pris son contre-pied. Se basant sur le pacte, elle invite le président à quitter le CSM. ‘’Notre pacte est très clair là-dessus. Nous voulons l'indépendance de la justice. Cette indépendance requiert que le président de la République quitte le Conseil supérieur de la magistrature".
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OUMAR YOUM CRAINT UNE CHASSE AUX SORCIÈRES
Selon l'ancien ministre, le temps pris pour entendre les responsables soupçonnés de malversations financières traduit "une volonté inavouée de sélectionner des juges et s’adonner à un règlement de compte avec les tenants de l’ancien régime"
Oumar Youm, ancien ministre et président du groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, s'est exprimé sur la question de la reddition des comptes engagée par les nouvelles autorités. Selon lui, le temps pris pour entendre les responsables soupçonnés de malversations financières traduit "une volonté inavouée de sélectionner des juges et s’adonner à un règlement de compte avec les tenants de l’ancien régime".
Pourtant, BBY se dit prêt à rendre des comptes sur sa gestion lorsqu'il était au pouvoir. "Quand on est venu, on a renforcé les institutions de contrôle comme l'OFNAC, l'IGE et la Cour des comptes", a rappelé Oumar Youm, citant ces organes qui ont épinglé plusieurs responsables dans le cadre de la gestion des fonds Covid-19.
L'AVEU EMBARRASSANT
L'ambassade d'Ukraine à Dakar a de nouveau créé la polémique en publiant une vidéo confirmant son appui armé aux rebelles du nord Mali. Face à cette ingérence dans les affaires intérieures maliennes, le mutisme des autorités sénégalaises intrigue
Sur sa page Facebook, un extrait d’une déclaration du porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien, Andriy Yusov, dans lequel il confirme que Kiev a appuyé les rebelles indépendantistes du Cadre stratégique pour la défense du peuple de l’Azawad (CSp-DpA) contre les forces armées maliennes et les milices Wagner. Toutefois, la diplomatie sénégalaise sous l’impulsion du tandem Diomaye-Sonko reste toujours silencieuse.
C’est une vidéo qui suscite la polémique sur la toile. Elle est l’œuvre de l’ambassade de l’Ukraine au Sénégal. En effet, la représentation diplomatique de Kiev à Dakar a posté une déclaration du porte-parole de leur service de renseignement militaire, Andriy Yusov.Dans cet extrait, traduit en français, d’une émission avec une chaîne de télévision ukrainienne, il a confirmé que ses services ont collaboré avec les rebelles qui opèrent dans le nord du Mali. « Les criminels russes sont effectivement devenus actifs en Afrique. Avec leurs mercenaires, ils onttenté de résoudre des problèmes géopolitiques et économiques, de changer ou de soutenir certains gouvernements. Et aujourd’hui le monde entier constate que la Russie n’a plus le même potentiel et les mêmes capacités. Cela signifie qu’il y aura moins de nouvelles commandes et que l’on comptera moins sur elles pour résoudre les problèmes de la région. Et le fait que les rebelles aient les informations nécessaires et pas seulement des informations qui leur ont permis de mener avec succès une opération contre les criminels de guerre russes est un fait que le monde entier a déjà constaté», a déclaré Andriy Yusov dans la vidéo publiée, le 30 juillet 2024 et en ligne jusqu’à hier soir, sur la page Facebook de l’ambassade de l’Ukraine au Sénégal.
Le porte-parole du service de renseignement militaire ukrainien a indiqué qu’il ne souhaite pas entrer dans les détails pour l’instant. Il a, en outre, fait savoir : « les criminels de guerre russes seront punis dans n’importe quelle partie du monde où qu’ils se trouvent. Tout ce que l’Ukraine fait s’inscrit dans le cadre du droit international.» Une thèse défendue par son chef au renseignement, le général Budanov.
La vidéo est chapeautée par un message de l’ambassadeur d'Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov, qui semble récidiver après l’épisode de mars 2022. «Le travail se poursuivra. Il y aura certainement d'autres résultats. La punition des crimes de guerre et du terrorisme est inévitable. C'est un axiome», a écrit l’ambassade d’Ukraine. Cet appui témoigne du prolongement de la guerre Russie-Ukraine sur le théâtre africain où les milices Wagner appuient les Forces armées maliennes (Fama) qui font face depuis 2013 à des groupes armées extrémistes et indépendantistes depuis 2013.
Un silence très lourd du coté de la diplomatie sénégalaise
Il faut constater que cette publication de l’ambassade de l’Ukraine à Dakar n’a pas encore fait réagir la diplomatie sénégalaise. Elle s’est emmurée dans un silence incompréhensible. Une absence de réactivité qui surprend. Car la politique de « bon voisinage » fait partie de l’DN de la diplomatie sénégalaise. C’est pourquoi la posture actuelle de la diplomatie face à une publication qui confirme l’appui du service de renseignement de Kiev aux rebelles indépendantistes face à un « pays frère » fait beaucoup jaser. Surtout qu’il faut rappeler que dès les premières heures du conflit au Nord du Sénégal, le Sénégal s’était engagé dans le théâtre malien pour aider le Mali à défendre son intégrité territoriale.
Cette position du ministère de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères contraste avec le projet des nouvelles autorités qui se définissent comme des souverainistes et panafricains. Pourtantle régime de Macky Sall qui étaitfavorable, selon certains, aux intérêts occidentaux, avait eu un ton ferme face au représentant de l’Ukraine au Sénégal. En effet, dans un post sur Facebook, en mars 2022, l’ambassade d’Ukraine avait posté un formulaire pour enrôler des « étrangers» dans sa guerre contre la Russie. La réaction de Dakar a été sans conséquence. La cheffe de la diplomatie sénégalaise à l’époque avait convoqué l’ambassadeur d’Ukraine au Sénégal, Yurii Pyvovarov et l’avait sommé de supprimer sa publication. Rappelant à l’ordre le diplomate ukrainien, Aissata Tall Sall avait précisé que «le recrutement de volontaires, mercenaires, et combattants étrangers sur le territoire sénégalais est illégal et passible de peines prévues par la loi ».
Enfin, cette posture des nouvelles autorités face à ce qui semble être une attaque contre un pays africain sonne comme une dissonance au serment du président de la République qui a juré «de ne ménager aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine». Elle entre aussi en contradiction avec l’attachement du Sénégal à la réalisation de l’unité africaine. C’est pourquoi, sur la toile, le malaise s’installe même parmi les proches des nouvelles autorités. Un avis de recherche est lancé sur la toile pour amener la cheffe de la diplomatie sénégalaise Yassine Fall à sortir de son silence.
par Mody Niang
POINT DE VUE D'UN CITOYEN SUR LES 100 JOURS DE DIOMAYE
Face aux dérives du système de rémunération des fonctionnaires et aux avantages indus accordés, il est urgent que le nouveau pouvoir engager une réforme en profondeur pour être à la hauteur des changements promis
Le vendredi dernier (5 juillet 2024), j’ai envoyé un long message à Monsieur Amadou Ba, depuis quelque temps, je crois, député à l’Assemblée nationale. Je pensais qu’il était plus disponible que les autres et qu’il réagirait à mon message. Malheureusement, lui aussi a fait comme les autres. Comme les autres, le temps ne le lui a pas peut-être permis. Le message n’ayant rien de secret, j’ai décidé de le rendre public, sous forme d’une contribution. Je précise d’ores et déjà que je ne suis un spécialiste de rien du tout. Je ne suis qu’un citoyen de bonne volonté qui a tenu, depuis une cinquantaine années, à cultiver modestement sa part du jardin national qu’est le Sénégal, notre Sénégal à nous tous et à nous toutes. Ce qu’on appelle les cent jours de nos nouveaux gouvernants ne me laissent alors pas indifférent.
J’ai commencé donc mon message par féliciter Monsieur Amadou Ba, même si je le voyais plus loin. C’est vrai que le poste de député du peuple lui convient parfaitement. Peut-être même que demain, il pourrait être à la tête de l’Assemblée nationale, ce qui serait une excellente chose pour cette institution. En attendant, comme il est plus proche que moi de nos gouvernants, j’ai voulu passer par lui pour donner mon humble avis sur la manière dont ils conduisent les affaires publiques depuis ce 2 avril 2024.
D’abord, je pense humblement, et beaucoup de compatriotes avec moi, que le rythme de la reddition des comptes est lent. C’est vrai que l’Inspection générale d’État a été mobilisée pour auditer, dit-on, prés de soixante-dix structures, y compris certainement beaucoup de ministères. C’est un bon choix, puisque les résultats leur permettront de s’entourer de toutes les garanties et de clouer ainsi le bec à certains de nos compatriotes de l’autre côté de la barrière qui seront prompts à crier : « Encore la chasse aux sorcières ». Mais, en attendant, les dizaines et dizaines de dossiers qui dorment sur la table de l’ancien président-politicien et sur celle du Procureur de la République, doivent être exploités. Y compris d’ailleurs ceux qui épinglent lourdement les vingt-deux restants de la liste dressée par les enquêteurs de l’ancienne CREI. Vingt-deux présumés délinquants qui ont honteusement détourné des centaines de milliards. Certains de ces nombreux dossiers ont été publiés et, depuis lors, aucun des mis en cause n’a été convoqué par la justice, en tout cas pas à ma connaissance.
Or, de nombreux compatriotes attendent avec impatience que les premiers délinquants soient envoyés en prison et dépouillés des biens qu’ils ont honteusement volés au peuple. J’ai aussi parfois des problèmes devant certaines nominations. L’exemple qui retient mon attention parmi tant d’autres, c’est la récente nomination d’un compatriote comme PCA de l’APIX. Mon frère Alla Kane m’a envoyé une vidéo que j’ai transférée à Amadou Ba. Elle nous rappelle qui est réellement ce nouveau promu, ou qui il était. Quand j’ai écouté la vidéo, j’ai failli tomber à la renverse. J’ai envoyé d’ailleurs un court message à Alla Kane, que j’ai ensuite transféré à Amadou Ba. Le voici d’ailleurs, pour que personne n’en ignore : « Mon frère, toi qui es plus prés d’eux, tu dois leur suggérer de faire davantage attention au passé de ceux et celles qu’ils nomment. Cette nomination doit faire mal aux vrais patriotes qui ont porté le Projet Pastef pendant plusieurs années et dont le profil n’a vraiment rien à envier à celui dont la vidéo nous présente un certain passé ».
Á mon humble avis, nos nouveaux gouvernants doivent s’attarder encore plus sur le passé des gens avant de les nommer à quelque poste que ce soit. Aujourd’hui, de plus en plus de compatriotes se posent légitimement des questions sur le népotisme qui serait à la base des actes de nominations de certains ministres, et surtout de deux d’entre eux. Leurs ministères seraient devenus finalement pour eux comme une famille, avec d’anciens membres de l’APR bien connus. J’ai employé le conditionnel, ne disposant pas de preuves que les informations agitées çà et là sont avérées. Je ne le fais d’ailleurs que par sagesse.
Nos gouvernants doivent aussi d’ores et déjà se pencher sérieusement sur le système de rémunération des agents de la Fonction publique. Aujourd’hui, les recrutements, les augmentations de salaires et octrois d’indemnités diverses ne s’appuient, pour l’écrasante majorité, sur aucune base légale. L’une des conséquences, c’est que la masse salariale devient de plus en plus insupportable. Si on n’y prend garde, elle pourra aller jusqu’à absorber jusqu’à 50% du budget. Ce serait injuste puisque les agents de l’État ne dépassent pas 160.000, soit moins de 1% de la population. Il faut donc penser d’ores et déjà à remettre tout ce système à plat, donc le réformer profondément. Dans cette perspective, des Assises, comme celles en cours sur la justice, doivent être rapidement organisées. Elles devraient avoir pour objectifs, notamment de mettre un terme à l’iniquité qui caractérise ce vieux système, que le vieux président-politicien et son successeur et sosie ont mis sens dessus dessous, surtout avec ces diverses indemnités qu’ils attribuaient à tout va, et à la tête du client. Une réforme profonde de ce système est nécessaire, réforme qui ne peut pas se faire sans des sacrifices. Des sacrifices qui doivent d’abord venir de nos gouvernants.
Dans un pays qui fait partie des vingt-cinq les plus pauvres et les plus endettés du monde, les salaires les plus élevés ne devraient pas dépasser trois à quatre millions. De même, le nombre et le montant des diverses indemnités devraient être notablement diminués. Dans un pays comme le nôtre, avec son taux de pauvreté et de chômage particulièrement élevé, on ne devrait pas se permettre d’attribuer des indemnités au premier venu, des indemnités de 800.000 à un million de francs. Du temps des Socialistes – il faut le leur reconnaître – l’essentiel de ces indemnités étaient attribuées à des corps spécialisés.
Nos gouvernants devraient aussi avoir le courage de repenser ce qu’on appelle les « fonds communs », qui enrichissent rapidement certains fonctionnaires et autres agents de l’État. Les justifications qu’on en donne jusqu’ici deviennent de plus en plus inacceptables. Et que personne ne m’oppose ces droits dits acquis. Acquis par rapport à quoi ? Et puis, quel mérite les bénéficiaires de ces « fonds » ont-ils de plus que les médecins affectés dans les localités parfois des plus déshéritées du pays et qui, avec des moyens limités, y abattent un travail presque de titan, notamment en y faisant reculer notablement les maladies les plus craintes, surtout par les femmes et les enfants ? En quoi sont-ils plus méritants que les proviseurs, les professeurs, les surveillants et autres qui, chaque année, font les meilleurs résultats aux différents examens ? Ces questions méritent quand même d’être posées. Il convient aussi de le signaler : ces privilégiés de la République – ils le sont réellement – ne ratent pas leurs parts du gâteau, à chaque lotissement de l’une de nos réserves foncières. Ils se les ont d’ailleurs pratiquement toutes partagées, avec d’autres privilégiés de la République et se retrouvant, les uns et les autres, avec plusieurs luxueuses maisons, presque toutes des R + . . . . . . Pendant ce temps, de jeunes couples sont à la recherche désespérée d’une seule parcelle de 150 m2. Nous ne comprendrions pas qu’un gouvernement de ruptures ne prenne pas ses responsabilités devant une telle situation.
Une autre priorité, c’est de réformer profondément l’administration, notamment en la dépolitisant et en l’allégeant, au niveau central comme au niveau décentralisé ou territorial. Il y a trop de directions générales, de directions, de présidences de conseil et de surveillance. Il y a trop de secrétaires généraux de ministères. Au moment où les Socialistes quittaient le pouvoir, il n’y en avait pas plus de cinq. Aujourd’hui, tous les ministères en nomment, y compris ceux qui pouvaient vraiment s’en passer1. On peut faire la même remarque concernant les directions de l’administration générale et de l’équipement (DAGE). Un secrétaire de l’administration générale et de l’équipement (SAGE) suffit bien pour certains ministères.
Au niveau territorial, on remarque les mêmes excès : notre pays compte trop de régions, de départements et d’arrondissements. Du moins, c’est mon humble avis. Nous devrions nous contenter de dix régions au plus. Des régions et des départements ne le sont que de nom. Pour ne m’arrêter que sur un exemple, le Département de Médina Yoro Foulah n’en est vraiment pas un. Il manquerait pratiquement de tous les équipements. Jusqu’à une date récente, il ne compterait pas un seul kilomètre de goudron. Il peut en être de même d’ailleurs des Départements de Ranérou-Ferlo (Matam), de Saraya et de Salémata (Kédougou), qui ne sont pas loin de cette situation. Et que dire de nos communes ? Elles sont plus de cinq cents, dont la plupart ne le sont, elles aussi, que de nom. Nombre d’entre elles ont du mal à réunir le budget qui leur fait vivre.
En outre, le personnel qui les gère est loin d’être à la hauteur. Des secrétaires municipaux en particulier, on en trouve qui n’ont aucune idée du budget, ni du reste du fonctionnement général d’une commune. La communalisation intégrale n’est pas forcément un bon choix. Je connais, dans un département, deux communes qui sont côte à côte et qui feraient à elles deux, une commune qui serait à peine viable. Le système communal devrait donc occuper une bonne place dans les réformes nécessaires que nos nouveaux gouvernants devraient prendre, et qu’ils prendront sûrement. Les dizaines de projets de loi annoncés par la primature s’inscriraient peut-être dans cette perspective.
Enfin, le 24 mars 2024, le peuple sénégalais s’est levé comme un seul homme, comme une seule femme, pour nous débarrasser enfin de cette famille dite libérale, qui nous en a fait voir de toutes les couleurs en matière de mal gouvernance. Il a accordé sa confiance au candidat de la Coalition « Diomaye Président », celui d’Ousmane Sonko dont la victoire, éclatante et sans bavure, a relégué loin derrière le pauvre candidat de de la Coalition Bennoo Bokk Yaakaar. Cette victoire a suscité un énorme espoir qui ne doit jamais être déçu. Nos nouveaux gouvernants doivent tout mettre en oeuvre pour que ce ne soit jamais le cas, notamment en menant des réformes profondes qui nous débarrassent progressivement et définitivement de ce système odieux, nous empoisonnant l’existence depuis le 7 mars 1963 et, en particulier, depuis le 1er avril 2000.
1 Du temps du vieux président-politicien et de son successeur et sosie, je préférais « y compris des plus squelettiques ». Peut-être que nous n’en sommes pas encore là.
PAR Oumou Wane
LA GUERRE DE 100 JOURS
Je ressens le besoin d’une presse qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité. Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines que la presse pourra assumer pleinement son rôle
Depuis l’avènement du nouveau gouvernement en avril, une certaine presse semble s’être engagée dans une véritable croisade démagogique contre les initiatives d’Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye. Des articles récents illustrent parfaitement cette dérive populiste et sensationnaliste qui gangrène notre paysage médiatique.
Prenons d’abord l’article qui évoque la proposition de vendre l’avion présidentiel pour financer des cliniques mobiles. À première vue, cette idée pourrait séduire par son apparente simplicité et son potentiel symbolique. Cependant, ce raisonnement repose sur un simplisme trompeur. Vendre un avion présidentiel n’est pas une simple transaction ; c’est une décision mêlant symbolisme politique et pragmatisme financier. Réduire ce sujet à une solution miracle pour améliorer notre système de santé, c’est ceder à la démagogie la plus grossière. Les réformes de santé devraient être jugées sur leur durabilité et leur structuration, plutôt que sur des gestes symboliques destinés à flatter l’ego d’une presse avide de titres accrocheurs.
Ensuite, les critiques indignes sur le sac et les chaussures d’une des premières dames Faye, révèle une autre facette de ce journalisme dévoyé. Les médias semblent plus préoccupés par les querelles personnelles et les critiques acerbes que par une analyse approfondie des politiques publiques. Ce type de journalisme détourne l’attention du public des véritables enjeux. Au lieu de se concentrer sur les insultes et les invectives, les médias devraient encourager un débat constructif et éclairé sur les défis et les solutions pour notre pays.
Il est navrant de voir les médias se vautrer dans la démagogie, préférant les titres chocs et les controverses stériles aux analyses sérieuses et aux critiques constructives. Le rôle des médias est d’informer et d’éclairer, non de fomenter des polémiques inutiles qui n!apportent rien au débat public. En adoptant une attitude plus responsable, les médias pourraient jouer un rôle crucial dans le développement et la stabilité du Sénégal. Au lieu de cela, ils alimentent une atmosphère de méfiance et de confusion, tentant d’empêcher le gouvernement de se concentrer sur ses priorités et de prouver sa valeur.
Depuis l’investiture de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, le nouveau gouvernement a annoncé des réformes ambitieuses. La décision de réaliser un état des lieux économique et financier pour dresser la situation générale des finances publiques est tout à fait nécessaire. Cette démarche, empreinte de pragmatisme et de vision, pourrait marquer le début d!une transformation systémique de notre pays, en phase avec les promesses de campagne de Faye et Sonko.
Cependant, certains médias semblent continuer à suivre une ligne éditoriale peu constructive. Cela soulève des questions sur leur capacité à jouer leur rôle de contre-pouvoir et à informer le public de manière objective. En tant que citoyen, je ressens le besoin d’une presse qui ne se contente pas de relayer des critiques, mais qui s’engage à analyser les réformes en cours avec rigueur et impartialité.
Il est temps que la presse sénégalaise se ressaisisse et prenne conscience de son rôle fondamental dans notre société. En se détournant de la démagogie et en revenant à un journalisme de qualité, les médias peuvent véritablement contribuer à la construction d’un Sénégal prospère et juste. Les cent premiers jours du nouveau gouvernement sont cruciaux, et j’espère sincèrement que les médias joueront le jeu en offrant une couverture équilibrée et éclairée des réformes en cours.
Ce n’est qu’en s’élevant au-dessus des querelles mesquines et en adoptant une approche journalistique digne de ce nom que la presse pourra assumer pleinement son rôle de quatrième pouvoir, garantissant ainsi un avenir prometteur pour notre pays. Les grandes figures littéraires telles que Victor Hugo, en son temps, ont utilisé leur plume pour éclairer et élever les consciences. Il est temps que la presse sénégalaise s’inspire de ces illustres exemples et reprenne sa place en tant que phare de la vérité et de la justice dans notre société.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group-Africa7