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30 novembre 2024
Economie
Par Biram Ndeck NDIAYE
APRES LE VERDICT DES URNES, PLACE AU TRAVAIL
Le peuple s’est prononcé il n’y a guère longtemps. Il a élu les uns en sanctionnant les autres comme il en a le pouvoir. Il est temps de reprendre le cours normal des choses en se mettant au travail
Le peuple s’est prononcé il n’y a guère longtemps. Il a élu les uns en sanctionnant les autres comme il en a le pouvoir. Il est temps de reprendre le cours normal des choses en se mettant au travail. Laissons-les travailler pour dire tout simplement: travailler et laisser travailler..
Respecter le choix du peuple.
Que tous les sénégalais, sans exception, respectent ce choix mais pas seulement du bout des lèvres. Chacun a le droit d’avoir ses préférences, ce qui ne saurait être un délit. Depuis la nuit des temps, dans tout pouvoir et dans toute opposition il y aura du bon et du moins bon, c’est une question de conduite qui relève de la responsabilité de chacun pris individuellement. Quel fonctionnaire n’a pas reçu et appliqué les directives de l’État et ses représentants ? Quel travailleur indépendant n’a pas respecté et appliqué la loi votée par l’État ainsi que les règlements dont l’application est confiée à ses démembrements ? Les meilleurs critères qui vaillent pour juger les individus sont l’honnêteté, la compétence et le mérite.
Savoir écouter d’autres voix.
Cela dit, les journalistes et les politiques, surtout ceux qui s’adonnent à la politique dite politicienne ont beaucoup parlé pendant longtemps tandis que les autres se contentaient d’écouter. Les autres, largement plus nombreux, ont beaucoup écouté et beaucoup subi alors qu’ils ont la majorité, donc la représentativité. Ce peuple s’est prononcé et tout démocrate, gagnant ou perdant, doit respecter son verdict. Il est venu le temps d’entendre les autres, la grande masse silencieuse. Politiciens et media (journalistes et chroniqueurs autoproclamés), on vous a écoutés, écoutez les autres maintenant, au besoin faites les parler. «Mën wax dafa neex, waaye degga ko raw»,s’il est bon de parler il est encore mieux d’écouter car ce qu’on ne sait pas encore est beaucoup plus important que ce que l’on sait. Faisons preuve d’humilité.
Rester objectif et faire preuve de bon sens
Pour qui veut dresser un état des lieux objectif à partir de l’année 2012, il est loisible de constater que le pouvoir a d’abord été donné à un camp pour l’exercer pendant sept (07) ans, suivi d’un renouvellement de la confiance du peuple pour cinq (05) ans, soit un total de douze (12) longues années. Le peuple ne doit rien à ce camp qui lui doit beaucoup en retour. C’est le moment de faire le bilan de cet exercice passé du pouvoir, sans complaisance ni parti pris. Pour les sortants on peut parler de bilan, mais seulement de programmes et projets pour les entrants. Le bon sens est-il en train de déserter notre pays ? Il voudrait que l’on laisse au nouveau pouvoir le temps de gouverner et de présenter un bilan le moment venu, pas avant. Il est élu pour cinq (05) ans et non point pour trois (03) mois ou cent (100) jours. On présente un bilan après avoir exécuté un programme, ce qui n’interdit pas un bilan de mi-parcours laissé à la latitude de l’exécutant. Les attaques personnelles et sans fondement objectif doivent cesser. On ne doit pas chercher systématiquement à empêcher ceux qui tiennent le gouvernail d’arriver à bon port. Si ce triste dessein réussit, tout le monde y perd (ki la boot boo yéenee mu deeteelu sa cuukel toj). De grâce, que ceux qui se taisent parlent enfin pour pas qu’on parle à leur nom. «Je me méfie des partis, ils deviennent vite des parti pris», disait l’autre.
La police de notre conscience comme dernier recours
Pour notre part, nous nous sentons à l’aise pour dire que trop c’est trop. Nous l’avons pensé et défendu publiquement entre 2012 et 2014 quand un politicien local (de Saint-Louis), beau-frère de Monsieur le Président de la République, du haut de sa grandeur d’antan, a voulu nous intimider en vain, nous dicter un comportement que ni l’orthodoxie ni les règles de bonne gestion ne pouvaient justifier. Un détracteur (Birima Ndiaye soi-disant chroniqueur, armé pour exécuter la sale besogne, se souviendra encore longtemps du mauvais quart d’heure passé entre les mains de la justice). C’est le moment de rendre hommage à Monsieur Mary Teuw Niane alors ministre de l’enseignement supérieur pour son honnêteté, son courage et son objectivité, à Monsieur le Procureur de la République, au gendarme chargé de l’affaire qui a été déplacé hors de la ville par la suite, à Maître Alioune Badara Cissé qui a dénoncé la position partisane de Mansour Faye qui, sans être le Ministre de tutelle, avait la prérogative indue d’exiger le remplacement d’un Directeur par un militant plus enclin à exécuter ses ordres. L’enjeu étant la Mairie, le CROUS était perçu comme la vache laitière et le réceptacle pour l’emploi de militants. Le refus de l’inacceptable nous a coûté notre poste de Directeur même si nous avons redressé cet établissement public qui nous a été confié (passé d’un déficit de près d’un milliard de francs CFA à moins de 10 millions, les arriérés en instance de paiement et les caisses remplies à notre départ. Qu’a-t-on fait de tout cela après ? Bien entendu, les convictions profondes qui mettent en avant Dieu et notre cher pays l’emportent sur un poste, quel qu’il soit. Il est loisible d’aller discrètement faire une enquête sur place et sur pièces, d’interroger les travailleurs honnêtes et les étudiants de l’époque, jusqu’aux imams et habitants des villages environnants. Cette même attitude, nous l’avons adoptée mordicus quand il s’est agi d’un troisième mandat au moment où pouvaient se sentir menacés ceux qui s’aventuraient à défendre une telle position. Nous avons écrit dans la presse locale que tous les concurrents pour le fauteuil présidentiel devaient être traités sur un pied d’égalité. Et si d’aventure ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui se risquaient demain à prendre le chemin que leur devancier (à sa décharge, il a su freiner des quatre fers à temps pour nous épargner des troubles dangereux et inutiles), nous aurons la même attitude de défiance, sans toutefois penser une seule seconde qu’ils le feraient, eux qui prônent le jub, jubal, jubanti et qui bénéficient d’un préjugé favorable. Quel administré n’aimerait pas entendre un dirigeant politique parler de morale, de respect du droit et de reddition des comptes dans les affaires publiques ? Telle est la volonté du peuple et il faut la respecter nonobstant nos positions personnelles passées, présentes et à venir.
Place au travail
A la place de l’injure, principale arme des faibles, Il est temps pour les politiques de tous bords et certains pseudo-journalistes de se prononcer en priorité, pour ne pas dire exclusivement, sur les sujets afférents à notre développement avec des arguments objectifs et bien renseignés: l’industrialisation, l’emploi, la santé, l’éducation, l’agriculture, la justice, l’équité, le sport, la culture, une fiscalité incitative, le cadre de vie, la discipline, la pollution sonore et le tapage nocturne qui empêchent la concentration, la réflexion, les recherches au service du progrès, l’occupation anarchique de l’espace public, la corruption.
Journalistes, hommes et femmes politiques, intellectuels de toutes obédiences, religieux, artistes, universitaires, voilà le vrai débat, celui-là qui concerne tout un pays sans exclusive. A vos plumes, micros et caméras ! Au travail, citoyens, en attendant le prochain verdict qui va confirmer ou infirmer celui-ci. Il y a un temps pour chaque chose.
L’ÉTAT EN QUÊTE DE HUB
Le nouveau gouvernement a présenté un plan titanesque pour booster les infrastructures maritimes du pays. Avec un investissement prévu de 2578 milliards de F CFA, le Sénégal ambitionne de rattraper et même de dépasser ses voisins régionaux
Le nouveau pouvoir s’active à imprimer son label pour booster les infrastructures maritimes et portuaires afin de faire du Sénégal un véritable hub. En Conseil interministériel spécial présidé par le Premier ministre Ousmane Sonko hier, mardi 20 août, la stratégie nationale de développement de ces infrastructures a été présentée devant les acteurs du secteur. Elle devra mobiliser 2578 milliards de F Cfa pour faire du Sénégal une destination incontournable.
Le Conseil interministériel spécial consacré aux infrastructures maritimes et portuaires a permis de passer en revue les diverses contraintes plombant le développement des dites unités industrielles. Sous la diligence du Premier ministre qui a insisté sur le principe de la rigueur dans la démarche et dans la gestion des affaires publiques, la Stratégie nationale de développement des infrastructures maritimes et portuaires a fait l’objet d’un partage avec les divers acteurs du secteur. Au bout du compte, il a été envisagé 28 décisions pour réussir le pari pour faire du Sénégal un hub incontournable. Le Premier ministre Ousmane Sonko a ainsi demandé, lors dudit conseil interministériel, un plan de restructuration et de reconfiguration du Port de de Dakar. Selon le Chef du gouvernement, ce plan doit prendre en compte le développement des ports de Bargny Sendou et de Ndayane pour assurer une bonne complémentarité.
Pour Ousmane Sonko, il faut améliorer les infrastructures du Port de Dakar, renforcer les espaces de stockage et réhabiliter la voie ferrée pour connecter les différents terminaux. Le Pm a déploré à ce niveau le « recul » du Port autonome de Dakar par rapport à ceux de Lomé (Togo), d’Abidjan (Côte d’Ivoire), de Tanger (Maroc), entre autres. Selon lui, le Sénégal n’a pas investi dans son Port autonome à l’image de la Côte d’Ivoire, du Togo, du Maroc. « Les gens vont ailleurs parce qu’au port de Dakar, le matériel est obsolète, les temps d’attente sont longs (…) », a-t-il expliqué. Le Premier ministre est d’avis qu’il est possible de trouver des choses qui pourraient permettre à l’Etat de « réduire » l’ardoise prévue pour la réhabilitation du PAD. Le Premier ministre a requis par ailleurs que le port de Bargny Sendou dont il a déploré les « lenteurs » constatées dans la réalisation soit connecté par voie ferrée et routière aux corridors et réseaux structurants. Il a également exigé l’engagement de discussions sur l’exclusivité des activités portuaires.
Pour les ports de pêche artisanale, le chef du gouvernement a souligné l’importance de développer 23 ports modernes. A l’en croire, quatre de ces ports seront liés à des zones industrielles de transformation des produits de la mer. Dans la même dynamique, l’Etat veut accélérer la réalisation des ports de pêche à Cap-Skiring et Fass-Boye, et réhabiliter le quai de pêche de Ouakam avec le soutien de la Banque Mondiale. Pour autant, le Premier ministre a demandé une plus grande implication des collectivités locales dans la gestion des quais.
Les ports de plaisance n’ont pas été occultés dans la stratégie nationale. Aussi, a-t-il été demandé de structurer et de financer leur développement, en les associant à des zones touristiques. Dans la même mouvance, instruction a été donnée pour améliorer les chenaux de navigation du fleuve Casamance, du bras de mer du Saloum, et à stabiliser la brèche de Saint-Louis.
La création d’un programme pour développer l’industrie navale, en diversifiant les services de construction, réparation et démantèlement des navires, est également une question clé. Au même titre que la sécurisation des sites pour les infrastructures maritimes, en les intégrant dans le Plan national d’aménagement. A ce niveau, une meilleure harmonie entre les villes et les ports sera recherchée avec des programmes spécifiques.
Vers le réexamen du décret de création des ports secondaires
Le Premier ministre, Ousmane Sonko, a également évoqué hier, mardi, lors de ce Conseil interministériel spécial consacré aux infrastructures maritimes et portuaires, la nécessité de réexaminer le décret de création des ports secondaires du Sénégal pour en savoir davantage sur les motivations », a-t-il dit. Avant de souligner « qu’on ne peut pas se lever du jour au lendemain pour prendre une telle mesure ». Il a relevé que chaque port a une histoire, faisant allusion à celui de Ziguinchor, ville d’où il est originaire et dont il a été le premier magistrat. Les principaux ports secondaires du Sénégal sont implantés à Kaolack, Saint- Louis et Ziguinchor. « Il va falloir, en collaboration, bien sûr avec les acteurs du secteur, revoir de très près un certain nombre d’actes qui ont été posés », a insisté le Premier ministre. Au final, le Premier ministre a fait savoir qu’il faut faire tout cet exercice pour comprendre « pourquoi il nous faut 2700 milliards FCFA ».
LE GOUVERNEMENT A CONSENTI DES EFFORTS FINANCIERS DANS UN CONTEXTE PARTICULIÈREMENT DIFFICILE
Se prononçant sur la dette intérieure du Sénégal, l’économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Meissa Babou, a salué les efforts consentis par le nouveau gouvernement en trois mois d’exercice du pouvoir.
Se prononçant sur la dette intérieure du Sénégal, l’économiste et enseignant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Meissa Babou, a salué les efforts consentis par le nouveau gouvernement en trois mois d’exercice du pouvoir.
La volonté politique des nouveaux gouvernants est salutaire en termes d’apurement de la dette intérieure, et ce, malgré les difficultés de trésorerie du pays. « Le gouvernement, dans sa volonté d’apurer la dette publique intérieure, s’est efforcé de rallonger de 20 milliards de francs CFA le budget de la campagne agricole 2024-2025. Il s’est également donné les moyens d’éponger la dette due aux opérateurs et stockeurs privés à hauteur de 41 milliards de francs CFA. Il a aussi payé plus de 10 milliards de francs CFA pour la Couverture Maladie Universelle (CMU), ainsi que pour le paiement des bourses des étudiants. Autant d’efforts financiers dans un contexte particulièrement difficile », a loué l’économiste.
Pour le secteur des BTP, dont la dette est estimée à plus de 300 milliards de francs CFA, l’économiste invite les nouvelles autorités à apurer partiellement cette dette. Ainsi, globalement, en 100 jours, le nouveau gouvernement a fait l’effort d’apurer une partie importante de la dette intérieure.
LE GOUVERNEMENT À L’ASSAUT D’UN PASSIF PESANT
En seulement quatre mois, les nouvelles autorités ont injecté plus de 200 milliards de francs CFA pour alléger la dette intérieure du pays. Cette initiative audacieuse vise à redynamiser l'économie nationale et à soulager la population
En quatre mois d’exercice du pouvoir, les nouvelles autorités politiques ont consenti d’énormes efforts financiers pour l’apurement de la dette intérieure et pour alléger la souffrance des Sénégalais. Ainsi, plus de 200 milliards de francs CFA ont été décaissés pour régler partiellement cette dette intérieure, aussi colossale que la dette extérieure. Toutefois, une volonté politique soutenue est nécessaire pour y parvenir dans le temps.
Lors de la réunion ordinaire du Conseil des ministres du 26 juin 2024, le chef de l’État, Bassirou Diomaye Diakhar Faye, a demandé à son Premier ministre, Ousmane Sonko, de tout mettre en œuvre pour l’apurement de la dette intérieure dans l'objectivité et la bonne maîtrise de l’endettement du Sénégal. Une tâche qui s’avère toutefois difficile dans un contexte de raréfaction des ressources, de durcissement des conditions de financement à l’échelle mondiale et d'atonie des marchés intérieurs de la dette dans de nombreux pays en développement, décourageant ainsi l’investissement privé. À cela s’ajoute l’incertitude liée à l’inflation en raison du conflit ouvert dans la bande de Gaza. Autant de goulots d’étranglement susceptibles de compromettre la volonté politique en marche des nouvelles autorités.
Cette volonté manifeste s’est matérialisée à travers le paiement d’une dette de près de 40 milliards 800 millions de francs CFA ; l’augmentation de 20 milliards de francs CFA pour la campagne agricole 2024- 2025, faisant ainsi passer le budget de 100 milliards à 120 milliards de francs CFA ; le règlement des 10 milliards de francs de dette à la Couverture Maladie Universelle (CMU) ; le paiement de la dette de la Bourse familiale ; le paiement des bourses des étudiants ; l’allègement de la souffrance des Sénégalais à hauteur de 53 milliards de francs CFA pour la baisse des prix des denrées de première nécessité ; la remise d’actes administratifs pour les examens professionnels CEAP, CAP et les décisions de nomination aux postes de responsabilité, avec une incidence financière directe, parmi d'autres mesures visant à asseoir un climat socio-économique apaisé et compétitif. Toutefois, la poursuite de cette dynamique reste largement tributaire des chocs exogènes, puisque le pays est grandement dépendant de l’extérieur pour plus de 6000 milliards de FCFA par an en termes de produits de consommation.
Faire preuve de réalisme et/ou de justesse
Certes, la démarche des gouvernants actuels semble rassurante, car elle cadre parfaitement avec leur vœu de faire du Sénégal un pays souverain, mais cette volonté manifeste dépend largement des indicateurs de conjoncture économique. Dans cette optique, donner de l’oxygène aux entreprises locales et, par ricochet, leur permettre de se relancer en les dotant d’une capacité financière leur permettant de remporter des marchés ne peut être que salutaire. Une lecture hautement stratégique, puisque les nouvelles autorités appellent de tout leur vœu à la souveraineté économique, laquelle implique incontestablement une certaine assise financière (liquidité) des entreprises locales pour postuler aux appels d'offres. Ces appels d'offres requièrent en effet un minimum d’expertise et de ressources financières leur permettant de remporter des contrats clés en main.
Dans des États comme le nôtre, où tout est priorité et urgence, seules deux options viables d’investissements lourds leur sont offertes, à savoir développer les Partenariats Public-Privé ou alors lancer des marchés clés en main, comme dans le cadre de la construction de l’autoroute à péage Ila Touba et la construction des quatre établissements hospitaliers, dont trois de 150 lits (à Sédhiou, Kaffrine et Kédougou) et un de 300 lits (à Touba).
Échelonner l’apurement
À ce jour, il est quasi impossible de déterminer avec exactitude le montant de la dette intérieure du Sénégal. Les opérateurs économiques regroupés dans les organisations patronales, dont le Conseil national du patronat sénégalais (CNPS) et la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES) pour ne citer que ceux-là, évoluant dans différents secteurs, notamment dans le bâtiment et les travaux publics (BTP), le Syndicat professionnel des industriels du Sénégal (SPIDS), l’hôtellerie et la restauration, réclament des montants assez conséquents à l’État du Sénégal. Aujourd’hui, seule la dette du secteur des hydrocarbures semble bien maîtrisée parce qu'elle est suivie par le Comité national des hydrocarbures de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (CRSE).
Selon certaines indiscrétions, elle se chiffre à plus de 300 milliards de francs CFA. Tout compte fait, les perspectives économiques et surtout financières s’avèrent prometteuses au regard du début d’exploitation des ressources pétrolières et gazières et les prix sur le marché mondial se révèlent très concluants. Donc, si le verdissement s’avère, et la volonté des gouvernants d’apurer la dette intérieure reste intacte, il est potentiellement probant d’arriver à avoir une nette mainmise sur la dette publique interne tout comme sur la dette publique externe. Et ce, par l’échelonnement de celle-ci.
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LE GOUVERNEMENT OUVRE LA CHASSE AUX ACCORDS LÉONINS
Une commission d'experts vient d'être mise en place pour passer au crible les contrats stratégiques du pays. Son objectif ? Redonner au Sénégal la maîtrise de ses ressources stratégiques, selon le Premier minsitre
Dans une démarche audacieuse, le gouvernement vient de dégainer son arme contre les contrats léonins : une commission d'élite composée des meilleurs experts du pays.
Sous la houlette d'Ibrahima Diop, cette dream team de hauts fonctionnaires s'apprête à passer au crible chaque virgule des conventions existantes. Leur mission ? Traquer les déséquilibres, débusquer les failles juridiques et redonner au Sénégal la place qui lui revient dans ses partenariats économiques.
"Nous ne sommes pas là pour faire table rase", prévient le Premier ministre Ousmane Sonko, "mais pour rééquilibrer intelligemment". Une approche qui promet de secouer le cocotier des habitudes bien ancrées dans les secteurs pétroliers, miniers et autres domaines stratégiques.
Alors que certains craignaient une nationalisation à tout-va, c'est une véritable opération commando qui se dessine. Avec pour mot d'ordre : rigueur, méthode et efficacité. Le message est clair : le Sénégal ne bradera plus ses richesses.
Cette initiative, fruit d'une promesse électorale longtemps attendue, marque un tournant dans la gouvernance économique du Sénégal.
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LE MINISTÈRE DE L'HYDRAULIQUE RÉPLIQUE À CHEIKH DIENG
Face aux accusations de corruption, Cheikh Tidiane Dièye contre-attaque. Il expose sa version des faits concernant le marché de curage de l'ONAS, listant une série de défauts, de la sélection des entreprises aux écarts de facturation alarmants
Le ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement sort de sa réserve dans l'affaire du marché de curage de l'ONAS. Une note explicative publiée ci-dessous, retrace la chronologie d'un contrat qui a failli tourner au désastre. Entre urgence climatique et gestion hasardeuse, le document révèle les coulisses d'un dossier explosif. Cette mise au point intervient alors que le ministre Cheikh Tidiane Dièye fait face à des accusations de corruption de la part du désormais ex-DG de l'ONAS, Cheikh Dieng.
"NOTE SUR LE MARCHE DE CURAGE N°S-DEM
024/2024 DE L'ONAS.
1. Rappel du contexte
Lors du conseil interministériel sur la prévention et la gestion des inondations en perspective de l'hivernage 2024 tenu le 16 mai 2024 à Diamniadio, Monsieur le ministre avait demandé de veiller à la finalisation, au courant du mois de juin 2024, des opérations pré-hivernage, notamment le curage de canaux, le faucardage de bassins et réceptacles, l'entretien de lacs et marigots, l'entretien et la maintenance du matériel et équipements de pompage.
A cet effet, il avait été recommandé au Ministre des Finances et du Budget (MFB) d'accélérer la passation des marchés d'opérations pré-hivernage dans les régions et pour les ouvrages de la première phase du Projet de Gestion des Eaux pluviales et d'Adaptation au Changement climatique (PROGEP), situés dans la banlieue dakaroise.
Toutefois lors de sa prise de service, Monsieur Cheikh Dieng avait constaté que son prédécesseur n'avait pas entrepris les diligences nécessaires à temps pour l'exécution des opérations pré-hivernage dans certaines zones de Dakar et dans les régions. Dès lors la seule issue était de recourir à des procédures d'urgences dérogatoires sur autorisations de la Direction centrale des Marchés publics (DCMP).
A ce titre, en appui à la démarche de l'ONAS de faire passer le marché de curage par appel d'offre restreint en procédure d'urgence, Monsieur le Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement, avait saisi son homologue en charge des finances par lettre en date du 28 mai 2024 pour solliciter l'accompagnement de la DCMP.
Par la suite la DCMP a marqué son accord par lettre en date du 07 juin 2024 sur saisine de ONAS qui a ciblé 6 entreprises sur la liste restreinte (Gamma Construction et Travaux Publics, Entreprises KEBAS, Entreprise Mbeur Mi , Sénégalaise de l'Assainissement et de Transport, Entreprise Tawfekh Taysir et DELGAS. L'attribution des marchés par l'ONAS a été faite ainsi qu'il suit :
- Le lot 1 (région de Dakar) : TAWFEKH TAYSIR pour 649
413 000 FCFA TTC ;
- Le lot 2 (régions) : DELGAS pour 674 842 000 FCFA TTC.
Le montant total des deux marchés attribués étant de 1 324 255 000 FCFA TTC pour 720.000.000 FCFA TTC inscrits dans le Plan de passation de passation.
2. Constat de défaillances manifestes dans l'exécution des marchés
Près d'un mois après le début des travaux qui devaient durer 45 jours sur la base d'un planning défini de commun accord entre ONAS et les entreprises attributaires, des retards considérables ont été constatés à Dakar et pire une absence de démarrage des opérations dans plusieurs régions. Cette situation révélant l'incapacité des entreprises chargées des travaux a été mise en exergue par le dispositif de suivi rapproché mis en place par Monsieur le Ministre à travers :
- Les visites de terrain ;
- Les rapports des comités régionaux de gestion des inondations présidés par les gouverneurs ;
- Les réunions de suivi hebdomadaire de la gestion des inondations ;
- Les remontées des techniciens de l'ONAS sur le terrain.
En effet, à la date du 26 juillet 2024, soit après consommation de 66% des délais convenus, il a été constaté un faible niveau d'exécution d'à peine 10 % à Dakar et un peu plus 30% dans les régions.
Les investigations menées ont révélé que sur les six (6) entreprises consultées, seule DELGAS avait une expérience connue dans le sous-secteur de l'assainissement. D'ailleurs, les entreprises ayant une expérience et une capacité avérée dans le domaine n'ont pas été consultées.
En plus il a été constaté des écarts de facturation élevés par rapport aux prix moyens des prestations effectuées ces dernières années. A titre illustratif :
- le curage du bassin de la zone de captage est indexé dans le marché de 2024 à 300 000 000 CFA HTV, alors que le montant global du marché de clientèle 2021-2023 le concernant, était de 83 000 000 CFA TTC.
- Le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m avec ventilation » du marché des régions qui était à 1500 FCFA dans le marché de clientèle 2021-2023, est indexée 18 000
FCFA,
- le prix unitaire du mètre linéaire « curage des canaux fermés largeur supérieur à 1,5 m avec ventilation » qui était de 3000 CFA dans le marché de clientèle 2021-2023 du marché des régions, est facturé à 23000 FCFA
Il a été aussi noté que le DAO transmis par la Direction de l'exploitation et de la maintenance (DEM) de ONAS été modifié à son insu. Cela a engendré un écart sur le quantitatif de la rubrique « curage des canaux fermés largeur inférieur à 1,5 m » du marché des régions. En effet dans le devis attribué il est à 6000 ml alors que celui transmis par la DEM est de 40 000 ml. Ce qui engendrerait un surplus de travaux de 34 000 ml avec un impact financier de 612 000 000 FCFA, lequel porterait le cout global des travaux à plus de 1 900 000
000 FCFA en 2024 en lieu et place des 1 324 255 000 FCFA TTC attribués.
3. Mesures prises par le ministre pour remédier aux manquements
Face aux risques élevés d'inondations liés à cet état de fait et aux conséquences graves pouvant en découler, Monsieur le Ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement a, dans un premier temps, interpellé le DG sortant de l'ONAS en l'invitant à trouver d'urgence une solution.
Constatant qu'aucune diligence n'a été entreprise, Monsieur le Ministre a facilité la mise en place d'un groupe de travail technique composé des techniques de l'ONAS désignés par le
Dg sortant et des services du département pour accompagnement. C'est à ce titre qu'une rencontre s'est tenue le 27 juillet 2024 dans les locaux de l'ONAS, à laquelle ont pris part : Le Directeur de l'Assainissement ; le Directeur de la Prévention et de la gestion des inondations, le Directeur administratif et financier de l'ONAS, l'adjoint du Directeur de l'exploitation et de la maintenance (DEM) de ONAS, la Coordonnatrice de la Cellule de passation du Ministère et le Coordonnateur de la Cellule de passation de l'ONAS.
Lors de cette réunion qui avait pour objet d'évaluer le niveau d'exécution des opérations et de proposer des mesures correctives, il a été constaté la véracité de l'ensemble des défaillances citées plus hauts. A l'issu de ses travaux, ledit groupe, tenant compte de l'urgence caractérisée de la situation et de l'impossibilité à recourir aux procédures habituelles, a proposé au Ministre les solutions ci-dessous :
- Pour le lot 1 (Dakar) : l'arrêt de la procédure de contractualisation avec TAWFEKH qui visiblement n'avait pas les capacités requises pour exécuter les travaux et la relance du marché à travers une procédure d'entente directe avec des entreprises dont la capacité est reconnue.
- Pour le lot 2 (régions) : la résiliation partielle du marché.
DELGAS pourrait poursuivre les travaux dans les zones où les activités ont démarré et avancent. Par contre, pour Mbour, Joal, Diourbel, Touba Mbacke, Matam, Podor, une procédure d'entente directe est préconisée avec des entreprises dont la capacité est reconnue.
Toutefois les analyses ultérieures des projets de contrats ont révélé l'ampleur des écarts de prix par rapport aux coûts moyens en cours. Ce qui appelle une remise en cause desdits projets de contrats pour des raisons d'intérêt général et de bonne utilisation des deniers publics.
Sur la base de ce qui précède, Monsieur le ministre a demandé au Dg de l'ONAS par lettre en date du 29 juillet 2024, d'arrêter la procédure avec les deux entreprises concernées et de ne surtout pas signer les projets de contrats.
En outre, compte tenu de l'urgence impérieuse, Monsieur le ministre a saisi la DCMP le même jour pour solliciter l'autorisation de faire passer les marchés par une procédure dérogatoire prévue par le code des marchés publics avec les entreprises ayant la capacité requise et qui ont été proposées unanimement par les membres du groupe de travail.
A partir de ce moment, toutes les diligences devaient être entreprises par ONAS. Avec le changement intervenu à la tête de cette structure, Monsieur le ministre a écrit à la DCMP le 13 août 2024 pour lui signifier que c'est au nouveau DG de conduire la procédure."
À ZIGUINCHOR, DES JEUNES S’ENGAGENT POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
À Ziguinchor, les vacances agricoles sont en pleine activité. Les jeunes sélectionnés au niveau régional ont débuté les travaux dans la ferme pilote située à Adéane. Ce programme ambitieux se concentre sur diverses cultures, notamment l’arachide, le riz..
À Ziguinchor, les vacances agricoles sont en pleine activité. Les jeunes sélectionnés au niveau régional ont débuté les travaux dans la ferme pilote située à Adéane. Ce programme ambitieux se concentre sur diverses cultures, notamment l’arachide, le riz et le niébé, avec pour objectif de promouvoir l’agriculture locale et d’encourager la participation des jeunes dans ce secteur vital.
Le ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Culture, Khady Diène Gaye, en visite dans les installations, a exprimé sa satisfaction quant à l’engagement des jeunes participants.
Lors de sa visite, elle a souligné que le dynamisme et la détermination des jeunes témoignent d’une réelle volonté de contribuer au programme de souveraineté alimentaire du gouvernement.
Selon elle, cette initiative vise à renforcer l’autosuffisance alimentaire du pays et à offrir aux jeunes des opportunités concrètes de développement dans le domaine agricole.
« Le programme des vacances agricoles à Ziguinchor se révèle ainsi comme une occasion précieuse pour les jeunes de s’impliquer activement dans des projets concrets, tout en contribuant à l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire et de développement durable du Sénégal », se félicite Khady Diène Gaye.
CHEIKH TIDIANE DIÈYE DANS UN TUNNEL
Le ministre de l’Hydraulique, figure de proue de la lutte anti-corruption, se retrouve paradoxalement accusé des mêmes maux qu'il dénonçait hier. Son silence face aux allégations de Cheikh Dieng, ex-directeur de l'ONAS, devient assourdissant
Comment démêler le vrai du faux ? Le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement, qui fait face à de terribles accusations de corruption supposée, garde encore le silence alors que Cheikh Dieng continue les révélations sur la gestion des marchés de l’Onas. Cheikh Tidiane Dièye, qui a bâti sa réputation sur le respect des principes de bonne gouvernance et de reddition des comptes, devrait-il démissionner ?
Cheikh Tidiane Dièye est pris dans une polémique nauséabonde semblable à l’odeur pestilentielle des caniveaux. Accusé de corruption par Cheikh Dieng, ci-devant directeur de l’Office national de l’assainissement, limogé après trois mois de fonction, le ministre de l’Hydraulique et de l’assainissement se retrouve dans une controverse, qui devrait le ramener à ses principes d’antan. Que va-t-il faire ? Pour le président de la Plateforme Senegaal Bu Niou Beug, engagé en politique pour réformer la manière de faire, pour lui donner un contenu éthique, c’est l’heure des interrogations.
Dans la solitude de son bureau, il doit se poser une simple question : «Dois-je démissionner ?» Une question simple, mais on ne peut plus pertinente. Pour un homme dont le parcours est un récit à la promotion de la bonne gouvernance et à l’éthique professionnelle, ces accusations infamantes sont une sérieuse remise en cause de son image, bâtie sur le socle de la rigueur et de la transparence au sein de la Société civile avant son engagement dans l’arène politique. Depuis quelques jours, les appels à sa démission se multiplient après les annonces de Cheikh Dieng, qui a décidé de restaurer son image à travers ce combat contre son ancien ministre de tutelle. Pour l’instant, M. Dièye s’est emmuré dans le silence en laissant le soin à l’Onas de rétablir la «vérité» à propos de l’acquisition d’un véhicule de fonction par son ancien Directeur général. Or, cette affaire de véhicule est tout à fait accessoire car elle ne peut plus dissimuler celle plus grave de marchés de gré à gré, au parfum de corruption supposée.
Cheikh Tidiane Dièye face à lui-même
Au plus haut niveau de l’Etat, le président Faye et le Premier ministre Sonko, qui ont limogé Cheikh Dieng, pensaient sans doute qu’aucune polémique n’allait escorter cette affaire. Finalement, elle devient un dossier chaud pour les nouvelles autorités, qui ont théorisé le Jub, Jubal, Jubanti pour restaurer un «pays en ruine», comme l’avait soutenu de façon triviale Ousmane Sonko lors de la Journée de l’arbre. Vont-ils trancher dans le vif ? Vont-ils continuer à maintenir leur confiance à leur allié, qui a retiré sa candidature de la présidentielle à quelques jours du scrutin pour le triomphe de Diomaye ? En coalition avec Sonko depuis plusieurs années, Cheikh Tidiane Dièye est un poids lourd de la coalition Diomaye Président, un défenseur acharné de l’ancien maire de Ziguinchor au moment de ses soucis judiciaires, un opposant farouche au régime Sall.
En dépit de ces considérations politiques internes à la coalition, la situation actuelle est en train de devenir rapidement intenable pour un régime appelé à vider au mieux cette affaire. Un caillou dans la chaussure du chef de l’Etat qui tente de dénouer la crise avec Riyad après la rupture unilatérale du contrat avec Acwa Power dont Cheikh Tidiane Dièye a été l’un des protagonistes.
La leçon Mamadou Seck
Jusqu’ici, Mamadou Seck est le seul à avoir renoncé à une fonction ministérielle en démissionnant après des révélations sur de supposés détournements de deniers publics. Nommé ministre des Finances et de l’économie par Me Abdoulaye Wade, l’ancien maire de Mbao avait jeté l’éponge pour mettre à l’aise le gouvernement et prendre le temps de restaurer sa réputation. Il a été blanchi par la justice avant de revenir dans l’attelage gouvernemental auréolé d’une notoriété sans tache en refusant que son parcours ne soit entaché de telles accusations. Il clôt son parcours politique comme président de l’Assemblée nationale. Va-t-il inspirer Cheikh Tidiane Dièye ? C’est d’ailleurs assez ironique, au vu du parcours de ce dernier, que l’on en soit à lui demander de poser un acte qui devrait être banal à son niveau.
Là où il pose problème, c’est que l’accumulation des accusations et des révélations ne l’a pas contraint à se départir de son silence. Pour quelqu’un que les Sénégalais ont connu plus prolixe et dynamique, cela est déjà révélateur. S’il se sent mal à l’aise dans cette affaire, pourquoi ne met-il pas… à l’aise ses camarades et alliés Sonko et Diomaye, en demandant une enquête judiciaire sur cette affaire ?
Au cas où il ne saurait comment procéder, il pourrait demander à Ousmane Sonko, expert en son temps, en matière judiciaire.
par Madiambal Diagne
ATÉPA VEUT CASSER MON IMMEUBLE
Le droit de propriété semble être en péril dans ce pays. Je ne suis nullement concerné par les zones de vérification des projets ciblées par l’État. C’est peut-être pour ça qu’on voudrait quitter le littoral pour me chercher des cafards dans l’hinterland
La semaine dernière, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa, qui se vante de son influence sur les nouvelles autorités du pays, n’a pas pu dissimuler sa haine à mon endroit. Il recevait Tufan Fayzi Nsamoglu, un entrepreneur turc, un de mes partenaires et constructeur de mon immeuble aux Mamelles/Ouakam. Atepa voulait nouer une relation de partenariat avec Tufan et lui demanda quelques références de ses réalisations. Le constructeur lui cita, parmi ses belles références, le projet en cours de finition que j’ai initié aux Mamelles. Il n’en fallait pas plus pour provoquer l’ire de Atepa : « I want to crash that building », fulmina-t-il.
Traduction : « je veux casser cet immeuble ».
Tufan, qui ne trouvait aucune raison qui justifierait ce funeste dessein, s’en ouvrit à moi. J’ai été choqué par la violence du propos mais je restais philosophe, en disant à mon interlocuteur que puissant que puisse être Atepa, nous sommes dans un État de droit au Sénégal.
Seulement, le lundi 19 août 2024, comme par enchantement, une équipe de gendarmes de la Direction de la surveillance et du contrôle des sols (Dscos) est passée au chantier, pour servir une convocation à leurs bureaux pour ce mardi 20 août 2024. La convocation intime l’ordre de présenter une liste de documents comme : le titre de propriété, les différentes autorisations de construction et les plans visés. Cette demande a été rigoureusement satisfaite. Il est à souligner qu’auparavant, depuis 2018 (année d’achat de ce titre foncier), des équipes de la Dscos avaient eu, plus d’une dizaine de fois, à visiter ce chantier pour réclamer, à chaque fois, toutes sortes de documents qui leurs étaient systématiquement présentés.
Je tiens à attirer l’attention de l’opinion publique sur ces manœuvres sordides, mues sans doute par des volontés de règlements de petits comptes. Assurément, le droit de propriété semble être en péril dans ce pays ! Encore une fois, toutes les personnes, qui pensaient trouver des irrégularités dans un quelconque de mes projets immobiliers, ont fait chou blanc.
Aussi, je ne suis nullement concerné par les zones de vérification des projets immobiliers ciblées par les autorités de l’État. C’est peut-être pour cela, qu’on voudrait quitter le littoral pour me chercher des cafards dans l’hinterland.
La chanteuse Aby Ndour a été forte pour tenir tête à Atepa, qui a tout tenté pour détruire son petit commerce sur la Corniche de Dakar. Je m’évertuerai d’avoir autant de pugnacité que cette pauvre jeune femme. Seulement, dans son combat contre Aby Ndour durant de longues années, Atepa n’avait pas bénéficié du soutien des autorités de l’État du Sénégal.
LE BAPTÊME DU FEU DU NOUVEAU RÉGIME
Grèves interminables, tensions au Port de Dakar, conflits à l'ONAS, frictions avec la presse. Les crises s'enchaînent. Au cœur de ces turbulences, une communication gouvernementale hésitante, oscillant maladroitement entre politique et service public
Depuis leur arrivée au pouvoir, les nouvelles autorités sénégalaises sont confrontées à une série de crises qui mettent en lumière leurs difficultés à gérer les affaires publiques de manière efficace. Entre la grève interminable des agents des collectivités locales, les tensions au Port autonome de Dakar, les conflits au sein de l'Office national de l'assainissement du Sénégal (Onas) et les accrochages avec la presse privée, les défis s'accumulent. En parallèle, la confusion entre communication politique et publique, exacerbée par des réponses souvent tardives et maladroites, illustre une gestion de l'État encore balbutiante.
Certains observateurs qualifient cette situation de prématurée pour un régime encore en phase d'installation. Mais ce qui retient davantage l'attention, c'est l'amalgame persistant dans la communication des autorités, entre communication politique et communication publique, deux sphères pourtant distinctes, mais poreuses, selon les spécialistes.
L'un des exemples les plus marquants de cette confusion communicationnelle s'est manifesté récemment au sein du ministère de l'Intégration africaine et des Affaires étrangères. Suite à une publication controversée de l'ambassade d'Ukraine à Dakar, en lien avec la bataille de Tinzaouatène, au nord du Mali, il a fallu une semaine pour que la ministre réagisse. Cette lenteur a suscité l'indignation des internautes pro-panafricains qui ont exigé que l'ambassadeur ukrainien soit convoqué immédiatement. "C’est vraiment désolant d’attendre une semaine pour convoquer l’ambassadeur. Cela aurait dû être fait depuis longtemps", a déploré un diplomate sous couvert de l'anonymat.
La vidéo incriminée, qui a depuis été supprimée, contenait des propos du porte-parole du renseignement ukrainien affirmant que son pays avait fourni des informations aux rebelles touaregs de la CSP (Coordination des mouvements de l'Azawad) dans leurs affrontements avec les forces armées maliennes et les instructeurs russes de Wagner.
L'absence de réaction rapide et cohérente de la part du ministère montre un manque flagrant de stratégie en matière de gestion de crises. Cette attitude réactive, plutôt que proactive, est symptomatique de nombreuses institutions publiques qui réduisent la communication à de simples communiqués de presse et conférences, oubliant l'importance d'une communication publique transparente et adaptée.
L'Affaire ONAS : communication contre information
La crise autour de l'Office National de l'Assainissement du Sénégal (ONAS) illustre parfaitement les lacunes communicationnelles du nouveau régime. Après le limogeage de Cheikh Dieng, ancien Directeur général de l'ONAS, ce dernier a répliqué par une sortie médiatique retentissante, accusant le ministre de tutelle, Cheikh Tidiane Dièye, de graves manquements. Ce silence prolongé de cinq jours de la part des autorités, au moment où les accusations de Cheikh Dieng circulaient librement, a laissé un vide communicationnel. Ce dernier a été rapidement comblé par des militants du parti au pouvoir, qui se sont emparés de la controverse pour défendre le ministre.
L'affaire a pris une tournure encore plus surprenante lorsque, ce dimanche, un communiqué officiel a été publié pour démentir les allégations de Cheikh Dieng. Lors d'une conférence de presse tenue le 16 août 2024, l’ancien directeur a déclaré que le véhicule, immatriculé à son nom et fourni par une entreprise impliquée dans le projet Collecteur Hann-Fann, avait été acquis dans le cadre de ce projet. Selon un communiqué de l’ONAS, cette affirmation est catégoriquement réfutée. Le projet Hann-Fann, financé par un partenariat public-privé (PPP), ne prévoit pas l’achat de véhicules pour le Directeur Général ou les membres de l’Unité de Gestion du Projet (UGP).
Cette révélation, qui soulève des questions sur la transparence des pratiques au sein de l'ONAS, a été l’un des rares points abordés publiquement par l'ancien DG, accentuant le flou entourant la gestion de cette crise par les autorités.
Pour Alassane Kitane, ancien chroniqueur de L'Obs, "Il n’est pas concevable que dans une République, de telles choses puissent être perçues comme relevant du fait divers. Cette banalisation de la non-transparence est une légitimation en amont de tous les abus futurs." Il poursuit : ‘’Cette affaire (qu’elle soit attestée ou non) prouve au moins une chose : les politiciens sont inconstants et bipolaires. Ils se comportent comme de véritables comédiens de la vertu, car entre le DG et le ministre, il y en a un qui nous ment (si tous les deux ne racontent pas des contrevérités!). La seule note positive de cette affaire, c’est qu’elle nous donne une idée de la cause de l’obstination des inondations à ne pas libérer nos quartiers et nos maisons, malgré les sommes colossales que nous y avons investies’’, se plaint-il dans sa page Facebook.
L'implication des militants politiques dans la défense du ministre, dans ce qui devrait être un débat public sur la transparence et la gestion des fonds publics, montre à quel point la frontière entre communication politique et communication publique est brouillée. Le public, quant à lui, est laissé dans l'incapacité de savoir où se situe la vérité, faute de réponses claires et objectives de la part des institutions concernées.
Selon Pape Ndour, expert en passation de marchés, les controverses qui entourent les décisions de l'ONAS, notamment en ce qui concerne la régularité des marchés publics, devraient impliquer la Direction centrale des Marchés publics (DCMP) et l’Autorité de régulation des marchés publics (ARMP). Ces deux institutions, chargées de veiller à la transparence et à la conformité des procédures, sont les plus à même de trancher cette question et de rétablir la confiance dans le processus.
Plutôt que de chercher à gérer ces crises de manière transparente et professionnelle, les autorités semblent parfois s'appuyer sur des stratégies de communication politique qui n'apportent que peu de clarté sur les véritables enjeux. Dans un tel contexte, le recours à des institutions indépendantes est essentiel pour assurer une gestion impartiale et crédible des affaires publiques, et éviter que les décisions ne soient perçues comme relevant d'intérêts politiques plutôt que de l'intérêt général, explique-t-il.
Port autonome de Dakar : un dialogue de sourds
Le Port autonome de Dakar (PAD) n'a pas non plus échappé à la confusion communicationnelle. Les accusations portées par l'Intersyndicale contre le nouveau directeur général Waly Diouf Bodian, concernant des irrégularités dans la passation d’un marché d’audit du personnel et la suspension de 700 contrats temporaires, ont d'abord été démenties par des militants et un humoriste proche du pouvoir. Ce n'est qu'ensuite que la cellule de communication du port a publié un communiqué suivi d'une intervention du DG sur une chaîne privée qui n'a fait qu'alimenter la controverse plutôt que de la résoudre.
Ce "ping-pong" communicationnel entre la direction et les syndicats montre une absence de dialogue constructif, où chaque camp cherche à tirer la couverture sur soi, au détriment de la transparence. Dans ce contexte, il devient difficile pour le public de discerner les faits réels et le risque de désinformation augmente, ce qui nuit à la crédibilité des institutions publiques.
La crise avec la presse privée
La crise avec la presse privée, quant à elle, a mis en exergue les limites du dialogue entre les autorités et les acteurs médiatiques. Il a fallu une journée sans presse pour que le président de la République Bassirou Diomaye Faye intervienne, en ordonnant au ministre de la Communication Alioune Sall de trouver une issue à la situation. Cette réaction tardive a été perçue comme un manque d'anticipation et de compréhension des enjeux médiatiques dans un pays où la liberté de la presse est un acquis précieux.
La grève des médias, en réaction à la série de mesures prises par les autorités, aurait pu être évitée si un dialogue franc et ouvert avait été engagé en amont.
La situation montre que les nouvelles autorités peinent à s'adapter à leur nouveau rôle où il ne s'agit plus seulement de faire de la politique, mais de gérer des institutions publiques avec doigté et ouverture.
La grève des collectivités locales
Dans ce contexte de crises successives qui secouent le nouveau régime, la grève des agents des collectivités locales se distingue par sa durée et sa complexité. Depuis plus de deux ans, cette grève persiste sans qu'une issue ne soit trouvée. La position inflexible du ministre des Collectivités locales, Balla Moussa Fofana, et les injonctions données aux préfets et sous-préfets pour recueillir les noms des grévistes n'ont fait qu'aggraver la situation, exacerbant les tensions plutôt que de les apaiser.
Malgré plusieurs tentatives d'apaisement, notamment à travers des appels au dialogue, les agents grévistes restent sur leurs positions, déplorant l'absence d'un interlocuteur qu'ils jugeraient crédible et capable de répondre à leurs préoccupations.
Lors d’une conférence de presse tenue à Dakar, Balla Moussa Fofana a tenté de clarifier la position du gouvernement, en rappelant sa détermination à trouver "une solution juste et équitable" aux revendications des fonctionnaires des collectivités territoriales, tout en affirmant la nécessité de protéger les intérêts de l’ensemble des citoyens.
Cependant, ces déclarations semblent avoir eu peu d'effet, les grévistes considérant que les propositions du gouvernement manquent de substance et ne répondent pas à leurs attentes. Le manque de confiance dans les autorités actuelles et la perception d'une communication plus politique que publique ont contribué à envenimer la situation.
Cette crise est symptomatique de l'amalgame persistant entre communication politique et publique, où les autorités peinent à instaurer un véritable dialogue, laissant la situation s'enliser davantage.
L'inadaptation des nouvelles autorités : une mue qui tarde
Les crises répétées et la confusion communicationnelle qui en découle révèlent un problème plus profond : l'inadaptation des nouvelles autorités à leur rôle de gestionnaires de l'État. En dépit de leur background politique, ils peinent à adopter une posture institutionnelle qui nécessite des stratégies de communication structurées, centrées sur l'intérêt public plutôt que sur les gains politiques immédiats. Cette transition semble tarder et les conséquences se font déjà sentir sur la scène publique.
Dans ce contexte, certains ministres, comme El Malick Ndiaye, tentent d'impulser une nouvelle dynamique. Chargé d'organiser les états généraux des transports publics, il a pris l'initiative d'organiser un séminaire pour harmoniser les positions des différents acteurs du secteur. Cette démarche, si elle est menée avec transparence et en concertation avec les parties prenantes, pourrait montrer une voie à suivre pour d'autres ministères.
Les nouvelles autorités sénégalaises sont confrontées à un défi de taille : réussir à gérer l'État dans un contexte de crises multiples, tout en réconciliant communication politique et communication publique. Les récents événements montrent qu'il y a encore un long chemin à parcourir pour instaurer une culture de transparence et de dialogue au sein des institutions publiques. La mue des autorités, de politiciens à gestionnaires responsables, est nécessaire pour restaurer la confiance des citoyens et assurer une gouvernance efficace et respectueuse des principes démocratiques.